mercredi 30 novembre 2011

Exceptionnellement, quatre BD ou rien, mes BD du mercredi

Cette semaine a été  pour moi celle des BD puisqu’au lieu de n’en lire qu’une seule comme d’habitude, je me suis plongée dans  quatre albums  dont trois sont dans le Roaarrr challenge de Mo’.
J’en ai aimé deux  sur les quatre  mais un seul pour moi sort vraiment du lot. Je l’ai  apprécié plus que les autres. 

* Terrain vague  de  Kaz , (Cornélius,  collection Pierre, 2001)  Angoulême 2002, Alph Art du Dialogue
Une  histoire par page de quatre cases chacune, en noir et blanc, des personnages, style  Mickey-grinçant. C’est laid et loufoque à souhait. Au début  ça va mais ensuite c'est répétitif et ça ne m’a plus amusée. A ne lire qu’au compte-gouttes pour moi.
Exemple d’histoire qui ne m’a  pas fait rire:
-         Allez bouffon, file-moi ta caisse!
-         Oh pitié!  Me tuez pas  Me tuez pas ! Pitié! Pitié!
-         Okay! j’te tue pas!
-         Okay, j’te filerai pas un rond!
-         Okay! Et ben alors, va te faire foutre!
-         Okay! Va te faire foutre toi-même! 

** Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior(Atrabile, 2009, Traduit de l'italien par Nicolas Elmer Mathieu et Christophe Gouveia Roberto),
Fauve d'or  d'Angoulême 2011, Prix du meilleur album.
Présenté par Noukette,
Histoire d'amour de Lucia et Piero, à différents stades de leur vie en commençant par l'adolescence. Ils s'attirent, se repoussent, vont voir ailleurs, n'arrivent pas à s'oublier, fondent chacun leur propre famille, toute une vie en somme. L'histoire pourrait être intéressante si elle ne stagnait pas autant avant de repartir pour un autre endroit à un autre moment de leur vie, ce qui m'a souvent déstabilisée.
Les dessins m'ont plu  ainsi que les pages aux dominantes bleues, rouges, brunes, sauf  les jaunes et vertes du début que je trouve désagréables.
Comme Noukette, j'ai aimé beaucoup par moments et pas vraiment à d'autres endroits. Je reprends sa conclusion:
 "J'ai vraiment eu l'impression que l'accent était mis sur le temps qui passe, tout y est bien trop lent, bien trop calme, oserais-je dire soporifique ? Oui, j'ose..."

***Lupus de Frederik Peeters, T1 (Atrabile, 2003)
Angoulême 2010
Lupus et Tony, deux amis d’enfance  ayant pris une année sabbatique,  en profitent pour aller de planète en planète  pêcher des poissons  inconnus et goûter toutes sortes de champignons et de drogues. Ils rencontrent Sanaa, une femme étrange qu’ils embarquent avec eux et avec laquelle ils poursuivent leur voyage expérimental et surtout leurs délires psychédéliques.
Ce n’est que le début de cette histoire et j’aimerais connaître la suite bien que je n’aie pas beaucoup aimé  ma première lecture. Je suis loin d’avoir compris facilement  au début.  En revanche, bien qu’agressifs,  les dessins aux traits grossiers et en noir et blanc très violemment opposés m’ont plu. Jugement assez incertain pour le moment par conséquent: cette histoire ne m’intéresse pas vraiment.

