mardi 31 mai 2011

Le blouson de cuir, Histoire secrète , Cesare Pavese

L’éditeur présente ainsi ce petit livre :
Dans les collines du Piémont, les hivers sont rudes et les étés brûlants. Les enfants y grandissent librement au milieu de vignes. Ils découvrent l'amitié et l'amour, mais aussi la solitude et la mort.
Dans ces quelques nouvelles lumineuses, Pavese nous guide à travers les paysages de sa jeunesse, lieux et moments magiques qui ont profondément marqué toute son oeuvre.                                                 
Cesare Pavese ( 1908-1950) est depuis toujours un de mes auteurs italiens favoris, non seulement pour son journal intime : «Le métier de vivre», paru peu après son suicide en août 1950, à 42 ans, non seulement pour son engagement politique contre Mussolini et son parti fasciste qui lui valut un an d’emprisonnement, ni même  pour ses courts récits et ses romans si bien écrits soient-ils, mais surtout  pour cet état de grâce, cette petite musique, cette nostalgie issue de l’enfance qui me captive et m’envahit à chaque lecture.
                                                     Dans «Le blouson de cuir»Ceresa est un patron d’auberge qui aime le Pô, les barques et ses clients. C’est pourquoi la jeunesse du coin afflue chez lui : on y joue, on y boit,  on y rit et on y pèche  aussi. L’ambiance est excellente : l’homme au blouson de cuir sait s’amuser et le jeune narrateur passe auprès de lui toutes ses grandes vacances. «Quand il y avait Ceresa, il y avait toujours de bons moments : on était en maillot dans l’eau, on préparait le goudron, on vidait les barques, et à la belle saison, on goûtait avec le seau de raisin sur la table, sous les arbres. Les filles qui allaient en barque s’arrêtaient pour plaisanter sous l’appentis.»  Un jour cependant une servante plus attirante et plus délurée que les autres arrive et rien ne sera plus pareil…


Cette histoire ne m'a pas déçue, au contraire,  j’y ai retrouvé tout ce que j’apprécie chez Pavese. Elle évoque une  histoire d’adultes racontée par  un enfant au seuil de l’adolescence qui a tout vu de cette aventure cruelle, tout deviné de  ces solitudes et  de cet amour mal vécu qu’il raconte pour y avoir participé comme témoin mais sans vraiment comprendre. A trop vouloir le protéger en raison de son âge, on l'a angoissé et c'est ce que l'on perçoit à travers tout le récit : la sensibilité exacerbée de celui qui devine la tragédie sans pouvoir l'éviter. 
Histoire secrète de Cesare Pavese (folio, 2€,1946-2008-2010, 109 pages)  Trois nouvelles extraites de Vacances d’août : Le Blouson de cuir, Premier amour, Histoire secrète. Traduit de l’italien par Pierre Laroche. (Challenge 2€ de Cynthia et défi Voisin voisines de Kathel et celui de Nane 

lundi 30 mai 2011

Une histoire d'eau, un lundi comme tant d'autres

Chez Chrys et Zaza, ce lundi 30 mai est consacré au thème très actuel de l' EAU. L'eau dans tous ses états. Nuages, pluie, flaques, sources, rivières, fleuves, mer, lac, glaciers, fontaines, reflets sur l'eau, bain, douche, hammam, boisson, arrosage...  Ce lundi, mouillons-nous! Voici ma participation:
L'eau est précieuse Ici
mais je ne rêve que de ça,

L'Eau coule tant, si vite
                                                       Qu'elle oublie de s'écouter couler.

La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams

A l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Tennessee Williams (1911-1983)  la collection  Bouquins vient de réunir pour la première fois, en un seul volume,  ses principales pièces de théâtre, son roman «Une femme nommée Moïse» ainsi que ses Mémoires écrites entre 1972 et 1975 qui furent jugées si  scandaleuses  en Amérique.

 C’est une bonne occasion de mieux connaître cet auteur, dont nous ne connaissons en France qu’une vingtaine d'ouvrages sur  la centaine  qu’il a produits, parmi lesquels les plus connus : «Un tramway nommé Désir», «une chatte sur un toit brûlant», «La nuit de l’iguane». 

