mardi 31 août 2010

La liste des 10 livres d'amour à lire en vacances selon la libraire de Paola Calvetti

Avant de refermer définitivement le livre de Paola Calvetti, : L'amour est à la lettre A, je sauve cette liste que Emma, la super libraire , donne à ses clients pour partir en vacances

1. Edward M. Forster : Howards End
2. Dino Buzzati : Un amour
3. Emily Brontë : Les Hauts de Hurlevent
4. Charlotte Brontë : Jane Eyre
5. Marc Lévy : Et si c’était vrai (pas lu)
6. Nadia Fusini : L’amour vil (pas lu)
7. Jeanne Ray : Julie et Roméo (pas lu)
8. William Shakespeare : Roméo et Juliette
9. Louisa May Alcott : Les Quatre Filles du docteur March
10. Luis Sepulveda : Le vieux qui lisait des romans d’amour  (pas lu)

Rien à faire! Je succombe toujours à ce genre de listes!

L’amour est à la lettre A de Paola Calvetti,

A trop encenser, on risque de nuire. C’est un peu mon histoire avec ce livre  dont j’ai entendu beaucoup de louanges.
Inutile de maintenir le suspense. C’est une déception ! Je n’ai pas été enthousiasmée comme je m’y attendais en lisant le résumé et en connaissant surtout la passion dévorante de l’héroïne pour les livres. Elle  leur consacre sa vie en ouvrant une librairie idéale comme il serait si bon d’en voir fleurir partout : un petit monde convivial, tranquille et chaleureux où on prend son temps pour choisir et parler du contenu des livres exposés amoureusement. Quand en plus elle l’entoure d’un hôtel et d’un petit coin café  en adéquation avec les livres en promotion, ce n’est plus une librairie mais un petit coin de Paradis!


Seulement voilà, je n’ai pas aimé les personnages, je ne les ai pas sentis réels, je n’ai pas cru à leur histoire d’amour un peu trop à l’eau de rose.  Mais quelle est cette histoire ?

Emma, la cinquantaine, milanaise divorcée avec un adolescent à charge, a abandonné son premier métier de traductrice pour se consacrer à sa librairie spécialisée en  romans d’amour qu’elle gère avec son amie Alice. Un jour, quelqu’un a glissé un prénom et un numéro de T° dans un de ses livres. Elle reconnaît l’écriture de son premier amour de jeunesse : Federico. Elle l’appelle. Architecte, il vit à New York avec femme et enfants mais lui fixe un rendez-vous parisien. A partir de là ils vont s’écrire régulièrement et renouer avec leur histoire d’amour. Elle sera belle !


Dès lors, le lecteur navigue de  Belle-Île en Mer  à  New York, Paris, Milan … de façon toujours très informative  On apprend un tas de détails sur le passé et les activités artistiques et littéraires de ces endroits. On lit des listes de livres, on tombe à chaque page sur de nouveaux noms d’auteurs. On s’enrichit de connaissances inattendues…J’ai aimé certains passages sur mes auteurs préférés actuels, comme Nick Hornby  en particulier, mais c’est très rapide, on saute ensuite à  Tchékov  ou Proust ou…, je ne sais plus, tellement d’autres. Il faudrait tout noter et mon côté noteuse maniacorituelle frémissait d’impatience mais inutile : trop c’est trop ! C'est intéressant en soi mais  l'intrigue elle-même a tendance à se traîner en  cours de route!

Trop d’informations sur mon sujet préféré pourtant : les livres -  mais pas assez d’émotions ! Je n’ai pas vibré à leur histoire , pas un seul moment et ça pour moi, c’est vraiment dommage !
J’aurais dû aimer, j’ai été assommée !

Seules concessions à cette manie de la prise de notes :

Federico : Toi et la Morgan, vous êtes tout mon univers.


« Je ne lui écris jamais les choses qui me préoccupent. Quand on se retrouve, on expédie vite fait le dossier questions douloureuses et on ferme la porte. On préfère être heureux ».


Emma à Alice :
« Dans un roman, tu serais le narrateur en désaccord avec le personnage. L’auteur qui désapprouve en quelque sorte ».


