Si c’est un homme est désormais considéré comme un des chefs d’œuvre de la littérature universelle.
C’est aussi l’un des témoignages les plus marquants sur l’Holocauste.
Ecrit en 1946, c’est avant tout un récit autobiographique : où l’auteur raconte sa vie de déporté à Auschwitz de 1943 à 1945 , pour survivre d’abord puis pour témoigner.
Son but est double :
Présenter les faits bruts, sans émettre de jugement.
Poser des questions.
L’auteur : Primo Levi (1919/1987), de famille juive, est né et mort à Turin , en Italie du Nord, à 68 ans. Une polémique divise ses biographes: la mort dans son escalier est-elle due à un suicide ou à un accident ? Bien que dépressif depuis plusieurs années, il avait cependant de nombreux projets en cours.
Chimiste de profession, il épouse une italienne après la guerre dont il aura deux enfants.
Ecrivain, il a publié, entre autres, le récit de son retour de déportation en Italie : La Trêve (que présente Keisha aujourd’hui même)
Le livre Si c’est un homme raconte l’horreur de son aventure d’une année dans ce camp de la mort qu’était Auschwitz. Il note tout : « la promiscuité des blocks-dortoirs, les camarades découverts morts à l’aube, de froid et de faim, , les humiliations et le travail quotidien sous les coups de trique des kapos, les sélections périodiques où l’on sépare les malades des bien-portants pour les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l’exemple, les trains bourrés de juifs et de tziganes, qu’on dirige dès leur arrivée vers les crématoires. »
Il raconte sans haine, sans excès, sans exploitation des souffrances personnelles. Il oblige essentiellement à s’interroger.
Comment et pourquoi cette horreur absolue a-t-elle été possible ?
Est-il concevable qu’une déshumanisation d’une telle ampleur dans la plus grande indifférence ait lieu à nouveau ?
Avant, la guerre, ce pouvait être aussi la mort pour la liberté, l’honneur ou la gloire, un choix noble ou misérable, c’est selon, mais un malheur à l’échelle de la folie humaine malgré tout, l’homme seul face à son destin. Désormais, on connaît l’horreur absolue, la déshumanisation, l’humiliation, l’extermination de peuples entiers.
Le monde était en guerre. Des pays étaient occupés. Des peuples étaient déplacés. Des prisonniers étaient enfermés. Au centre de l’abomination, il y avait ces camps où on abîmait l’homme, devenu moins qu’un animal.
Pire on a cherché à oublier.
Maintenant, certains s’acharnent à renier ce qui fut.
L’oubli pire que la mort.
Voilà longtemps que cette Histoire me poursuit ! J’avais quinze ans quand j’ai appris la grande ignominie de mon époque et je ne voulais pas le croire. Puis j’ai lu et relu tellement de livres, tellement de témoignages, à commencer par le plus populaire alors, le plus facile aussi : Le journal d’Anne Franck puis les films, les inoubliables , celui de Claude Lanzmann avant tout.
Demeure cette angoissante question : qu’ai-je fait depuis, en sachant cela ?
Je ne suis pas du tout certaine que de telles horreurs basées sur un tel mépris des autres ne se renouvellent pas ! Je n’aime d’ailleurs plus tellement en entendre parler !
C’est pourquoi j’ai hésité à participer à cette lecture commune du blogoclub de Sylire surtout en ce premier jour d’une année et même d’une nouvelle décennie que j’espère et souhaite heureuse !
Sans rien oublier, au contraire, essayons quand même de vivre le mieux possible, dans un monde imparfait mais libre, loin de tout fanatisme !
Denis sur son blog: Bonheur de lire complète cette lecture en montrant la difficulté que Primo Levi eut pour se faire éditer par la suite
Si c’est un homme de Primo Levi (Pavillons, 1997, 301 pages) Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Titre original : Se questo è un uomo
C'est une lecture indispensable, mais néanmoins bien sombre pour le premier jour de l'année ! J'ai lu aussi "la trêve" qui m'a autant bouleversée. "Plus jamais çà" mais on sait bien que partout sur la planète actuellement, on continue à piétiner l'humain ..
RépondreSupprimerune tres bonne année à toi.
RépondreSupprimerC'est ça le plus désespérant!On sait très bien que ça peut se reproduire!