Sa première  pièce, «La Ménagerie de Verre», a été jouée avec succès à New York en 1945 et deux films sont sortis en 1950 et en 1987. 
Je l’ai déjà vue une fois quand j’étais au lycée et elle m’avait enchantée.  Je viens de la relire dans la nouvelle version française  de Pierre Laville

Basée sur de nombreux aspects autobiographiques, c’est «une pièce de la mémoire»  qui évoque en sept scènes ce qui aura été le centre de la vie de l’auteur dans les années 1932-1935,  sa vie en vase clos entre sa mère et sa sœur,  le père,  joueur alcoolique, étant toujours absent, mais le vrai drame de la famille, c’est la schizophrénie de Rose, sa sœur chérie,  très diminuée par une lobotomie subie en 1943, opération tragique qu’il ne se pardonna jamais d’avoir autorisée. 
La pièce se déroule dans un petit appartement  où vivent trois personnes: la mère, Amanda, abandonnée par son mari alcoolique, le fils, Tom,  qui se veut poète mais qui travaille à contre cœur dans un entrepôt de chaussures et enfin la fille, Laura, fragile et solitaire,  d’une timidité maladive, qui passe son temps à écouter de vieux airs et à jouer avec des petits animaux en verre qu’elle collectionne. Elle est  toujours ailleurs, enfermée dans son monde.
Tom est à la fois le récitant et un des personnages. Il n’a qu’une envie : tout quitter comme son père et partir loin pour écrire et faire du cinéma. 

Quant à la mère, elle se montre tour à tour tyrannique, excentrique, chaleureuse et autoritaire, régentant et surveillant les moindres gestes de ses enfants, nostalgique de son passé qu’elle évoque sans cesse, coquette et rusée quand elle veut obtenir quelque chose. Marier sa fille est devenue son obsession.

Justement, Tom invite un ami et la soirée sera mémorable.   C’est la deuxième partie de la pièce.  Avant, on attend des changements, après, tout sera différent. 
La pièce aura un grand succès et on comprend pourquoi. 
"La Ménagerie de Verre", dans sa nouvelle traduction, témoigne bien de la modernité de l' œuvre, légère et tragique à la fois,  d’une grande sensibilité, aux passions extrêmes sur fond de solitude absolue et désespérée.

La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams ( Théâtre, Roman, Mémoires, Bouquins, Robert Laffont, 2011,  960 pages) Édition établie et présentée par Catherine Fruchon-Toussaint. Nouvelles versions théâtrales de Pierre Laville

dimanche 29 mai 2011

La marche à l'amour de Gaston Miron

La marche à l'amour

Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d'oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s'influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as

tu viendras tout ensoleillée d'existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l'aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d'un pays d'haleine
à bout de misères et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t'aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gués
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie
...
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

Gaston Miron, (1928-1996), poète canadien, est encore aujourd'hui considéré comme le plus grand poète du Québec contemporain. L'Homme Rapaillé, les poèmes, (nrf, Gallimard, 1999)
* Rapaillé,  Au Québec, rassembler des objets éparpillés, (Fam.) 

Bonne fête, maman... où que tu sois...

samedi 28 mai 2011

Envies de lectures pour juin 2011

Avant que la  liste de mes envies de lecture pour le mois prochain ne s'allonge trop vite, ce qu'elle ne cesse de faire, je la publie en me restreignant au nombre des jours de la semaine, sept  me semblant un nombre  raisonnable et  pas trop effrayant.  Depuis que j'ai préparé cette note, de  nouveaux titres sont venus s'ajouter sur mon carnet. Il est donc grand temps de publier sans attendre la fin du mois. En cliquant sur les titres, on tombe sur les billets-sources de mes envies 

1 Générosité de Richard Powers


Les leçons du mal de Thomas Cook

Mauvais genre de Naomi Alderman
Le goût sucré des pommes sauvages de Wallace Stegner
 
