mardi 27 septembre 2011

Sur la lecture de Marcel Proust

 Proust m’accompagne  depuis quelques jours dans toutes mes sorties puisque je l’écoute en boucle dans ma voiture grâce à André Dussollier lisant «Sur la lecture»,  texte qui servit de préface à un livre de Ruskin.
Rien de plus délicieux à écouter que l’évocation d’une de ses journées d’enfance à Illiers/Combray, en compagnie de son livre préféré.
C’est très court mais exaltant.
D’ailleurs plutôt que d’en parler davantage, je vous invite à lire le texte Ici et à voir une video Ici


J’ai plaisir à écouter les phrases qui me plaisent jusqu’à les savoir presque par cœur sans même m’en apercevoir, en douceur.

Au fil de ma lecture:
Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. (Première phrase)
 Qui ne se souvient comme moi de ces lectures faites au temps des vacances, qu’on allait cacher successivement dans toutes celles des heures du jour qui étaient assez paisibles et assez inviolables pour pouvoir leur donner asile?
Ici se place la magnifique évocation d'un déjeuner en famille à Combray puis la description de sa chambre où il se retire après le repas pour continuer sa lecture.
 Après le déjeuner, ma lecture reprenait tout de suite ; surtout si la journée était un peu chaude, on montait «se retirer dans sa chambre», ce qui me permettait, par le petit escalier aux marches rapprochées, de gagner tout de suite la mienne, à l’unique étage si bas que des fenêtres enjambées on n’aurait eu qu’un saut d’enfant à faire pour se trouver dans la rue. 
Enfin arrivent les souvenirs du goûter au fond d'un parc où coule une rivière et là encore il doit un moment cesser sa lecture, le livre ouvert posé à l'envers sur l'herbe avec interdiction de le reprendre et puis,  après le dîner, voici la nuit quand le livre est enfin terminé, que l'on a dû lire en cachette, après avoir été interrompu toute la journée .
Puis la dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond. Alors, quoi? ce livre, ce n’était que cela? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait, et même quand nos parents nous trouvaient en train de lire et avaient l’air de sourire de notre émotion, fermant le livre, avec une indifférence affectée ou un ennui feint; ces gens pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux. Déjà, depuis quelques pages, l’auteur, dans le cruel «Épilogue», avait eu soin de les «espacer» avec une indifférence incroyable pour qui savait l’intérêt avec lequel il les avait suivis jusque-là pas à pas. L’emploi de chaque heure de leur vie nous avait été narré. Puis subitement:«Vingt ans après ces événements on pouvait rencontrer dans les rues de Fougèresun vieillard." On aurait tant voulu que le livre continuât, et, si c’était impossible, avoir d’autres renseignements sur tous ces personnages, apprendre maintenant quelque chose de leur vie, employer la nôtre à des choses qui ne fussent pas tout à fait étrangères à l’amour qu’ils nous avaient inspiré. 
 La lecture est au seuil de la vie spirituelle; elle peut nous y introduire: elle ne la constitue pasLa lecture n’agit que comme une incitation qui ne peut en rien se substituer à notre activité personnelle.
(à suivre et à relire)
 Sur la lecture de Marcel Proust. Texte intégral  lu par André Dussollier (Éditions Thélème)

17 commentaires:

  1. Il me semble avoir lu ce texte pendant mes études de lettres, quand nous étions "Combray", n'est-ce pas dans ce texte que Proust fait la distinction entre l'être social et l'être écrivain ? il faudrait que je le relise !

    RépondreSupprimer
  2. merci de se partage
    malheureusement pour moi il y en a qu'un pour lire proust c'est mickael lonsdall offert par vous j'ai tenté mais je ne peux

    belle journée à vous et merci beaucoup

    RépondreSupprimer
  3. Et dire que c'est déjà terminé ces flâneries... je regrette un peu et j'ai presque envie de les prolonger ! Ton billet prête à de nouvelles lectures :-)

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour ce partage... C'est très agréable à lire... Bonne journée ;)

    RépondreSupprimer
  5. Je n'ai jamais réussi à me lancer dans Proust... jamais trouvé le bon moment je crois! Ma BD pour demain est prête, à cette adresse, mais le lien ne sera fonctionnel que demain matin http://delivrer-des-livres.fr/?p=3520

    RépondreSupprimer
  6. Je rase les murs parce que je n'ai pas encore commencé mon premier volume de la Recherche. La faute aux nouveautés et aux blogueuses.

    RépondreSupprimer
  7. Je l'ai lu plusieurs fois... Hélas, j'ai oublié mes citations mais la première me plaît énormément. C'est dans ce livre qu'il parle des livres comme des TALISMANS ????

    RépondreSupprimer
  8. j'ai ce petit livre dans ma bibliothèque, je le feuillette parfois mais j'adorerais l'entendre par andré dussolier :)

    RépondreSupprimer
  9. Je doute lire un Proust un jour.

    RépondreSupprimer
  10. Voilà, un écrivain qui m'a toujours fasciné à travers les documentaires faits sur lui,les débats sur la littérature dont on cite souvent son nom, un film"un amour de Swann" que j'ai vu au cinéma, mais dont je n'ai pratiquement lu aucun de ses romans! je me rattrapperais.

    RépondreSupprimer
  11. COmme j'aime les audiolivres et la voix de Dussolier, je me laisserais bien tentée

    RépondreSupprimer
  12. Une très bonne idée d'avoir choisi Dussollier pour cette lecture. La Recherche du Temps Perdu m'accompagne depuis de nombreuses années, la musique de son écriture restera toujours vibrante.
    Amicalement,
    BAROUFS CULTURELS

    RépondreSupprimer
  13. J'ai ce livre dans ma Pal ( pas en audio!)...tu me donnes terriblement envie de l'en sortir!

    RépondreSupprimer
  14. Je me suis mise à la lecture audio et j'adore ! Celui-ci me tente bien.

    RépondreSupprimer
  15. Un très beau texte ET une belle lecture. La voix de Dussollier va assez bien avec l'écriture de Proust.

    RépondreSupprimer
  16. Tu penses bien que je l'ai acheté mais je ne l'ai pas encore écouté je suis plongé dans des polars audio pour le moment et puis Proust ça s'écoute tranquillement ce n'est pas fait pour le métro

    RépondreSupprimer
  17. un vrai bonheur cet audiolivre !

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.