RépondreSupprimeralinea, à toi aussi je souhaite une très heureuse année!
RépondreSupprimerJe te recommande aussi La trêve (mon choix d'aujourd'hui) pour en savoir encore plus. Un excellent choix, ce blogoclub! En effet on se (re)pose des questions...
RépondreSupprimerJe viens de passer chez toi où j'ai appris qu'il y avait une suite. La lirai-je? Sans doute, mais sûrement pas tout de suite!
RépondreSupprimerEffectivement j'ai moi aussi trouvé une peu dure la sélection du blogoclub de cette lecture pour les fêtes de fin d'année. Mais en fait il n'y a jamais de bon ou de mauvais moment pour lire ce livre.
RépondreSupprimerLe témoignage est douloureux à lire mais nécessaire pour le devoir de mémoire, pour espérer que cela ne se reproduise jamais plus.
En tous cas, je te souhaite une excellente année, avec santé, bonheur, amour, et beaucoup de livres... :-)
J'avais quinze ans aussi quand j'ai appris tout cela et je me souviens de ce choc, qui m'a ouvert les yeux sur ce qu'est capable de faire un homme à un autre homme. Ton billet est très bien et exprime aussi ce que je pense de cette lecture.
RépondreSupprimerUne lecture un peu dure pour le premier janvier, c'est vrai. Mais je ne trouve pas désespérant le témoignage de Primo Levi. Il montre que l'humanité existe malgré tout, il en a été la preuve.
Je te souhaite une bonne année 2010 et une bonne santé pour les tiens.
C'est une lecture intemporelle et indispensable, c'est vrai! Il n'empêche: j'aurais dû commencer le livre plus tôt, avant les fêtes! J'ai eu du mal à rédiger mon billet ce matin!
RépondreSupprimerJe l'avais lu avant, mais j'ai retouché mon billet hier, il est difficile de ne pas tomber dans le "déjà dit" et pourtant il faut dire et redire pour ne pas oublier.
RépondreSupprimersylire, le témoignage de Primo Levi n'est pas désespérant, en effet, loin de là, mais les faits le demeurent, eux, néanmoins et plus rien ne pourra empêcher qu'ils n'aient pas eu lieu!
RépondreSupprimerC'est un des livres qui m'a le plus marquée !
RépondreSupprimerJe n'ai pour le moment rien lu d'autre de lui.
C'était une lecture un peu dure pour les fêtes mais c'est bien aussi de commencer l'année avec les yeux grands ouverts. Comme toi j'ai découvert la réalité des camps à quinze ans et depuis je n'ai cessé de lire sur la question pour que cette horreur ne devienne pas un "vieux truc oublié", mais reste bien présente à ma mémoire à chaque année qui passe.
RépondreSupprimerMeria, je n'ai lu que celui-là de lui aussi! Je lirai peut-être "La trêve" un peu plus tard!
RépondreSupprimerLes livres sont là justement pour que l'on oublie pas .
RépondreSupprimerPapillon, ce n'est pas plus mal, c'est vrai mais maintenant, j'ai envie de m'offrir des lectures plus faciles, voire légères même. De toutes façons, ce passé-là est indélébile et te taraude sans cesse!
RépondreSupprimerJ'ai aussi beaucoup lu plus jeune, Anne Frank plusieurs fois. J'ai même visité sa maison à Amsterdam. Un moment d'une rare émotion. Et puis comme toi, je n'en voulais plus, je voulais oublier. Et aujourd'hui, je veux à nouveau en savoir plus, car je m'aperçois que j'ignore tellement !!! Ma visit de Berlin a aussi été un moment fort. J'aimerais aussi visiter un camp. Suis-je assez forte ? Pas sûr. Mais l'est-on jamais ?
RépondreSupprimerGio, heureusement qu'ils sont là!
RépondreSupprimerManu, ça doit dépendre des moments! Plus jeune, je pensais encore pouvoir avoir un peu d'influence sinon d'importance sur le cours des événements! J'ai totalement perdu cette prétention! Visiter un camp me paraît au-dessus de mes forces maintenant!
RépondreSupprimerJe te souhaite une très bonne année 2010. Tu la commence par une lecture bien sombre qu'il me reste à découvrir. Un livre indispensable. Au fil de mes pérégrinations bloggesques j'ai aussi lu un billet enthousiaste sur "La Trêve."
