lundi 2 novembre 2009

La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint

Sera-t-il le prix Goncourt de  cette année 2009 ? Nous le saurons dans quelques heures ! En tout cas, ce livre de Jean-Philippe Toussaint fait partie des quatre de la dernière sélection et serait l’un des deux favoris selon ce qu’écrit Pierre Assouline dans son blog : « La République des livres »
Une nuit de canicule, à Paris, le narrateur et Marie, son amour séparé, font l’amour en même temps mais à un kilomètre de distance, à vol d’oiseau, lorsque l’amant de Marie décède d’une crise cardiaque ! Affolée, elle appelle les urgentistes et son ex par la même occasion. Il arrive d’urgence pour la soutenir et la consoler. Arrivera-t-il à lui parler d’amour?  Dans cet appartement en face de la Banque de France qui a été le leur mais où il ne vit plus, ils se frôlent, se livrent des bribes de vérité, se disputent un peu aussi  et finissent par s’étreindre.
«Cela n’avait duré qu’un instant, et Marie s’était dérobée avec grâce, elle s’était défaite de mon étreinte, elle me regardait avec douceur dans la pénombre. …comme si elle prenait simplement conscience qu’il était impossible  de s’aimer maintenant. 
Je ne m’en étais pas rendu compte immédiatement, pas tout de suite, ni dans les minutes qui suivirent, mais plus tard, brusquement, à l’improviste, dans une sorte de panique et de vertige…il me vint à l’esprit que c’était la deuxième fois, cette nuit, que j’introduisais mon doigt dans le corps d’une femme.»
 Fin de la première partie de ce roman qui en comporte trois comme les trois étapes de l’histoire toutes marquées par des temps forts, la mort de l’amant une nuit de canicule et d’orage, le transport par avion, de Paris à Tokyo, du cheval de course de Marie dont le propriétaire n’est autre que son amant décédé chez elle, enfin l’incendie de leur colline sur l’île d’Elbe, une autre nuit torride, où l’amour se refera avec, sur la peau et les cheveux, une forte odeur de feu !

L’intrigue en soi tient peu de place dans ce roman, ce qui compte et qui en fait la beauté, c’est l’écriture, le style très rigoureux, méticuleux  et inspiré à la fois.
Saurons-nous jamais la vérité sur Marie, la fantasque, la sensuelle, la sensitive? L’auteur la poursuit depuis ses deux derniers livres  «Faire l’amour» (2002) et "Fuir" (Prix Médicis 2005) dont celui-ci ne serait que le prolongement.
J’ai bien aimé ce livre qui n'est autre qu'un beau roman d’amour. Un amour moderne fait surtout d’absences, de silences, de fuites, de retours et d’étreintes au bord de gouffres et de catastrophes naturelles avec le sexe comme défi au vide et à la mort mais sans cesse à  la poursuite effrénée de l’amour idéal, l’amour absolu, l’amour fou. La vérité sur Marie, je ne la connais toujours pas mais j'aime ce qui en est dit dans ce beau récit.

La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint  (Les éditions de Minuit, 205 pages, sept. 2009)

35 commentaires:

  1. Je suis allée lire l'article de Pierre Assouline. Je suis contente que Beigbeider et Justine Lévy ne soient plus là, en espérant qu'il n'ait pas le Renaudot, mais hélas ce petit monde parisien est incorrigible. Je suis plus tentée par le Marie N'Diaye que par Toussaint.

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  2. C'est malin : j'ai envie de le lire maintenant...

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  3. Aifelle, j'entends davantage parler de N'Diaye de puis ce matin que de Toussaint! On saura bientôt!

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  4. Stephie, :) En tout cas ne le laisse pas échapper si tu le vois à la bibliothèque!

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  5. Tout à fait ce que je n'aime pas dans le roman français actuel ! Tout comme trois des quatre autres autres sélectionnés d'ailleurs. Je passe, vraiment pas mon genre.

