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mardi 3 juin 2014

Toute une histoire de poètes et de blogs; Il pleut des voix de femmes..., calligramme d'Apollinaire, comme des gouttes de pluie, poèmes de Jean Calbrix, à découvrir

C'est après ma lecture de Maylis de Kerangal : "Réparer les vivants" que je suis tombée sur l'article de  Pierre Assouline  du 25 mai  sur son blog:  Kerangal, Amalric et la note juste et c'est dans les commentaires que j'ai découvert ces poèmes de Jean Calbrix à partir du calligramme d'Apollinaire sur la pluie.  J'ai aimé. 

Marcel dit: 26 mai 2014 à 3 h 17 min
Les mots commençant les vers de ce sonnet forment le premier vers d’un calligramme d’Apollinaire disposé comme des gouttes de pluie qui tombent.
IL  n’est de souvenir plus cruel à revivre
PLEUT  le regret d’icelle en cette chambre mauve,
DES  mots doux susurrés dans le fond de l’alcôve,
VOIX  éteinte à jamais dont je ne me délivre.
DE  l’amour, je n’avais connu que froid de givre,
FEMMES  à manigance, à chicane de fauve
COMME  cherchant des poux sur une tête chauve.
SI  le sort s’acharnait, pouvais-je encore poursuivre ?
ELLES  sont enfin là, ces heures d’espoir. Elles
ÉTAIENT  fluides, concert pour violoncelles.
MORTES  étaient ici mes frayeurs et mes craintes.
MÊME  pour le plus beau, vient la fin qu’on redoute.
DANS  le mois qui suivit, elle reprit sa route,
LE SOUVENIR  d’icelle, arrache encore mes plaintes.

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
C’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
Et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
Écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
Ecoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas

Marcel dit: 27 mai 2014 à 3 h 16 min
Un sonnet acrostiché avec le troisième vers du calligramme d’Apollinaire utilisé hier (le deuxième vers ne comporte que douze mots : C’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres ô gouttelettes).
ET les jours et le nuits s’enchaînent monotones,
CES tempêtes, ces cris, sont loin dans le passé,
NUAGES noirs et lourds, fuyant un ciel lassé,
CABRÉ comme un oubli dans de tristes automnes.
SE peut-il que des gens dans leurs destins atones
PRENNENT cet aspect gris, celui du trépassé ?
À tout prendre et pour fuir l’éternel ressassé,
HENNIR dans la fureur, des tonnes et des tonnes.
TOUT mouvement est bon plutôt que le sommeil,
UN trip par monts et vaux pour rester en éveil,
UNIVERS est sans borne à toutes les audaces.
DE l’agitation pour notre grand bonheur.
VILLES, accueillez-nous dans la foule des places
AURICULAIRES, oui, pour parler à son coeur.

Jean Calbrix, le 27/05/14  (né à Rouen le 1er janvier 1940) est un auteur français de romans policiers. Il a été professeur de mathématiques à l'Université de Rouen.
Ses romans mettent en scène le commissaire Shura de la police judiciaire d'Yvetot.(W)

dimanche 16 juin 2013

Brins d'herbe, Carolyn Carlson


Pétales dans le jardin  
choix avant la chute
se faner
c'est jouer avec art
sa tragédie
Petals in the Garden
Choice before Fall
To wither 
 Is to become
      Artistically tragic

L'une après l'autre les fleurs du jardin se fanent
Choisissez avant la chute.
The flowers are all droping
In the garden
Make your choice
Before the fall.

Chorégraphe, danseuse, poète et calligraphe, Carolyn Carlson propose une suite de poèmes dans la manière des haïkus et des waka japonais.
 Brins d'herbe, Carolyn Carlson
Traduit de l'américain par Jean-Pierre Siméon
(Actes Sud, mai 2012, 62 p)
Dessin trouvé ici.

dimanche 28 octobre 2012

Ni vu ni connu, Le Sylphe, Paul Valéry, dimanche poétique

Ni vu ni connu 
Je suis le parfum 
Vivant et défunt 
Dans le vent venu!


Ni vu ni connu,
Hasard ou génie?
A peine venu
La tâche est finie!


Ni lu ni compris?
Aux meilleurs esprits
Que d'erreurs promises!


Ni vu ni connu,
Le temps d'un sein nu
Entre deux chemises!