****Renée de Ludovic Debeurme (Futuropolis 2011)
Je ne crois pas qu'il ait obtenu un Prix quelconque.
C'est mon coup de cœur! J'ai beaucoup aimé ce roman graphique, lui aussi en noir et blanc dont parle très bien Mo' ICI,
Bien que n'ayant pas lu  Lucille, je n'ai pas eu de mal à suivre l'histoire dès le début. J'ai surtout aimé ces dessins très simples qui se déforment selon l'humeur des personnages, des dessins émotifs et délirants. Voici ce que dit l'éditeur de l'histoire elle-même:
"Lucille est retournée vivre chez sa mère. L’anorexie semble être un mauvais souvenir, elle est choyée par sa mère, mais ses démons continuent de la hanter. L’absence du père, et la présence d’Arthur, son fiancé, en prison, pour meurtre. L’horreur du monde carcéral est toute aussi pesante pour Arthur… La cohabitation avec les autres détenus, d’authentiques durs à cuire, impitoyables entre eux. Arthur est amené à partager sa cellule avec un vieil homme effacé, qui affirme être en prison pour fraude fiscale, mais est soupçonné d’être un infâme pédophile.Parallèlement à cela, Renée, une jeune fille de l’âge de Lucille, erre dans les rues, et entretient une relation difficile avec un homme marié, plus âgé qu’elle. Comme Lucille, elle est à la recherche du père. Les douleurs physiques et mentales de tous ces personnages vont finir par se retrouver."
Voilà! Ma préférence va largement à Renée, puis à Cinq mille kilomètres  par seconde, ensuite à Lupus et enfin à Terrain vague.
Je me doute bien que les mordus de BD, les vrais spécialistes ne seront pas de mon avis.
Les participants: 

Arsenul,  Benjamin,  Choco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, Hilde,

Hélène, Hérisson08,  Irrégulière, Jérôme, Kikine,  La ronde-des-post-it, Lirepourleplaisir,  Lou,
  
Lounima, Lystig, Mango,  Manu,  Margotte, Marguerite, Mathilde, (en pause), Moka, Mo',
  
Noukette, Oliv', Pascale,   Sandrounette, Sara, Soukee,   Theoma, Valérie,  Vero, Wens, Yaneck, 

Yoshi73, Yvan,  Mr Zombi,   32 octobre,

Je participe aussi au Top BD de Yaneck. (Note: Renée: 18/20, Cinq mille Kilomètres: 16/20,


Lupus:14/20, Terrain Vague: 11/20)

 ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo'. 

mardi 29 novembre 2011

Code Salamandre de Samuel Delage

Yvan Sauvage est un commissaire-priseur,  à peine divorcé,  qui emménage  dans un petit appartement parisien avec pour toute voisine une vieille dame très curieuse. Il vient de réaliser l’une des ventes les plus courues de l’année dans la grande salle des enchères de Christie’s, en  adjugeant des pièces rares ayant appartenu à la dernière lignée royale française. Il y rencontre deux personnages importants, son ami de l’école du Louvre, Henri Dumont, et  le professeur Faure,  un de leurs enseignants  qui avant de mourir, à la suite d’un malaise survenu ce jour-là, lui confie un secret prodigieux ainsi qu’un code menant à l’un des trésors les mieux gardés du règne de François Ier, le code Salamandre.  
Marion, une des   étudiantes  d’Yvan à la Sorbonne, se joint à lui pour l’aider à  résoudre cette énigme très périlleuse qui consiste surtout à décrypter les messages codés  des grands châteaux royaux, édifiés par les architectes de la Renaissance,  dont Léonard de Vinci
Ils découvrent et expérimentent la cartographie secrète mais  très précise qui relie certains lieux importants de l’époque susceptibles de leur révéler de grands secrets.
Rien ne leur fait peur tant ils sont passionnés par leurs découvertes et ils  ne se rendent pas compte des dangers qui les guettent, en particulier la présence d’un serial killer qui s’attaque aux très jeunes filles de la région et qui,  ayant repéré la jeune Marion,  ne pense plus qu’à la capturer et à l’étrangler comme tant d’autres avant elle. .   