Les trois lumières de Claire Keegan
6 La langue de ma mère de Tom Lanoye
7 Une famille anglaise de Helen Walsh

vendredi 27 mai 2011

Les Hommes sirènes de Fabienne Juhel, 2

L'éditeur anglais Ford Madox Ford (1873-1939),   avait décrété que l'on pouvait décider de la qualité d'un livre en lisant la page 99.
Voici ce que cela donne pour le livre de Fabienne Juhel : "Les hommes sirènes"
"Il ne faisait pas ça, L'Homme aux livres, tracer la croix sur le ventre du pain. Il n'était pas un patriarche non plus. Il avait raconté dans un de ses tout premiers essais comment, dans son baraquement, le responsable de l'unité avait fabriqué un pain à partir de la cendre de sa famille. "
 Encore mieux pour apprécier le style de la romancière, la page 251:
« Cent sept ans, ça voulait dire l’éternité.Pourtant l’ancêtre avait bien fini par mourir. Donc, tu vois que la Mort ne l’avait pas oublié, avait dit l’homme calmement.Brian lui avait répondu qu’il était bien difficile d’évaluer la part de responsabilité de chacun. Parce qu’un jour de l’été 2003, le vieux avait piqué une tête à la pointe de l’Arcouest.Il était si sénile qu’il avait oublié qu’il ne savait pas nager.La Mort avait dû sauter sur l’occasion… »
 Mais un des meilleurs passages pour moi est celui-ci:
 «Il vient souvent ici des hommes comme toi.L’homme n’est pas étonné. Il sait, évidemment il sait, que la mer attire ce genre d’hommes. On peut alors en ramasser sur la jetée, en ramener avec soi pour les longues nuits d’hiver.   Marie en trouvera toujours amarrés à un quai, comme suspendus à leur dernier rêve de pierre. Elle les décrochera, coupant un à un les fils de la marionnette piégée par le miroir aux alouettes. Une main passée sur leur front, elle les enlèvera à leur torpeur, balayant une mèche qu’ils ont cessé depuis longtemps d’amadouer. Elle leur donnera l’espace d’une nuit, d’un week-end, le goût  d’une petite mer plus facile d’approche. Elle leur offrira un mouillage en zone paisible, et un pull ou deux de son frère après.
   Sans doute qu’ils repartiront, car ils repartaient toujours, plus mordus qu’avant, bardés de rêves de coraux, la bouche pleine de sel.
   Ève Eckert les appelait les Hommes Sirènes.» 

Les hommes sirènes, Fabienne Juhel, 1

Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordures! Ce cri  de Pascal mis en exergue est suivi  à l’ouverture du récit par ce soupir de Baudelaire: - J’aime les nuages…les nuages qui passent…là-bas…là-bas…les merveilleux nuages!

Oserais-je dire qu’entre ces deux citations se situe toute l’histoire de ce quatrième roman de Fabienne Juhel qui se déroule exactement là, entre ordures et nuages, rêves ardents et réalité sordide?  Il s'agit bien  en effet du combat éternel et magistral de l'homme avec ses démons qui le poussent à fuir son passé et ses responsabilités et de sa lutte avec l'ange  qui le séduit et l'attire toujours plus haut, toujours plus loin.

L'homme ici s'appelle  Antoine, du nom donné lors de son adoption par ceux qui l'ont acheté, le frère et la sœur, les Ténébreux, les "Alpha", des  juifs rescapés des camps  de la mort, riches mais sans affection.  En réalité  son vrai nom, c'est Abhra, l'ange,  son nom d'indien navarro qu'il désire reconquérir.

"Défense de déposer les ordures". "Il a suffi de cette mention, en apparence anodine, sur la palissade d'un chantier, pour qu'Antoine jette ses clefs dans une décharge et quitte femme et enfant. Une nouvelle décisive venant du milieu médical le pousse à tenter sa dernière chance pour retrouver enfin sa véritable identité. Pour cela, il traverse à pied  toute la France, de Saint-Malo aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Les rencontres qu'il fera seront décisives et le réconcilieront peu à peu avec son douloureux passé. Le caillou-caillot qui bloquait son avenir  éclate et  disparaît laissant à nouveau place à "son  rêve d'arche à la fin des temps, qui était la promesse d'une nouvelle ère. Mais Brian et Abhra voudraient d'abord aller voir les Indiens."

