samedi 6 juin 2009

Bouchère de Catherine Soullard

C’est la vie rêvée d’une ancienne critique de cinéma : elle n’a pas de nom dans le roman. Elle est juste bouchère, la bouchère ! Son idéal, son point d’ancrage, son rocher de secours dans la vie, c’est sa boucherie qu’elle a acquise avec l’aide de son ex-mari qui s’est ensuite éloigné d’elle. Elle est seule, sans famille, sans ami, sans enfant, sans animal domestique. Sa vie, c’est d’être dans sa boutique parisienne, à débiter de la viande pour ses nombreux clients. La seule présence à ses côtés est un jeune commis Patrice, silencieux et mystérieux mais avec lequel elle s’entend bien malgré ses retards matinaux. Bientôt, son commerce marche si bien qu’elle demande une aide. Arrive Myriam, une femme âgée très compétente qui s’impose d’emblée, mais qui, elle aussi, se révèle très silencieuse. Un jour ils iront tous les trois visiter un abattoir, le lieu du sacrifice par excellence. Dès lors, tout va changer. Ils commencent à parler et la fin tragique arrive en accéléré.

J’ai bien aimé. C’est un livre très maîtrisé, aux thèmes et aux personnages surprenants. Si la boucherie semble un lieu sacré, ce n’est en réalité qu’un prétexte pour donner une raison de vivre à ces trois vies tragiques, ces trois êtres solitaires et secrets aux existences si fragiles. Trois êtres qui flanchent, se relèvent, s’accrochent les uns aux autres tour à tour. Tout nous est dit, minutieusement décrit quant au travail dans une boucherie, les viandes, les couteaux, l’approvisionnement, les horaires, les clients, les moments d’attente. Un peu longs peut-être, ces passages ? Rien ne pèse cependant. Tout est simplement dit, sans fioritures. Un livre agréable à lire.

Je n’ai trouvé qu’un seul blog qui en parle aussi : celui de Clarabel, en 2006

Bouchère de Catherine Soullard, roman, Calmann-Lévy, 173 pages, septembre 2006

Catherine Soullard a été productrice à France Culture pendant quinze ans : critique de cinéma, elle est l’auteur de Palmito d’Evian, paru en 2005.

10 commentaires:

  1. Ouh comme c'est étrange : les langues se délient après une visite dans un abattoir ? o_O'

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  2. Le titre ne me plaît déjà pas mais quand je lis "visite d'un abattoir", je prends mes jambes à mon cou.

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  3. Je trouve le thème orignal, moi j'ai bien envie de le découvrir ce roman!

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  4. @ Leiloona, Oui, c'est ainsi: langue coupée, parole libérée, puis drame engendré! Sombre histoire!

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  5. @ Manu, C'est sûr: végétariens s'abstenir! J'ai d'ailleurs survolé ce passage qui est pourtant au coeur de l'histoire!

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  6. @ Emilie: il est original en effet mais on est loin des halles de Zola dans "Le ventre de Paris" qui m'ont laissé une si forte impression!

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  7. Mince,je suis végétarienne, je peux pas lire ? c'est dommage, je l'ai noté ;-)
    ps : envoie moi ton adresse que je puisse t'expédier le livre voyageur.

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  8. Je n'en ai gardé aucun souvenir !!!

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  9. Ce livre a eu de très bonne critique, je l'ai acheté pour ma bibliothèque, mais pas encore lu, mais ce roman va me plaire je crois.

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  10. C'est vrai: dans la presse, la critique a été bonne; ce livre n'est pas désagréable et plutôt facile à lire malgré le thème et certains passages qui pourraient choquer quelques lecteurs.

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