Des escadrilles passent sans cesse bombarder les villes allemandes les plus proches. Les canons anti-aériens ripostent. Parfois un avion tombe sur la ville. La guerre a lieu là-haut dans le ciel et la petite fille et la dame ont peur. Elles se serrent très fort et se rassurent en parlant.
«L’appartement est grand, presque vide, presque tout a été vendu. La dame se tient dans l’entrée, assise sur une chaise, à côté d’elle il y a un revolver. La petite fille l’a toujours connue là à attendre la police allemande. Nuit et jour, la petite fille ne sait pas depuis combien d’année la dame attend. Ce que sait la petite fille c’est que dès qu’elle entendra le mot polizeï derrière la porte la dame ouvrira et tuera tout, d’abord eux et puis ensuite, elles deux.»
La petite fille chante un chant juif qu’elle ne se rappelle pas avoir appris, elle regarde le chat et lui sourit et le caresse « d’abord distraitement puis de plus en plus fort. Le chat se couche sur le dos, il ronronne du désir fou d’Aurélia. Aurélia se couche contre le chat. Elle dit : " Ma mère, elle s’appelait Steiner."
« Aurélia met sa tête contre le ventre du chat. Le ventre est chaud, il contient le ronronnement du chat, vaste, un continent enfoui.
Steiner Aurélia. Comme moi.
Je m’appelle Aurélia Steiner.
J’habite Paris où mes parents sont professeurs.
J’ai dix-huit ans.
J’écris. »
«C’est inventé. C’est de l’amour fou pour la petite fille juive abandonnée.»
Marguerite Duras a transposé Aurélia Paris à la scène pour Gérard Desarthe qui l’a lu pendant deux semaines dans la petite salle du Rond-Point en janvier 1984.
En juin 2008, Dominique Morlotti a réalisé un court métrage avec les élèves du lycée Louis- le-Grand. Le scénario adapté de cette nouvelle a été mis en scène par Sophie Niedergang
Aurélia Paris de Marguerite Duras
(La douleur, folio, 10/181993, dernière nouvelle, 11 pages)
C'est Duras quoi ! Pas pour moi ...
RépondreSupprimerJ'ai adoré "l'amant" , un peu moins "moderato cantabile". Tu me conseilles celui-là ?
RépondreSupprimerManu, oui, ce n'est que Duras "mais pour moi, ça veut dire beaucoup..." :)
RépondreSupprimerclara, non pas vraiment, c'est tiré de son recueil: "La douleur" qu'elle a écrit lorsqu'elle attendait son mari, de retour des camps, à la fin de la guerre;
RépondreSupprimerJ'ai surtout écrit ce billet-résumé parce que je n'ai rien trouvé sur ce récit sur le net! J'ai voulu combler cette lacune. C'est juste aussi beau que le reste pour les fans de Duras, c'est tout!
Ce texte me disait bien quelque chose, Mango ! Il fait bien partie de "La douleur" que Marguerite Duras a écrit en attendant le retour de Robert Anthelme de déportation ... Un jour, il faudra que je lise ce recueil en entier !
RépondreSupprimerNanne,oui, tu as raison, c'est le tout dernier texte et celui que je préfère! Il était écrit sur des cahiers bleus retrouvés beaucoup plus tard dans sa maison de Neauphle mais qu'elle ne se rappelle pas avoir écrit! Ce récit commence comme une biographie et se revendique à la fin comme un récit imaginaire!
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout ce Duras... A lire dès que j'ai un peu de temps...C'est un auteur que j'ai abandonné après la lecture de Lol V. Stein...
RépondreSupprimermaggie, je l'avais oubliée depuis un petit moment aussi et me voici en période reprise après avoir réorganisé certaines étagères! Je découvre que je l'aime toujours autant!
RépondreSupprimerElle est belle cette nouvelle, peut-être me consolera-t-elle d'un mauvais souvenir avec Margurite Duras lors de mes études de lettres...
RépondreSupprimermirontaine, Ah, ces études qui détruisent parfois le plaisir de lire un auteur plutôt que d'en procurer!
RépondreSupprimerC'est en lisant ton billet que je me rends compte que de Marguerite Duras, je ne connais que ses livres autobiographiques qui sont en fait les plus connus
RépondreSupprimerEmilie, tu as raison, on connaît surtout ses principaux romans à base biographique! Je les aime bien aussi mais ses petits récits ont un charme curieux qui m'enchante!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce titre, mais j'avoue être restée traumatisée par ma dernière lecture de duras : dix heures du soir en été.
RépondreSupprimerGéraldine, pourquoi?
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