Telle est la dernière phrase de ce beau roman dont les trois parties  se nomment simplement: "Le départ", "Sur la route" et "Le terme". C'est un très beau récit, plein de douleur, de noirceur mais aussi d'humour, d'amour, de sensualité et de lumière. Même la quatrième de couverture est juste  et retenue, ce qui n'est pas le cas des billets des lecteurs-blogueurs, tous très élogieux et enthousiastes. Allez les lire: de telles chaleureuses approbations font réellement plaisir. 

L'ont aimé: Chiffonnette, Clara, Pascale, GwenaëlleFransoaz, Griotte, Fabienne, Constance, 

Les hommes sirènes,  Fabienne Juhel, (éditions du Rouergue, janvier 2011, 300 pages) 

jeudi 26 mai 2011

Citation, Le pays des Grottes Sacrées, Tome 6, Les Enfants de la Terre de Jean M. Auel, Début de l'histoire.

 « Le groupe de voyageurs avait emprunté le sentier courant entre les eaux étincelantes de la Rivière des Prairies et la paroi calcaire blanche veinée de noir, le long de la rive droite. Les uns à la suite des autres, ils longeaient la courbe où la roche surplombait le bord de l’eau. Devant eux,un sentier plus étroit filait en direction du gué où l’eau s’étalait, moins profonde, et bouillonnait entre des affleurements de rochers.    La jeune femme qui ouvrait la marche s’arrêta brusquement et , les yeux écarquillés, regarda devant elle. Elle esquissa un mouvement du menton et murmura, apeurée :- Là-bas ! Des lions !    Jonathan, le chef, leva un bras pour indiquer au groupe de faire halte. Au-delà de l’endroit où le sentier se divisait, ils découvrirent des lions des cavernes au pelage marron clair paressant dans l’herbe haute. Celle-ci leur offrait un couvert si dense que les voyageurs ne les auraient pas repérés si tôt sans le regard perçant de Thefona. La femme de la Troisième Caverne avait une vue exceptionnelle. Son talent, décelé précocement, avait été encouragé par les membres de sa Caverne dès l’enfance. Elle était leur meilleure guetteuse. »
Première phrase d’un livre reçu récemment  que je commence aujourd'hui même et dont j’attendais l’arrivée avec impatience  car je suis une inconditionnelle des cinq tomes précédents,  dévorés à la suite les uns des autres.
Le pays des Grottes Sacrées  (Les Enfants de la Terre) de Jean M. Auel,  (Presses de la Cité, mars 2011, 682 pages)
Sur une idée de Chiffonnette

mercredi 25 mai 2011

Rohan au Louvre, Hirohiko Araki, ma BD du mercredi

Voici  le premier manga de la collection de bandes-dessinées des éditions du musée du Louvre.
C’est un très bel album à première vue et c’est ce qui m’a tout de suite attirée: une couverture glacée, cartonnée, avec un double dessin aux belles couleurs vives dans les bleus, les jaunes et les rouges. En le feuilletant, ce qui m’a frappée aussi ce sont les grandes pages divisées en quelques cases  larges et colorées également. Les dessins sont très beaux, dessinés avec  précision et netteté. Beaucoup de mouvement,de dynamisme mais rien d’extrême. La lecture se fait de droite  à gauche comme pour tout manga. 
Rohan Kishibe dispose d’un étrange pouvoir : il peut lire dans les gens comme dans un livre. Il se propose de nous raconter l’aventure singulière dont il a été témoin quelques mois auparavant au cours d’un voyage où il a vu la couleur noire la plus sombre du monde, le contraire même de la lumière et où quatre  personnes disparurent dont une traductrice japonaise en langue française, deux pompiers français et un responsable de la section Extrême-Orient du département des Arts d’Asie du Musée du Louvre. 
Avant cela il évoque son apprentissage de mangaka, au Japon, ainsi que la rencontre dans l’auberge de sa grand-mère d’une belle locataire qui lui parle du tableau le plus étrange du monde, celui de Nizaémon Yamamura, peint avec la couleur la plus noire jamais créée, dont la matière aurait été extraite d’un grand arbre, vieux de plus de 1000 ans. Il s’agit d’un tableau maudit. Le peintre fut condamné à mort par son Seigneur pour avoir abattu cet arbre vénérable.et ce fut le Louvre qui l’acheta , deux cents ans auparavant.
Dix ans plus tard,  cette histoire s’impose à nouveau à Rohan, devenu célèbre qui, profitant d 'un séjour à Paris, décide d’aller voir ce fameux tableau noir mais il apprend qu’il a disparu. Bien entendu, Il va partir à sa recherche dans les sous-sols  et les souterrains mystérieux du musée où il fera de bien curieuses rencontres réelles et fantastiques. 
Les monstres surgissent de partout et les combats  s’enchaînent très vite mais  pour une fois même les scènes de combat m’ont paru belles. 
C’est en effet le côté artistique des dessins et des couleurs qui a surtout retenu mon attention. L’histoire m’a semblé  secondaire, juste un prétexte pour la démonstration du style de l’auteur parfaitement maîtrisé et efficace. J’ai refermé ce one-shot en me disant qu’il était vraiment beau et digne du grand musée évoqué. J’ai beaucoup aimé. 

