dimanche 12 juillet 2009

L'heure trouble par Johan Theorin



L’heure trouble est celle, entre chien et loup, de la disparition d’un petit garçon de six ans, Jens Davidsson, alors qu’il s’amuse seul dans le jardin de son grand-père. Sa mère, Julia, l’a confié à ses parents pour rejoindre un ami sur le continent. Le grand-père est descendu sur le rivage s’occuper de ses filets de pêche et sa grand-mère s’est endormie. Un brouillard très dense empêche de voir au loin. Le petit garçon a réussi à escalader le mur pierreux qui entoure la maison et il s’est perdu dans la lande. Un homme surgit alors et lui prend la main. Depuis ce jour, personne ne l’a plus revu. C’était un jour de septembre 1972 sur la petite île Oland, au sud-est de la Suède, alors presque totalement désertée par ses habitants..
Vingt ans après, la grand-mère est morte, le grand-père s’est réfugié dans une maison de retraite et Julia , la mère, infirmière, est malade de culpabilité, dépressive et alcoolique, lorsqu’un soir elle reçoit un coup de téléphone de son père l’informant qu’un inconnu vient de lui envoyer par la poste un des petits souliers de l’enfant disparu.
Dès ce moment elle retourne dans son village retrouver son père et tous deux entament leur enquête qui les conduit sur la trace de Nils Kant, un homme violent qui a déjà tué son frère, deux allemands déserteurs, le garde-champêtre qui le soupçonnait et dès lors, il est obligé de s’exiler. Mais il meurt dans un pays lointain et son corps a été enterré dans le cimetière de son village où vit encore sa mère.
C’est Gerlof, le grand-père qui, calmement, s’improvise détective et Julia se convainc finalement que son fils est bien mort et qu’il ne réapparaîtra pas. Ce sera sa délivrance et elle retrouve la vitalité et la sobriété nécessaires pour reprendre son travail et un cours de vie normal. Mais ils ont bien du mal à découvrir ce qui s’est réellement passé et l’enquête ne fait que commencer. La suite est pleine de rebondissements dans une étrange atmosphère de secrets, de souvenirs, de passé mal digéré, d’oubli, de pardon. Ce n’est pas violent mais le besoin de savoir le fin mot de l’histoire devient vite oppressant. On a du mal à arrêter sa lecture. On voudrait tout lire d’une seule traite.
Ce roman très réussi est devenu le n°1 des ventes en Suède et un film se prépare déjà. C’est le premier roman de l’auteur qu’il a mis cinq ans à écrire, de 2001 à 2006. Dans une interview donnée au Parisien , ici, il déclare vouloir écrire quatre romans, un par saison, avec Gerlof, son vieux détective, qui ressemble à son propre grand-père, comme lui capitaine d’un cotre sur la Baltique. Lui-même a vécu à Oland où son père vit encore. Il déclare aussi que Julia, la mère du petit garçon, c’est un peu lui car quand il a écrit cette histoire, il était en deuil, lui aussi. «Sauf qu’elle est en deuil depuis vingt ans, comme si elle était malade. Elle est bloquée sur cette tragédie. Elle s’en sert comme excuse pour ne plus sortir, ne plus vivre.»
Quant au succès mondial des polars suédois, il le fait remonter à l’assassinat de leur premier ministre Olof Palme, en 1986. «Un traumatisme énorme pour les Suédois. Avant cela les armes ne circulaient pas, le polar était inexistant. Henning Mankell est arrivé, en 1990. Il a commencé à montrer une Suède violente, à réviser l’image d’une nation innocente. D’autres ont suivi ses traces.»
J’ai beaucoup aimé ce roman.
L’heure trouble par Johan Theorin (Albin Michel, 2009, p.422, traduit du suédois par Rémi Cassaigne)

27 commentaires:

  1. Qu'est-ce que ça a l'air bien ! Même si ça me rappelle celui qui je suis en train de lire ("L'année brouillard") et que je ne vais pas finir où une petite fille disparait dans le brouillard sur la plage, mais ce n'est pas un policier. Dans le tien, il y a l'air d'avoir une ambiance passionnante !

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  2. Oh que c'est tentant ! Un suédois de plus à découvrir, ils ont le chic pour les intrigues bien tordues.

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  3. Ys, c'est curieux mais le sujet semble bien le même, du moins le début! Tout est parfait dans ce policier: rien ne m'a contrariée. Ce qui est rare!

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  4. Aifelle, Les Suédois semblent en effet dominer dans ce domaine actuellement! Il y a peu de temps encore qui les lisait?