Paul Valéry (1871-1946)

dimanche 10 juin 2012

Notre vie, Paul Eluard, Portraits de Nush par Picasso


Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie
Aurore d'une ville un beau matin de mai
Sur laquelle la terre a refermé son poing
Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Et la mort entre en moi comme dans un moulin


Notre vie disais-tu si contente de vivre
Et de donner la vie à ce que nous aimions
Mais la mort a rompu l'équilibre du temps
La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens


Morte visible Nusch invisible et plus dure
Que la faim et la soif à mon corps épuisé
Masque de neige sur la terre et sous la terre
Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle
Mon passé se dissout je fais place au silence.


Notre vie de Paul Eluard, Le Temps déborde (1947)
Nush Eluard par Picasso, 1937, 1938, 1941

dimanche 27 mai 2012

Comme un fleuve, René Guy Cadou, dimanche poétique

Comme un fleuve s'est mis 
A aimer son voyage
Un jour tu t'es trouvée 
Dévêtue dans mes bras


Et je n'ai plus songé
Qu'à te couvrir de feuilles 
De mains nues et de feuilles 
Pour que tu n'aies point froid


Car t'aimais-je autrement 
Qu'à travers tes eaux vives 
Corps de femme un instant 
Suspendu à mes doigts


Et pouvais-je poser
Sur tant de pierres chaudes 
Un regard qui n'aurait
Eté que du désir ?


Vierge tu réponds mieux 
A l'obscure sentence 
Que mon coeur fait peser 
Doucement sur ton coeur


Et si j’ai le tourment
De ta métamorphose
C’est qu’il me faut aimer
Ton amour avant toi.

 René Guy Cadou ( poète breton, 1920-1951)
(Hélène ou le règne végétal, 1952)
Autre poème sur le blog: Pourquoi n'allez-vous pas à Paris?

dimanche 20 mai 2012

Il est d'étranges soirs..., Albert Samain


Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Où dans l'air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d'un soupir
Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.

Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches,
Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.

Il est de mornes jours, où las de se connaître
Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint,
Où s'agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.

Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Où l'âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l'infini terrible suspendue,
Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.

(Au jardin de l'Infante) Albert Samain (1855 - 1900)
Tableau : Les Mouettes de Nicolas de Staël

dimanche 1 avril 2012

Nous deux de Paul Eluard

Nous deux nous tenant par la main
Nous nous croyons partout chez nous
Sous l'arbre doux sous le ciel noir
Sous tous les toits au coin du feu
Dans la rue vide en plein soleil
Dans les yeux vagues de la foule
Auprès des sages et des fous
Parmi les enfants et les grands
L'amour n'a rien de mystérieux
Nous sommes l'évidence même
Les amoureux se croient chez nous.
Nous Deux  de Paul Eluard(1951)
Dessin de Norman Rockwell, (1894-1978)

dimanche 4 mars 2012

Ballade des pendus de François Villon

Après la lecture de la BD:  Je,  François Villon de Luigi Critone d'après Jean Teulé(ICI),  j'ai senti le besoin de relire un des poèmes les plus forts du poète dont le père a été pendu à sa naissance et peut-être lui-même également.

Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça dévorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie :

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!

Transcription en français moderne 
Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez pas vos cœurs durcis à notre égard,
Car si vous avez pitié de nous, pauvres,
Dieu aura plus tôt miséricorde de vous.
Vous nous voyez attachés ici, cinq, six:
Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie,
Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poussière.
De notre malheur, que personne ne se moque,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
 Suite de la Ballade  Ici   (Brueghel le Vieux: La pie sur le gibet. (1568), Fresque de l'église Sant'Anastasia à Vérone. ) 

dimanche 6 novembre 2011

Histoire de couple

JE

Je . Elle.
Elle. Je
Nous - Nous 
NousNous.                                                            
Nous.
NousNous.
Nous - Nous
Elle. Je.
Je. Elle.

JE.   

J’ai appris ce poème au collège mais j’en ai oublié l’auteur. Malgré mes recherches, je n’ai pu le retrouver. Je garde espoir cependant au cas où quelqu'un le  reconnaîtrait.

dimanche 23 octobre 2011

Tendre dimanche de Francis Carco

Comme aux beaux jours de nos vingt ans
Par ce clair matin de printemps
J'ai voulu revoir tout là-bas
L'auberge au milieu des lilas
On entendait sous les branches
Les oiseaux chanter dimanche
Et ta chaste robe blanche
Paraissait guider mes pas


Tout avait l'air à sa place
Même ton nom dans la glace
Juste à la place où s'efface
Quoi qu'on fasse
Toute trace
Et je croyais presque entendre
Ta voix tendre murmurer
"Viens plus près"


J'étais ému comme autrefois
Dans cette auberge au fond des bois
J'avais des larmes dans les yeux
Et je trouvais ça merveilleux
Durant toute la journée
Après tant et tant d'années
Dans ta chambre abandonnée
Je nous suis revus tous deux


Mais rien n'était à sa place
Je suis resté, tête basse,
À me faire dans la glace
Face à face
La grimace
Enfin, j'ai poussé la porte
Que m'importe
N i ni
C'est fini !