Rohan, Hirohiko Araki, (Futuropolis, Shueisha, Musée du Louvre éditions, avril 2010) Traduit et adapté du japonais par Victoria Tomoko Okada et Nathalie Bougon 
(Top BD de Yaneck: 14/20)

Participent aux BD du mercredi:
Benjamin,Choco,Chrys,Delphine, Dolly,Emmyne, Estellecalim, Hilde, Hérisson08, Irrégulière,  Jérôme,  KikineLire pour le plaisir, Lounima, Lystig, Manu, Marguerite,  Mathilde, Mo'laFée, Noukette,  Sandrounette,  Sara, Soukee,  Theoma,  Valérie,  Vero, Wens,  Yaneck, Yoshi73, Yvan, Mr Zombi

Je participe aussi au challenge BD Pal sèches  de Mo' et au Top BD de Yaneck

lundi 23 mai 2011

Le tag des sept

Kikine (que je remercie selon la règle n°1) m'a passé le flambeau des sept vérités qui tourne beaucoup sur les blogs en ce moment  et parce que je suis paresseuse (ce qui pourrait être une première vérité), je reprends le tag des sept erreurs du 15 décembre 2009 que je ne fais que remanier un peu avec les réponses. 
1) J’aime les grands trains de nuit d'autrefois, genre sleepings: L'Orient-Express de Valéry Larbaud ou le Royal Scotsman










2) J’aime les très hauts talons aiguille, surtout sur les autres, genre Victoria Beckam au mariage de l'année.


3) J’aime les bijoux anciens,très lourds et volumineux  mais je n'en porte jamais 




4) J’aime le jazz et Billie Holiday en particulier. 
5) J'aime les  œuvres d'art mais pas les musées trop fréquentés

6) J’aime les macarons de toutes les couleurs

7) J’aime  en ce moment la pétition des femmes vue chez Claudialucia à propos de l'affaire DSK


Voilà Kikine, mon Tag est terminé. Comme c'est le second en deux jours, je ne désigne personne en particulier mais le reprenne qui en a envie. 

Il ne fait jamais noir en ville de Marie-Sabine Roger

C’est un joli recueil de dix nouvelles, émouvantes, souriantes, écrites autour de la vie de petites gens,  des gens de tous les jours, de ceux qui n’ont jamais rien d’extraordinaire à raconter, ceux à qui il semble n’arriver jamais rien et pourtant, c’est un vrai plaisir que de découvrir les petites particularités du voisin  serviable mais inquiétant, du père qui va se séparer de son enfant. et ainsi de suite.
 Celle que j’ai préférée cependant est «La loi de Murphy», appelée aussi LEM ou loi de l’emmerdement maximum. Une employée modèle découvre un chat dans une poubelle, le recueille et sa vie en est toute renversée. Du jour au lendemain, elle passe à la rébellion et affirme très haut ce dont elle ne veut plus désormais. Non au fait de rester aider sa patronne après ses heures de travail. Non au don d’argent pour le bébé du voisin inconnu. Non au loueur de DVD pour son retard. Son bonheur et sa force lui viennent maintenant du petit animal qui attend ses soins, allongé sur son lit dans son appartement.
Ont également aimé ce livre : Eireanne, AntigoneEncres vagabondes, Clara, Hélène, clarabel, un peu moins Cathulu
Il ne fait jamais noir en ville de Marie-Sabine Roger, (éditions Thierry Magnier (2010), 105 pages)

