lundi 16 janvier 2012

Échapper aux tueurs de Matthieu de Boisséson

On dirait le titre d’un polar mais non, c’est un de ces petits livres courts, qui se multiplient en ce moment, fait de fragments de vie, d’éclats de pensée  à immortaliser à toute allure,  de réflexions  intimes comme  des miettes de testament, des souvenirs de voyages express, style aller-retour en super classe  au bout du monde, des  chutes de poèmes à peine chuchotés,  des bouts de soi nonchalamment jetés  à la cantonade, bref un de ces recueils très chics qu’un grand juriste international comme l’auteur peut  s’offrir. 
Un livre d’amateur éclairé pour un public d’initiés ou de dilettantes cultivés.
Et pourquoi pas? En lecture, je n’ai aucun a priori.  Que dit donc ce livre?
Tout d’abord qui sont les tueurs?  C’est l’ennemi mortel qui rôde dans un monde affadi ou pétrifié par la technique.  Il faut leur échapper par «un bond hors du rang des meurtriers » Comment?  Par la légèreté, les jeunes étrangères, la rêverie, la montagne, le dépaysement, l’amitié.
Les chapitres tournent tous autour de cette idée mais restent indépendants.
 Ce n’est ni un roman, ni un essai, ni un journal intime mais une pincée de tout ça: une suite de textes très courts, parfois une demi page sur de brefs extraits de  vie, vécus à la va vite, avec les brèves rencontres, la forme moderne c’est-à-dire rapide du voyage  favorisant l’expérience de la fragmentation  du moi qui s’avance masqué.
Un saupoudrage de citations aussi comme celle de Mme de Staël: "Voyager est, quoi qu'on puisse dire, un des plus tristes plaisirs de la vie." 
Ce livre est un patchwork qui part dans tous les sens et sous toutes les formes autour du thème central, lancé à la face d'un riche Chinois au cours d'une négociation très serrée:
"Vous avez soixante-cinq ans. Profitez donc de votre richesse  au lieu de vous pourrir la vie  en voulant gagner encore plus." (!) 
Quelques extraits :
« Hymne à François Lesage, brodeur
La mer donne l’image de broderies naturelles, et le surfeur accroupi, qui se lève pour planter l’aiguille de sa planche dans la trame de la vague, est un brodeur. »
«Promenade sous les arbres. Broderie de l’eau, du tissu frêle des fleurs. Lumière tremblée. Ruisseau près de la scierie. Échapper aux tueurs.»

Bien léger ce livre malgré tout.  
En parlent aussi :Beigbeder : «Échapper aux ploucs» et Jérôme Leroy.
Échapper aux tueurs de Matthieu de Boisséson (Gallimard, 2011,150 p)

16 commentaires:

  1. Tiens, un livre différent, je note!

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  2. Bien léger dis-tu ? je vais le feuilleter en librairie, pour me faire une idée.

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    1. Tu sais que je n'aime pas beaucoup les livres trop courts! Il ne me font pas rêver du tout. Celui-ci a juste une petit attrait de curiosité pour moi, C'est tout, enfin tu verras!

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  3. On ne risque pas de passer à côté d'un futur monument de la littérature si on passe à côté... je crois ! Donc... je passe (c'est vrai que c'est un phénomène à la mode, ces écrits "jetés")

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    1. Ce livre, je le vois comme une forme de passe-temps, pour échapper aux tueurs justement, une évasion .

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  4. Il y en a de plus en plus des petits livres dans ce style.
    Il faut que l'auteur sache très vite nous captiver, sinon ça semble assez vide. Un exercice pas facile.

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    1. Pas facile l'exercice. Il y faut du style et de l'originalité sinon c'est vite l'ennui.

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  5. Echapper aux tueurs, c'est ne pas se prendre au sérieux, et lir-a-tou-va me plait aussi!

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  6. je te remercie de ton billet

    l'art du fragment j'adore mais il fait que ce soit très ciselé comme écriture et que chaque fragment s'emboite dans une nomination qui ne se dit pas obligatoirement mais inter agit

    vous vous compléter bien avec :Beigbeder
    je vous embrasse

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    1. L'art du fragment comme une respiration: tout un art.

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  7. Bon, je n'ai pas envie d'allonger ma liste, je crois que je peux m'en passer !

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    1. Je le crois aussi. Se lit trop vite pour moi. Le livre refermé, il n'en reste pas grand chose.

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  8. Tu n'as pas l'air très convaincue malgré tout.

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