Alice :
- Ne te cache pas derrière les livres, pas avec moi. C’est simplement que je ne comprends pas l’intérêt de ne se voir qu’une fois par an,   de ne jamais se téléphoner…Il y a de la mise en scène là-dedans. Federico et toi vous me faites penser à cette comédie… Comment ça s’appelait ?...
- « Même heure l’année prochaine » de Bernard Slade.  Ton cher Degas aussi se révoltait contre le téléphone. Il trouvait que c’était un instrument vulgaire  qui permettait à n’importe qui de «  le sonner comme un domestique ».A propos des peintres, tu connais un certain Clairin ?
- - Un portraitiste de la fin du XIXe siècle. Elève de Delacroix et adversaire d’Ingres, un peintre figuratif moins vaniteux que Boldini.
- C’est lui qui a fait découvrir Belle-Île à Sarah Bernhardt.


Cette lecture, je l'ai faite en même temps que  George Sand, Cynthia, Enitram,  Loulou,  Aproposdelivres Miss Alfie


Serai-je la seule à avoir été déçue malgré tout ce qui était fait pour me plaire? 
En ont parlé aussi : Brize, Hathaway, Cryssilda, Cuné, Karine :), Doriane, Solenn, Canel, Restling, Aifelle, Lael, Lewerentz, Cynthia et + sans doute...


L’amour est à la lettre A  de Paola Calvetti
(10/18, 2009, 471 p)
Titre original : Noi due come un romanzo,
 Traduit de l’italien par Françoise Brun

lundi 30 août 2010

L’épouvantail de Michael Connelly.

L’épouvantail  est  un bon  thriller à l’américaine ,  agréable à lire, bien structuré avec des chapitres courts et bien rythmés, sans aucune longueur, sans lourdeur. Tout va vite tant l’intrigue est habilement menée ! On y retrouve tout ce qu’on aime quand on est amateur du genre,  comme moi,  entre deux livres plus sérieux . Ceci dit, j’ai un peu l’impression de relire un récit déjà connu et un peu oublié ! J’ai ressenti tout du long  une vague impression de répétitions, de redites, de manque d’originalité  comme un mélange de plein de choses que j’aime, voilà tout. Ce qui  a quand même un peu gâché mon plaisir !
Le journaliste Jack McEvoy apprend qu’il est licencié du Los Angelès Times  où il travaillait depuis longtemps. Avant de partir,  il doit former Angela Cook, sa jeune remplaçante très ambitieuse qui n’hésite pas à lui piquer ses meilleures idées. Le journalisme est en crise et la concurrence fait rage. Ils vont se heurter très vite à la perversité  de  «l’épouvantail», un  redoutable pro du net et un killer sans pitié comme il se doit. Angela en sera une de ses victimes et  Jack McEvoy appellera à l’aide son amour de toujours, Rachel Walling, un agent du F.B.I, excellente pour comprendre la mentalité de tels meurtriers désaxés. 
Le  cœur de l’intrigue ?  Le contrôle des ordinateurs des uns et des autres et même du système de la sécurité de la ville et de la police. On n’est pas loin d’une certaine trilogie suédoise célèbre !  Courses, poursuites, espionnages, errances de bar en bar, amour, méfiance, trahisons et autres surprises habituelles… tout y est… rien ne manque ! 
Ni extra, ni nul! Correct!
L’épouvantailMichael Connelly. Ed. Seuil, 495 p., mai 2010  Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin

dimanche 29 août 2010

O délice de Yorlane



O Délice !

Tendre encore une fois ma main et puis t'étreindre
Dans ton écrin de lin d'océan et d'azur
T'entendre murmurer des secrets et te plaindre
De cette écume alliée argentée et si pure.
Te voir mourir le soir au soleil miroitant
Couleur de rose espoir, sommeil au firmament
Te fondre au fond du lys dans l'absolue tiédeur
D'un abîme ô délice aux senteurs d'équateur !

yorlane



Photographies de Sebastião Salgado
Participation aux dimanches poétiques  Ici

samedi 28 août 2010

Titus d’enfer de Mervyn Peake

C’est dans le cadre d’une lecture commune avec
A_girl_from_earthque j’ai lu ce premier tome de la trilogie de Gormenghast et je m’en félicite car, seule, sans cet engagement qui me fixait une date, je n’aurais pas été jusqu'au bout de ma lecture  et  j’aurais eu tort. Je me serais  arrêtée après les premiers chapitres,  incapable  de me situer dans cet immense château, à travers cette impressionnante cuisine infernale avec ces personnages si caricaturaux que je ne cessais de confondre.

