samedi 30 novembre 2013

La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance... Nerval

Delfica
La connais-tu, *Dafné, cette ancienne romance, 
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs, 
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants, 
Cette chanson d'amour qui toujours recommence?... 


Reconnais-tu le Temple au péristyle immense, 
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents, 
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents, 
Où du dragon vaincu dort l'antique semence? 


Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours! 
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours; 
La terre a tressailli d'un souffle prophétique... 
Cependant la sibylle au visage latin 
Est endormie encor sous l'arc de Constantin 
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.

Gérard de Nerval 
(1808/1855)

Mythe de la nymphe  Daphné:
 Eros, qui s'exerçait à tirer à l'arc, subit les railleries du dieu Apollon. Mis en colère par les sarcasmes du dieu, Eros envoie deux flèches: l'une, d'or, atteint Apollon et l'enflamme d'amour pour Daphné, fille du dieu-fleuve Pénée, en Thessalie. L'autre, de plomb, dégoûte Daphné de l'amour. La nymphe s'enfuit à travers les forêts et la montagne, poursuivie par Apollon. Au moment où elle va être atteinte, elle supplie son père de l'aider à échapper au dieu. Entendant sa prière, Pénée la métamorphose en laurier.  (Wikipedia)

Tableau de Nicolas Poussin

mardi 26 novembre 2013

La Tour des Miracles de Georges Brassens, Étienne Davodeau et David Prudhomme, ma BD du mercredi

En 1950, avant de devenir célèbre avec ses chansons, Georges Brassens avait écrit un roman: «La Tour des Miracles». Très vite, il s’en est désintéressé: «C’est farci de fautes de goûts et même de fautes tout court.»
Presque cinquante ans plus tard, en 2003,  paraît une adaptation BD de ce récit burlesque,  onirique et rabelaisien, avec aux commandes Davodeau et Prudhomme (dont j’ai tellement apprécié Rebetiko).
Je ne raconterai pas l’histoire totalement délirante, c’est impossible. On y retrouve les thèmes favoris de Brassens: l’amitié, la mort, les enterrements, les chats, l’obscénité, le rire gras, les jeux de mots, la bohème, la fantaisie débridée et le plaisir de choquer le bon goût. C’est loufoque, surréaliste, souvent sans queue ni tête mais toujours avec une fantaisie débridée et une bonne humeur aux antipodes du raffinement. 

Les personnages à la Dubout ont tous quelque chose de monstrueux, de figures de cirque qui s’exhibent. Ils sont difformes, excessifs, abominables au physique comme au moral.

Ce genre de récit, je n’en raffole pas  et je décroche par moments et pourtant j’ai aimé cet album,  grâce aux dessins, aux couleurs, aux trouvailles pleines de fantaisie des dessinateurs. Je n’ai pas toujours  lu toutes les vignettes, souvent trop longues, mais je n’ai manqué aucune planche, prenant du plaisir en découvrant les  nombreux détails qui en font toute la saveur. Que ça ne puisse pas plaire à beaucoup de lecteurs, je le conçois très bien cependant : c’est si énorme et invraisemblable, si osé aussi mais des cinq autres albums ( et non des moindres) que j’ai lus cette semaine, c’est celui-ci que j’ai préféré.


Autres titres lus et non commentés: 
Crevaisons de Manu Larcenet et Daniel Casanave ( Une histoire rocambolesque du Soldat inconnu)
Destins, Le piège africain, 3, Frank Giroud, Pierre Christin, Yves Le Cossois, Luc Brahy
Un homme est mort, Kris et Étienne Davodeau (une révolte à Brest, en 1950) 
Les superhéros injustement méconnus de Larcenet
L’homme truqué de Serge Lehman et Gess

La Tour des Miracles de Georges Brassens, Étienne Davodeau  et David Prudhomme

topbd_2013, chez Yaneck:


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Bienvenue à Neph, dont c'est la première participation aujourd'hui!
Lectures communes du jour: Sumato de Renaud Dillies par Moka et Jérôme,