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  6. Manu, celui-ci est le seul des quatre que j'ai lu
    et l'auteur a vraiment une jolie plume, maintenant je reconnais qu'il lui manque le souffle des grands romans étrangers surtout des anglo-saxons actuels! On reste dans l'intime une fois de plus, même si l'intime peut aussi avoir sa part d'universalité! Je regrette aussi beaucoup cette situation! :(

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  7. Bonjour Mango, j'ai lu ce roman il y a quelque temps. J'essaye de faire un billet dessus, ce n'est pas simple. Il y a une histoire tellement ténue. C'est plus des instants de vie qu'autre chose. En revanche, c'est magnifiquement écrit. Des phrases qui coulent toutes seules. Je n'ai pas lu Fuir et Faire l'amour. De là à lui donner le prix Goncourt... Bonne journée.

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  8. dasola, je suis bien d'accord avec toi! Très belle écriture mais intrigue bien minimaliste quand même pour un prix Goncourt! Il ne l'aura pas, je crois! Vite ton billet que j'aille le lire! :)

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  9. J'ai commencé à le lire à la Fnac mais ce n'est pas le type de récit dont on peut venir à bout en peu de temps. Il me semble que Toussaint est resté très humoriste, même en parlant d'amour.S'il a le prix j'aurais l'occasion de l'acheter, et de l'appréhender vraiment.
    J'ai lu le Mauvignier qui m'a bien plu.Je l'ai chroniqué. Celui de Marie N'Diaye me semble un peu trop touffu.
    Le quatrième " les Heures souterraines" est un récit simple sur plusieurs graves problèmes sociaux la persécution au travail, la solitude des personnes seules et malades, la souffrance dans les transport en commun défaillants. Ce livre a aussi son intérêt.

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  10. Je viens d'aller lire ton billet sur Mauvignier: a-t-il des chances? on verra bien!
    Je commence ce matin à lire "Les heures souterraines" mais j'ai du mal à entrer dans l'histoire, ce qui en soi ne veut pas dire grand chose sinon que je suis distraite , c'est tout! :) J'ai toujours un peu de mal à commencer un livre!

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  11. Je cherchais un billet sur ce livre depuis un moment et c'est le premier que je vois. Personnellement, j'ai de la peine avec les éditions de Minuit. Ton billet me fait penser que c'est dans la veine de ce que publie généralement cet éditeur à savoir du style mais une intrigue très mince. Conclusion, ce livre n'est pas fait pour moi.

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  12. Zarline, je me suis étonnée aussi de ne rien trouver sur les blogs à propos de ce livre! En revanche il semble plutôt apprécié par les journalistes littéraires! C'est une lecture agréable mais pas indispensable non plus!

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  13. Et puis le nom de l'auteur est de saison...

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  14. je n'ai lu que la moitié, pas arrivé à plus:!

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  15. Il a l'air très bien. Tu me donnes très envie de le découvrir!

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  16. Edelwe, j'aimerais bien avoir d'autres avis! Peu de blogs présentent ce roman pour l'instant!

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  17. J'aime beaucoup Jean-Philippe Toussaint, je n'ai pas encore acheté celui-ci mais ça ne saurait tarder puisque j'ai lu les deux autres!

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  18. J'ai été déroutée par "Fuir", il n'ya pas longtemps. Je ne suis pas sûre de tenter une nouvelle lecture de cet auteur.

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  19. Titine, je viens de découvrir cet auteur avec ce livre-ci et j'ai aimé son écriture très efficace!

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  20. Isa, il a écrit trois livres autour du personnage de Marie! Si tu as été déroutée par "Fuir", tu le seras sans doute par celui-ci aussi, en tant que prolongement de l'autre!

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  21. Hé bien tu m'as bien donné envie de lire ce livre même si je commencerai sans doute par le premier ;)
    Il me tente plus que "3 femmes puissantes" d'ailleurs^^

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  22. cynthia, en ce moment je n'entends que du bien sur Marie Ndiaye!