Quelques mois après,  je viens de me plonger à nouveau dans ce récit très spécial et je l’ai dévoré d’un trait, sans plus m’arrêter.  Désormais lire la suite devient une priorité . J’ai besoin de  connaître le sort du bébé d’Enfer, Titus, de  Fuchsia, sa sœur, de Finelame au cœur de pierre,  de la Comtesse et de tous les autres personnages, bons ou mauvais, tous très étranges!

"Gormenghast, du moins la masse centrale de la pierre d'origine, aurait eu dans l'ensemble une architecture assez majestueuse, si les murs extérieurs n'avaient été cernés par une lèpre de demeures minables. Ces masures grimpaient le long de la pente, empiétant l'une sur l'autre jusqu'aux remparts du château, où les plus secrètes s'incrustaient dans les épaisses murailles comme des arapèdes sur un rocher."

Résumé de l’éditeur : Au château de Gormenghast règne une famille farfelue : les d'Enfer. Lord Tombal lit toute la journée. Son épouse Gertrude ne vit que pour ses chats et ses oiseaux. Leur fille Fuchsia est d'une nature sauvage et rêveuse. Autour d'eux s'agite une société hétéroclite dont le quotidien est figé dans l'exécution de rites ancestraux. La naissance d'un fils, Titus, va rompre la monotonie du château.

Mervyn Laurence Peake (Kuling, Chine, 9 juillet 1911 - 17 novembre 1968) est un illustrateur, poète et écrivain Anglais. Ami de Dylan Thomas et Graham Greene, il est surtout connu pour sa trilogie de Gormenghast, qui l'a fait comparer à Charles Dickens et J. R. R. Tolkien. Son influence est importante sur la fantasy anglo-saxonne. (Wikipedia)
Autres lectures: Emilie, Lilly, Isil , TitineSentinelle, Ingannmic, et sûrement bien d'autres!


Edit du 30/8/2010,  J'allais oublier que ce titre fait partie de mon choix pour le challenge de Theoma 
C'était un coup de cœur de Lolo! C'est ma deuxième participation!




 Titus d’enfer de Mervyn Peake  La trilogie de Gormenghast (Points, 592 p)  Titre origonal : Titus Groan, 1959  Traduit de l’anglais par Patrick Reumaux

vendredi 27 août 2010

Re Nothomb

Le seul livre de la rentrée que j'ai eu le temps et l'occasion de lire pour l'instant  est celui d'Amélie Nothomb: "Une forme de vie",  ici

Je viens de lire son interview ce matin dans l'express et me suis régalée!
Edit du 28:  Encore mieux, chez Margotte on peut l'écouter!

Amélie, je l'aime avec ses outrances et sa constance aussi!
 Elle vaut pour moi toutes les Miss France et les Miss Univers si formatées qu'on les distingue à peine l'une de l'autre  et les chanteuses à succès à la mode de l'année et les stars de cinéma américaines et toutes ces jolies filles qu'on voit à longueur de pages dans les magazines people, dans les pubs de télé, dans les couloirs du métro  ou sur les murs des grandes villes. 

Au moins, elle ne ressemble à personne et elle assume ses excentricités avec panache,  la preuve ses chapeaux! Ridicules? Mais non, seulement son signe de ralliement! 


Elle m'amuse et m'intéresse toujours quand elle passe à la télé mais on ne l'y voit pas très souvent: car qui s'intéresse encore aux créateurs dans ce monde de commerçants capables de vendre tout et  n'importe quoi?
J'aimerais vivre dans un monde qui glorifie les écrivains, les peintres, les compositeurs, tous les artistes  plutôt que les financiers musclés  et les tailles mannequins standardisées uniquement! 

Question: Faut-il aussi être jeunes  et belles pour devenir une femme auteur célèbre? 

Moi je dis: vive Amélie et ses chapeaux!  Vive les femmes écrivains de toutes sortes, jeunes ou vieilles, belles ou moches, petites ou grandes, minces ou grosses,  pourvu que leurs livres me touchent! Vive la Belgique!



