J’ai bien aimé le dernier récit de l’auteur sur ses deux fils et leurs courtes vies tragiques. Aimerai-je autant celui-ci qui évoque ses fiançailles avec la mère de ses deux enfants justement, avec laquelle il s’est fâché à propos de ce livre a succès : Où on va papa ?
C’est ce que je me demande avant d’en commencer la lecture.
Poète et paysan , tel s’est voulu le narrateur le temps de ses fiançailles avec l’une des trois filles d’un fermier du Pas-de-Calais dans les années 70, quand l’idée d’un retour idyllique à la campagne devenait à la mode.
Il préparait l’entrée à l’Institut des hautes études cinématographiques quand il est tombé amoureux. Il s’est donc tout naturellement retrouvé à travailler dans une grande exploitation d’une ferme du Nord, de deux cents hectares, les quatre enfants du fermier, eux, tous étudiants à Paris, ne voulant pas devenir paysans comme leurs ancêtres.
Naïf, je pensais que désormais, j’allais être heureux pour toujours.
Avant d’avoir repris mes esprits, j’avais décidé de reprendre la ferme de son père.
Quand on est amoureux, on devient un peu fou, et comme je l’étais déjà un peu avant, j’étais capable de tout.
Son père aurait été poissonnier, je reprenais la poissonnerie.
Il cherche à s’adapter : le tracteur, avec la radio sans cesse écoutée, les vaches et la chère génisse si placide, l’odeur aussi, nauséabonde, celle du purin qui le suit partout…
Et puis un jour, la jolie fiancée veut rester à Paris… Plaqué et vexé, il retoune chez sa mère et ainsi de suite… une histoire de couple devenue somme toute banale …jusqu’à la naissance des enfants.
Quand on revient de la campagne, on est bronzé et en forme. Moi je suis pâle comme une endive, maigre comme un haricot vert et sec à l’intérieur. J’ai perdu mon enthousiasme et ma fiancée. Mon curriculum vitae est toujours vide. Je rentre me faire consoler chez maman.
Ce qui compte pour moi et qui me séduit chaque fois chez cet auteur, c’est la façon de raconter avec lucidité et dérision son histoire, par petites phrases courtes, qui n’ont l’air de rien, mais qui, lancées comme des flèches bien acérées, frappent à tous les coups.
C’est un style du genre efficace et drôle! Voici comment, dès le début il résume son histoire .
Depuis que je suis à la ferme, j’ai l’impression de parcourir ma vieille grammaire Petitmangin. Dans le chapitre de la première déclinaison, je retrouve toute la famille, agricola le fermier, filia la fille, puellæ les jeunes filles, et rosæ les roses. Il y en a beaucoup dans le jardin.
Si tout va bien, je vais bientôt devenir dominus le maître, et j’épouserai filia agricolæ, la fille du fermier. Mais est-ce qu’on va arriver à s’entendre ? Est-ce que filia va s’entendre avec dominus, Filia appartient à la première déclinaison. Nous n’avons pas le même génitif. Le sien est en æ, le mien en i. Est-ce que ça ne risque pas de poser des problèmes ?
Au début j’ai conjugué le verbe aimer, amare, au présent et à la première personne. Amo puellam agricolæ, j’aime la jeune fille du fermier.
Puis à la forme passive : amor puella agricolæ, je suis aimé par la jeune fille du fermier, à l’indicatif qui indique qu’on est au présent.
Puis, rapidement, je me suis posé des questions.
Peut-être qu’un jour, je vais devoir me contenter du passé, amatus sum, j’ai été aimé?
Poète et paysan de Jean-Louis Fournier
(Stock, mai 2010, 155p)
Vu les avis peu enthousiastes, j'avais fait l'impasse sur ce livre... on dirait que c'est une erreur !
RépondreSupprimerJe reste peu tentée, le sujet je crois... et les extraits ne me "parlent" pas beaucoup non plus, je crains de ne pas être sensible au style !
RépondreSupprimerComme Clara, j'avais moi aussi fait l'impasse ...
RépondreSupprimerTon excellent billet Mango me fait revenir sur ma décision ; je vais le lire ...
Ah l'amour peut vraiment faire faire n'importe quoi... une ferme quand même quand on veut bosser dans le cinéma, c'est rude !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les extraits que tu nous fais partager.
RépondreSupprimerTrop fan de Fournier, j'ai craqué et je l'ai acheté ! Ce livre me parle, car comme son précédent d'ailleurs, il aborde des thèmes qui me sont proches. Commencé hier, et comme toujours Fournier parvient à nous faire sourire de situations pourtant pathétiques : bref, j'ADORE !