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  5. Ton billet me met l'eau à la bouche !! Et je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais j'adore ton blog, il est lumineux et attirant. Bon dianche Mango ;)

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  6. Stephie, ça y'est! grâce à toi, mon dimanche s'est ensoleillé dans cette grisaille matinale! Ce que c'est que l'amour-propre! Mais je pourrais en dire autant de ton blog, toujours à la pointe de l'innovation! Bon dimanche aussi :)

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  7. Tiens,uen amie m'en a parlé au club d electure et lele n'a pas du tout aimé ! la contradicition m'intéresse, je note !

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  8. Cathulu, moi aussi je'apprécie la contradiction. Je suis curieuse de savoir ce qu'on peut reprocher à ce "policier" si ce n'est peut-être des coups, des bagarres, de l'action violente,ce qui n'est pas du tout son genre. Je n'ai pas trouvé encore beaucoup de commentaires à son sujet!

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  9. Wahou ! Il me plaît déjà ce livre ! :))

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  10. Leiloona, ce livre a vraiment été pour moi un bon moment de lecture!

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  11. Entre la théorie des six et celui là, je crois que j'ai trouvé des thrillers à mon gouts pour aout!

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  12. Juliann, les deux sont réussis selon moi, avec une petite préférence pour le suédois!

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  13. Comment j'ai pu louper ce livre à la librairie : il est fait pour moi. Merci de me l'avoir fait connaître !

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  14. Cécile, j'espère que tu en seras contente et qu'il te plaira autant qu'à moi!

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  15. Oh lala je n'arrête pas de voir des livres qui me tentent !!!! Et pas en poche bien sûr ! Bon, je vais commencer par Millenium et Indridason !

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  16. Manu, tu me fais rire mais j'ai le même problème! Trop de belles lectures sur les blogs! Le supplice de Tantale! J'adore ça!

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  17. J'aime bien les auteurs des pays nordiques, et les suédois deviennent très forts en polars ! La seule chose qui me fait encore hésiter pour ce roman c'est le thème des disparitions d'enfants...

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  18. Bonjour Marie! Je me méfie de ce thème aussi d'habitude mais ici, c'est autre chose, sans vouloir dévoiler la fin, il n'y a qu'une seule disparition,essentielle pour la famille,c'est vrai mais le livre est positif, je trouve. On suit la mère et le grand-père dans leurs efforts pour découvrir coûte que coûte la vérité!

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  19. Il y a déjà un moment que je me demande si j'ai envie d'essayer ce nouveau suédois. Maintenant c'est oui! cer tu donnes très envie de le lire!

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  20. Anonyme, oui, ce livre a été une très heureuse découverte du mois: un vraiment bon suédois!

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  21. Je suis en train de me concocter une PAL scandinave pour mes vacances en Norvège. Je note !

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  22. Theoma, ah! veinarde! Les fjords norvégiens! Un rêve! Bonnes lectures scandinaves alors! Ils sont forts en ce moment! Rapporte-nous de nouveaux auteurs de là-bas! :)

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  23. Oh lala qu'est-ce qu'il a l'air bien et prenant surtout. Je note, je note :)

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  24. belledenuit, lis-le, il est vraiment bien!

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  25. Je n'ai encore jamais lu, les "auteurs du froid" mais j'ai vraiment peur de m'ennuyer, là-haut, il n'y a personne que ce soit en Suède ou en Islande, alors j'ai peur d'une certaine lenteur, dans l'écrit. Quand je vois le dynamisme du polar Français en ce moment, j'ai tellement de chose à lire, notamment la onzième plaie chez Albin MIchel. Je ne me suis pas encore décidé à franchir le pas. Et ce n'est pas Millenium, qui m'a convaincu. A bientôt, MIC.

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  26. Mic, ce roman aurait été français, je l'aurais aimé tout autant! Le plaisir de lire est universel: s'il réussit à me divertir, peu m'importe la nationalité de l'auteur! Quant à la soi disant lenteur des pays nordiques, quelle bonne blague: Ce sont des volcans sous la glace! Méfions-nous de l'eau qui dort! :)
    Je lirai bien volontiers "La onzième plaie" que je ne connais pas encore!

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  27. C'est une belle idée de faire revivre son grand-père! merci pour le lien, je ne connaissais rien de la vie de l'auteur ni des circonstances de l'écriture de ses romans.
    C'est tout à fait par hasard, que je l'ai vu au Salon du livre, trouvé sympathique, et acheté le second roman" L'Echo des morts".

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