Anne,  AcrO,   Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,  



Carolinedécouvrelemonde,


Choco,  Chroniques littéraires, Cléanthe,    

 
Cristie,  Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  


Didi,  Elodie,   Estellecalim,  Evalire,  Hilde,   Hélène,  


  Iluze,  L'Irrégulière, 

Hervé,

Jérôme,    Julie, 




Lirepourleplaisir, 


Lorouge,  Lou Lounima,   Lystig,  


 Manu,  Margotte,  Marguerite,   Marie, Mariejuliet, 


Marjorie,  Marion,  MarionPluss,   Marilyne,
  

Mathilde, Mélo, Miss Alfie,


Miss Bouquinaix,  Moka,  Mo',   Mr Zombi,   Natiora, 


Neph


Noukette,   OliV',  Pascale, Paulinelit,


  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,


Sophie/Vicim,  Sophie Hérisson,


 Soukee,  Stephie,  Syl, 
 Theoma, 


Un amour de BD Valérie,  Vero,  

Yaneck,   Yoshi73, Yvan,

BD DU MERCREDI 27/11/13

  1. A la recherche de Peter Pan, Cosey, par La -Ronde-des-post-it
  2. Amorostasia, Cyril Bonin, par Noukette
  3. Bouncer and Back, Alexandre Jodorwsky, François Boucq, par Un amour de BD
  4. Charly 9, Richard Guérineau, par Yvan
  5. Courtney Crumrin et le dernier sortilège, T6, Ted Naifeh, par AcrO
  6. Courtney Crumrir et le royaume de l'Ombre, Ted Naifeh, par Lou
  7. Des os et des bas, Pierre Tombal, T29, Cauvin, Hardy, par Marjorie
  8. Fanfulla, Hugo Pratt, par Stephie
  9. L'orchestre des doigts, T1, Osamu Yamamoto, par élodie
  10. La Tour des miracles, de Georges Brassens, Davodeau, Prudhomme, par Mango
  11. La quête d'Ewilan, T1, D'un monde à l'autre, Lylian, Pierre Bottero, Baldetti, par Syl
  12. Le Canon graphique, vol.2 d'Orgueils et Préjugés aux Fleurs du Mal, Kick et Collectif, par Mo'
  13. Les Brigades du temps, T2, La grande Armada, Duhamel, Kris, par Yaneck
  14. Les nombrils, T6, Un été trop mortel, Delaf et Dubuc, par Kikine
  15. Miaou, José Fonallosa, par Anne
  16. Polina, Bastien Vivès, par Neph
  17. REnaud l'indésirable, Xavier Coste, par Sophie/Vicim
  18. Sumato, Renaud Dillies, par Jérôme
  19. Sumato, Renaud Dillies, par Moka
  20. Une histoire d'hommes, Zep, par Cristie

lundi 25 novembre 2013

Abbés, Pierre Michon

C’est un volume mince. Seulement 80 pages. Ce pourrait être une nouvelle un peu longue mais ce sont trois récits comme autant de chroniques sur des abbés  dans  la vieille Gaule,  autour des années Mil, des abbés bâtisseurs d’abbayes et de monastères, des Bénédictins sous l’influence de Cluny qui  luttent presque corps et âme, violemment,  entre  ciel, mer et terre,  dans les marais et les îles de Vendée, au plus près des éléments, dans un dépouillement total et une ferveur de la plus grande intensité. 
Leur foi est immense, sauvage et naïve à la fois, un mélange de force presque surnaturelle et une candeur des plus infantiles. Ils se montrent tour à tour cruels et fous, ardents, passionnés, faibles dans leur chair, aveuglés de gloire  tant terrestre que céleste, vaillants et superstitieux, croyants envers et contre tout, prêts à mourir et à tuer  pour des reliques qui n’en sont pas et qu’ils rejettent comme ils renoncent à tout d’une seconde à l’autre quand se révèle la vérité.
Au centre, trois chroniques qui racontent ces histoires dont deux écrites par Pierre de Maillezais,  moine dans l'abbaye du même nom,  "qui trouve le vers qui bien plus tard sera le dernier de sa chronique: comme toutes choses sont muables et proches de l'incertain."
C’est beau, magnifiquement écrit. J’ai été touchée comme peu souvent, comme à l’ écoute d’une musique puissante qui commencerait tout doucement pour exploser dans un déchaînement de sons sacrés qui font vibrer le corps et élèvent l’ esprit vers un ailleurs qu’on voudrait tellement plus beau, tellement meilleur.