Cette lecture  m’a suffisamment intéressée pour que je la termine très rapidement, en une seule soirée, tant l’histoire des énigmes à décrypter m’a plu et tant le style de l’auteur va droit au but sans digressions  ni fioritures,  neutre mais efficace. 
Pour être sincère, ce n’est ni l’intrigue policière ni la présence du tueur psychopathe qui m’a passionnée, je n’y ai vu qu’un prétexte pour introduire l’essentiel, le véritable cœur du récit qui donne le titre au roman, cette enquête passionnée et passionnante des secrets royaux d’une époque particulièrement créatrice dans tous les domaines. C’est cet aspect-là que j’ai surtout aimé,  sachant que l’auteur a pris soin de ne donner que des précisions exactes concernant ces énigmes.
A la fin de son livre, il remercie d’ailleurs Didier Coilhac  pour ses ouvrages: «Le Secret de François Premier» et «Léonard de Vinci décrypté»
«Il y a trois châteaux de Chambord : le réel, l’imaginaire et le symbolique. La majorité des esprits s’arrête aux limites du réel. En se laissant pénétrer par l’Histoire, les portes de l’imaginaire s’ouvrent. Puis, par degrés, on accède à la valeur symbolique.»
La salamandre, le chiffre 8, le carré de polybe, la suite de Fibonacci…
«La science avait toujours été en lutte avec la religion. Le codage et la cabale étaient des moyens d’expression et de partage d’informations entre initiés qui souhaitaient se soustraire à la censure de l’Inquisition. Les souverains d’alors pouvaient être tentés d’asseoir leur autorité en invoquant l’ordre divin, mais aussi en contrôlant les sciences occultes et ésotériques et en s’assurant du concours de leurs adeptes.»
 Les blogs qui en parlent: Lystig,  AsphodèleMerci à Pauline et aux éditions BelfondLa page Facebook de l'auteur est ICI;
Ce livre fait partie de la Rentrée littéraire 2011 de Hérisson 08 + Challenge "Même pas peur" de Cynthia,

Code Salamandre de Samuel Delage,Thriller, (Belfond, 2011, 308 pages)
Cet ouvrage est sélectionné pour le Prix Plume de Glace 2012 Pour voter,c'est ICI;

lundi 28 novembre 2011

Un Amour de Frère de Colette Fellous

Il avait 27 ans quand il est mort de diabète, Georgy, dans un hôpital parisien, au début des années 70.
Elle avait 20 ans et elle adorait ce frère qui la subjuguait et qu’elle protégeait à la fois car ils savaient qu’il devait bientôt mourir. Ils venaient de Tunisie et ils découvraient Paris, la ville des années 68 et de tous les possibles. 
Elle était étudiante en lettres à la Sorbonne et partageait son temps entre la bibliothèque et la cinémathèque. Elle avait envie de tout lire et de tout voir. La ville lui semblait extraordinaire. Pour elle, c’était la ville des artistes où elle déambulait à longueur de temps libre.
Son frère, lui, était son  guide dans ce Paris littéraire mais il était également celui qui, maquillé, se prostituait à Saint Germain-des-Près, autour du drugstore. 
Plus tard, en écrivant ce livre autobiographique, elle comprend que cet amour de frère aurait pu être maléfique s’il avait vécu.
Si elle écrit ses souvenirs c’est que quelque temps auparavant, de retour en Tunisie, elle a failli mourir, sa sandale étant restée coincée sous un rail, au moment  de l’arrivée d’un train. Il s’en est fallu d’une seconde! Cet instant a déclenché ses souvenirs qui ont défilé comme dans un conte, comme si elle était au cinéma. Elle redécouvrait un monde féerique avec son frère comme image centrale. 
Le livre est ponctué de photos de cinéma et d’enfance. C’est comme une autre histoire, la vie de toute une époque, une déambulation dans le temps et l’espace de ce Paris 68. 

Si,  comme l’auteur, vous avez fréquenté un tant soit peu le Quartier latin, la Sorbonne, la Cinémathèque, les cafés des alentours, le Paris littéraire de ces années-là, vous aimerez retrouver une partie de vos propres souvenirs  car ce livre est une évocation de la vie de toute une époque 
Cependant j’ai été déroutée par ce qui n’est annoncé ni comme  un roman ni comme un récit autobiographique. Il m’a manqué un fil conducteur  pour m’éviter de me sentir perdue au milieu d’un tas de souvenirs dispersés ici et là. Comme si c’était à moi de faire le travail de les réunir,  mais dans quel but ? Et cet amour de frère, quel est vraiment son rôle? Sa place est bien réduite face à la ville envahissante. Le seul personnage fort  pour moi, lorsque j’évoquerai ce livre,  restera  le Paris des années 68/69,  avec tous ces noms mythiques ressuscités le temps d’une page. J’oublierai tout le reste, probablement. 