Et pour finir Amélie au Musée Grévin.

jeudi 26 août 2010

Le jeudi, citation, Des mots de photographes

Des photographes ont dit:
"Il n'est rien chez moi qui ne passe d'abord par le corps." Jacques-Henri Lartigue               
"Je sais bien que beaucoup, beaucoup de choses me demanderont de les photographier."  Richard Avedon.
"Créer..., c'est nouer entre les personnes et les choses qui existent et telles qu'elles existent, des rapports nouveaux." Robert Bresson
Participation : aux citations de Chiffonnette 

Mon photographe préféré: Jacques-Henri Lartigue


C'est grâce à un petit album de  photographies de Jacques-Henri Lartigue  (1894-1986)  que j'ai connu ce photographe qui reste depuis mon préféré
Je m'étais alors plongée dans la lecture de Proust  dont.je lisais  un volume  chaque été et ces instantanés évoquaient bien cette époque du début du XXe siècle.
Ce sont des photos prises par un jeune enfant ou un adolescent qui faisaient partie de l' album de sa  famille et que le photographe n'a montré que vers la fin de sa vie, en 1962, pour une exposition au Musée d'Art Moderne de New York
C'est en 1901, à sept ans que son père lui offre son premier appareil photographique
A vingt ans, il avait pris déjà environ 20000 photographies et il a continué jusqu"à sa mort , à 92 ans!
Ce qui fait son charme c'est son émerveillement constant devant le quotidien.
On le voit ici dans un entretien avec un journaliste  http://archives.tsr.ch/player/personnalite-lartigue

J'aime particulièrement ces trois silhouettes de  femmes  aux courses des Drags, à Auteuil, en 1910.
Et celle-ci prise Avenue des Acacias, en 1911


Ici, c'est le patinage sur le lac du Bois de Boulogne en décembre 1906


Une autre prise à Biarritz, en 1927


Enfin, la plus ancienne où on le voit avec son premier appareil



Jacques Henri Lartigue
(Delpire-Nouvel observateur, deuxième ouvrage de la collection « Aperture-Delpire », septembre 1976)
Photographie de J-H Lartigue par Jean-Loup Sieff


mercredi 25 août 2010

La désagrégation du papillon de Yoko Ogawa,

Un jour la narratrice, la petite fille de Sae, la grand-mère qui l'a élevée, doit confier celle-ci, désormais sénile et dépendante, au "Nouveau Monde", une maison de retraite spécialisée. Jusqu'ici c'est elle qui s'en occupait et elle souffre intensément de cette séparation obligée. 
Malgré l'aide  de Mikoto,  son  rassurant ami  dont elle est enceinte, elle vit très mal cette situation tout au long des jours suivants dans la maison devenue vide.
Huit jours après, elle retourne au "Nouveau Monde" où sa grand-mère ne cesse de dormir, inconsciente de tout. Elle y  déjeune avec le directeur. Avant de rentrer chez elle, elle achète un spécimen de papillon, comme celui qu'avait la jeune femme sur la photo marque-page de son ami. Est-elle jalouse? Elle ne le manifeste pas autrement que par les dernières notations à son retour dans sa maison devenue trop grande 
J'ai ouvert mon sac avec mes doigts gourds, pour en sortir le papillon...Ah, c'était bien lui. Aucun doute, je l'avais pris dans la main de cette femme. Soyeux comme de la mousseline, les cils transparents, le pollen humide. ...Je l'ai approché de mon oreille... J'entends. J'entends le bruit. Le bruit discret de la respiration de mon bébé entre les replis. Ce bruit qui petit à petit, chaque jour, inexorablement, se précise. Jusqu'où la température de ton corps va-t-elle augmenter? Jusqu'où vas-tu ouvrir mon intérieur? Alors que ce n'est même pas mon véritable moi. ...La fille de la photographie se retourne. Ses cheveux ondulent. La colère monte comme des contractions. Je referme brusquement la main. En un instant le papillon  se transforme en poussière. Il reste une douleur lancinante. Les fragments tombés de ma main s'éparpillent sur le calendrier.  
L'essentiel du récit me semble rassemblé dans ce passage: l'interrogation sur l'identité des êtres vivants, le passage obligé de la vie à la mort, les périodes de transition, naissance et mort, croissance et disparition progressive  de la conscience,  de la mémoire, des gestes du corps, transformation, écoulement, métamorphose, le temps qui passe, qui détruit et se  renouvelle aussi.
Un beau récit sur les questions essentielles. Qui sommes-nous qui nous sentons  vivants? Qu'est-ce que la réalité? La normalité? La folie? 
Entre  cet extrait de vivant qui palpite au plus profond d'elle-même et cette vieille femme si aimée qui s'en va, elle se sent perdue:
Ne pas être fixés sur notre sort nous désoriente parfois complètement, comme si nous tombions dans un trou d'air.
J'ai aimé. De plus en plus de récits apparaissent en ce moment  sur la question de la personne dépendante placée en maison spécialisée. Dure réalité! 
 C'était ma participation à la lecture commune de   Pimprenelle et au Challenge de Choco

La désagrégation du papillon de Yoko Ogawa, , Œuvres, tome 1,
 (Thésaurus, Actes Sud, 2006, 906 p)



La désagrégation du papillon, premier texte, de la page 11 à la page 44. Traduit du japonais par Rose-Marie Makino. publication au Japon en 1989.  Photographie de couverture: "La Mariée thé vert" (détail), autoportrait 2006 par Kimiko Yoshida.