Pourtant, quand descendit le soir
Je suis allé tout seul m'asseoir 
Sur le banc de bois vermoulu
Où tu ne revins jamais plus
Tu me paraissais plus belle
Plus charmante, plus cruelle
Qu'aucune de toutes celles
Pour qui mon cœur a battu


Et je rentrai, l'âme lasse,
Chercher ton nom dans la glace 
Juste à la place où s'efface 
Quoi qu'on fasse
Toute trace
Mais avec un pauvre rire 
J'ai cru lire :
Après tout,
On s'en fout !


"Chanson tendre" Paroles: Francis Carco. Musique: Jacques Larmanjat 1935
Chantée par Fréhel , 

dimanche 2 octobre 2011

Une grande dame de Paul Verlaine

    Belle " à damner les saints " , à troubler sous l'aumusse
    Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
    Elle parle - et ses dents font un miroitement -
    Italien, avec un léger accent russe.

    Ses yeux froids où l'émail sertit le bleu de Prusse
    Ont l'éclat insolent et dur du diamant.
    Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
    De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce

    Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
    N'égale sa beauté patricienne, non !
    Vois, ô bon Buridan : " C'est une grande dame ! "

    Il faut - pas de milieu ! - l'adorer à genoux,
    Plat, n'ayant d'astre aux cieux que ses lourds cheveux roux
    Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !

Poèmes saturniens, Caprices, IV, de Paul Verlaine
Tableau de Angelo Bronzino: Lucrezia Panciatichi (1503/1563)

dimanche 11 septembre 2011

Sans domicile fixe de Clementina Suarez. Dimanche poétique.

Les poètes partout nous parlent "dans une langue inconnue, mais pas étrangère."


Sans domicile fixe

Je vais
Je viens,
Et puis je pense.

Que ce soit
Ici ou bien là,
Il n’y a pas
De lieu
Acquis. Ici
Ou là,
Je suis ce que
Les gens appellent
Un étranger.

Et comme un étranger
J’irai et viendrai
Jusqu’à  ce qu’ici
Ou là
Ni moi
Ni personne ne le soit plus.

Clementina Suarez
Poésie hondurienne du XXe siècle
Traduit par Claude Couffon, Patino, 1997
Le tour du monde en 80 poèmes par Yvon Le Men
Portrait de Clementina Suarez , la première femme à avoir été publiée dans son pays.
C'est en cherchant la photo du livre que j'ai trouvé ce site sur la poésie

dimanche 14 août 2011

Le vase brisé de Sully Prudhomme

Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé:
Le coup dut l'effleurer à peine:
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé;
Personne encore ne s'en doute;
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime;
Effleurant le cœur le meurtrit;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt.

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde;
Il est brisé, n'y touchez pas. 

Le vase brisé de Sully-Prudhomme (1839-1907)
Tableau de Edouard Manet (1832/1883)

dimanche 10 avril 2011

La nuit n'est jamais complète de Paul Eluard



La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler, faim à satisfaire,
un cœur généreux,
une main tendue, une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie : la vie à se partager.

Paul Éluard, Pierre Bonnard

dimanche 3 avril 2011

Suis-je, suis-je, suis-je belle? Virelai d'une pucelle par Eustache Deschamps


Il me semble, à mon avis,
Que j’ai beau front et doux vis (visage)
Et la bouche vermeillette,
Dites-moi si je suis belle. 


J’ai vers yeux, petits sourcils,
Le chief blond, le nez traitis (droit)
Rond menton, blanche gorgette ;
Suis-je, suis-je, suis-je belle ?


J’ai pieds rondets et petits,
Bien chaussants et beaux habits,
Je suis gaie et joliette ;
Dites-moi si je suis belle. 


Entre nous acouardis (timides)
Pensez à ce que je dis ;
Cy finit ma chansonnette ;
Suis-je, suis-je suis-je belle ?


