Nous sommes en 1690, en Amérique, dans la ferme de Jacob Van Aark, bâtie magnifiquement avec un superbe portail en fer forgé en plein milieu d’une nature sauvage, libre, enjôleuse et maléfique à la fois. Tout y semble encore promis et possible mais tout y est danger mortel aussi. Une petite communauté de gens des plus disparates, venus de toutes parts et pour des raisons très variées, s’est formée là, plus ou moins soudée, maîtres et esclaves avant même que l’esclavage ne soit reconnu. Autour de Jacob et de Rebekka, le couple venu d’Europe, se regroupent Lina, l’Indienne, Florens, que la mère venue d’Afrique a cédée à un colon à la place de son frère et qui devient l’esclave de son amour pour un forgeron, Sorrow, étrange et généreuse, rescapée d’un naufrage, qui enfante si facilement et Willy et Scully qui travaillent pour acheter leur liberté.
La vie de chacun est très dure et leur passé l’est encore plus mais la nature les domine tous, tour à tour ravissante et effrayante.. Les croyances sont fortes et multiples, superstitieuses pour la plupart. On croit aux sorcières, aux mauvais esprits, on tue, on se jette des sorts, on se persécute. Les passions sont violentes.
C’est un très beau récit dans une langue poétique, biblique, symphonique. Il le fallait pour décrire les vastes paysages, la nature encore vierge de cette époque et la solitude qui enferme hommes et femmes dans leurs peurs et leurs certitudes.
Dernier roman de Toni Morrison, Prix Nobel de littérature en 1993, ce livre évoque avec force et sans aucun sentimentalisme la dureté de la vie des premiers pionniers. Les actes des personnages sont racontés à la troisième personne sauf lorsqu’il s’agit de Florens, la seule à évoquer elle-même ses sentiments et son obsession d’être à nouveau abandonnée. La fin du récit nous délivre une information essentielle, expliquant par là-même le titre du livre. C’est une nouvelle voix qui s’élève. Ce livre est une vraie réussite.
Tu vois,? Tu as raison. A minha mâe aussi. Je suis devenue la sauvagerie incarnée mais je suis aussi Florens. Pleinement. Impardonnable. Qui ne pardonne pas. Pas de pitié,mon amour. Aucune.Tu m'entends? Esclave. Libre. Je dure.
Je garderai une seule tristesse. Que tout ce temps je ne puisse pas savoir ce que me dit ma mère. Elle ne peut pas non plus savoir ce que je veux lui dire. Maë, tu peux être contente maintenant, parce que la plante de mes pieds est aussi dure que du bois de cyprès.
Un don de Toni Morrison, Prix Nobel 1992
Christian Bourgois , 2009
Traduit de l’américain par Anne Wicke. Titre original : A Mercy
Je l'ai noté il y a un moment, c'est un auteur que j'ai très envie de découvrir
RépondreSupprimerC'est vraiment un excellent roman, vraiment une auteure magnifique, par dessus tout j'ai aimé Beloved et Love
RépondreSupprimerCe livre a été pour moi des retrouvailles avec Toni Morrison que j'avais découverte à la fac (!).
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé Un don qui m'a donné envie de renouer avec cet auteur et surtout de lire Beloved.
Stephie, C'est le premier livre que je lis d'elle et j'admire son talent! Quel souffle!
RépondreSupprimerDominique, Je viens d'acheter Beloved, tellement j'ai aimé celui-ci!
RépondreSupprimerOn Cold Blog, Tu l'as déjà étudiée et je viens de la découvrir. Elle mérite bien son prix Nobel! Son écriture est très belle.
RépondreSupprimerJ'ai aimé Love et j'ai peiné avec Beloved. Depuis lors, j'hésite à la relire. Je suis quand même tentée mais pas trop par ce roma.
RépondreSupprimerElle fait partie des auteurs que je DOIS absolument lire un jour.
RépondreSupprimerManu, je l'ai bien aimé, ce récit que l'on dit aussi polyphonique. J'espère que j'aimerai autant "Beloved" que je viens d'acheter!
RépondreSupprimerAifelle, Comme c'est un prix Nobel, je vais sans doute la choisir pour le prochain blogoclub de septembre!
RépondreSupprimerun superbe roman ! un de plus à l'actif de l'auteure !
RépondreSupprimermazel, je ne la connaissais pas encore mais désormais je lui fais confiance!
RépondreSupprimerJ'adore l'extrait ! Tu me donnes vraiment envie de le lire :)
RépondreSupprimerKikine, un très beau livre, je t'assure!
RépondreSupprimerQuelle force ce roman ! Même si pour moi, Beloved reste meilleur.
RépondreSupprimerchoc, "Beloved", je me le garde pour le blogoclub de septembre où il faut choisir un Prix Nobel! Tant mieux s'il est encore meilleur! Qu'est-ce que ça va être!
RépondreSupprimer"Beloved" est dans ma PAL, et j'ai vraiment hâte de le lire !
RépondreSupprimerTrès envie de lire ce livre, la vie des premiers pionniers est un sujet qui m'intéresse. Et je découvrirai ainsi cette auteur. (ça a changé ici pendant mes vacances !)
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