dimanche 13 mars 2011
Est-ce ainsi que les hommes vivent? Louis Aragon,
Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Louis Aragon, interprétation de Léo Ferré, , chanté par Bernard Lavilliers (Cliquer sur les noms pour entendre le poème chanté)
Peinture de Zheng Fanzhi ,Hong Kong
Découverte d'un blog dont j'apprécie les poèmes et les textes : On est là mais ça ne durera pas, on peut toujours sourire du reste...
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Rien qu'en lisant j'entends la voix de Léo Ferré !
RépondreSupprimerTout un destin suggéré dans ce vers à la sobre beauté, que j' aime tes poètes du dimanche!
RépondreSupprimerKathel,C'est vraiment lui qui l'a fait connaître.
RépondreSupprimerComme Kathel j'entends tout de suite Léo Ferré, je vais le chercher sur deezer tiens !
RépondreSupprimerorfeenix, destin si tragique, si misérable et pourtant poétique!
RépondreSupprimerAifelle, tu peux voir les videos de youtube en cliquant sur les noms.
RépondreSupprimerLe grand Aragon, il n'y a pas de mot pour définir sa poésie. Si je ne profitais pas de ces dimanches poétiques pour découvrir d'autres poètes, il n'y aurait que lui sur mes pages.
RépondreSupprimerQuel beau texte !
RépondreSupprimerComme vous toutes, la voix de Ferré s'élève quand je lis ce texte. Impossible de de lire d'une autre manière. La musique et la voix interfèrent. Pourtant les textes d'Aragon ont une musique particulière bien à eux!
RépondreSupprimertrès beau texte !
RépondreSupprimerJe connais ce beau poème mais dans mon cas c'est grâce à Bernard Lavilliers. Une remarquable interprétation.
RépondreSupprimerIl a aussi très bien chanté Prévert.
Je l'entends aussi... Merci
RépondreSupprimeremmyne, je ne m'en lasse pas non plus et ne peux m'empêcher d'y revenir!
RépondreSupprimerMargotte, n'est-ce pas? Comme il était doué!
RépondreSupprimerclaudialucia, oui pour moi aussi cette musique, cette voix sont liés à jamais aux vers d'Aragon!
RépondreSupprimerIrrégulière un texte qui parle et touche juste!
RépondreSupprimerdimitri, Lavilliers, j'adore aussi!
RépondreSupprimerÖtli, difficile de l'oublier!
RépondreSupprimerc'est à la fois sobre et beau Un bien joli texte. je me joins à vous pour les dimanches poétiques
RépondreSupprimerun texte poignant! ils remuent fort ces mots-là!
RépondreSupprimerBénédicte Plus il ya de poèmes le dimanche et plus je suis contente!
RépondreSupprimerogressedeparis, oui, c'est parce qu'ils me touchent que je les aime!
RépondreSupprimerQuel texte! et dans ma tête la voix de Ferré
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