Musset, à travers Octave, se veut l’exemple malheureux de toute cette génération de déçus et d’insatisfaits que sont les grands Romantiques.
Au début du roman, Octave est amoureux fou et se croit aimé de même. Il a vingt ans. Il est pur, ardent, séduisant mais sans expérience. C’est un grand naïf ou un idéaliste qui croit que l’amour sincère et passionné peut durer toujours !
A la fin du roman, il aime encore et se croit aimé mais il ne cesse d’en douter. Il n’est plus sûr de rien. Il est constamment jaloux, blessant, cynique et désabusé. S il aime encore, ce n’est plus que dans la douleur et le doute. Il est perpétuellement tourmenté et déçu et pour abréger ses souffrances, il rompt aussi vite qu’il s’éprend.
Le roman s’ouvre par la scène initiale, cause de ce changement. Un soir, à souper, face à sa maîtresse adorée, alors qu’il se baisse sous la nappe pour ramasser sa fourchette, il aperçoit les jambes entrelacées de sa belle et de son ami intime. Bouleversé, il quitte la femme aimée, provoque son ami en duel, est lui-même blessé, se jette dans la débauche, l’alcool et l’orgie. Il est malheureux : «la maladie du siècle» l’a atteint à son tour.
La mort de son père stoppe ces excès. Il s’enferme à la campagne, dans la solitude la plus totale. Il y tombe amoureux de Mme Pierson, une jeune veuve aimante, agréable, sincère, tendre et dévote qui, après un long moment de résistance, lui avoue, à son tour, son amour. Ils ont tout pour être heureux mais le passé de débauché d’Octave le poursuit désormais et il doute de ses propres sentiments, épie les moindres faits et gestes de la jeune femme. Elle est trop parfaite et cet aspect trop lisse finit par le lasser. Il crée alors des scènes de jalousie en ressuscitant le passé. Il se montre triste, amer, indifférent dans le plaisir puis il s’exalte, se contredit, s’emporte, s’attendrit tour à tour, sans raison. Il détruit désormais tout amour véritable. Il souffre et fait souffrir.
Ce siècle est sans pitié et il en est l’enfant: telle est sa confession.
Le style aussi est de ce siècle : vif, brillant, classique et romantique à souhait, comme l’auteur. J’admire tout en déplorant son côté suranné, plaintif, voire larmoyant et les longs passages moralisateurs un peu exaspérants de la narration!
"Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes; le peuple qui a passé par 93 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux."
"Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes; le peuple qui a passé par 93 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux."
La confession d’un enfant du siècle de Alfred de Musset (Folio, 368 pages)
Qu'est-ce que je me suis barbée avec les poésies de Musset quand je préparais l'agreg, c'est d'un ennui ! ça risque pas que je m'aventure dans ce texte-là, larmoyant, ça m'étonne pas !
RépondreSupprimerYs, Certains passages des Nuits sont sublimes, encore maintenant et je sauve aussi "Lorenzaccio" ( mais peut-être seulement parce que je connais bien cette pièce, je ne sais pas si elle tient encore le coup sur scène!)
RépondreSupprimerCeci dit, dans le cadre du concours, qu'est-ce qui n'est pas barbant? :))
Je crois l'avoir lu, et sans y être obligée, comme d'habitude. Bah, bien écrit, et puis c'est un classique! Continue avec d'autres classiques, alors... Moi j'ai toujours mon cher Dickens...
RépondreSupprimerKeisha, j'avais bien pensé que si tu te manifestais moins c'est que tu étais avec ton favori! Ton cher Dickens t'accapare et ça doit faire du bien de souffler un peu! J'attends ton billet prochainement alors!
RépondreSupprimerAutant je ne me souviens plus de l'histoire, somme toute assez classique pour l'époque, autant j'ai noté certains passages que j'avais trouvé très beaux (notamment celui sur l'homme qui construit sa maison "Voilà un homme dont la maison tombe en ruine ; il l'a démolie pour en bâtir une autre. Les décombres gisent sur son champ,...").
