Quelle est cette force puissante qui pousse un lâche à tuer un innocent?
Cette phrase mise en exergue explique à elle seule et le titre et le roman!
L’enfant poisson évolue au fond du lac Ypacarai, au Paraguay. Il est le symbole du drame passé et à venir de ce récit fait par Sérafin, le chien chéri de Lala, l’adolescente solitaire d’une famille bourgeoise de Buenos Aires, devenue criminelle par amour pour la Guayi, la jeune bonne à tout faire de sa famille, adolescente, elle aussi, mais étrangère, mystérieuse, fascinante et sensuelle. Lorsque l’une découvre que l’autre a des relations sexuelles avec son père, elle n’hésite pas et empoisonne ce dernier puis elle s’enfuit près de ce fameux lac, ce lieu magique où elles avaient rêvé de se faire construire une maison, là où vit l’enfant poisson aux doigts palmés, toujours au fond de l’eau. Elle attend longtemps mais en vain son amante et c’est son père qu’elle rencontre et qui lui raconte des bribes de leur histoire. C’est alors le passé devenu légende qui resurgit, violent, inexplicable. désespéré.
Quand Lala et son chien reviennent en Argentine, La Guayi est en prison pour s’être accusée du crime. Lala se rase les cheveux et fera tout pour la revoir et la délivrer. Leur rêve d’amour tourne vite au cauchemar et Sérafin, le brave chien narrateur n’a plus longtemps pour nous entretenir de cette aventure amorale, cette sorte de road movie auquel il a participé et dont il se fait le témoin et le conteur!
Comme souvent dans la littérature sud américaine, le réalisme magique rejoint la critique sociale en un mélange étonnant de violence crue et de rêves prémonitoires. Garcia Marquez et Almodovar ne sont pas loin. Il s’agit du premier roman de cette romancière argentine qui l’a ensuite porté à l’écran. Si je n’ai pas été particulièrement sensible à l’histoire d’amour trop intimement mêlée de violence, de drogue, de prison, de souillures et de descentes aux enfers dans une société mal en point,en revanche, j’ai apprécié le style direct et percutant, sans chichis, parfois drôle et cynique, parfois tendre et émerveillé mais surtout j’ai aimé le parti pris du chien narrateur qui adore sa maîtresse et la comprend et la suit partout et raconte les faits avec la neutralité d’un animal qui serait omniscient. Etrange vision. Etrange récit, plutôt réussi.
- On a la maison, a dit Lala.
- Oui
- Et le lac.
- Oui.
- Tu vas nager avec moi ?
- Jusqu’au fond, a dit la Guayi.
(…) Le car roulait vers la frontière et l’air se chargea d’inconscients, échos d’un rêve collectif, bouillon de culture, oui, finalement, tout le monde rêve pareil. (Dernières phrases)
Lucía Puenzo, L’Enfant poisson, premier roman, traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet, Titre original : El Niño Pez, Stock, coll. « La Cosmopolite », 216 pages,
J'aime bien faire connaissance avec de nouveaux auteurs, Auster avait utilisé lui aussi un chien narrateur j'avais bien aimé
RépondreSupprimerAs tu fais quelque chose, ton blog s'affiche beaucoup plus vite
Un premier roman, des thèmes prometteurs,... je note!
RépondreSupprimerCe que tu dis du style me fait hésiter. Ma PAL t'en remercie
RépondreSupprimerDominique, ouf! Cette nouvelle me fait plaisir et m'intrigue aussi puisque je n'ai rien pu faire de concret! Comme quoi, j'ai tendance à penser que ça ne dépend pas réellement de moi, bref, je reste dans le flou le plus complet!
RépondreSupprimerQuant au roman, de tous les personnages, c'est nettement le chien narrateur que j'ai préféré!
clara, il paraît qu'elle a eu du succès et a été traduite dans de nombreux pays, mais je n'en ai pas encore beaucoup entendu parler!
RépondreSupprimerstephie, moi c'est plutôt le sujet lui-même qui m'aurait laissée froide s'il n'y avait eu cette façon d'écrire très efficace!
RépondreSupprimerUn premier roman, c'est toujours bien de savoir de quoi il retourne et si l'auteur est prometteur. Il semble que oui !
RépondreSupprimerJe suis dans les sud-américains en ce moment, ça me plait vraiment beaucoup, c'est foisonnant et très fort.
RépondreSupprimerBof, ça ne me dit trop rien. J'ai peut-être tort, mais il faut bien faire des choix !
RépondreSupprimerje te ferai faux-bond mercredi pour la BD car je serai loin de mon ordi. A bientôt, Mango!
RépondreSupprimerIl faut que je m'intéresse de plus près à la littérature sud-américaine, ça tombe pile dedans !
RépondreSupprimerJe confirme, ton blog avance beaucoup mieux. Quand au roman, à première vue, l'histoire ne me tente pas beaucoup.
RépondreSupprimerLà je suis à la bibli, pour accéder à la case commentaire, ce fut toute une expédition! Mais c'est lent, à la bibli.Ceci étant, tous les liens vers les BD, ça doit quand même ajouter.
RépondreSupprimerBref, au sujet du roman, j'ai un doute, je ne suis pas du tout sensible au "réalisme magique", je le crains.
Merci pour cette critique!!!!!!
RépondreSupprimerCette histoire a l'air bien scabreuse. J'hésite un peu.
RépondreSupprimerMoi aussi j'hésite, ça a l'air intéressant, un parti-pris original mais je ne sais pas si je vais l'ajouter!
RépondreSupprimerdimitri, je ne sais pas si elle a écrit un autre livre depuis!
RépondreSupprimerYs, ils jouent sur plusieurs registres et sont souvent passionnants!
RépondreSupprimerIrrégulière, choisir,c'est aussi éliminer.
RépondreSupprimerValérie, Repose-toi surtout et amuse-toi bien pendant ces vacances! A bientôt!
RépondreSupprimerRestling, oui, elle est vraiment très riche et je devrais mieux la connaître aussi !
RépondreSupprimerAifelle, J'espère que ça va continuer! Histoire que j'ai trouvée moins intéressante que la manière de la traiter, propre à l'auteur!
RépondreSupprimerKeisha, c'est tout-à fait particulier et ce n'est pas non plus ce que je préfère!
RépondreSupprimerChrys, :)
RépondreSupprimerManu, Les sentiments sont très violents et ces adolescentes vont jusqu'au bout, sans retenue!
RépondreSupprimerSabbio, Je ne l'ai pas suffisamment aimé pour chercher à te convaincre!
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