dimanche 22 mai 2011

Le pauvre songe de Arthur Rimbaud



Peut-être un Soir m'attend
Où je boirai tranquille
En quelque vieille Ville,
Et mourrai plus content:
Puisque je suis patient!


Si mon mal se résigne,
Si jamais j'ai quelque or,
Choisirai-je le Nord
Ou les Pays des Vignes?...
- Ah ! songer est indigne,


Puisque c'est pure perte!
Et si je redeviens
Le voyageur ancien,
Jamais l'auberge verte
Ne peut bien m'être ouverte.


Arthur Rimbaud. Vers nouveaux et chansons. Comédie de la soif. ( La Pléiade, p75)
Autographe donné par Rimbaud à Jean-Louis Forain (1852-1931), ami de Verlaine et de Rimbaud. 
Jean-Louis Forain, lavis de brun « Arthur Rimbaud » (vers 1872, Arthur aurait 18 ans). Image reproduite dans le journal « Le Monde » en fév.2007. Ce portrait était connu des amateurs de Forain mais pas de ceux de Rimbaud ! Source : archives Vert et Plume.
"Ce poème est daté du séjour de Rimbaud à Charleville dans les premiers mois de 1872. Cette pièce est une de celles qui nous introduisent le plus profondément dans l'âme de Rimbaud durant cette période où il prend conscience de son échec et se sent dévoré par sa soif de vie intense et un profond besoin  de s'en aller très loin, toujours plus loin.  Les voix de la famille lui disent de se contenter des voix du cellier.  (...)
A l'automne précédent il est allé à Paris. Il a connu les poètes. Ils sont devenus ses amis. Ils l'ont entraîné à goûter le bitter sauvage et l'absinthe. Il est décidé à ne pas recommencer. Il aimerait mieux mourir que de gagner l'ivresse à ce prix. Un jour viendra peut-être où il s'arrêtera, résigné, en quelque ville. Sera-ce le midi ou le nord?  Mais alors il se reprend. S'il repart, un jour, pour d'autres voyages, il partira décidé à s'abandonner à l'aventure. La conclusion: toute vie est soif, toute vie est fuite vers la mort."  Antoine Adam.

samedi 21 mai 2011

Joli Tag de mai

Niki  m'a lancé un tag, signe d'amitié.
A mon tour, je dois le reprendre et le passer à d'autres blogueurs.
C'est là que ça se corse car il y a tellement de blogs  que j'aime que je suis bien embarrassée pour me décider.
D'autre part, je n'ai pas bien suivi le parcours de ce tag si bien que je ne sais pas qui l'a déjà reçu. mais il faut décider alors je vais proposer ce Prix à
Dimitri qui nous présente un Paris tellement différent du Paris touristique.
Ötli qui fête ses trois années de blog aujourd'hui.
Kenza dont le choix des tableaux n'en finit pas de me surprendre et de me séduire.
Albason amitié avec la peinture et son ciel bleu de Castille.
Enfin,  Aifelle, la fidèle,  dont les lectures m'inspirent toujours et qui présente les nympheas blancs de Giverny qui commencent à  poindre  leur nez au milieu des mille autres fleurs de l'endroit.
Voilà, ce tag s'envole. Que le reprennent donc aussi  tous ceux qui en auront envie.