RépondreSupprimerJe me laisserai sans doute tenter lors d'une prochaine visite chez le libraire... afin de ne pas être perdu dans les titres de la rentrée.
RépondreSupprimerJe fais partie des exceptions,je n'ai pas aimé "Où on va papa" je n'aime pas son humour je vais donc passer même si le sujet de celui ci est plus réjouissant
RépondreSupprimerfournier, pour moi c'est fini, surtout après "on va où papa"
RépondreSupprimerJ'adore Fournier mais là je n'ai pas accroché du tout ...
RépondreSupprimerclara, Bien sûr, il n'est pas aussi émouvant que le précédent mais il se lit bien et j'aime bien sa façon de se raconter!
RépondreSupprimerPickwick, pas la peine d'insister par conséquent, si tu n'aimes pas son style!
RépondreSupprimerY, je pense que tu pourrais l'aimer! Il ne m'appartient pas sinon je te l'aurais envoyé!
RépondreSupprimerYs, L'amour et l'époque! Le retour à la terre, si possible avec des brebis! :)
RépondreSupprimerYoshi, j'aime particulièrement le dernier avec la grammaire Petitmangin! Je l'ai encore avec le Gaffiot associé! :)
RépondreSupprimerCécile ah enfin une qui l'aime et qui le lit! Sans l'encenser,je ne le renie pas non plus!
RépondreSupprimerötli, la rentrée littéraire, il n'y a en effet plus que ça maintenant: des piles et des piles de livres tout frais! C'est comme les choux à la crème quand on en voit encore: attirants et désespérants à la fois!
RépondreSupprimerDominique, ce n'est pas un auteur pour toi: on en a tous des comme ça, qu'on n'arrive pas à aimer!
RépondreSupprimerniki, je sens bien que c'est définitif pour toi! Je n'insiste donc pas!
RépondreSupprimercathulu, déçue toi aussi! Difficile de faire plus fort que son précédent! Celui-ci est un ton au-dessous mais pas mal quand même je trouve!
RépondreSupprimerpas sur que je le lise, mais j'ai hautement apprécié le dernier extrait!(j'ai fait six ans de latin...)
RépondreSupprimerDe mon côté, je n'ai pas réussi à m'enthousiasmer par ce récit ... malgré le style de JL Fournier que j'apprécie énormément. Trop court peut-être?
RépondreSupprimerKeisha, et tu avais aussi Petitmangin? Je me vois encore à l'étude apprenant ces déclinaisons!
RépondreSupprimerKornaline, Trop court sans doute! J'ai été plus amusée qu'enthousiasmée,c'est vrai, mais c'est déjà ça!
RépondreSupprimerJ'ai "Où on va Papa?" dans ma PAL, je vais commencer par celui-ci donc et on verra ensuite pour celui-là !
RépondreSupprimerje ne suis pas tenté pour relire cet auteur je n'ai pas aimé "où on va papa".
RépondreSupprimerHathaway, si tu as son précédent chez toi, alors il ne faut pas hésiter!
RépondreSupprimeralinea "Où on va papa" a plu à beaucoup et pas du tout à d'autres blogueuses dont tu fais partie! J'ai l'impression qu'avec cet auteur c'est du tout ou rien. Pas de milieu!
RépondreSupprimerPour moi c'est rien ! je n'arrive pas à m'intéresser à lui, quelque chose me gêne, je ne sais pas exactement quoi.
RépondreSupprimerSi je le trouve en bibliothèque, j'essaierai ;-)
RépondreSupprimerJ'avoue que cet auteur ne m'attire pas du tout.
RépondreSupprimerAifelle, vous êtes assez nombreuses dans ce cas-là!
RépondreSupprimerStephie, c'est aussi en bibliothèque que je l'ai trouvé!
RépondreSupprimerManu, toi non plus!
RépondreSupprimerJ'étais tentée, puis les critiques m'ont découragée, mais ta critique semble plutôt positive, donc, je le replace dans ma LAL ?
RépondreSupprimerSi tu le trouves comme moi à la bibliothèque,je trouve que ça vaut la peine. Autre avantage : idéal pour lire lors d'un trajet car il se lit très vite!
RépondreSupprimerpas plus tentée que ça, en plus j'ai encore 2 livres de l'auteur qui attendent depuis un moment dans ma PAL !
RépondreSupprimerJL Fournier à une vie peu ordinaire et un humour or du commun pour nous la raconter. Je prends et recommande !
RépondreSupprimerGéraldine, effectivement!
RépondreSupprimerAnonyme,Il a toujours une vision particulière mais bien intéressante des choses!
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