De Christine Angot, je ne connais que les ragots people qui traînent dans les journaux et auxquels il est difficile d'échapper! Je l'ai souvent vue dans les émissions littéraires pour présenter ses livres mais aussi, en tant que critique à la dent dure, dans une émission de Guillaume Durand.
Je l'ai entendu lire un de ses livres: ça n'avait pas duré longtemps. Sa diction m'avait agacée.
Je n'ai pas voulu lire ses livres l'ayant toujours trouvée trop froide, trop rigide, trop sûre de son talent, un rien méprisante et sarcastique.
De sa vie je sais ce que tout le monde peut trouver ici et là, que c'est son livre sur l'inceste qui l'a lancée, qu'elle n'hésite pas à écrire sur ses expériences de vie, du moins c'est ce qu'il semble mais elle s'en défend: le roman n'est pas un témoignage mais une performance, une aventure.
Elle vient de recevoir le Prix Sade pour "Une semaine de vacances". Son éditeur aurait préféré un prix plus prestigieux.
J'ai pris ce livre sur le présentoir des nouveautés et j'ai bien failli l'arrêter dès les premières pages tant la scène dans les toilettes est pénible dans sa crudité, la précision des actes, l'énumération des gestes, comme une séance de gymnastique, n'était le dégoût que m'inspirait la situation. J'ai compris que je le finirais cependant, avant même la page 43 - celle où sont finalement (peut-être) révélés les liens entre les deux personnes - tellement le désir de bien faire de l'une a fini par m'alerter et par me faire penser à l'inceste déjà évoqué ailleurs.
Dès lors ma lecture n'a plus été la même. Certes les scènes pornographiques continuent et je n'aime pas leurs successions mécaniques et obsessionnelles mais je reconnais que le sujet est là, dans la violence extrême imposée par le père, professeur d'université, à cette très jeune fille, dans la solitude et l'absence de sentiments qu'il lui renvoie. A lui tous les droits, même celui de lui confesser ses pires péchés. A elle, le silence et l'obéissance puis le rejet et l'abandon. Là est l'horreur: elle n'est qu'un objet sexuel. Il reste l'homme qu'elle admire, à qui elle voudrait pouvoir parler vraiment.
A la fin, lassé de cette naïveté sentimentale, il écourte la semaine de vacances et la dépose, solitaire, sur un quai de gare.
"Elle a faim, elle n'a pas d'argent. Heureusement qu'à ses pieds elle a son sac de voyage, qui est la seule chose familière de toute la gare. Elle le regarde et elle lui parle."
Fin du récit.
Dur. Très dur. Style froid, clinique. Juste les gestes, les faits qui s'enchaînent. Pas de commentaires ni de réflexions morales. Inutile. La dénonciation est totale. L'indignité de l'homme est absolue. C'est un criminel et il est en liberté!
(Au secours!)
Une semaine de vacances de Christine Angot, (Flammarion, septembre 2012, 137 pages)
Déclaration de Christine Angot ICI: "Ce qu’il se passe, c’est que le père se refuse à la fille comme père, il refuse de lui transmettre son héritage social, économique ou culturel; le plus simple, pour ne pas être son père, est d’être son amant.”
Rentrée littéraire de Hérisson 08