Avez-vous vu dans Barcelone
Une Andalouse au sein bruni?
Pâle comme un beau soir d'automne!
C'est ma maîtresse, ma lionne!
La Marquesa d'Amaëgui!
J'ai fait bien des chansons pour elle,
Je me suis battu bien souvent,
Bien souvent j'ai fait sentinelle,
Pour voir le coin de sa prunelle,
Quand son rideau tremblait au vent.
Elle est à moi, moi seul au monde.
Ses grands sourcils noirs sont à moi,
Son corps souple et sa jambe ronde,
Sa chevelure qui l'inonde,
Plus longue qu'un manteau de roi!
C'est à moi son beau col qui penche
Quand elle dort dans son boudoir,
Et sa basquina sur sa hanche,
Son bras dans sa mitaine blanche,
Son pied dans son brodequin noir!
Vrai Dieu! Lorsque son oeil pétille
Sous la frange de ses réseaux,
Rien que pour toucher sa mantille,
De par tous les saints de Castille,
On se ferait rompre les os.
Qu'elle est superbe en son désordre,
Quand elle tombe, les seins nus,
Qu'on la voit, béante, se tordre
Dans un baiser de rage, et mordre
En criant des mots inconnus!
Et qu'elle est folle dans sa joie,
Lorsqu'elle chante le matin,
Lorsqu'en tirant son bas de soie,
Elle fait, sur son flanc qui ploie,
Craquer son corset de satin!
Allons, mon page, en embuscades!
Allons! la belle nuit d'été!
Je veux ce soir des sérénades
A faire damner les alcades
De Tolose au Guadalété.
Alfred de Musset: L'Andalouse, Premières poésies, Chansons à mettre en musique, 1830
Cette chanson fut célèbre. On la chanta surtout sur la musique d'Hippolyte Monpou.
Balzac et Flaubert l'évoquèrent dans "La Maison de Nucingen" et dans "L'Education sentimentale" Labiche la fait chanter dans "Un chapeau de paille d'Italie". Tableau: La femme à l'éventail de Velasquez
quel désir émane de ce poème...
RépondreSupprimerMerci pour ce texte!!!
RépondreSupprimerEt le TAG est à toi...
Beau dimanche!
Beaux portraits de femmes ! et il s'enflamme là l'Alfred ...
RépondreSupprimerTrès joli poème! Et si bien illustré...
RépondreSupprimerje ne me souvenais pas que l'on en parlais dans l'Education sentimentale,une de mes livres-culte; j'ai de plus en plus envie de le relire...
Que vois-je dans la marge de droite? Pascal Garnier est mort?
Superbe poème, empreint de sensualité... Charmant.
RépondreSupprimerQuel coquin ce Musset !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le tableau de Velasquez (c'est bien lui, non ??) en tête de l'article.
Très belle description de l'être aimé.
RépondreSupprimertrès beau poème Quelle flamme !!
RépondreSupprimerOh mon Musset :)
RépondreSupprimerAH Musset... Poète, prend ton luth,et me donne un baiser... J'ai lu et relu Musset pendant mes jeunes années, il m'a bercée, avec Beaudelaire et Nerval, mes chouchoux...
RépondreSupprimerLystig, désir amoureux + folle jeunesse = ce poème fougueux!
RépondreSupprimerChrys, merci pour leTag! Dès que j'ai un petit moment!
RépondreSupprimerAifelle! Il est tout feu tout flamme! :)
RépondreSupprimerDominique! oui, j'ai découvert que tu aimais beaucoup ce livre! Je devrais le relire également! Il me semble que c'est vers la fin que Flaubert parle du poème!
RépondreSupprimerSchlabaya, Musset et ses amours! Tout un programme!
RépondreSupprimerJulien, oui, c'est bien de Velasquez! Peut-être un peu sévère pour l'Andalouse de Musset mais je n'ai rien trouvé de mieux sans tomber dans l'exagération touristique!
RépondreSupprimerbookworm, aimé désiré, c'est du Musset avant George, quoi!
RépondreSupprimerBénédicte, Musset s'enflamme! C'est exactement ça! :)
RépondreSupprimercelsmoon, je sais! Tu l'aimes! :))
RépondreSupprimerLiliba, , comme toi, ce sont mes poètes phares et j'ai du mal à leur faire faux bond! :)
RépondreSupprimerQui est la marquesa d'Amaëgui ?
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