Comme tout le monde , la BD du mercredi, (de Spiessert, Lapière & Renders,)

Dans un Paris pluvieux, Claire, comédienne,  court après un travail  stable mais rien ne va jamais comme elle veut. De casting en emploi précaire dans la publicité,  elle tente tout désespérément lorsqu’elle finit par plaire à un directeur de programme télé qui l’embauche pour s’occuper du candidat miracle de son jeu :  "Comme tout le monde".  Jalil trouve toujours la bonne solution dans les épreuves proposées. Il est la voix de la majorité. Il tombe toujours juste sans efforts. C’est le candidat rêvé pour les publicitaires. et les sondeurs d’opinion.
En réalité Claire est là pour le tester sans qu’il s’en aperçoive,  tout en lui faisant croire qu’elle est son amie. 
Jalil est au comble du succès et du bonheur car il est tombé amoureux de Claire qui a de plus en plus de mal à garder son secret.  Elle a eu le tort de mettre ses amies dans la confidence et celles-ci en profitent pour lui jouer des tours. Finalement, prise de scrupules,  elle avoue  la supercherie à Jamil qui, au lieu de se laisser abattre,  réagit positivement en se mettant à son compte. La suite est aussi réussie que ce début d’histoire. Les quatre dernières pages de l’album sont consacrées au film à l’origine de la BD dont  le scénario a été écrit par Renders et Lapière. Les acteurs en sont Chantal Lauby, et Thierry Lhermitte. Cependant les auteurs prennent soin d’avertir : « Non, ce n’est pas la BD du film. Pas plus que ce n’est le film de la BD »
Pour s’en tenir à la BD, je l’ai beaucoup aimée pour la simplicité des dessins si narratifs en eux-mêmes sans détails superflus et  avec un minimum de couleurs. Pas de cases inutiles ici ou m’as-tu-vu , juste des dessins au service de l’histoire. C’est reposant et satisfaisant! 
Comme tout le monde de Rudy Spiessert, Denis Lapière & Pierre-Paul Renders,  Mathilda
(Dupuis, novembre 2007, 140 p)

Participants aux BD du mercredi: 

mardi 24 août 2010

Une forme de vie d’Amélie Nothomb, Albin Michel

Pas question de manquer le rendez-vous annuel avec Amélie Nothomb, comme plus tard ceux avec Houellebecq et Beigbeder ! Même pas honte ! Je ne boude plus jamais mes plaisirs si décriés soient-ils ! J’ai connu  de trop près le carcan des lectures contrôlées par les chères religieuses qui, comme d’habitude,  parlaient sans savoir et interdisaient plus vite que leur ombre !
Et Nothomb, cette année, c’est jubilatoire.
Un roman épistolaire.  Décidément ils sont à la mode en ce moment. Je pense bien sûr à « Quand souffle le vent du nord » de Daniel Glattauer dont j’attends la suite avec impatience.
« Ce matin-là, je reçus une lettre d’un genre nouveau.  
Chère Amélie Nothomb,
Je suis soldat de 2e classe dans l’armée américaine, mon nom est Melvin Mapple…Je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre »
Un début qui démarre au quart de tour.
On apprendra ensuite, au fil des lettres,
1 que ce Melvin est obèse comme de plus en plus de soldats américains qui se bourrent de hamburgers alors qu’ils sont  entrés dans l’armée parce qu’ils crevaient de faim,
2 qu’il a lu tous les livres de sa romancière  belge préférée. «Cela me donna l’impression d’être un écrivain universel.»
3 qu’avant ses 30 ans il voulait devenir le nouveau Kerouac «mais j’ai eu beau parcourir les routes sous benzédrine, je n’ai pas écrit une ligne valable.»
4  qu’il s’est rempli d’alcool pour devenir le nouveau Bukowski, « et là, j’ai touché le fond
5  qu’il a tenté la peinture : «catastrophe. Le dripping, ce n’est pas aussi facile qu’on croit
6  qu’il a voulu faire l’acteur,  "ça n’a rien donné non plus."
7 qu’il a vécu dans la rue.
8 et qu’enfin il s’est enrôlé en 1999, croyant ne jamais partir en guerre . «Comme quoi, je n’ai pas de sens politique »
Et le reste va suivre, délirant, amusant, surprenant, avec de belles réflexions sur la guerre, l’art, le corps, la recherche de soi et du sens de la vie, bref les questions existentielles de tout un chacun mais à la façon si fantaisiste de la romancière dont le style et  la personnalité m'enchantent! 
Cette année plus que jamais j'aime son nouveau roman.
Cuné en a parlé aussi, 
Une forme de vie d’Amélie Nothomb, Albin Michel, couverture de Sarah Moon