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ton billet... je l'ai lu et ça "rentre dedans"... Ca fait terriblement peur, tout ça.
RépondreSupprimerConstance, une lecture pas facile en ce moment et je viens de découvrir aussi qu'il y avait une suite.
RépondreSupprimerKarine:), cette lecture n'est pas du tout dans le ton des fêtes mais tant pis!
RépondreSupprimerUn livre de toute beauté. Difficile de trouver les mots pour en parler.
RépondreSupprimerC'est un livre qui m'avait bouleversée et qui a marqué mes pas dans la littérature. J'ai aimé que Primo Levi ait cette incroyable faculté de narrer sans haine ce qu'il avait vu et vécu.
RépondreSupprimerQuelques années plus tard, je découvris Zweig qui me propulsa encore plus loin et quelques auteurs plus tard et plus loin, je leur découvris ces similitudes qui m'ont obsédée : ils se sont tous suicidés ! Comme quoi, on peut écrire mieux que bien, on garde en soi des blessures telles qu'aucun souffle, aussi doux fut-il, ne peut jamais guérir.
Primo Levi était un auteur extraordinaire mais j'ai toujours préféré célébrer l'homme.
Mangobella, je te souhaite une merveilleuse année 2010 avec des bonheurs, petits et grands à savourer dans chaque coin de ta maison, des jolies choses, à respirer, à vivre, à donner et à recevoir et je te souhaite tout ce qui n'est pas écrit ici et qui te fait rêver. Je pense que tu es une très grande et belle dame avec un immense coeur et que tu ne peux décemment obtenir que de belles perles colorées.
Et je t'embrasse avec toute mon amitié et surtout n'emprunte pas ni n'achète le "Laissez-moi" de Marcelle Sauvageot, il fait l'objet d'un very special petit envoi.
Lecture oh combien marquante pour moi... J'en ai vue deux adaptations théâtrales, toutes deux poignantes. Un souvenir de lecture qui ne s'effacera jamais de ma mémoire.
RépondreSupprimerCe n'ets pas le contexte mais j'en profite pour te souhaiter une douce et agréable année 2010.
je n'ai pas relu ce livre pour ce 1er janvier mais en effet ce livre est essentiel et est surtout à méditer sans oublier la trève son prolongement
RépondreSupprimerj'ai mis un article peut-être plus général sur Levi, tu verras si tu vas le lire...
bonne année 2010
Denis
Moka, Livre difficile à résumer en effet! Ce qui y est raconté dépasse tellement le simple récit!
RépondreSupprimerCes blessures-là ne guérissent pas. Ils sont nombreux à s'être suicidés, même longtemps après, ce qui est assez compréhensible!
RépondreSupprimerLa suite de ton commentaire me fait rougir et me ravit en même temps et je te remercie d'avance! :)
Hathaway Très bonne année à toi aussi Hathaway!
RépondreSupprimerC'est étrange mais je m'imagine mal comment un tel récit peut se présenter sous une forme théâtrale!
denis, je viens de mettre un lien vers ton billet qui montre combien son retour a été difficile aussi et combien le monde de l'édition ne lui a pas facilité la tâche!
RépondreSupprimerComme je l'ai déjà lu, je lirai peut-être la suite ... voici un livre fort et indispensable, la suite doit l'être tout autant.
RépondreSupprimerLeiloona, je crois que le suite est également un récit très fort. Le retour des déportés n'a pas été simple!
RépondreSupprimerUn livre difficle à lire pour cette fin d'année mais que je trouve indispensable grâce à l'intelligence de Primo Levi et la force de son analyse. Je crois malheureusement que tous les livres que nous lisons n'empêcheront pas d'autres génocides, d'autres privations d'humanité.
RépondreSupprimerCela ne doit pas nous empêcher de profiter des fêtes, je te souhaite une excellente année 2010!
Titine, ce que tu dis est malheureusement vrai! Je te souhaite également une très bonne année!
RépondreSupprimerUne pièce qui m'a bouleversée en son temps...et un livre que je ne lirai du coup pas tout de suite ;)
RépondreSupprimerJe pense que je ne me suis jamais vraiment remise de la lecture de ce livre bouleversant au-delà des mots !
