Assis sur un banc, entre deux femmes mûres, dans un jardin public, un homme d’une quarantaine d’années rumine sur les moments forts de sa vie passée, entièrement déterminés par ses penchants érotiques.
« Quelle explication puis-je me trouver ?... Une maladie ? Un crime ? Et puis, est-ce compatible avec la conscience et la honte, le dégoût et la peur, le contrôle de soi et la sensibilité ? Car je ne puis même pas envisager l’idée de faire du mal ou de provoquer une révulsion inoubliable. Quelle idée ! Je n’ai rien d’un ravisseur….Je suis un pickpocket, pas un cambrioleur. »
C’est à ce moment de ses réflexions qu’il aperçoit une fillette de douze ans, habillée en violet, marchant «d’un pas rapide et décidé sur des patins à roulettes qui ne roulaient pas mais écrasaient le gravier quand elle les soulevait et les laissait retomber en faisant des petits pas japonais ; elle se rapprochait de son banc dans le hasard changeant des rayons du soleil. »
La description de cette apparition se poursuit sur une page entière, rapide mais précise et détaillée, un portrait en gros plan, un flash éblouissant. Son destin dès lors ne va plus dépendre que de ces secondes-là ! Il fera tout pour la revoir et rester auprès d’elle, quitte à épouser sa mère, veuve et malade, et même à tenter d’accélérer l’issue fatale. Devenu veuf à son tour et légalement responsable de sa belle fille, il sombre dans une sorte de bouffonnerie tragique qui rend éblouissante la fin du récit, bien différente de celle de Lolita , l’œuvre plus tardive et plus célèbre écrite en 1955.
Cette œuvre-ci, l’Enchanteur, que l’auteur définissait comme la « première palpitation » de Lolita, a été écrite en 1919, à Paris, mais égarée par Nabokov, elle ne sera retrouvée, dans ses archives, que bien plus tard. C ’est alors qu’il en suggèrera la publication à son éditeur américain.
C’est un texte que j’ai trouvé superbe et je ne peux qu’approuver l’éditeur qui le qualifie de « drôle, caustique, allusif, baroque et classique, un sommet absolu d’art parodique. »
L’Enchanteur de Vladimir Nabokov (Rivages/Poches, 1986,136 pages) Traduit de l’anglais par Gilles Barbedette, préface de Dmitri Nabokov,fils de l’auteur. (Photo de la couverture: Félix Vallotton, 1913)
C'est vrai que l'histoire semble être à peu de choses près identique à celle de "Lolita".
RépondreSupprimerEtrange d'avoir consacré deux livres sur ce sujet assez dérangeant...
Bien que je ne conteste pas la qualité d'écriture de l'auteur, je crois que "Lolita" me suffira ;)
Je pense exactement la même chose que Cynthia ... j'ai déjà lu Lolita, sans grande conviction d'ailleurs...
RépondreSupprimercynthia, c'est un texte très court, une sorte de nouvelle en quelque sorte. Le reste du livre est écrit par son fils qui a traduit la version russe en anglais et qui en fait l'analyse!
RépondreSupprimerGio, c'est la même histoire ou presque mais en beaucoup plus court et avec une fin différente!
RépondreSupprimerNabokov, j'ai vraiment du mal depuis Lolita qui m'a rendue profondément mal à l'aise.
RépondreSupprimerJe t'ai tagguée^^
RépondreSupprimerJ'ai adoré Lolita mais je me demande si il est utile de lire une nouvelle qui raconte la même histoire.
RépondreSupprimervalérie, dans ce cas en effet ce livre n'est pas pour toi!
RépondreSupprimerCynthia! J'ai vu ça et ce Tag n'est pas simple! :)
RépondreSupprimerManu, je n'y aurais même pas pensé si je ne l'avais vu exposé à la bibliothèque! C'est plus simple à lire que Lolita!
RépondreSupprimerJe l'ai préféré à Lolita, je l'ai trouvé plus ramassé et meilleur.
RépondreSupprimerJe garde un beau souvenir moi aussi de ce texte de Nabokov. Je découvre ton blog après m'être inscrit au Matilda's Contest et j'ai l'impression que nous avons des goûts en communs. Je t'inscris parmi mes favoris.
RépondreSupprimerJ'ai lu Lolita il y a longtemps, sans grand intérêt. Je n'ai pas envie de recommencer, même en plus court.
RépondreSupprimerElle n'a pas été écrite avant "Lolita" justement ? C'est intéressant de voir l'évolution d'un auteur. De toute façon, j'ai teeeeeeellement aimé "Lolita" que je veux tout lire de Nabokov.
RépondreSupprimerAlex, à côté de "Lolita", "l'Enchanteur" semble n'être qu'une nouvelle. Les deux livres sont cependant très différents malgré les apparences!
RépondreSupprimerCleanthe, je découvre ton blog aussi et je constate en effet que nous aimons beaucoup les classiques en particulier. Je te mets aussi dans mes liens pour suivre tes billets!
RépondreSupprimerAifelle, en effet ce livre ne semble pas devoir te plaire!
RépondreSupprimerLilly,je me demande si je n'ai pas été influencée par ton magnifique article sur Lolita et je suis ravie d'avoir eu ainsi l'occasion de lire à nouveau cet auteur qui écrit si bien et que j'aime tant moi aussi!
RépondreSupprimerLe titre, la couv, ton billet, je suis partante mais Lolita ?? Aïe...
RépondreSupprimerTheoma, Lolita et l'Enchanteur ont beau raconter des histoires immorales,il n'empêche que ce sont des romans qui me plaisent beaucoup!
RépondreSupprimerJe pensais que l'on avait retenu de lui que Lolita...
RépondreSupprimerGéraldine, on avait longtemps oublié ce texte-ci! C'est son fils qui l'a traduit et publié assez récemment!
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