La fin d'une époque de Evelyn Waugh

9 nouvelles comme 9 chapitres et le style avant tout comme un personnage auquel on se rattacherait et qu’on serait heureux de toujours retrouver, en tous lieux, à tout moment ! Le style, la patte de l’auteur, cet Evelyn Waugh si alerte, malicieux, caustique, sarcastique même parfois !

Voici les nouvelles que j’ai préférées :

Hector monte la garde ou comment un petit chien fidèle, offert par un jeune exilé à sa jolie fiancée avant son départ, monte farouchement la garde auprès d’elle pour décourager tous ses prétendants. Il s’en sort très bien ! Imaginez la suite !

Croisière. Lettres et cartes postales écrites par une jeune anglaise en croisière jusqu’en Egypte avec sa famille. Elle n’a rien vu, rien compris mais a beaucoup observé les amourettes des uns et des autres sur le navire et s’est fiancé, défiancé et refiancé avec l’un ou l’autre de ses compagnons de voyage.

Bella Peace donna une fête : A plus de quatre-vingts ans, en Irlande, Bella Peace, propriétaire d’un immense château, décide de donner une grande fête car elle vient de s’enrichir en vendant sa magnifique bibliothèque. Elle dépense tout cet argent pour remettre en état les lieux et invite toute la noblesse des environs en écrivant elle-même les cartons d’invitation. Les musiciens jouent toute la nuit dans toutes les salles illuminées. Ce devait être sa nuit de gloire. C’était sans compter sur… etc.

Excursion dans la réalité : Simon Lent est un pauvre auteur, modestement fiancé à Sylvia. Ils se disputent autant qu’ils s’aiment. Un jour il est engagé comme scénariste dans un grand studio de la banlieue de Londres pour réécrire l’histoire d’Hamlet. Il accepte avec enthousiasme et, pendant toute une semaine, il travaille comme un fou sur ce projet avec une coscénariste qui devient sa maîtresse par commodité. Puis tout s’arrête, étant allé trop loin dans son enthousiasme et ayant réussi à faire intervenir Jules César et le roi Arthur dans son scénario shakespearien ! Du jour au lendemain, il n’est plus rien et reprend sa morne petite vie avec sa triste petite fiancée. Retour à la réalité !

La fin d’une époque : Curieusement, c’est celle que j’ai le moins aimée, bien qu’elle soit la plus longue et qu’elle ait donné son nom au livre !

Le père du narrateur meurt accidentellement et celui-ci tente de reconstruire sa vie mais c’est un écrivain devenu riche par héritage et amoureux de la femme de son meilleur ami pour laquelle il n’est qu’un ami ! Son roman n’avance pas, il passe son temps à des futilités, enfin la guerre est déclarée. C’est la fin d’une époque ! « Aucun des hommes que je connaissais bien ne fut tué, mais nos vies, telles que nous les avions construites, avaient pris fin sans que nous nous en apercevions. Notre histoire, comme mon roman, resta inachevée – une pile de feuilles de paper écolier abandonnée au fond d’un tiroir. »

La fin d’une époque de Evelyn Waugh (Quai Voltaire, 273 p., traduit de l’anglais par Jocelyne Gourand)