jeudi 1 octobre 2009

Rentrée littéraire, BW de Lydie Salvayre


Parce que BW, l’homme avec qui elle vit, le fondateur des éditions Verticales, est resté aveugle, pendant une quinzaine de jours, en attendant les résultats de son opération des yeux, Lydie Salvayre l’écoute, le laisse parler de son passé, recueille ses mots, ses humeurs du jour et restitue le tout dans ce texte inclassable. Ce n’est ni un roman, ni une autofiction, ni un recueil de souvenirs, un peu de tout ça sans doute mais j’y ai vu surtout un grand cri d’amour d’une femme aimante, patiente, douée pour l’écriture. C’est un hommage aussi à la vie à deux, au compagnonnage avec un être difficile certainement car toujours en colère, un écorché vif, toujours prêt à rompre et à partir, en recherche constante de la difficulté. Il abandonne tous les honneurs, il fuit devant le succès, il s’arrête quand il sait qu’il va gagner. Excellent athlète, il renonce aux jeux olympiques de Mexico. Il préfère tout abandonner pour partir seul le plus loin possible dans des endroits d’Asie de fin du monde. Plus tard, il renonce aux éditions qu’il a créées.
C’est ce qu’annonce d’emblée les premières lignes :
«Je pars.
Toujours il dit Je pars, je me tire.
Il aime le mouvement de partir. Il se fout de l’endroit à atteindre, ce qu’il aime, c’est partir, c’est déclarer qu’il part. Il dit qu’il va écrire un jour, l’éloge de la fuite.
BW est un guerrier. Plus tard je dirai en quoi.
BW est un tendre.
Il pleure la mort de Fausto le chat.


Encore aujourd’hui, il pleure sa mort.

Il a des chagrins lents et des joies foudroyantes »
Cet homme est de tous les grands voyages d’aujourd’hui, Inde, Himalaya, Pakistan, de tous les lieux de guerre aussi, Irlande, Afghanistan, Liban. Il en revient le corps plein de traces, d’inscriptions, de signes qui ne sont pas des tatouages, avec «une peau douée d’écriture».
Derniers mots du livre, comme il se doit : « Et si on y allait ? »
Un livre qui m’a surprise et intéressée aussi, parce que j’aime la dévotion ironique de cette femme amoureuse qui écrit au plus près des paroles de son amour, parce que BW, né en 1946, est aussi un témoin de sa génération et les événements historiques comme les tentations politiques des soixante dernières années revivent avec lui.
J’ai lu beaucoup de bonnes critiques sur ce livre. Quant aux blogs que je fréquente, Georgesand a bien aimé, esmeraldae moins.
Rentrée littéraire, Bw de Lydie Salvayre ( Seuil, août 2009, 206 pages)

21 commentaires:

  1. Je ne suis absolument pas tentée par ce livre!
    Mais ton billet n'y est pour rien, j'ai cette conviction depuis sa sortie ;)

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  2. Cela a l'air différent des romans habituels de Lidye Salvayre (lis La médaille, par exemple)

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  3. Lydie Salvayre, je m'emmêle dans les y...

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  4. Je n'ai encore rien lu d'elle mais pourquoi pas.

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  5. Oh celui-là, je le veux... je ne sais pas pourquoi mais je le veux !

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  6. Cynthia, quelque chose me dit que tu n'aimes pas tellement cette romancière!? :)

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  7. Keisha, je ne peux pas comparer car c'est le premier livre que je lis de cette auteure!

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  8. Pas séduite par ce livre, je préfère ne pas retenir ce titre.

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  9. sylire, c'est très spécial puisqu'il n'y a pas d'histoire à proprement parler mais j'ai été séduite par son travail d'écriture qui n'a pas dû être simple. Elle a dû surtout devoir trier, couper, sélectionner pas mal avant de se lancer tant la matière fournie par BW était abondante!

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  10. Salvayre est un auteur tantôt géniale tantôt exaspérante, et je dois dire que ses derniers livres m'ont un peu déçue... A voir donc !

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  11. celsmoon, je serais vraiment contente de connaître ton avis si tu le lis! Il est pas mal controversé!

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  12. Géraldine, ce n'est pas non plus un livre essentiel! :)

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  13. sybilline, pour moi, c'est une découverte, je ne la connaissais pas encore, je l'ai vue hier dans Les mots de la nuit,où elle n'était pas très à l'aise mais, finalement, elle s'en est assez bien sortie pour la présentation de son livre!

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  14. Non en fait je n'ai jamais rien lu d'elle mais je ne suis pas fan des histoires de people en général et je suis toujours très subjectivement sélective pour tout ce qui approche du témoignage/récit de vie.
    " Mon mari, son oeuvre" ne me tente pas d'autant que d'après les passages que j'ai pu découvrir à gauche et à droite, le style ne me plaît pas.

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  15. Un titre bizarre, mais je me laisserai bien tenté.

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  16. Cynthia, je comprends mieux maintenant ce qui te rebute!

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  17. Alex, le titre vient du nom de l'homme dont elle parle tout du long , Bernard wallet, l'éditeur.

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  18. Je ne sais pas si je le lirai tout de suite car les avis sont mitigés ... j'attendrai sa sortie en poche, je serai moins déçue s'il ne le plaît pas. ;)

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  19. merci pour les derniers mots du livre! je ne suis pas allée jusque là;)
    en tout cas je te félicite d'avoir su apprécier ce livre!

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  20. Leiloona, c'est en effet la meilleure solution!

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  21. esmeraldae, j'ai adouci ton appréciation :)

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