RépondreSupprimerUn très bon souvenir de lecture lorsque j'étais en fac. Il faut dire aussi que j'avais un prof de littérature qui avait un charme fou et qui aurait pu me faire aimer n'importe quel titre...
RépondreSupprimerPetite Fleur, oui, c'est à la fin du fameux chapitre deux! Ta citation vient juste après celle que j'ai choisie pour donner un exemple du style de l'auteur! Je n'ai pas trouvé de billet sur ce livre mais si tu en as fait un, je le mettrai en lien!
RépondreSupprimerMoka, les beaux profs de fac sont redoutables! :) Et si, en plus, il t'a fait aimer Musset, tu as dû avoir passé là une période bien romantique! :)))
RépondreSupprimerJe passe... Je me suis incrite au "défi classique" mais je vais sélectionner les oeuvres que je présenterai, très attentivement !
RépondreSupprimersylire, tu as bien raison car les classiques quand on ne les a pas déjà lus demandent un peu plus de temps que les autres!
RépondreSupprimerMusset, je l'aime, mais à petites doses ! ;)
RépondreSupprimerEt surtout son théâtre et sa poésie en fait. :)
Je vais relire le théâtre de Musset pour ce même défi.
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas encore lu... Il le faudrait! D'autant plus que j'aime beaucoup cette période, le "fantasme" qu'incarne Musset et le couple qu'il forme avec Sand... Bref, je le note.
RépondreSupprimer(Merci pour ta participation!)
J'ai déjà entendu parler en bien de ce roman, mais je n'ai encore pas eu le courage de m'y plonger. Qui sait, peut-être prochainement... Bises
RépondreSupprimerJ'aime bien l'esprit de Musset dans ses pièces, mais j'ai toujours redouté ce texte, persuadée que j'allais beaucoup m'ennuyer. Il faudrait que je dépasse mes préventions !
RépondreSupprimerTu penses bien que je suis obligée de te laisser un commentaire à ce billet ! Si tu veux avoir la version sandienne il faut lire "Elle et lui" de Sand, mais le mieux est de se plonger dans le journal intime de Sand et dans la correspondance de celle-ci au moment de leur liaison, et notamment sur l'épisode vénitien !!! il y a des passages fabuleux, des passages qui bouleversent vraiment jusqu'aux larmes!!!!
RépondreSupprimerLeiloona, adolescente, j'aimais beaucoup ces grands romantiques, maintenant, je trouve qu'ils frôlent très vite la caricature!
RépondreSupprimermirontaine, je lirai tes billets avec beaucoup d'intérêt!
RépondreSupprimerMarie L, c'est grâce à ton challenge que je me suis remise à Musset dont je ne relis plus volontiers que les poèmes!
RépondreSupprimerMalorie, je craignais de le trouver plus insupportable encore, côté plaintes et lamentations mais finalement, dans l'ensemble, j'ai plutôt bien aimé!
RépondreSupprimerRose, non, finalement je ne l'ai pas trouvé si ennuyeux que ça, mis à part quelques passages!
RépondreSupprimerGeorge, je compte bien, en effet, lire ce que Sand elle-même écrit de leur histoire parce que pour moi ça se résume à leurs déclarations d'amour fou par poèmes ou écrits interposés mais, dans la réalité, des tromperies constantes!!!
RépondreSupprimerEh bien moi en tout cas ta critique me plait et me tente. Et les classiques sont toujours bons à revisiter !
RépondreSupprimerJe ne me lancerai pas dans une lecture aussi larmoyante et datée, je n'ai pas le courage. Mais les propos me paraissent toujours aussi actuels sur une jeunesse qui brûle tous ses feux et se perd dans de multiples addictions.
