La vie adulte ne s’atteint pas facilement mais par degrés généralement. Ici cependant, la narratrice revit ce passage violent de ses 14 ans quand, avec son frère, elle a été contrainte de quitter l’enfance douillette et choyée d’une jeune adolescente de la banlieue ouest, le soir où sa mère chérie et admirée, sans crier gare, n’est plus jamais rentrée dans son foyer. Sa première réaction : son changement de prénom ! Ce sont les premières lignes du récit : « Je ne m’appelle plus Dominique. Je m’appelle Nathalie. C’est ce que j’ai dit à mon père. Il a dit « Et pourquoi plus Dominique, ma chérie ? – Parce que maintenant ce sera Nathalie-ma-chérie », j’ai dit. Il a souri. Il sourit facilement. Nous sommes dans la cuisine, en bas. Il est debout. Il reste debout, il me regarde. Il ne répond pas. A cet instant le temps s’arrête sur lui, sur moi. » … « Ma mère était partie. Volatilisée. Je l’imaginais portant son vison jour et nuit, accrochant la lumière des phares sur sa fourrure sombre, jambes nues déjà."
Une histoire triste d’abandon qui se résume en peu de mots mais qui, par la magie du verbe, du style, de l’écriture, du talent de la romancière résonne longtemps comme une petite musique aigrelette et nostalgique, une sonnerie de portable dans une maison vide . une chanson ancienne à moitié oubliée.
Virginie Mouzat dont c’est le deuxième roman après « Une femme sans qualités », en 2009, raconte ici la disparition volontaire mais inattendue d’une mère, un beau soir de mars . Le père, le frère aîné et la narratrice, l’attendront longtemps avant de réorganiser tant bien que mal leur quotidien. La fin explique un peu l’énigme sans davantage s’appesantir, simplement en replaçant un peu mieux l’incident dans le cours de l’histoire d’une génération, à Paris, après 68.Je croyais ne plus aimer les romans trop intimistes, nombrilistes si nombreux depuis quelque temps mais celui-ci brille par l’ absence de sentiments violents, par l’attente quotidienne mais sans paroles qui finit par s’installer au milieu de l’incompréhension générale, la résignation et le besoin de continuer sa propre vie à son tour sur de nouveaux chemins. Un beau récit, qui surprend, attriste et séduit en même temps. J’ai aimé.
La vie adulte de Virginie Mouzat
(Albin Michel (août 2010), 133 pages)
Merci aux éditions Albin Michel et à Ulike pour ce livre
Merci pour cette critique!!!!!
RépondreSupprimerBON WEEKEND
Je lis ton billet en diagonale pour ne pas découvrir trop de ce roman que je vais lire d'ici quelques jours... :-)
RépondreSupprimerJe l'ai répéré mais j'attends pour cause de PAL bien portante!
RépondreSupprimerJ'aime les romans intimistes !
http://contesdefaits.blogspot.com/2010/09/la-vie-adulte-virginie-mouzat.html
RépondreSupprimerDe l'émotion mais pas de pathos pour un roman pourtant intimiste, je trouve que l'auteure a bien su maîtriser son sujet !
En lisant ce bref extrait... j'ai envie d'en savoir plus effectivement !
RépondreSupprimerOh non, pas tentée par un roman intimiste.
RépondreSupprimerchrys, un livre très bien fait!
RépondreSupprimerMarie, je pense que tu aimeras. Il se lite très vite d'ailleurs!
RépondreSupprimerclara, une réussite pour moi!
RépondreSupprimercynthia entièrement d'accord avec toi!
RépondreSupprimerÖtli, une vraie maîtrise d'un sujet difficile comme dit Cynthia!
RépondreSupprimerManu, hi, hi, je m'attendais à ta réaction! :)
RépondreSupprimerMoi aussi , j'aime les livrs intimistes. Mais une mère qui quitte ses enfants...
RépondreSupprimervalérie, c"est ce que je me suis dit tout au long de ma lecture. C'est une mère indigne, pour moi, seulement c'est la fille qui raconte alors, c'est plus subtil que ça ne semble!
RépondreSupprimerJe n'avais que moyennement aimé son premier roman.
RépondreSupprimerYv, je ne l'ai pas lu, je ne peux pas comparer!
RépondreSupprimerUn joli billet pour un roman intimiste qui devrait me plaire...!
RépondreSupprimerNoukette, oui,c'est un roman triste et doux à la fois!
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