Abbés, Pierre Michon, (Verdier, 71 p.)


(Prix décembre 2002) / Challenge Asphodèle

vendredi 22 novembre 2013

Louisa May Alcott - Derrière le masque

Recommandée par lady Sydney comme «une fille calme, accomplie, aimable, ayant grand besoin d’un foyer», Jean Muir, l’héroïne du roman, est une jeune gouvernante qui entre pour sa nouvelle place chez Mme Coventry, une aristocrate dont la fille Lucia, belle et discrète,  est fortement éprise en secret  de son cousin Gerald. Elle arrive au bon moment car tout le monde s’ennuie dans cette maison où vivent aussi la pétillante Bella, l’autre fille plus jeune et plus sympathique et l’autre cousin, Edward, qui  s’éprend très vite de la jeune gouvernante. D’ailleurs celle-ci séduit tout le monde sauf Lucia, très jalouse et Gerald, très méfiant. Attention cependant à l’eau qui dort: la jeune gouvernante n’a rien d’une fille sage! 

C’est un roman  sur les riches et les pauvres, l’apparence et la réalité, l’amour idéal et  désintéressé et l’autre dont on se sert comme tremplin pour s’élever dans la société.  Je devinais facilement la suite au début, tout en craignant quand même toujours un peu de me tromper et surtout toujours prête à abandonner ma lecture si celle-ci m’ennuyait trop mais non, ça n’a pas été du tout le cas. Je me suis bien amusée à suivre ce que la romancière avait pu imaginer pour finir de cette façon sans rendre pour autant son héroïne antipathique. C’était un bon moment. Ce n'est peut-être pas un récit inoubliable  mais un bon petit roman pour enlever les idées noires par exemple. 

Louisa May Alcott - Derrière le masque
(éditions Joelle Losfeld, 2005, 200 pages)
Roman, traduit de l'anglais par Florence Lévy-Paoloni
Louisa May Alcott (Pennsylvanie,1832, Boston,1898) Romancière américaine, connue surtout pour son roman: Les Quatre Filles du docteur March

jeudi 21 novembre 2013

"Poison perdu", poème de Rimbaud

Des nuits du blond et de la brune
Pas un souvenir n’est resté;
Pas une dentelle d’été,
Pas une cravate commune.

Et sur le balcon, où le thé
Se prend aux heures de la lune.
Il n’est resté de trace aucune,
Aucun souvenir n’est resté,

Au bord d’un rideau bleu piquée,
Luit une épingle à tête d’or
Comme un gros insecte qui dort.



Pointe d’un fin poison trempée,
Je te prends, sois-moi préparée 
Aux heures des désirs de mort.

Arthur Rimbaud (1854/ 1891)
Germain Nouveau (1851/1920)
Paul Verlaine (1844/1896)

Qui a écrit ce poème remis par Verlaine  à un critique littéraire  en 1887, comme ayant été écrit par Rimbaud "sur le tard"? On a pensé qu'il pourrait être,  au contraire,  de son ami  Germain Nouveau.  La polémique dure encore.  J'ai découvert ce poème dans les œuvres complètes de Rimbaud,   La Pléiade (œuvres attribuées, P. 231). On a même pensé à un canular de Verlaine qui s'en est vivement défendu.