RépondreSupprimerTa critique est bien faite... elle pourrait presque me donner envie de lire le livre ; mais je crois que les Romantiques m'ennuient. Par contre j'ai Elle et lui dans ma PAL, je compte bien le lire un jour car c'est une sacrée histoire d'amour ! (lu juste quelques lettres qu'ils étaient écrites)
RépondreSupprimerMélopée, les classiques, à mon avis, ont ceci de particulier, c'est qu'ils surprennent encore et toujours!
RépondreSupprimerAifelle, Musset aujourd'hui ne serait pas trop dépaysé. Il assumerait juste un peu mieux son cynisme!
RépondreSupprimerémi-lit, j'ai très envie de lire ces lettres également!
RépondreSupprimerEuh je ne suis pas avec Dickens, là, mais avec Balzac (Modeste Mignon). J'ai un peu honte de ne me consacrer qu'aux anglais...
RépondreSupprimerUn livre un peu passé de mode on dirait. Je ne l'ai jamais lu, mais sans doute faudrait-il, pour ma culture.
RépondreSupprimerC'est fou de Musset je ne connais que ses pièces de théâtre. Je garde ce roman en mémoire.
RépondreSupprimerVoici un auteur que je n'ai jamais lu... et pourtant, je le site en page d'accueil de mon blog. Mais bon... j'avoue, cela fait une éternité que je ne me suis pas penchée sur des classiques.
RépondreSupprimerKeisha, jamais de honte quand on aime, surtout pour ses lectures! Balzac, c'est drôlement bien aussi, mais je ne connais pas celui que tu lis en ce moment!
RépondreSupprimerAlex, certains passages, à mon avis, datent un peu, mais les idées et l'histoire demeurent modernes et sont sans doute intemporelles! (affirmation peut-être discutable d'ailleurs!)
RépondreSupprimeremilie, je le préfère comme poète pour ma part!
RépondreSupprimerGéraldine, c'est pourquoi je trouve ce challenge si intéressant: il m'empêche d'oublier les classiques!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les pièces de Musset mais je ne connais pas ce roman aussi, je le note ! ;-)
RépondreSupprimerLouniman c'est une sorte de roman autobiographique qu'il a écrit là, encore sous l'influence de son histoire avec George Sand! Il en est sorti désabusé et amer!
RépondreSupprimerPour Musset j'aime encore Lorenzaccio et les Caprices de Marianne ; ses poèmes sont très datés. Je n'aurais jamais le courage de me lancer dans ce roman.
RépondreSupprimerdominique, il se lit plus facilement que bien des romans modernes, ceci dit!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout cette histoire ! Mais bon, ça ne me tente pas vraiment !
RépondreSupprimerJe n'en garde pas un mauvais souvenir. Beaucoup de passage m'ont plu même si j'ai trouvé ça larmoyant par moment.
RépondreSupprimerManu, C'est un classique un peu délaissé!
RépondreSupprimerEdelwe, je n'ai pas trouvé cette lecture désagréable non plus, au contraire! Ce roman se lit facilement!
RépondreSupprimerje me souviens avoir étudié l'intro du roman pour le bac de français... et le prof nous avait dit que ce n'était pas trop la peine de le lire en entier... un comble! Bon par contre, on avait étudié Lorenzaccio quand même !! ;P
RépondreSupprimerchoupynette, j'aime bien Lorenzaccio mais ce roman -ci ne mérite pas d'être aussi délaissé!
RépondreSupprimerbonjour
RépondreSupprimerj'ai besoin des information sur livre de la confession d'un enfente du siecle surtout sur le them l'echec d'amour dans ce livre.
emal adress;nastaran_souriante@yahoo.com
merc
Je ne comprends pas pourquoi il y a autant de réticences quand à la lecture de ce livre, il est magnifique, vraiment, c'est un des meilleurs. Je ne comprends pas pourquoi on critique son " côté larmoyant", Musset a atténué sa souffrance je trouve, de plus il aimait vraiment et en a trop souffert, je trouve George Sand haïssable et Musset Admirable !
RépondreSupprimerA. Question de point de vue, de sensibilité et d'âge aussi sans doute.
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