lundi 23 août 2010

Le petit prince cannibale de Françoise Lefèvre

La narratrice, une mère de quatre enfants, romancière à succès,  essaie d’écrire un roman sur Blanche, une cantatrice qui doit s’écarter peu à peu du monde  pour combattre un cancer de la peau qui la dévore.
Ces deux femmes ont en commun l’amour et le besoin d’une affirmation personnelle  par la création artistique et la nécessité de s’oublier pour se consacrer à une autre cause plus vitale.
Pour la mère, il s’agit de sauver son enfant autiste du gouffre où il sombre. Elle se donne entièrement à cette tâche,  ne laissant personne lui dicter une autre loi que la sienne. Elle a décidé de plonger, elle aussi,  le plus près possible du monde de son petit garçon qui ne sait ni parler, ni mâcher ses aliments,  qui pique des colères terribles à tout moment et qui hurle désespérément n’importe où, avec n’importe qui.
«Tu n’es sensible à aucun baiser, à aucune parole. En quelques secondes tout bascule vers l’horreur.  Durant ces quatre années, il en sera ainsi. Comme après un cyclone, il me faudra sans trêve reconstruire… M’occuper de toi m’a modifiée profondément. J’ai l’impression d’avoir été incarcérée.»
A force d’amour cependant  et de don de soi,  elle fera des miracles et à six ans Jean Sylvestre parlera et se socialisera peu à peu.
C’est un très beau livre,  témoignage d’un combat violent et douloureux au cœur d’une famille qui se resserre autour de la mère et de l’enfant. C’est un hymne à l’amour maternel qui se veut plus fort que tout.
"Je ne parlerai ici que de notre relation à tous les deux... Je n'exclus personne. Mais le jour où j'ai compris que tu étais enfermé dans cette folie muette qu'est l'autisme, j'ai aussi compris que ce serait à moi de t'en tirer."
Sylire  aussi l’a beaucoup aimé ainsi que  Clara 
Le petit prince cannibale de Françoise Lefèvre
(Actes Sud, 1990, Babel, 159 p)
Illustration de couverture : Mary Cassatt,  Mother’s Kiss (détail), 1891,
The National gallery of Art, Washington.

dimanche 22 août 2010

Facehunter de Yvan Rodic ou la mode de la rue




Livre de photos de la mode des rues 2010.
Théâtre: les métropoles du monde entier!
Yvan Rodic est un photographe blogueur de mode "qui parcourt la planète  pour dénicher sur le vif les looks les plus inattendus, inventifs, avant-gardistes  délirants, glamour."
Une photo par page
Très peu de textes.
Le tout très intéressant!


"Chacun de nous est en train de devenir son propre micro-Etat, son propre directeur artistique et, enfin, véritablement soi-même. Les modes sont mortes! L'exhortation de Nietzsche "Deviens qui tu es " est à présent une réalité.'"


"Je cherche tout sauf le cirque. les gens qui portent des costumes de clowns comme dans FRUITS, ce n'est pas mon truc."
"Je n'ai jamais compris pourquoi les rédac-chefs mode des magazines dépensaient autant de temps et d'argent à faire traverser la moitié du globe à de fades mannequins professionnels pour une séance photo. Leur vie serait bien moins compliquée s'ils travaillaient comme moi: partir dans une grande ville, trouver une beauté naturelle et élégante qui habite au coin de la rue, l'amener dans une aire de jeux pour qu'elle s'amuse sur les toboggans, donner des bonbons aux enfants pour qu'ils déguerpissent, appuyer sur le bouton. Cinq minutes plus tard, c'est fait et vous pouvez aller vous détendre en terrasse."