mercredi 20 novembre 2013

Un monde si tranquille, La gloire d'Albert, Etienne Davodeau, ma BD du mercredi

Albert , le malheureux héros de ce one shot, premier tome  de la trilogie de Davodeau intitulée : «Un monde si tranquille»  est un brave type qui travaille le jour comme employé chez Bricomat et le soir comme figurant bénévole dans le spectacle en plein air de son leader favori d’extrême droite. 
Il se présente lui-même avant de raconter le soir d’été où sa vie a basculé :
«Deux gosses. Une femme. Un pavillon. Deux crédits sur le dos… Je suis un type normal. Pas malheureux. Ça pourrait être pire. Le peu que je possède, je l’ai eu en bossant comme un âne.»
La nuit en rentrant du spectacle, il assiste à l’accident de voiture dans lequel  se tue son leader bien aimé. Lui seul sait  que c’est un guet-apens tendu par deux jeunes gauchistes. Dès lors, envers et contre tous, il deviendra un justicier, bien décidé à se servir de son fusil. 
Mais ne devient pas superman qui veut et surtout pas Albert dont l’occupation préférée est de construire des nichoirs pour les oiseaux. Il ira de surprise en surprise et la fin m’a bien  étonnée.

J’ai lu beaucoup d’albums de Davodeau,  du peu apprécié:  Quelques jours avec un menteur,  au très aimé: Les ignorants, en passant par :"Ceux qui t'aiment," "Chute de vélo",  "Lulu, femme nue",  celui-ci se classe pour moi parmi ceux que j'ai  plutôt bien aimés mais sans plus, un peu perdue dans cette intrigue politico-policière un peu naïve m'a-t-il semblé, avec pas mal de clichés à la traîne et  une vision très noire et sans espoir de la situation. Ceci dit, l'histoire est bien menée et j'ai pris plaisir à suivre les malheurs d'Albert , sa gentillesse instinctive et ses constants déboires - l'histoire d'un pauvre type dans un rôle trop grand pour lui! 
Reste le dessin auquel je me suis bien habituée.  c'est là que j'ai mesuré tout le chemin parcouru par l'auteur pour en arriver à son dernier album, tellement différent et combien plus subtil!
Un monde si tranquille, La gloire d’Albert, Etienne Davodeau (Collection Sang-froid, Delcourt, 48 pages en couleurs, 1999)

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Particularités du jour:
Lectures communes de Noukette &  Jérôme
Une interview de Yaneck par Hervé 

Anne,  AcrO,   Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,  



Carolinedécouvrelemonde,


Choco,  Chroniques littéraires, Cléanthe,    

 
Cristie,  Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  


Didi,  Elodie,   Estellecalim,  Evalire,  Hilde,   Hélène 


  Iluze,  L'Irrégulière, 

Hervé,

Jérôme,    Julie, 






Lorouge, Lou, Lounima,   Lystig,  


 Manu,  Margotte,  Marguerite,   Marie, Mariejuliet, 


Marjorie,  Marion,  MarionPluss,   Marilyne,
  

Mathilde, Mélo, Miss Alfie,


Miss Bouquinaix, Moka,  Mo',   Mr Zombi,   Natiora, 


Noukette,   OliV',  Pascale, Paulinelit,


  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,


Sophie/Vicim,  Sophie Hérisson,


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 Yoshi73, Yvan,

BD DU MERCREDI 20/11/13

  • Abélard, Renaud Dillies, par Alex
  • "Oh les filles", Intégrale, Emmanuel Lepage, Sophie Michel, par Kikine
  • Astérix, T1,2, Ferri, Conrad, par Miss Bouquinaix
  • Châteaux Bordeaux, T1,2, Corbeyran, Espé, par Anne
  • Come Prima, Alfred, par Jérôme
  • Come Prima, Alfred, par Noukette
  • End, Elizabeth, T1, Barbara Canepa, Anna Merli, par Hilde
  • Gédéon, roi de Matapa, benjamin Rabier, par Lire pour le plaisir
  • Interview de Yaneck par Hervé
  • Kililana song, T2, Benjamin Flao, par Yvan
  • L'effet Kiss pas cool, Leslie Plée par Sophie Vicim
  • L'invitation, Jim, Mermoux, par Marguerite
  • L'été des Bagnold, Jeff Winterhart, par Cuné
  • La gloire d'Albert, Etienne Davodeau, par Mango
  • Les Nombrils, 6, Delaf & Dubuc, par Maêl
  • Lorsque nous vivions ensemble, Kazuo Kamimura, par Vero
  • Mauvais genre, Chloé Cruchaudet, par Cristie
  • Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui donc lui reprisait ses chaussettes? Zidrou & Roger, par Yaneck
  • Quartiers Lointains, Jirô Taniguchi, par Manu
  • Seuls, T8, Les arènes, Vehlmann, Gazzotti, par Un amour de BD
  • The Grocery, 1, 2, Ducoudray, Singelin, par Mr Zombi
  • Tueurs de mamans, 1, 2, Zidrou, par Stephie
  • Un printemps à Tchernobyl, Emmanuel Lepage, par Hélène
  • Une histoire d'hommes, Zep, par Val