RépondreSupprimerJe te conseille le Journal d'Hélène Berr (que m'avait conseillé Keisha) : édifiant et terrifiant, pour ne pas oublier.
Ce livre est bouleversant, j'avais un peu peur de le lire, le thème est tellement difficile, et puis je ne regrette vraiment d'avoir lu ce remarquable témoignage sur une période pas vraiment glorieuse de notre histoire. Je te souhaite une bonne année 2010.
RépondreSupprimerL'ayant déjà lu, je ne tenais pas à le relire. J'ai choisi quelques chose de plus léger.
RépondreSupprimerCynthia, je te comprends de ne pas avoir envie d'enchaîner les deux! j'ai du mal, quant à moi, à imaginer un mise en scène de cette histoire! Ce doit être très violent!
RépondreSupprimerMaeve, c'est vrai, on ne sort pas indemne d'une telle lecture. J'ai eu l'occasion de feuilleter ce journal dont tu parles qui m'a semblé très émouvant aussi mais je n'ai pas envie, pour le moment, de poursuivre sur cette période-là! Je préfère attendre un peu!
RépondreSupprimer"Si c'est un homme" est une des lectures nécessaires pour qui veut vivre les yeux ouverts sur ce passé encore si proche. Le ton objectif choisi par Primo Levi renforce son propos.
RépondreSupprimerAvec "Les identités meurtrières" d'Amin Maalouf, plus contemporain, c'est le livre - en dehors de la fiction - que je recommande le plus autour de moi.
Nina, Merci et bonne année à toi aussi!
RépondreSupprimerLe livre de Levi est un témoignage très fort qu'il est bon d'avoir lu!
Alex, tu as eu raison!
RépondreSupprimerTania, je vais noter ce livre de Maalouf que je ne connais pas, puisque tu le mets sur le même plan que celui de Levi!
RépondreSupprimerVous n'avez pas choisi une lecture facile pour commencer l'année... Il ne me reste qu'à le lire, de mon côté !
RépondreSupprimerchoc, non, c'est vrai, tu as vu ça? Je l'ai terminé après le réveillon, quand tout le monde était endormi! Je n'oublierai jamais! Mais ça fait partie de l'aventure des blogs et finalement j'aime bien!
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup de mal a aller naturellement vers les livres qui traite de ce sujet... Je les trouves souvent trop difficilement supportable et on est très souvent loin de la fiction.
RépondreSupprimerGéraldine, Pour être dur, c'est un livre dur, mais la réalité de ce qu'il a vécu l'a été tellement plus!
RépondreSupprimerJe l'ai noté depuis longtemps mais je vais attendre un peu avant de le lire, j'ai peur d'être un peu trop sensible...
RépondreSupprimerJe viens de terminer la lecture de "Si c’est un homme" et il me laisse bien triste... Ce livre m’a beaucoup marquée et je compte bien lire la Trêve... Si c’est vrai que la mort de Levi est controversée, je me plais à croire qu’il s’est donné le choix...
RépondreSupprimerRestling, je le comprends tout à fait!
RépondreSupprimerJ'ai longtemps hésité à lire ce livre moi aussi, mais je ne le regrette pas du tout, et j'y ai vu beaucoup d'espoir, malgré tout!
RépondreSupprimerGrominou, c'est ce qui fait sa force, de ne pas désespérer!
RépondreSupprimerExcellente année à toi, meme si elle commence sur une lecture éprouvante !
RépondreSupprimerPraline, merci et pour toi également! Lecture éprouvante mais vivifiante aussi et nécessaire!
RépondreSupprimerLecture difficile et éprouvante que celle de "Si c'est un homme", Mango, mais oh combien nécessaire et utile face à ce que l'on voit et entend au quotidien ... Le pire ennemi de l'Homme est lui-même et si - un jour - on devait oublier cette partie de l'histoire de l'humanité, on serait condamnés à la revivre sous une forme ou une autre. Comme Keisha, j'ai lu la suite de cet ouvrage. "La Trêve" est l'histoire de son retour, mais romancée, moins violente, plus optimiste, comme libérée d'un poids qui pèsera toujours sur l'esprit des rescapés. A lire aussi pour comprendre l'après ...
RépondreSupprimerUn livre tellement bouleversant que j'ai du mal à le finir...
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