Un amour de Frère de Colette Fellous ( Gallimard,  juin 2011, 182 pages)
Ce livre de la Rentrée littéraire 2011 a fait partie de la première sélection du Prix Femina.

dimanche 27 novembre 2011

Le Berger de William Blake, poème du dimanche

Le berger

Comme  il est doux, le doux sort du Berger!
Du matin jusqu’au soir il vagabonde;
Tout le jour il suit ses moutons
Et sur sa lèvre la louange abonde.

Car il entend l’innocent appel de l’agneau
Et la brebis tendrement y répondre;
Il veille tandis qu’eux sont en repos
Parce qu’ils savent quand leur Berger est proche.

The shepherd

How sweet is the Shepherd’s sweet lot!
From the morn to the evening he strays;
He shall follow his sheep all the day,
And his tongue shall be filled with praise.

For he hears the lamb’s innocent call,
And he hears the ewe’s tender reply;
He is watchful while they are in peace
For they know when their Shepherd is nigh.

 William Blake (Londres, 17571827) est un peintre   et un poète pré-romantique britannique.
 Œuvres 1,  Chants d'innocence, présentation et traduction de Pierre Leyris (Aubier/Flammarion, 1974/1985, 313 pages) ( Peinture de William Blake, Image prise dans Wikipedia)

samedi 26 novembre 2011

Jean-Jacques Rousseau en 78 lettres, un parcours intellectuel et humain.

J’ai découvert ce livre qui ne présente que 78 des 2700 lettres connues de Rousseau, de 1730 à 1778, ce qui est bien pratique quand jusqu’ici on ne disposait que  de la correspondance complète en 20 volumes.
Ces lettres sont présentées selon l’ordre chronologique par Raymond Trousson,  professeur à l’université libre de Bruxelles, qui s’est efforcé de montrer leur  grande diversité ainsi que l’évolution de Rousseau tout  au long de sa vie.
D’abord familières et passionnées, les lettres prouvent  le besoin que ce misanthrope  solitaire avait des autres  pour le secourir dans son quotidien, lors de ses années d’exil en particulier
Le philosophe a naturellement partagé ses idées aussi, notamment  dans sa lettre de 1756 à Voltaire sur la Providence et la théodicée, à la suite du poème  de son correspondant sur le désastre de Lisbonne.
Enfin, les dernières sont particulièrement touchantes, celles de la paranoïa et des souffrances de la fin.
Je connaissais quelques lettres écrites à Madame de Warrens, la  «très chère maman» mais une  autre m’a frappée :  celle à la Comtesse  de Boufflers, la maîtresse du Prince de Conti, qui lui avait fait envoyer du gibier tué de la main de ce dernier.  Rousseau  proteste et se rebelle car il n’accepte pas les présents.
«Ces dons ne sont que du gibier, j’en conviens, mais qu’importe? Selon moi, rien de ce que l’on reçoit n’est sans conséquence. Quand on commence à accepter  quelque chose, bientôt on ne refuse plus rien. Sitôt qu’on reçoit tout, bientôt on demande; et quiconque en vient à demander fait bientôt tout ce qu’il faut pour obtenir. La gradation me paraît inévitable.  Or, Madame, quoi qu’il arrive, je n’en veux pas venir là.» 
Jean-Jacques Rousseau en 78 lettres, un parcours intellectuel et humain, présentation de Raymond Trousson, (Sulliver, Cabris (Alpes-Maritimes), Arts et lettres en perspective, 297 pages)
Le blog de Léon Mazzella en parle aussi ICI

vendredi 25 novembre 2011

Un avenir, Véronique Bizot, Prix du style 2011

Le mercredi notre frère m’écrivit qu’il disparaissait pour un temps indéterminé, un bref courrier posté d’une gare que j’ai reçu le jeudi, dont j’ai aussitôt transmis copie aux autres, qu’ils n’aillent pas se lancer dans d’inutiles recherches, et j’ai ensuite parcouru sous la neige, le cerveau embrouillé par un rhume colossal, les trois cents kilomètres qui séparent mon domicile du sien afin de vérifier, comme il me le demandait en post-scriptum, que le robinet d’un lavabo du second étage, à propos duquel il conservait un doute, avait bien été purgé par lui avant son départ.