lundi 18 novembre 2013

Le bleu de la nuit, Joan Didion

"Ce livre est pour Quintana", la fille de l'auteur morte à 39 ans, quelque temps  après son mariage, suivi d' un long séjour à l'hôpital puis de  la mort subite de son père alors qu'il venait de lui rendre visite et un peu avant la sortie du livre à succès de sa mère  sur la mort de son mari justement: "L'Année de la pensée magique", un livre qui m'a bouleversée, plus que celui-ci que j'ai cependant beaucoup admiré également. 
Le thème est des plus douloureux mais ici on ne s’apitoie pas.  L’écriture sèche et précise  caractéristique de Didion  évite tout épanchement inutile tout en évoquant ce qui effraie le plus: la solitude, la maladie, le vieillissement, la mort.  Rien de tout cela n’est escamoté mais ce sont surtout les souvenirs des jours heureux qui envahissent les premiers moments et les premières pages, éblouissants  comme le bleu des vitraux de Chartres par beau temps ou le bleu de la nuit new yorkaise quand on a l’impression que les journées n’en finissent jamais. «Le bleu de la nuit, c’est le contraire de l’agonie de la clarté, mais c’est aussi son avertissement.»
Les souvenirs heureux affluent en commençant par le jour du mariage de Quintana sous le signe de la légèreté, de la joie et des stéphanotis dans les cheveux sous le voile blanc, ce qui conduit à la vision de la véranda familiale pleine de ces jolies fleurs et à New York où l'auteur est revenue vivre, seule. 
Elle revient sur les moments forts de l'adoption de sa fille, les retrouvailles récentes et ratées  de celle-ci avec sa famille d'origine, et son propre sentiment de culpabilité, sa peur d'avoir pu  rater son éducation.
Peu à peu cependant c'est la  réalité de la femme de 75 ans qui s'impose de plus en plus  avec ses chutes inexpliquées qui la conduisent à son tour aux Urgences, ses crises de paniques soudaines, ses intenses douleurs à la tête dues au stress que rien n'apaise,  sa "peur de ce qui reste à perdre".  
"Et pourtant il n'est pas un seul jour de sa vie où je ne la revois pas.
Qui prévenir en cas d'urgence?"  
C'est un très beau livre. 


Le bleu de la nuit, Joan Didion 
Blue Nights, 2011
Traduit de l'anglais par Pierre Demarty
(Grasset, 2013, 234 pages)

dimanche 17 novembre 2013

Joan Didion - "Le bleu de la nuit", juste un passage

En cours de lecture du beau livre de Joan Didion: Le bleu de la nuit,  je suis frappée du nombre de renseignements et de précisions que l'auteur  apporte dans son témoignage pour évoquer sa fille Quintana récemment  défunte. Un seul exemple  (pages 98/99)
Connie Wald, vêtue de l’un des nombreux tailleurs Chanel déployés cet après-midi-là,  en l’occurrence un  tailleur en tweed bleu et crème à lisérés en soie rose cyclamen. C’est Connie qui avait offert à Quintana l’une des deux longues robes blanches qu’elle porta à l’église et ensuite. A quatre-vingt-dix ans passés, jusqu’au moment où elle déclara une neuropathie, Connie nageait encore tous les jours. La maladie la força à réduire son régime quotidien de longueurs de piscine et à ne plus faire seule le tour de Beverley Hills au volant d’une vieille Rolls-Royce, mais pour le reste  elle continua à mener  exactement la même vie qu’avant. Elle portait toujours les robes Claire McCardell qu’on lui avait offerte quand elle était mannequin pour McCardell dans les années 1940. Elle recevait toujours à dîner  deux ou trois fois par semaine, faisait elle-même la cuisine, mélangeait les jeunes et les anciens de telle sorte que tous les convives étaient ravis, allumait d’immenses feux de cheminée dans sa bibliothèque et parsemait les tables d’amandes salées  et d’énormes vases  regorgeant de nasturtiums et des roses qu’elle continuait de cultiver elle-même. Connie avait été la femme du producteur  Jerry Wald, qui avait servi, dit-on, de modèle à Budd Shulberg pour le personnage de Sammy Glick  dans « Qu’est-ce qui fait courir Sammy?» et qui était mort quelques années avant notre rencontre.

