samedi 1 août 2009

Avec vue sur l'Arno de Edward Morgan Forster


L’histoire : Florence, 1905. A la table d’hôte réservée aux seuls voyageurs anglais, Lucy Honeysurch, une toute jeune fille et sa cousine Charlotte, Miss Bartlett, plus âgée mais encore célibataire, se lamentent de ne pas avoir de chambres avec vue sur l’Arno. Leurs voisins de table, le père et le fils Emerson qui en ont justement deux très bien orientées, leur proposent spontanément un échange de pièces . Les deux demoiselles, loin d’être satisfaites de cette aimable proposition, s’en trouvent, au contraire, très choquées. Elles n’apprécient pas du tout l’audace consistant à leur adresser la parole sans avoir été présentées. D’ailleurs tous les autres touristes présents sont du même avis : la proposition est tout à fait impolie ! Aussitôt les Emerson sont classés parmi les gens à éviter, parce que trop infréquentables. Déjà, Miss Bartlett, l’impitoyable chaperon, a décidé de changer de pension dès le lendemain mais Mr Beebe apparaît, un clergyman «corpulent mais sympathique » qui va devenir leur recteur et qui réussit à les persuader d’accepter l’échange.

Dès lors tout s’enchaîne et les titres des chapitres sont là pour évoquer, non sans humour, les épisodes successifs. : Dans Santa Croce sans Baedeker/ Musique, violettes et lettre E/Quatrième chapitre/ Possibilité d’une agréable sortie/ Le révérend Arthur Beebe, le révérend Guthbert Eager, Mr Emerson, Mr.George Emerson, Miss Eleanor Lavish, Miss Charlotte Bartlett et Miss Honeychurch s’en vont dans des voitures voir un paysage : les voituriers sont Italiens/Ils retournent.
La seconde partie, qui est aussi la dernière, se passe dans la campagne anglaise, chez les Honeychurch. Lucy est fiancée à Cecil Vyse, un jeune anglais bien sous tout rapport mais guindé et distant, « un de ces types qui ne mettront jamais la casquette d’un autre. (…) Il était médiéval .Tout pareil à une statue gothique. Cultivé, riche en dons et sans tare physique, il n’en vivait pas moins sous la griffe de certain démon que le monde moderne nomme conscience narcissique de soi et que le moyen âge, dans sa vision moins nette, connaissait sous l’appellation d’ascétisme. Le célibat était inscrit dans la statue gothique comme, dans une statue grecque, l’achèvement voluptueux. »
Lucy est revenue changée de son voyage en Italie : « ayant en effet atteint cet état où seules des relations personnelles pouvaient la satisfaire, elle était une révoltée désirant non pas un salon plus vaste, mais l’égalité auprès de l’homme qu’elle aimait.. Car l’Italie lui avait offert la plus précieuse des possessions : celle de son âme. »
Un livre a son importance dans ce récit : « Sous la loggia » écrit par Miss Lavish , compagne deMiss Bartlett à Florence et qui, malgré le secret promis, raconte l’aventure de Lucy et de George au cœur de la ville. Justement c’est aussi le livre que lit Cecil à haute voix devant toute l’assistance d’où la fureur de Lucy et la honte de Charlotte.
Il s’agit une fois de plus d’orgueil et de préjugés, d’amoureux lents à se déclarer, de conventions sociales et de bonnes manières très précises, à respecter à tout prix, de libertés féminines jamais complètement revendiquées et qui tardent à s’épanouir.


Stop ! Je décide d’arrêter là mon résumé car je sens trop fort l’envie de me perdre dans les détails tant ceux-ci me ravissent sous la plume de l’auteur. Il écrit d’une façon exquise dirait-on si c’était une femme, mais surtout tellement teintée d’humour et par petites touches réalistes et sensibles que cette lecture est un pur délice !
C’est pourtant pour moi une relecture et je suis partante pour une troisième ! C’est avant tout frais, léger, souriant, allègrement mené, c’est un enchantement. C’est le genre de lectures que j’adore. C’est un de mes plus grands coups de cœur. Un régal !

