C'est le premier livre de cet auteur que je découvre.Souvent commenté dans de très nombreux blogs, c'est un livre de 441 pages, écrit en assez gros caractères . La photo choisie par l'éditeur pour la couverture est poétique mais ne laisse pas deviner le sujet du livre et semble évoquer,comme le titre français,une histoire sentimentalo-romantique- à l'eau de rose quoi: des fleurs blanches dans deux mains jointes ouvertes.Le titre italien:"Non lasciarmi"est plus proche du titre anglais: "Never Let Me Go" Les avis des lecteurs sont très contrastés. Certains avouent avoir été désorientés et perplexes , d'autres l'ont beaucoup aimé d'emblée.
Pour ma part, je me suis reprise à deux fois pour finalement être sûr de bien comprendre l'histoire elle-même.Ma première lecture était très ingénue et l'écriture lisse et le ton apaisé et neutre de l'auteur m'ont piégée. J'y ai vu, au début,une agréable histoire d'amitiés collégiennes , d'amours adolescentes dans l' univers clos mais confortable d'un pensionnat anglais avec suffisamment de mystères toutefois concernant l'avenir et le métier futur de ces jeunes pour éveiller ma curiosité.N'avoir pour pespective que devenir "Accompagnants" et "Donneurs" semble pour le moins inquiétant surtout si on vous encourage à développer votre côté artistique en choisissant soigneusement les meilleures productions pour les exposer dans la galerie de "Madame", la directrice du collège.
Le roman est divisé en trois parties, sans titres, qui correspondent aux trois fonctions et aux trois lieux programmés de leur vie : le collège Hailsham,jusqu'à 16 ans, encadrés par leurs gardiens ou leurs tuteurs, Une vieille ferme, "les Cottages ", pendant deux ans, pour écrire leur essai, encadrés par les vétérans et un vieux gardien hostile, Keffers,qui les regarde toujours de travers, et enfin le monde extérieur, celui où s'accomplissent leurs fonctions de donneurs et d'accompagnants, celui des amours contrariées, celui du retour sur le passé et de la recherche du sens de la vie, de leur vie si particulière.
Les premières indications sont très clairement données dès le début: en exergue; " L'Angleterre à la fin des années quatre-vingt- dix-" et les deux premières phrases:"Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans".La narratrice, tout comme Ruth, son amie de coeur et Tommy, son amour longtemps secret, n'a pas de nom de famille. A première vue , ces informations semblent banales. En relisant , on se dit que tout est déjà là, en résumé. C'est un récit concernant notre futur, dans un monde parfaitement structuré mais étrange, froid, sans famille, avec la maladie et la mort pour seul destin.
Comme les personnages nous avons connu les collèges, les amitiés chastes puis amoureuses, la banalité du quotidien trop répétitif, nous nous sentons proches d'eux mais nous nous en éloignons très vite, car leurs professeurs qui sont aussi leurs tuteurs et gardiens, ont d'étranges manies. On leur impose une visite médicale par semaine, pourquoi? On leur interdit de fumer, on enlève même les photos des fumeurs dans les magazines , pourtant leurs tuteurs fument eux, pourquoi? Et les réponses obtenues se font angoissantes: "Fumer pour vous est beaucoup plus grave que pour nous!" "Aucun de vous n'ira jamais en Amérique, aucun de vous ne deviendra star de cinéma. Vos vies sont planifiées."Plus tard, Ruth remarquera:"Nous le savons tous. Nous sommes modelés sur la racaille." Kathy, elle, feuillette sans cesse des revues pornos, convaincue que là est son modèle, avouera-t-elle à Tom."Nous le faisons tous. Nous nous interrogeons tous sur notre modèle."
Dans une interview, Ishiguro a déclaré vouloir que le lecteur commence à lire son livre en pensant se trouver dans une situation bien particulière et qu'il arrive graduellement à la conclusion que la réalité de ces personnages est la même que la nôtre. Pour lui, la vie n'est qu'une longue condamnation à mort.
Si personne ne se révolte, c'est que l'apprentissage au collège a été réussi.Après un essai pour découvrir la vérité sur leurs conditions et leur passé, ils se résignent. Ils sont juste résignés et accompliront leur mission jusqu'au bout,coûte que coûte, bien programmés comme ils sont. Est-ce si différent de ce que font les Autres, ces Autres qui sont Nous?