J'arrête souvent ma lecture pour voir de qui elle parle exactement. Ce n'est pas déplaisant mais me rappelle que son public est celui de son pays et encore celui des personnes aisées, intellectuelles,  à la mode. Peut-on parler de People dans ce cas? 
Connie Wald, Diana Wald, l’épouse du producteur Jerry Wald,  était connue pour rassembler des célébrités  à son domicile de Beverly Hills, pour des dîners élégants mais sans prétention.  Clark Gable. Joan Crawford. Errol Flynn. Gary Cooper. Audrey Hepburn.Jimmy et Gloria Stewart. Harrison Ford. Angelica Huston.Joan Didion, Dominick Dunne. Diane Keaton. Woody Allen. Gregory Peck. Gore Vidal. Mae West. Maurice Chevalier entre autres ont été ses hôtes. Elle est morte en 2012, à 96 ans


C'est dans cet endroit qu'elle recevait ses invités. 



vendredi 15 novembre 2013

Quelques pépites de blog en blog

Une nuit presque blanche et c'est l'occasion de flâner sur les blogs -  une aubaine puisque le temps me manque  par ailleurs dans des journées sans fantaisie où les occupations s'enchaînent rigoureusement minutées d'une semaine sur l'autre. Ce réveil en forme plus matinal que d'habitude me semble un vrai cadeau,  comme un espace de liberté et puisque je n'ai pas de chance avec mes lectures en ce moment (trois livres commencés sans aucune envie de les terminer) je  pars sur les blogs amis pour me retrouver vite  en terres inconnues, de lien en lien,  sans trop faire attention aux chemins de traverse. Je me suis baladée et perdue dans plein d'endroits inconnus jusqu'ici  et c'était un régal! 
Je retiendrai en particulier:


  • Des photographies d'écrivains d'aujourd'hui chez Sandrine Roudeix (photographe & écrivain)


  • Chez Sophielit,  (Sophie Adriansen), j'apprends l'existence du Prix du style qui sera bientôt remis, le 19 novembre à l'un des quatre sélectionnés suivants:  Hugo Boris, Sylvie Germain, Pierre Jourde, Pierre Lemaitre, Céline Minard, Dominique Noguez)


J'arrête là. L' envie de me plonger dans un bon roman est plus forte que tout. Il me reste encore une petite heure de tranquillité  Que choisir parmi ceux que je dois rendre à la bibliothèque bientôt:
Le bleu de la  nuit de Joan Didion ou Un cœur de mère de Roberto Alajmo à moins que ce ne soit:
Vengeance à froid de Preston & Child ou La muraille de lave de Arnaldur Indridason? 

mercredi 13 novembre 2013

L'entrevue de Manuele Fior, ma BD du mercredi

En 2048, Raniero, un psychologue travaillant dans un hôpital d’Udine, en Italie, croit voir de mystérieux signes dans le ciel nocturne, juste  après être sorti indemne d’ un accident de voiture. Peu après, il rencontre Dora, une très jeune fille qui a vu les mêmes phénomènes que lui  au même moment. Elle prétend avoir des dons de télépathie grâce auxquels elle entre en contact avec des extra terrestres. On la soigne pour des hallucinations. 

C’est curieux mais je n’ai pas compris tout de suite qu’il s’agissait d’un roman graphique de science fiction. On reste sur terre . On ne voit pas d’extra-terrestres, simplement des présences triangulaires dans le ciel, comme d’étranges soucoupes volantes qui apparaissent et puis s’en vont on ne sait où. 