Première phrase du récit et au final, le prix du style de l’année.

Après avoir reçu cette lettre  de Odd, son frère jumeau  qui vient de partir brusquement sans laisser d’adresse, Paul, le narrateur, passe quelques jours dans la grande maison de son enfance,  en proie à un rhume carabiné. La neige l’empêche de rentrer  chez lui, en ville. Alors,  c’est emmitouflé dans une robe de chambre usée, chaussé des  vieilles pantoufles de son frère  qu’il passe  de longues journées glaciales en ressassant  le passé.  Ses trois sœurs sont parties, deux sont mariées, Adina et Dorthéa  et Margrete, la dernière  est dans un asile psychiatrique. La solitude de cette demeure lui semble d’autant plus terrible que rien ne fonctionne vraiment comme il faudrait. Tout se détériore, les meubles,  la télévision,  les appareils électriques
Ce que j’ai aimé, c’est que dans cette situation bien peu réjouissante, Paul  fasse revivre les souvenirs de sa famille de façon sympathique, son père Harald, si rigide, sa mère gaie et rieuse, si bien que, tout en soupçonnant un geste extrême de la part du frère disparu, on devine que la fin ne sera peut-être pas exactement celle à laquelle on s’attend mais justifiera le titre.
Dommage que cent pages, ce ne soit  jamais assez pour moi, bien que de plus en plus à la mode, ces courts récits ne sont ni tout à fait de vrais romans ni  tout à fait des nouvelles non plus mais, à part cette restriction, j’ai plutôt  apprécié ce livre, de même que Mélopée, Clara, Cathulu, 
Canel, Praline, au contraire ont été déçues. 
Un avenir de Véronique Bizot,  Prix du style 2011, (Actes Sud, août 2011, 104 pages)

jeudi 24 novembre 2011

Qu'est-ce qu'un livre? Citation du jeudi

Un livre est une forme de conversation permanente, il est aléatoire, il dépend des saisons, des langues, des pays, de l’heure à laquelle il a été écrit, de l’âge qu’on a quand on le lit ou qu’on le bâtit, s’il y avait du soleil, si on était amoureux, si la fenêtre était ouverte et que la respiration des passants semblait venir jusqu’à nous, si on avait envie d’être seul  ou au contraire si on avait voulu embrasser quelqu’un et qu’il n’y avait jamais eu la bonne personne à cette seconde-là. Colette Felloux : Un amour de frère.  (Gallimard, 2011, page 16) Sur une idée de Chiffonnette

mercredi 23 novembre 2011

Fraternity, Diaz Canales et Munuera, ma BD du mercredi

Souvenez-vous ! Trois participants aux BD du mercredi nous ont déjà présenté le premier et même le deuxième tome de ce diptyque  fameux dès avant sa publication rien que par les noms célèbres annoncés en couverture : Diaz Canales et Munuera.  

Arsenul, le premier, fin août,  avait annoncé la couleur et concluait sa présentation  en affirmant ne pas avoir été déçu par ce duo de choc bien que, par prudence, il précisait ne pas pouvoir  se prononcer encore avant d’avoir lu la deuxième moitié. 

Quinze jours plus tard, début septembre, ce fut au tour de Yaneck d’en parler et cette fois: grande déception. «j'attendais beaucoup de ces deux excellents auteurs. Je ne pense même pas regarder le tome 2  c'est vous dire.»

