Un soir, dans une salle de jeu de Saint-Pétersbourg, le jeune prince Zvezditch, malchanceux, se ruine tandis qu’ Arbénine, un ancien habitué et excellent joueur, désormais riche et casé, mari heureux de Nina, une très jolie jeune femme, ne peut s’empêcher de critiquer les jeunes gens et de se comparer à eux.
« J’en ai tant vu, des jeunes gens, de bienheureux
Ignares de la vie, emplis de feu,
Et tous, je les ai vus se perdre devant moi…
Se sentant ruiné, le prince se désole. Magnanime, Arbénine le sauve en lui remettant l’argent que lui-même vient de gagner. Ils décident alors de se rendre à un bal masqué
Là, pendant que le bal tournoie et que les masques s’amusent, Arbénine rencontre un inconnu qui semble le connaître et qui lui prédit un malheur pour la nuit même. Quant au prince, il trouve l’aventure auprès d’un masque féminin qui, pour lui prouver son amour, lui jette un bracelet qu’elle vient de trouver! Aussitôt le prince se vante de ce petit succès auprès d’Arbénine qui reconnaît le bracelet de sa femme. Dès lors sa jalousie explose et plus rien ne pourra le faire revenir à la raison.
Ce quiproquo en réalité profite à tout le monde car tous entretiennent le mensonge pour se venger de leur ami ou pour éviter le déshonneur d’être démasqués! Tous ont une mauvaise action à se reprocher mais dissimulent la vérité pour paraître sous un jour meilleur. Nina seule, l’ingénue qui aime sincèrement son mari, subira la première les conséquences de la folie et de l’ignominie de tous ces masques joueurs!
Attention! Je dévoile ici la fin de l’histoire!
Le drame se précipite. Le lendemain, Arbénine se présente chez le prince pour le tuer mais il le trouve endormi et se retire en se traitant de lâche. Il décide alors d’adopter un procédé moins définitif mais plus cruel encore : le déshonneur! Le soir même, de nouveau à une table de jeu, dans une autre fête, Arbénine traite le prince de tricheur, lui jette une carte à la figure et refuse tout duel. Blessé dans son honneur, le prince décide de s’exiler dans le Caucase mais auparavant il avertit Nina que son mari la tuera. Restée seule avec son mari, celle-ci lui réclame un sorbet et Arbénine lui en apporte un dans lequel il a versé du poison. Il la regarde mourir et refuse d’appeler un docteur.
Tais-toi!... Ecoute!... Non, tu n'as pas mal..
La vie, nous y tenons tant qu’elle semble belle –
Pas trop longtemps… La vie est comme un bal :
On tournoie, tout est gai, tout luit, tout étincelle…
Au moment où elle meurt il lui avoue l’avoir empoisonnée. Il pleure.
Le lendemain arrive la famille qui met cette mort sur le compte des bals. Arbénine, lui, devient fou et le prince se désolé.
"Lui, il est fou… heureux Et moi, je reste… horreur,
Privé de paix, privé d’honneur !"
Ce sont les derniers vers de cette pièce assez déconcertante de nos jours!
Lermontov est mort en duel, comme son aîné Pouchkine, à l’âge de 27 ans. Il est l’autre grand du romantisme russe.
"Bal masqué est une fantasmagorie, écrite en 1835, où la passion mène aux jeux d’argent et d’amour et finit en ruine et destruction. Longtemps interdite par la censure, la pièce a été montée pour la première fois par Meyerhold en 1917. Elle devait alors rester à l’affiche plus de trente ans.
La pièce a été admise au répertoire de la Comédie-Française lors de la séance du comité de lecture le 22 novembre 1991. Elle a été créée le 23 mai 1992."
Bal masqué de Mikhaël Lermontov (Drame en quatre actes et en vers), Traduction d’André Markowicz
Imprimerie nationale, 1992, 163 pages (tableau de Alexei Lyamine)
Je note ce titre, que je lirai sûrement dans le cadre du Défi Une année en Russie, comme toi !!
RépondreSupprimerBonnes fêtes de fin d'année Mango !!
Bon, je pense que les russes, c'est pas pour moi. Mais j'ai quand même envie de lire "Anna Karenine"
RépondreSupprimerTu en parles très bien, mais ce n'est pas mon truc ce genre d'histoire :p
RépondreSupprimerSoukee, bonnes fêtes à toi aussi et plein de bonnes nouvelles lectures!
RépondreSupprimerManu, Lermontov, c'est du romantisme russe débridé et j'ai bien cru comprendre depuis longtemps que tu n'aimes pas particulièrement ce genre! Mais Anna Karénine, c'est autre chose et à ne pas manquer surtout! C'est intemporel!
RépondreSupprimerMeria, si je te disais que ça ne m'étonne pas! Je ne suis pas sûre que ce soit mon truc non plus! :))
RépondreSupprimerCà ne me dit rien cette histoire là .. je passe.
RépondreSupprimerAifelle, :) ça ne m'étonne pas! Cette histoire semble désormais surgir d'un tout autre monde! Mourir ou tuer si vite, pour un soupçon de trahison ou de déshonneur! Pas étonnant que les poètes russes de cette époque n'aient pas vécu très vieux!
RépondreSupprimerça m'intéresse bien, tu te doutes, vu que je viens de découvrir Lermontov et que j'ai adoré !!!! je le note et j'essaierai de trouver quelque chose de lui ici !!!!
RépondreSupprimerPimpi, c'est un livre de 1992 que j'avais depuis longtemps. Je ne sais pas si on l'a réédité! J'aimerais bien lire maintenant son roman:"Un héros de notre temps". Il paraît qu'il se rapproche de celui de Musset que je viens de finir: "La confession d'un enfant du siècle."
RépondreSupprimerUn thème intriguant. Je note!
RépondreSupprimerEdelwe, Un récit russe bien typique de cette époque!
RépondreSupprimerAh, j'ai énormément aimé le livre de Lermontov que j'ai lu... alors je suis hyper curieuse pour lire autre chose de lui!! Sa plume m'a beaucoup plu!!
RépondreSupprimerKarine:) c'est vrai que c'est un livre très intéressant, plein de jeunesse!
RépondreSupprimerIl a l'air survolté ce roman... je le note pour le challenge !
RépondreSupprimerSchlabaya, survolté, c'est le mot! Un romantisme échevelé et fou! Pas étonnant qu'ils mouraient tous si jeunes , ces écrivains russes!
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