En avant, route, de Alix de Saint-André

Ayant fait trois fois la route de Compostelle, Alix de Saint-André raconte ici ses trois voyages dont elle retient surtout les rencontres qu’elle y a faites, celle de la route elle-même avec ses paysages, parfois sublimes , en haute montagne, mais parfois décevants aussi à travers des banlieues sordides comme celles de Burgos, rencontres des compagnons de route surtout, nombreux, imprévus, plus souvent  drôles et bons vivants comme elle que catholiques fervents en pèlerinage derrière leur curé.  Rencontre avec elle-même, en solitaire, enfin, le dernier vrai grand voyage, fait en partant de chez elle, jusqu’à ce Finisterre, ce bout du monde où, avec les autres pélerins, ses amis, elle a brûlé tout ce qui concernait la marche : vêtements, chaussures,  bâton; papiers. Désormais, elle sera son propre guide.

C’est un livre que j’ai bien aimé, à la fois pour sa légèreté et son désir de profondeur, ces deux aspects entrant sans cesse en conflit car l’auteur ne cache rien de ses excès et de ses colères : elle fume et boit trop, voudrait faire le chemin en solitaire mais, bavarde, chaleureuse et trop curieuse, elle est sans cesse accompagnée et parfois harcelée par les misères des autres. Elle raconte aussi les morceaux de vie vécus avec ces autres marcheurs, aux croyances les plus diverses et venus des pays les plus lointains. C'est un livre attachant où rien n'est caché des difficultés ni des plaisirs de la route, un livre qui donne envie de  faire soi-même un jour. le chemin mais un livre aussi à oublier si on  se lance dans l'aventure car ce n'est ni un guide, ni une étude historique sur le passé glorieux de ces lieux traversés et irradiés par la foi des croyants du Moyen-Âge. C'est un livre de routard: il y manque la dimension spirituelle. 

Une agréable lecture cependant. 

En avant, route, de Alix de Saint-André (Gallimard, 2010, 308 p)