En ont déjà parlé : in cold blog, papillon, Isil, Karine, lilly, Allie, et j’en oublie sûrement
Avec vue sur l’Arno de Edward Morgan Forster ( Christian Bourgois, 323 pages, traduit de l’anglais par Charles Mauron, titre original : A Room with a View, 1908, 1986)

25 commentaires:

  1. Tu as raison, n'en dis pas plus.
    J'aime Florence donc très envie de lire.
    Mais je ne connais pas cet auteur : pas trop mélo ?

    RépondreSupprimer
  2. Rosa, pas mélo du tout mais des remarques pleines d'humour dans une ambiance victorienne et guindée!

    RépondreSupprimer
  3. Maribel, il me reste à le voir. je cherche les DVD.

    RépondreSupprimer
  4. Forster est l'un de mes auteurs préférés, et je l'ai découvert avec ce livre, lu 4 fois. Tu as lu "Maurice" du même auteur ? Il est encore meilleur.

    RépondreSupprimer
  5. Lilly, encore meilleur? Chic alors! Pour l'instant j'ai avec moi "Howards end" et "Un instant d'éternité" et je me régale d'avance!J'espère enchaîner ensuite avec le film. J'ai encore tout à découvrir de cet auteur! Quelle chance!

    RépondreSupprimer
  6. Je l'ai lu il y a quelques années. J'avais été impressionnée par les idées modernes qu'il véhiculait pour l'époque. par contre, le style m'avait un peu rebuté.

    RépondreSupprimer
  7. J'ai beaucoup aimé aussi et dans la foulée j'avais lu "Maurice" "Howards End" et "la route des Indes". Ne manque pas les films de James Ivory qui rendaient bien l'atmosphère des livres.

    RépondreSupprimer
  8. Manu, le style ne m'a pas gênée bien que je regrette toujours de devoir lire une traduction!

    RépondreSupprimer
  9. Aifelle, Comme toi, je veux tout lire de cet auteur! James Ivory, c'est pas mal non plus!

    RépondreSupprimer
  10. J'ai adoré ce roman! Tant de finesse, d'humour et une si grande pertinence dans l'observation! C'est un bonheur! Quand au film d'Ivory... Bon sang! Quelle réussite!

    RépondreSupprimer
  11. chiffonnette, j'aime ton enthousiasme! Il correspond bien à ce que je ressens aussi!

    RépondreSupprimer
  12. Effectivement, c'est un titre que j'ai vu souvent sur les blogs et que je lirai certainement un jour ou l'autre.

    RépondreSupprimer
  13. Marrant car le titre et la couverture ne m'auraient pas du tout attirée ! Comme quoi ...

    RépondreSupprimer
  14. sylire, ceux qui ont lu ce livre l'ont tous bien aimé, je crois!

    RépondreSupprimer
  15. Leiloona, La couverture de C. Bourgois me plaît bien mais je n'ai pas pu l'agrandir!

    RépondreSupprimer
  16. Depuis le temps que je je l'ai et que je veux le lire suite aux excellentes critiques il va bien falloir que je me lance!

    RépondreSupprimer
  17. Sophie, tu vas passer un bon moment quand tu le liras, je crois, du moins pour moi, j'ai beaucoup souri en le lisant, je me suis bien régalée!

    RépondreSupprimer
  18. J'ai beaucoup aimé le film et j'adore le style de l'auteur. Je viens de finir "Where Angels Fear to Tread" qui est je crois son premier roman. C'est assez court mais on trouve déjà son style et son humour de ses autres romans.

    RépondreSupprimer
  19. LN, je n'ai pas lu son premier roman. Il n'est pas encore traduit, je crois, mais je compte bien poursuivre ma découverte de cet auteur !

    RépondreSupprimer
  20. Lilibook, Il vaut vraiment la peine d'être lu!

    RépondreSupprimer
  21. Tu me donnes envie de le relire!
    En plus, le bouquin lui-même est cher à mon coeur, car je l'ai acheté dans une fabuleuse librairie d'Oxford et que je l'ai lu presque en totalité lors d'une traversée en bateau Portsmouth/Saint-Malo, la tête sur mon sac à dos et les jambes allongées sur un banc...

    RépondreSupprimer
  22. Lali, certains livres sont simplement magiques! Porsmouth, Saint-Malo et Florence en même temps, dans un no man's land maritime, que rêver de mieux?

    RépondreSupprimer
  23. Florence. Souvenir impérissable. Et les histoires se fondent.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.