lundi 11 juillet 2011

Les heures de Michael Cunningham

"Mrs Dalloway dit qu'elle achèterait les fleurs elle-même." (Traduction Pascale Michon)
«Les heures» est le premier titre donné par Virginia Woolf   dans son "Journal" au livre qu’elle écrivait alors : «Mrs Dalloway». 
C’est ce même titre que reprend Michael Cunningham pour son nouvel ouvrage publié en 1998, inspiré du chef d’œuvre de sa romancière préférée,  livre qui  lui vaudra un grand succès, récompensé par le prix Pulitzer et par  le PEN/Faulkner Award  et  porté à l écran en 2003 par Stephen Daldry sous le même titre : «The Hours».
Dès le prologue, il évoque les tout derniers instants de vie de Virginia Woolf à partir du moment où elle quitte sa maison après avoir laissé deux  lettres d’adieu à son mari Léonard et à sa sœur Vanessa jusqu’à sa dernière vision avant de disparaître : «le camion et les soldats, la mère et l’enfant.» Dernier aperçu de ce qui se passe sous ses yeux. 

Trois femmes sont au cœur du roman, en alternance, infiniment proches et pourtant si différentes.
Tout d’abord il y a Virginia, l'auteur, la créatrice, celle qui écrit son livre «Mrs Dalloway» en 1923, alors qu’elle se débat contre la maladie, ces terribles migraines et ces hallucinations qui la terrifient. Son grand désir serait de retourner vivre à Londres.

 Ensuite voici Clarissa Vaugham, l'éditrice et la principale héroïne,  celle qui est partie acheter des fleurs, comme Mrs Dalloway, un beau matin de 1949, à New York. Elle donne une réception dans la soirée en l’honneur de son cher ami Richard auquel il sera remis le prix Carrouthers pour le roman dont elle est l’inspiratrice. Il va mal. Il a le sida. Il est seul. Il va mourir mais il veille encore sur son amie de toujours, connue à dix-huit ans, quand maintenant ils approchent  tous deux  de la soixantaine. Lui aussi a voulu décrire une journée particulière dans les moindres détails, en y mettant tout: visions, sensations, émotions, sentiments, rêves, désirs, regrets, remords, douleurs physiques et morales, petites et grandes vanités. Rien n’est épargné au lecteur de ce qui est  pensé et ressenti par les personnages.
Enfin, Laura Brown est  la lectrice,  celle qui commence le roman  «Mrs Dalloway»,  un beau matin de juin 1949, à Los Angeles. Mère d'un petit garçon de quatre ans, Richie, et à nouveau enceinte,  elle va passer sa journée à confectionner un merveilleux gâteau pour l'anniversaire de Dan,  son mari. Elle voudrait que tout soit parfait mais rien ne sera simple.
Tout d’abord pour se donner du courage au saut du lit elle se met à lire :
«Mrs Dalloway dit qu’elle se chargerait d’acheter les fleurs.Car Lucy avait bien assez de pain sur la planche. Il fallait sortir les portes de leurs gonds; les serveurs de Rumpelmayer allaient arriver. Et quelle matinée, pensa Clarissa Dalloway: toute fraîche, un cadeau pour des enfants sur la plage. Laura Brow essaie de se perdre. Non, ce n’est pas tout à fait exact - elle essaie de rester elle-même en gagnant l’entrée d’un monde parallèle. Elle pose le livre ouvert contre sa poitrine. Déjà sa chambre (non, leur chambre) paraît plus habitée, plus réelle, parce qu’un personnage du nom de Mrs Dalloway est sorti acheter des fleurs.»
Ces trois femmes ont un point commun  révélé au tout dernier chapitre. Une fin en beauté, inattendue mais logique, remarquable, digne du roman de Cunningham que j’ai savouré tout du long. 
Bien sûr j’avais lu et relu ces derniers jours le roman premier, le Dalloway de V. Woolf  que j'écoute en boucle actuellement dans ma voiture et ce livre est un vrai cadeau, un prolongement nécessaire et réussi d'un chef d'œuvre littéraire, ce qui n'est pas courant et qui me déçoit généralement.
 Il me reste à voir le film maintenant que certains ont aimé plus encore que le livre et je me régale d'avance. 
Les heures de Michael Cunningham (belfond, 1998, 242 p) Traduit de l’américain par Anne Damour.
Les avis de Lily, Lilly, Karine:), Keisha, et de qui encore?  

36 commentaires:

  1. Ah cet auteur, je l'ai découvert avec "la maison du bout du monde" et j'en suis tout de suite devenu fan. Puis il y a eu "de chair et de sang", et ce magnifique livre.
    Je regrette juste qu'il n'écrive pas plus. Ses livres sont exceptionnels.

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  2. Je suis en pleine lecture. Je l'ai laissé au milieu pour des raisons divers (LV, partenariats), j'ai hâte de le reprendre. Et comme je suis une fille prévoyante, le DVD m'attend dans la foulée. J'ai vu le film une fois avec un grand plaisir.

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  3. Pour ma part, je n'ai pas du tout accroché au film et donc je n'ai jamais eu envie de découvrir le livre. Il faut dire que je peine et avec Woolf (gros blocage mais je ne désespère pas de passer les vingt premières pages d'un de ses livres ;-)) et avec Cunningham. Bref, je suis vraiment mauvais public pour ce livre. Ca arrive hein...