Facehunter de Yvan Rodic 
(Thames & Hudson)), 2010, 320p.  326 illustrations en couleurs))
Traduit de l'anglais par Gladys Marivat











Les ingénus de Paul Verlaine


Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes..


Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.


Le soir tombait, un soir équivoque d'automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.


Les ingénus de Paul Verlaine (Les fêtes galantes.VII)
Tableaux de Watteau ,Les deux danseurs, Collection des musées de Weimar, 
Dimanche poétique de Bookworm

samedi 21 août 2010

Monstrueux de Natsuo Kirino

A Tokyo, le destin de trois jeunes filles est brisé par le meurtre de deux d’entre elles, deux amies de bonne famille , ayant fréquenté un lycée des plus réputés, Yuriko et Kazue,  devenues prostituées.. Le retentissement de cet évènement sur la sœur aînée de Yuriko, l’une des narratrices, est naturellement énorme. Elles sont filles d’un Suisse et d’une Japonaise. L’aînée se sent mal aimée et jalouse  de la très grande beauté de sa cadette, c’était aussi l’amie de Kazue. Tout les prédestinait à un bel avenir mais c’était sans compter sur le monstre caché en chacun.  Sous des apparences charmantes, belles et paisibles  grouille un monde de sentiments et d’émotions des plus horribles.
Monstrueuse se révèle la grande beauté de Yuriko vue  par sa sœur qui se sent négligée et délaissée. Monstrueuses, les multiples persécutions supportées  par cette  trop belle jeune fille métissée  aussi bien dans sa famille que dans son lycée. Son journal intime nous la montre très différente de ce qu’on  en savait jusque là : elle se voit en Lolita, en nymphomane sans jamais  se considérer victime  des adultes, son oncle et son professeur d’anglais, qui devaient la protéger lors de sa minorité.
Monstrueux, les crimes pour vol avec effraction  et monstrueuse l’exploitation des travailleurs émigrés au Japon etc.
Les monstres sont partout, sous des apparences trompeuses,  dans ce Japon moderne, mais tout est  décrit le plus simplement possible par l’auteur dont j’admire la faculté à nous harponner dès les premières lignes sans plus nous lâcher ensuite. J’ai dévoré ce récit dur, très dur mais moins à la façon des thrillers habituels  que des grands romans psychologiques qui fouillent l’âme humaine plutôt que les cadavres.
Nul doute que je vais lire aussi les autres livres de Natsuo Kirino, déjà traduits : Disparitions, Out, Le vrai monde

Ce livre est divisé en huit grandes parties avec un titre chacune. Pourquoi donc cette désagréable habitude de ne pas les indiquer à la fin du volume? Non, il faut que le lecteur les découvre au fur et à mesure et moi ça me gêne, alors voilà,  je les indique ici,  pour une prochaine lecture éventuellement! 
Si l’auteur a jugé bon de répartir ainsi son histoire autant que ce soit clairement indiqué!
  1. 1 La faune de mes enfants fantômes
  2. 2  Un bosquet de Gymnospermes
  3. 3  Une putain-née, Journal de Yuriko
  4. 4  Un monde sans amour
  5. 5  Mes crimes : Déclaration écrite de Zhang
  6. 6  Décadence et putréfaction
  7. 7  Jizô, mon amour, Journal de Kazue
  8. 8 Murmures de la cascade dans le lointain: dernier chapitre.

"Chaque fois que je croise un homme, je me prends à imaginer l'aspect qu'aurait notre enfant si l'idée nous venait d'en faire un ensemble. C'est pratiquement devenu une seconde nature... Je commence toujours par imaginer le meilleur des scénarios possibles, mais bientôt des visions d'horreur surgissent à l'exact opposé du spectre." 

Monstrueux de Natsuo Kirino
(Seuil, Thrillers, 2008, 615 p), Titre japonais: Gurotesku, traduit depuis l’édition anglaise  parue sous le titre de Grotesque , chez Harvill Sexker, Londres,2007  par Rebecca Copeland et pour la traduction française ? Editions du Seuil, janvier 2008 !  Bizarre cette absence de nom pour la traduction japonaise ! Un peu léger comme procédé !
Ce livre est ma seconde participation au Challenge Japon de Choco