Aujourd’hui, j’estime que c’est le jour idéal pour comparer texte original et traduction.de Montaigne. La préface de Michel Onfray est admirable tout comme la présentation du traducteur lui-même, Pascal Hervieu. Ils ont choisi deux des chapitres les plus connus des "Essais", tirés du Livre III « De l’expérience « et « Sur des vers de Virgile ». Mais je vais directement au texte.
La traduction d’abord :
«Je hais les esprits revêches et sombres qui font fi des plaisirs et s’agrippent aux malheurs pour en vivre et s’en repaître. Ils ressemblent à ces mouches incapables de se fixer sur un endroit lisse et plat et qui, pour se reposer, choisissent un endroit raboteux et plein d’aspérités. Ou bien à ces sangsues qui ne cherchent et ne sucent que le mauvais sang.
Du reste, je me suis fixé pour règle d’oser dire tout ce que j’ose entreprendre. Je ne ressens que déplaisir à trouver en moi des pensées impubliables. Même mes pires actions, mes pires dispositions ne me semblent pas dépasser en laideur et en lâcheté le choix de ne pas oser les avouer. Réservés quand ils se confessent, les hommes devraient plutôt l’être quand ils agissent. Dans une certaine mesure, la hardiesse de commettre une faute est compensée et punie par celle de la confesser. »
Le texte d’origine ensuite :
« Je hay un espri hargneux et triste qui glisse pardessus les plaisirs de sa vie et s’empoigne et paist aux malheurs ; comme les mouches, qui ne peuvent tenir contre un corps bien poly et bien lissé, et s’attachent et reposent aux lieux scabreux et raboteux ; et comme les vantouses qui ne hument et n’appetent que le mauvais sang.
Au reste, je me suis ordonné de dire tout ce que j’ose faire, et me desplais des pensées mesmes impubliables. La pire de mes actions et conditions ne me semble pas si laide comme je trouve laid et lâche de ne l’oser avouer. Chacun est discret en la confession, on le devoit être en l’action ; la hardiesse de faillir est aucunement compensée et bridée par la hardiesse de le confesser. » (Orthographe de l’édition Garnier par Maurice Rat respectée)
Déclaration faite par le Dr Arthur Armaingaud (1842-1931), grand hygiéniste et grand montanien.: "Un homme qui lit Montaigne à partir du milieu de sa vie a une espérance de vie de dix à quinze ans plus longue que celle d'un homme qui ne l'a pas lu."
Vivre à propos, Montaigne traduit du japonais par Pascal Hervieu Préface de Michel Onfray (Flammarion, mars 2009, 264 pages)
Etudié en fac cet auteur me sembe très riche mais je n'accroche pas avec son écriture...
RépondreSupprimercathulu, eh oui! c'est bien le problème, d'où cette traduction, plus facile à lire quand même!
RépondreSupprimerC'est une bonne idée pour se plonger enfin dans l'oeuvre de Montaigne qui me tente depuis un bon moment. Mais pourquoi traduit du japonais ??
RépondreSupprimerOuh la la, on arrive dans de la lecture pas facile. Ca change des lectures estivales habituelles.
RépondreSupprimerAifelle, la première traduction de Montaigne par un Japonais date de 1924. Aujourd'hui, le traducteur, Pascal Hervieu enseigne, depuis longtemps au Japon.
RépondreSupprimerYv, Montaigne, c'est plutôt un livre de chevet que je lis de temps en temps, au hasard ! Ce n'est pas une lecture ordinaire en effet!
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ton commentaire, c'est encourageant de ne pas se sentir ignorée!
RépondreSupprimerIl faudrait que je replonge dans mes exemplaires des Essais, mais le livre que j'ai me semblait être une traduction. Mince, tu me mets le doute ! :D
RépondreSupprimerMawaï, bienvenue e à bientôt pour ton prochain billet!
RépondreSupprimerLeiloona, pour moi, c'est la première traduction de Montaigne que je lis mais tu as raison, il y en a eu d'autres avant!
RépondreSupprimerJe vais faire ma grincheuse non littéraire de toute façon : je trouve plus de sel à la version non arrangée...
RépondreSupprimerKeisha, plus de sel sûrement, mais moins de facilité peut-être!
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