mercredi 2 décembre 2009

La table de Montaigne de Christian Coulon


Montaigne n’est pas réputé pour être un fin gastronome mais c’était un esprit curieux qui, dans ses voyages, aimait s’adapter aux cuisines étrangères.
Voici ce que j’ai retenu de ce petit livre bien agréable de Christian Coulon, ce professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Bordeaux qui a écrit aussi: Festins gascons."

1. Ses mets favoris. L’Amérique vient d’être découverte mais l’Europe ne connaît pas encore les pommes de terre, ni les tomates, ni les courgettes, ni les piments. En revanche, au XVIe siècle,  c’est l’Italie qui donne le ton et exporte deux mets très à la mode : l’artichaut et le melon. En se gavant d’artichauts lors d’un mariage,  Catherine de Médicis eut une indigestion sévère et célèbre. Montaigne, lui,  raffolait des melons.  Bien que friand de cuisine populaire, il suit cependant les habitudes alimentaires de la cour des derniers Valois qu’il fréquente : il mange gras et surtout de la viande avec toutes sortes de sauces. Il aime aussi  beaucoup le poisson, le lard et l’ail mais se détourne des légumes, des salades et des fruits.                            
2. Sa médiocrité dans l’art culinaire . Nul en cuisine, de son propre aveu, il était incapable de faire cuire un œuf  et n’entendait rien aux principes de l’agriculture,  ne distinguant pas un chou d’une laitue. D’Italie, il revient très impressionné par cette « science de la gueule », qu’il y a trouvée, ce discours savant et solennel sur la cuisine qui est alors une spécificité purement italienne.
3. Un bel appétit. Il aime tous les plaisirs : « Je hais un esprit hargneux et triste qui glisse par-dessus les plaisirs de sa vie. »  Il est même intempérant et mange goulûment : « Je mords souvent ma langue, parfois mes doigts, de hâtiveté. » Seules la vieillesse et la maladie le contraindront à se modérer.  Et encore ! « J’aime mieux être moins longtemps vieux que d’être vieux avant que de l’être. Jusqu’aux moindres occasions de plaisir que je puis rencontrer, je les empoigne. »     
4. Un honnête buveur. Comme l’élite de son temps, il préférait le clairet au vin rouge  qu’il ne buvait qu’à table, dans des petits verres, et qu’il coupait d’eau selon l’habitude du temps.
5. Ses habitudes de vie quotidienne. I l ne prend pas de petit déjeuner, ne fait pas de sieste, ne va au lit que vers trois heures après le souper, évite les collations. Il mange avec les doigts,  sans nappe et sans serviette blanche.
6. Sa maladie due aux excès alimentaires. La gravelle ou les calculs rénaux.  Il en souffrit dès ses 47 ans, et son père en mourut aussi ! S’il s’en plaint souvent dans son « Journal de voyage », il resta jusqu’au bout un bon mangeur.
7. Cuisine et voyage. En Allemagne et en Italie où il a longtemps voyagé, Montaigne a beaucoup observé et beaucoup appris. Pour lui, la meilleure des cuisines est celle qui nous met en relation avec l’Autre.Ce qui implique qu’on « lime sa cervelle à celle des autres, que l’on se jette aux tables les plus épaisses d’étrangers. »     
C'est un livre que j'ai trouvé non seulement intéressant mais aussi très agréable à lire. L'érudition y est légère! 
La table de Montaigne de Christian Coulon  ( arléa,  février 2009, 186 p.)

16 commentaires:

  1. Je suis gourmande et j'aime beaucoup Montaigne... Ce livre a l'air à fois très instructif et divertissant !

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  2. Marie, c'est pour ça que je l'ai bien aimé,il n'est jamais ennuyeux!

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  3. Cà ne me dit rien du tout .... peut-être parce que je sors d'un repas d'anniversaire trop copieux !

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  4. Voilà Aifelle il ne fallait pas te laisser séduire par les agapes d'anniversaire, moi il me reste une petite place pour Montaigne, sympa ce billet et puis comme je suis inconditionnelle je vais me noter ça dans un coin

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  5. Aifelle, tu me fais rire! surtout qu'en ce domaine Montaigne n'était pas particulièrement raffiné! :)

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  6. Dominique, si tu es spécialiste de Montaigne, tu n'apprendras peut-être pas grand chose de nouveau sur ton auteur favori mais ce livre a l'avantage d'être clair, concis et agréable à lire. Il se termine d'ailleurs par quelques recettes!

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  7. Ma PAL est au régime, je vais donc devoir passer pour le moment ;)

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  8. Cynthia, je te comprends tout à fait!

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  9. Voilà un sujet pour le moins insolite ! Mais qui je dois l'avouer, m'indiffère complètement !!

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  10. Manu, ce livre n'est donc pas pour toi, c'est sûr!

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  11. Je suis super étonnée de lire que Montaigne ne savait pas distinguer un chou d’une laitue !
    C'est incroyable tout de même pour cet homme si curieux de nature ! :-o

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  12. Leiloona, curieux de nature, oui, mais n'aimant pas tant que ça la nature! Depuis sa naissance tellement de serviteurs travaillent la terre pour lui et tant de servantes s'affairent à la cuisine pour le servir! Il avouait aussi ne même pas savoir faire cuire un œuf! C'est un intellectuel et un politique avant tout!

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  13. Ca me donne envie et ça rentre à peu près dans le cadre de mon challenge! Bonne pioche donc!

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  14. Audrey, tant mieux si cet article a pu t'être utile! Je ne vois pas de quel challenge il s'agit cependant! Y est-il question de cuisine et de littérature?

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