Kroak de Nicolas Bianco-Levrin

KROAK vie et mort d’un personnage. "Le projet est né de carnets de croquis tenus quotidiennement pendant deux ans. Au fur et à mesure, ces carnets se sont nourris des récits de voyages d’éminents spécialistes du Grand Nord, tels que Jean Malaurie ou Paul-Émile Victor. Il ne s’agissait pourtant pas de réaliser une œuvre documentaire, mais plutôt de se servir du désert de glace et de son dénuement pour mener une réflexion sur l’absurde du quotidien à travers une fiction. Le héros de ces aventures est devenu Inuit."
Un Inuit dans ma boîte aux lettres? C’est surprenant mais ça m’a fait plaisir. 
C’est un bel album uniquement basé sur des images sans paroles. 
L’écrit est réduit aux  titres des quatorze chapitres : de la chasse aux phoques au dernier iceberg en passant par le retour du monstre, kamikaze, 1, 2, 3, soleil…, le mauvais esprit, l’intrus, l’éclosion…
Les couleurs remplacent les mots. 

Le graphisme en noir et blanc, est volontairement répétitif pour animer petits personnages et animaux de la banquise 

Sur fond clair, tout va bien. Sur fond noir, aïe, aïe, aïe …
Sur fond rouge, tout bouge - et le cœur bat très fort. 
Ici, même les icebergs ont face humaine et se montrent charitables.
Les ours s’en sortent bien et deviennent plus que des copains.
Les phoques qu’on voulait chasser se révèlent bons musiciens et très malins.
Tout le monde cherche à manger tout le monde mais on finit par s"adorer.
C’est cruel à souhait mais sans brutalité avec des monstres, des chasseurs, des pêcheurs, des peurs et des malheurs, vite effacés, dans la gaieté.
C’est pour les enfants ou pour les grands ?
Un bel album assurément ! 
Kroak  de Nicolas Bianco-Levrin, (L'atelier du poisson soluble, mars 2011, BD jeunesse, 64 pages)
Merci à Mélanie Michelet et à l'éditeur pour cet envoi.

vendredi 20 mai 2011

Trois vies chinoises de Dai Sijie


Dai Sijie est l’auteur de «Balzac et la petite tailleuse chinoise», un livre que j’ai bien aimé. Celui-ci aussi d’ailleurs qui est divisé en trois parties  dont chacune est une histoire  avec de nouveaux personnages qui vivent  sans se connaître au même endroit sur l’île de la Noblesse, grand dépotoir de tous les déchets électriques du pays. Leur destin est intimement lié aux effets maléfiques de ce lieu poubelle symbolique de la négligence du monde industriel actuel.
"Ho Chi Minh" est le surnom donné à un vieil enfant d’une dizaine d’années qui en paraît plus de soixante dix  A cause de la progéria, sa maladie, un directeur de prison l’achète à sa tante pour le former à sa façon dans un but bien précis des plus odieux. L’enfant, lui,  est heureux croyant qu’on le prépare pour l’exposer dans un cirque. Il se sent utile.
"Le Bogart du Réservoir d’eau" raconte le désarroi d’une jeune fille quand elle découvre sous la glace  où elle s’entraîne les os de sa mère disparue récemment. Elle accuse son père. A-t-elle raison ?
La troisième histoire : "Le cuirassé qui passe à travers les montagnes" est la plus horrible, à mon avis. Parce que son fils est dangereux, une mère l’attache, des années durant, dans un puits,  à l’aide d’une grosse chaîne qu’elle a confectionnée elle-même. De retour chez lui quelque temps plus tard, le fils cadet est bien étonné d’une situation  tout- à fait inattendue et terrifiante.
J’admire l’auteur qui sait en peu de pages imposer trois portraits aussi inoubliables, trois vies des plus  déconcertantes. La  fin des récits, révélée en quelques lignes, est particulièrement atroce.
Ce livre a été le coup de cœur  des libraires du mois de mars. Pour une analyse plus détaillée, c'est  ICI.
Dai Sijie, Trois vies chinoises, Flammarion, 2011, 141 p

Bibliographie de Dai Sijie (°1954 à Putian, en Chine) :
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, Sep. 2000
Le Complexe de Di, 2003 (Prix Femina)
Par une nuit où la lune ne s'est pas levée, 2007
L'acrobatie aérienne de Confucius, 2009
Trois vies chinoises, 2011