C’est doux, étrange, vaguement dérangeant mais ce qui intéresse surtout, c’est ce que peut devenir la relation entre le médecin et sa patiente. 


Je ne suis d’ailleurs pas sûre d’avoir tout compris surtout lorsque la dernière partie vire carrément dans le futur. Dora, devenue une très vieille dame de cent trente ans,  est fêtée  comme la fondatrice de la pensée télépathique moderne. C’est de  cette façon qu’elle transmet certaines images de sa vie, en particulier celles de la semaine des apparitions, ce fameux mois d’avril 2048 dont il a été question précédemment. 

Impressions : J'ai été immédiatement séduite par le graphisme: bel album de 176 pages en noir et blanc et diverses nuances de gris. Des pages très aérées avec de larges cases, parfois sur fond noir et à l'inverse, certaines scènes sont traitées comme de simples vignettes en traits noirs tout simples sur fond blanc, sans décor, sans rien que les personnages et le dialogue.
Très peu bavard  Tout pour me plaire. Peu de personnages toujours les mêmes en gros plans, le psychologue et la jeune fille.
Uniquement des dialogues. Pas de récit : les dessins montrent et les bulles  précisent. Je voudrais que ce soit toujours ainsi pour toutes les BD.

L’auteur italien Manuele Fior est aussi l'auteur de "5000 km par seconde" et de  "Mademoiselle Else".  
Je lui trouve bien du talent.

Coup de cœur pour Mo' aussi et Billets de Yvan,   Jérôme Cristie, ...
L’entrevue, Manuele Fior,
Traduit de l’italien par Laurent Lombard,
Futuropolis, juillet 2013, 176 pages
Une planche de la BD de Manuele Fior, "L'Entrevue".
topbd_2013 Chez Yaneck: 18,5/20

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Anne,  AcrO,   Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,  


Carolinedécouvrelemonde,


Choco,  Chroniques littéraires, Cléanthe,    

 
Cristie,  Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  


Didi,  Elodie,   Estellecalim,  Evalire,  Hilde,   Hélène,  


  Iluze,  L'Irrégulière, 

Hervé,

Jérôme,    Julie, 




Lirepourleplaisir, 


Lorouge, Lou, Lounima,   Lystig,  


 Manu,  Margotte,  Marguerite,   Marie, Mariejuliet, 


Marjorie,  Marion,  MarionPluss,   Marilyne,
  

Mathilde, Mélo, Miss Alfie,


Miss Bouquinaix,  Moka,  Mo',   Mr Zombi,   Natiora, 


Noukette,   OliV',  Pascale, Paulinelit,


  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,   


Sophie/Vicim,  Sophie Hérisson,


 Soukee,  Stephie,  Syl, Theoma, 


Un amour de BD,  Valérie,  Vero,  


 Yoshi73, Yvan,

BD DU MERCREDI 13/11/13

  • Amorostasia, Cyril Bonin, par MargueriteAlollypop or A Bullet, Kazuki Sakuraha, Iqura Sugimoto, par élodie
  • Betty Blues, Dillies, Jouvray, par yaneck
  • Blacksad T5, Canales, Guarnido, par Un amour de BD
  • Exauce-nous, Bihel, Makyo, par Cristie
  • L'entrevue, Manuele Fior,par Mango
  • L'étranger, Jacques Fernandez, (Camus), par Stephie
  • Le Belette, Comès, par Mo'
  • Le chat qui courait sur les toits, Hausman, Rodrigue, par Maël, La-ronde-des-post-it
  • Les Ombres, Zabus, Hippolyte, par Yvan
  • Les enfants de la liberté, Alain Grand, Marc levy, par Sophie Hérisson
  • Les nombrils, T6, Un été trop mortel, Dubuc, Delaf, par Sara
  • Les petites gens, Campi, Zabus, par Cuné
  • Ma révérence, Lupano, Rodguen, par Jérôme
  • Ma révérence, Lupano, Rodguen, par Moka
  • Ma vie est tout à fait fascinante, Pénélope Bagieu, par Sophie/Vicim
  • Maori, Carol Ferey, par Hervé
  • Mélodie au crépuscule, Dillies, par Kikine