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  4. Je n'ai pas lu le livre, mais je voue un véritable culte au film !!!

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  5. J'ai aimé le livre de V. Woolf, j'ai adoré le film... C'est pourquoi je n'ai jamais pensé à lire les heures... Mais j'ai l'impression que toi aussi tu as préféré Woolf... ! en tout cas le film m'avait émue, notamment les passages avec la romancière sont particulièrement mélancoliques..

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  6. @ Mango : J'évite toujours de voir un film après avoir lu le livre ( et vis versa ) la déception est toujours au Rdv par l'un ou l'autre...
    Originale ta nouvelle bannière...
    Bonne après-midi...

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  7. Un très beau roman et aussi, c'est rare, un très beau film. Aaah, Julian Moore...

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  8. Un beau roman (et avec VW, il ne faut pas faire du n'importe quoi, hein, je mors sinon).
    Pour les réfractaires à VW, je recommande ses essais, et ensuite, on ne sait jamais, les romans...

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  9. Dans ma PAL... Mais depuis que j'ai vu le film (que j'ai adoré) j'ai moins envie de le lire... Je fais l'inverse d'habitude... pour que ça n'arrive pas... Un très très beau film !

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  10. Ah comme j'ai aimé ce livre, lu après le film que j'aime TROP ! (c'est rare une adaptation aussi bonne, c'est clair que Julian Moore y est fantastique). De Cunningham, j'avais moi aussi beaucoup aimé Une maison au bout du monde. Depuis, j'ai lu et adoré (évidemment) Mrs Dalloway.

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  11. J'avais vraiment beaucoup aimé ce livre, et le film aussiiiiii... Par contre, avec "l'original", "Mrs Dalloway", j'ai eu un peu de mal.

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  12. j'ai plus accroché au film qu'au roman, mais j'ai eu très envie de lire "mrs dalloway" après cela

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  13. Je ne connais pas du tout V. Woolf. Il faudrait peut-être que je commence par là pour apprécier ce livre éventuellement.

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  14. Je me sens seule, ce livre m'a ennuyée. J'ai aimé le film par contre.

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  15. dimitri, tu le connais mieux que moi, je vois. Je le découvre en fait mais compte bien continuer à le lire.

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  16. Aifelle. Je l'avais commandé chez Cultu*a, le magasin près de chez moi mais ils l'ont égaré. Je vais le recommander sur le net cette fois.

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  17. Zarline, La première fois que j'ai lu "Mrs Dalloway",j'ai eu du mal aussi et ne l'ai même pas terminé. C'est l'écoute répétée du livre audio qui m'a débloquée . Le livre de Cunningham est nettement plus abordable, je pense.

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  18. Irrégulière, J'ai hâte de le voir.

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  19. maggie, je t'assure que j'ai trouvé ce livre de Cunningham digne de la romancière. Quand on a lu Mrs Dalloway, ce serait dommage de se priver de la lecture de ce roman-ci. La lecture en devient jubilatoire.

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  20. Marine Rose,Je suis souvent déçue aussi mais cette fois tout le monde s'accorde ou presque pour dire que ce n'est pas le cas.

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  21. Voyelle et Consonne,vivement que je puisse voir le film!

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  22. keisha,ton billet est très clair!

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  23. L'or des chambres, Ah la, la, tu attises mon envie!

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  24. Delphine, tout cet ensemble est réussi. Je vais continuer à lire Cunningham!

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  25. Anne, Je pense que "Mrs Dalloway" doit lu et relu pour être compris et aimé. Je vais le relire, c'est certain.

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  26. niki, je me demande si j'aurais autant aimé ce livre si je n'avais pas lu d'abord "Mrs Dalloway" mais plusieurs blogueuses disent que non, qu' il se fait aimer sans avoir lu le roman de VW.

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  27. Géraldine, voir la réponse précédente mais j'ai tendance à penser qu'il vaut quand même mieux commencer par lire Virginia Woolf.

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  28. Manu, oui, tu es un peu l'exception, sauf pour le film que plusieurs ont préféré au livre.

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  29. J'avais beaucoup aimé ce livre (pas le film).

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  30. Juliette, Tiens c'est plutôt l'inverse pour beaucoup d'autres: tu te distingues! :) N'empêche je veux le voir!

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  31. Je l'avais beaucoup aimé, ce roman, j'en garde un excellent souvenir. Je ne me rappelle pas bien le film, par contre... mais je sais que je l'ai vu.

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  32. Karine:); Ton billet est très enthousiaste et c'est pareil pour moi. C'est un livre que j'ai beaucoup aimé.

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  33. Je n'avais pas franchement été enchanté par le livre, je l'avais trouvé plus original que vraiment réussi
    par contre le film est magnifique, tout est parfait et les actrices sont formidables

    Après on a envie de se plonger dans le journal de V Woolf

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  34. Bonjour Mango, j'ai trouvé le film (avec la musique de Philip Glass) plus accessible que le roman que j'ai eu du mal à lire. Bonne journée.

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  35. Dominique, Les journaux des écrivains, c'est une de mes grandes passions. Malheureusement je les accumule,je les commence,je les arrête,les reprends et les finis rarement, disons que je les grappille et n'en fais que rarement des billets mais je crois que je ne suis pas la seule. je vois rarement des articles sur ces journaux-là qui sont pourtant si riches.

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  36. dasola, que j'ai donc hâte de voir le film.

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