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  23. J'ai eu envie de le lire après avoir écouté "Le masque et la plume", mais comme il s'agit d'une trilogie, j'ai commencé par "Faire l'amour" que j'ai beaucoup aimé. J'hésite maintenant entre lire "Fuir" ou me procurer celui-ci.

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  24. Lilly, dommage! J'ai raté ce "Masque"-là! Il serait plus logique que tu les lises dans l'ordre, non, même si en réalité, chacun peut se lire séparément, selon l'auteur même. Je n'ai lu que le dernier et ça ne m'a pas gênée!

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  25. Il n'a pas gagné, mais l'essentiel est de participer. je ne doute pas de sa qualité d'après ce que tu en dis.

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  26. Géraldine, je n'y croyais pas trop, ces derniers jours, on parlait davantage de Marie Ndiaye!

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  27. Tu me fais envie... J'ajoute ce titre à ma pal.
    Et puis franchement, je ne lirai pas celui qui a gagné le Goncourt cette année et qui ne me tente pas du tout !

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  28. Marie, le Goncourt ne te tente pas? Rien que par curiosité? J'en ai entendu dire surtout du bien pour l'instant!

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  29. Marie N'Diaye : selon Catinchi (le critique du Monde des Livres), ce n'est pas son meilleur livre (et elle ne méritait donc pas le prix Goncourt). Moi, je n'ai lu que ça d'elle, et franchement, son écriture est difficile et l'histoire n'avance pas beaucoup... A lire dans la sélection Goncourt (que j'ai lu en intégralité : Des Hommes de Mauvignier (qui méritait amplement plus le Goncourt, même si je n'ai pas tout perçu dans ce roman) et Le Club des Incorrigibles Optimistes de Guenassia (prix Goncourt des Lycéens, 750 pages de pur bonheur), et si on veux ajouter une bonne lecture de vacances bien tranquille : La Délicatesse de Foenkinos.
    La Vérité sur Marie de Toussaint ne m'a pas plu, trop vague, trop de vulgarité, trop de subtilités peut-être aussi. Mais l'écriture m'a paru intéressante (je dis ça, je dis rien, j'ai que 16 ans, bientôt 17), comme la plupart des romans édités chez Minuit d'ailleurs

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  30. J'ai aussi aimé ce livre, et j'ai découvert l'auteur en même temps. Je suis curieuse des précédents.

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  31. petites lectures entre amis, très intéressant point de vue que je lis trop tard hélas! Je suis désolée mais c'est vraiment le défaut principal de cette plateforme. Finalement ce livre n'aura pas eu le Goncourt: peut-être était-il trop lourd pour lui en effet!

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  32. Sylvie, Je ne connais également l'auteur que par ce livre-ci et c'était une bonne approche mais, malgré tout je ne suis pas sûre d'avoir envie d'en savoir plus sur Marie. Le mystère, je trouve, lui convient bien!

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  33. Votre lecture de La vérité sur Marie est d'une justesse et d'une sensibilité confondantes, Mango. C'est mon Toussaint préféré, des 3 saisons (vivement la 4ème!) ou de ce cycle, de ce quatuor. Comme on voudra. Vous avez raison de préciser que son intime parvient à toucher à l'universel. C'est le cas. Les 80 pages qui décrivent la perte du cheval sous une pluie diluvienne, sur le tarmac de Tokyo, sont un grand moment de littérature... Minuit (comme la virée en 2CV dans Les champs d'honneur, de Rouaud -Goncourt, celui-là, pour le coup). Mais là où Toussaint excelle, c'est dans la désinvolture feinte du rapport amoureux, dans la sensualité crue d'un couple à qui on ne la fait plus, dans l'exploration des tréfonds hypersensibles, à l'instar de l'antenne de l'escargot devant le doigt du gamin ou de l'huître ouverte au fatal filet de citron, de l'essence même du verbe aimer.

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