Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
Vieille chanson du jeune temps, Contemplations, Paris, juin, 1831, Victor Hugo:(1802-1885)
La baigneuse de Camille Pissaro
Les participants aux dimanches poétiques sont ICI
J'aime beaucoup ce poème d'une grande musicalité !
RépondreSupprimerLa toile de Pissaro est magnifique. Et avec Victor, ce qui est bien c'est qu'il a tellement écrit, qu'il y a toujours des poèmes que l'on découvre, comme celui-ci.
RépondreSupprimertrès frais, j'aime bien ce texte et la peinture aussi,
RépondreSupprimerps le livre "allumer le chat" devrait arrivé tantôt
Passe un bon dimanche
Un peu de poésie et de fraicheur pour ce dimanche matin, Sacré Victor on n'en finit pas de la découvrir
RépondreSupprimerAh les problèmes de timing amoureux ! Très joli texte.
RépondreSupprimerC'est charmant et très rafraîchissant !
RépondreSupprimerOui, ce poème est plein de fraîcheur et le tableau aussi! L'analyse des sentiments amoureux, de la maladresse de l'adolescence est très fine!
RépondreSupprimerserait-ce une jolie façon de sire que l'amour est aveugle ?
RépondreSupprimerMagnifique !
RépondreSupprimerJ'adore Victor Hugo (que je déifie) et j'aime beaucoup ce poème. Merci pour ce beau dimanche poétique...
RépondreSupprimerC'est un de mes favoris de Victor :)
RépondreSupprimermaggie, un poème léger pour un jour ensoleillé!
RépondreSupprimerAifelle, quand je n'ai pas d'inspiration, au moins je suis sûre d'en trouver chez lui!
RépondreSupprimerPascale, merci, j'ai hâte de le lire!
RépondreSupprimerDominique, il a tout fait, tout vu, tout dit!
RépondreSupprimerArmande, Jamais en phase, ces amoureux!
RépondreSupprimerLou, sans prétention aussi!
RépondreSupprimerclaudialucia, lui-même était encore jeune alors et toujours amoureux sans doute!
RépondreSupprimerlystig, je crois bien, oui! :)
RépondreSupprimercelsmoon :)
RépondreSupprimerMalorie/Ellcrys, je l'aime beaucoup aussi!
RépondreSupprimerPraline, je viens de le découvrir pour ma part et je l'ai trouvé charmant!
RépondreSupprimerHugo est un grand poète ! Rien à ajouter si ce n'est que c'est très beau !
RépondreSupprimerMélopée, Poème de jeunesse,poème joyeux malgré le malentendu! Le souvenir reste heureux!
RépondreSupprimerLe génie de Victor Hugo... j'ai pour lui une admiration infinie, il excelle dans tous les registres ! J'adore ce poème-là, les amours adolescentes, un thème qui trouve toujours un vieil (ou jeune) écho en nous, non ?
RépondreSupprimerCagire, oui il est grand dans tous les domaines, du très profond au très léger comme ici!
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