Eustache DeschampsVirelai d’une pucelle(Danse villageoise),


L'auteur est  né en 1346 à Vertus en Champagne - mort en 1406). Il est dit Morel, à cause de son teint basané ou parce qu'il aurait été prisonnier chez les Maures, poète français.
Eustache Deschamps est de sang noble mais d'origine modeste. Il a reçu une formation intellectuelle importante : il a étudié le droit à l'université d'Orléans grâce au parrainage de Guillaume de Machaut, chanoine de la cathédrale de Reims.
Créateur de la ballade et de la chanson à boire, il a écrit un grand nombre de fables; Jean de La Fontaine en a imité quelques-unes, notamment la Cigale et la Fourmi et le Conseil tenu par les Rats. (wikipedia)
Le virelai est un poème à forme fixe, avec un nombre variable de strophes à deux rimes. L'un de ses vers sert de refrain et réapparaît à la fin de chaque strophe ou parfois selon une ordonnance plus complexe.
Portrait de Simonetta Vespucci par Sandro Botticelli (1345 - 1410)

dimanche 27 mars 2011

Je ne sais pourquoi de Verlaine


                        
                        Je ne sais pourquoi
                        Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
                        Tout ce qui m'est cher,
                        D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?


            Mouette à l'essor mélancolique,
            Elle suit la vague, ma pensée,
            À tous les vents du ciel balancée,
            Et biaisant quand la marée oblique
            Mouette à l'essor mélancolique.


                        Ivre de soleil
                        Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité.
                        La brise d'été
                        Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.


            Parfois si tristement elle crie
            Qu'elle alarme au loin le pilote,
            Puis au gré du vent se livre et flotte
            Et plonge, et l'aile toute meurtrie
            Revole, et puis si tristement crie !


                        Je ne sais pourquoi
                        Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
                        Tout ce qui m'est cher,
                        D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?


Sagesse,  (III, VII),1873, Verlaine. Tableau de Jean Beautran: Bateau ivre
Autres participants chez Bookworm

dimanche 20 février 2011

Tu n'en reviendras pas de Louis Aragon

Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille


Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux


On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève


Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que la danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur


Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées


Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri


Tu n'en reviendras pas de Louis Aragon, chanté par Léo Ferré
Tableaux de Oskar kokoschka,  Zadkine, et John Lavery: Le cimetière d'Oppi.

dimanche 13 février 2011

Andrée Chedid, Il y a des matins, poème du dimanche

Il y a des matins en ruine
Où les mots trébuchent
Où les clés se dérobent
Où le chagrin voudrait s’afficher


Des jours
Où l’on se suspendrait
Au cou du premier passant
Pour le pain d’une parole
Pour le son d’un baiser


Des soirs
Où le cœur s’ensable
Où l’espoir se verrouille
Face aux barrières d’un regard


Des nuits
Où le rêve bute
Contre les murailles de l’ombre


Des heures
Où les terrasses
Sont toutes
    Hors de portée.

Andrée Chédid  Par-delà les mots.  Il y a des matins
Au cœur du cœur  (Librio, Poèmes choisis et préfacés par Matthieu Chedid et Jean-Pierre Siméon, 2010)
« La Poésie d’Andrée n’exclut personne, elle s’adresse à tous avec confiance comme une parole amie, elle parle du cœur au cœur, au cœur du cœur »
Les autres participants aux dimanches poétiques ICI
Nouvelle participation au challenge de Cynthia

dimanche 6 février 2011

O Lola, La Cavalleria Rusticana, Opéra de Pietro Mascagni, Poème du dimanche

O Lola, blanche fleur à peine éclose
Que le soleil salue avec amour,
Celui qui peut baiser ta lèvre rose
Vit toute une éternité dans un seul jour.
Si l’on voit du sang près de ta porte
Nul ne plaint celui qui meurt pour toi :
Le paradis, le ciel, rien me m’importe,
Car le bonheur est seul où je te vois.
(Turiddu)


O Lola ch'ai di latti la cammisa

Si bianca e russa comu la cirasa,
Quannu t'affacci fai la vucca a risa,
Biato cui ti dà lu primu vasu!
Ntra la porta tua lu sangu è sparsu,
E nun me mporta si ce muoru accisu...
E s'iddu muoru e vaju mparadisu
Si nun ce truovo a ttia, mancu ce trasu.



La cavalleria rusticana (La chevalerie rustique), Mélodrame en un acte de Taglioni,Tozzetti et Menasci Musique de Pietro Mascagni
Carusohttp://www.deezer.com/fr/#music/result/all/cavalleria%20rusticana
Placido Domingohttp://www.deezer.com/fr/#music/result/all/cavalleria%20rusticana

vendredi 28 janvier 2011

Bienvenue à Inès.

Petite Inès, sois la bienvenue parmi nous et parce que c'est le meilleur, parce que c'est le plus beau,  je t'offre ce très classique  poème du toujours  grand - et un peu solennel ici - Victor Hugo.

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.
...

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !


Mary Cassatt