C'est pourquoi le livre est beau mais d'une beauté triste. C'est pourquoi je l'aime mais sans enthousiasme. J'admire l'auteur surtout.
Le roman est divisé en trois parties, sans titres, qui correspondent aux trois fonctions et aux trois lieux programmés de leur vie : le collège Hailsham,jusqu'à 16 ans, encadrés par leurs gardiens ou leurs tuteurs, Une vieille ferme, "les Cottages ", pendant deux ans, pour écrire leur essai, encadrés par les vétérans et un vieux gardien hostile, Keffers,qui les regarde toujours de travers, et enfin le monde extérieur, celui où s'accomplissent leurs fonctions de donneurs et d'accompagnants, celui des amours contrariées, celui du retour sur le passé et de la recherche du sens de la vie, de leur vie si particulière.
Les premières indications sont très clairement données dès le début: en exergue; " L'Angleterre à la fin des années quatre-vingt- dix-" et les deux premières phrases:"Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans".La narratrice, tout comme Ruth, son amie de coeur et Tommy, son amour longtemps secret, n'a pas de nom de famille. A première vue , ces informations semblent banales. En relisant , on se dit que tout est déjà là, en résumé. C'est un récit concernant notre futur, dans un monde parfaitement structuré mais étrange, froid, sans famille, avec la maladie et la mort pour seul destin.
Comme les personnages nous avons connu les collèges, les amitiés chastes puis amoureuses, la banalité du quotidien trop répétitif, nous nous sentons proches d'eux mais nous nous en éloignons très vite, car leurs professeurs qui sont aussi leurs tuteurs et gardiens, ont d'étranges manies. On leur impose une visite médicale par semaine, pourquoi? On leur interdit de fumer, on enlève même les photos des fumeurs dans les magazines , pourtant leurs tuteurs fument eux, pourquoi? Et les réponses obtenues se font angoissantes: "Fumer pour vous est beaucoup plus grave que pour nous!" "Aucun de vous n'ira jamais en Amérique, aucun de vous ne deviendra star de cinéma. Vos vies sont planifiées."Plus tard, Ruth remarquera:"Nous le savons tous. Nous sommes modelés sur la racaille." Kathy, elle, feuillette sans cesse des revues pornos, convaincue que là est son modèle, avouera-t-elle à Tom."Nous le faisons tous. Nous nous interrogeons tous sur notre modèle."
Dans une interview, Ishiguro a déclaré vouloir que le lecteur commence à lire son livre en pensant se trouver dans une situation bien particulière et qu'il arrive graduellement à la conclusion que la réalité de ces personnages est la même que la nôtre. Pour lui, la vie n'est qu'une longue condamnation à mort.
Si personne ne se révolte, c'est que l'apprentissage au collège a été réussi.Après un essai pour découvrir la vérité sur leurs conditions et leur passé, ils se résignent. Ils sont juste résignés et accompliront leur mission jusqu'au bout,coûte que coûte, bien programmés comme ils sont. Est-ce si différent de ce que font les Autres, ces Autres qui sont Nous?
C'est pourquoi le livre est beau mais d'une beauté triste. C'est pourquoi je l'aime mais sans enthousiasme. J'admire l'auteur surtout.
Kazuo ISHIGURO
Auprès de moi toujours
traduit de l'anglais par Anne Rabinovitch
Editions des Deux Terres,2006
Auprès de moi toujours
traduit de l'anglais par Anne Rabinovitch
Editions des Deux Terres,2006
Pour moi ça a été un gros coup de cœur, j'ai vraiment accroché à l'histoire, aux personnages, même si c'est vrai certains points sont assez difficile à comprendre. Mais on est embarqué dans un monde différent du notre. C'est aussi ça que j'ai aimé. On ne peut pas vraiment cataloguer ce livre, peut on le mettre dans la science fiction? Oui dans un sens, mais ce n'est pas que ça.
RépondreSupprimerDonc pour moi un livre très riche et passionnant.
Keana, c'est vrai que ce livre est difficile à classer, je pencherais quand même pour la science fiction , mais légère, bien que profonde malgré tout
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