En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
-« Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! »
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.
Les Métamorphoses du Vampire de Baudelaire (VII, Les Epaves, Pièces condamnées)
Voici ma contribution au Challenge Halloween de Hilde et de Lou avec la BD du Dr Hyde contre Frankenstein ainsi qu'au poème du dimanche de Bookworm
Ben là j'aime moins, je préfère Desnos.
RépondreSupprimerAifelle, ben moi aussi finalement!
RépondreSupprimerC'est dans la veine de La Charogne! On ne peut pas dire qu'il a une vision encourageante de la mort, Baudelaire! Desnos équilibre Baudelaire ! Alors bon dimanche tout de même!
RépondreSupprimerTu sais combien j'aime Baudelaire et particulièrement son côté provocateur! Pour ce poème, je pense à une toile de Franz von Stuck...
RépondreSupprimerBisous et très belle soirée
claudialucia, Lui aussi a eu une mort difficilement enviable!
RépondreSupprimerKenza, justement je ne trouvais pas de tableau digne de ce poème! Merci du conseil!
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