Pour quelles raisons ? 
«C'est un album qui se prend trop au sérieux. Sans doute le désir de proposer une intrigue sombre. Mais comme elle ne vous emporte pas... Sans scénario valable, le dessin de Munuera est sans âme. C'est toujours le même qu'avant, mais comme il n'y a rien pour vous emporter, et bien il ne procure aucune sensation particulière»

Enfin, au début de ce mois de novembre, c’est l’avis de Noukette qui a augmenté encore ma perplexité puisque après avoir beaucoup aimé le premier tome, elle s’est jetée sur le second,  récemment sorti, mais qui ne l’a pas convaincue du tout. Et elle termine par ce souhait:
«J'ai vraiment hâte de lire d'autres avis sur ce second tome, notamment celui deYaneck qui n'avait pas du tout accroché au premier tome contrairement à moi. Je reste persuadée qu'il faut découvrir ce diptyque, si ce n'est pour la magie qui opère à chaque page. Je relirais la série dans quelques temps, histoire de voir si mon ressenti perdure... Dommage, l'association de ces deux géants était plus que prometteuse...»

J’ai donc eu envie de me faire ma propre opinion. Seul le tome 1 était disponible. Je reprends la présentation de l’éditeur pour rappeler ce dont il s’agit :
Depuis l'aube des temps, l'homme cherche sans succès un modèle de société parfaite. Au milieu du XIXe siècle, Robert McCorman, un riche visionnaire, croit que le moment attendu est enfin arrivé. Soutenu par un groupe hétérogène d'hommes et de femmes portés par des idéaux, il fonde la colonie de New Fraternity, aux Etats Unis, véritable semence au coeur du nouveau monde. Hélas, la jeune nation américaine se déchire dans une guerre fratricide, réveillant ainsi de vieux démons. Emile, un garçon sauvage, est découvert dans la proche forêt: il rejoint la colonie sous la protection de Fanny Zoetrope, une femme d'exception. Emile sera alors le témoin d'événements dramatiques qui s'enchaîneront après l'intrusion de déserteurs. Pendant ce temps, une étrange et inquiétante créature rôde autour du village, semant le doute et nombre d'interrogations. Quel est le lien entre cette créature et Emile? New Fraternity survivra-t-elle à cette nouvelle menace?
Autant le dire tout de suite: je n’ai pas apprécié cette histoire qui m’a semblé partir dans tous les sens sans pouvoir m’intéresser à un personnage en particulier, sans comprendre l’enjeu véritable du récit. Est-ce le devenir de la communauté d’origine menacée de tous côtés,  autant par les siens qui se disputent que par  les étrangers qui s’incrustent, ou  par le climat de guerre et de crise générale?   Quels rôles joueront l'enfant mystérieux  et cette bête mythique qui semble le protéger ?  
J’ai trouvé l’ensemble trop ambitieux. Les discussions entre les membres de la communauté m’ont lassée. L’action traîne, l’intrigue peine à prendre forme. Je suis restée totalement à l’extérieur de cette BD, malgré le dessin  que je trouve gâché par le parti-pris de n’utiliser que des couleurs sombres tout du long. L’utilisation du sépia et du gris est peut-être nécessaire pour marquer le mystère, soit!  mais systématiquement sur toutes les pages, c’est trop. 
Bref c’est pour moi aussi une déception. J’ai si peu envie de savoir ce que devient cette communauté par la suite que Fraternity, pour moi, s’arrêtera définitivement  avec ce premier tome. Dommage! 

Fraternity Livre 1 - Diaz Canales et Munuera  (Dargaud, mai 2011, 56 pages)


Félicitations tout d'abord  à Choco qui  depuis hier officie dans une librairie du Nord en  section BD. Bienheureux ses clients!

Bienvenue à Oliv' (le blog des yeux doli) qui présente ici sa première participation aux Mercredis BD

Les participants: 

Arsenul,  Benjamin,  Choco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, Hilde, Hélène,Hérisson08, Irrégulière, Jérôme  Kikine, La ronde-des-post-it, Lirepourleplaisir, Lou,  Lounima, Lystig, Mango,  Manu,  Margotte, Marguerite, Mathilde, (en pause), Moka, Mo',  Noukette, Oliv', Pascale,   Sandrounette, Sara, Soukee,   Theoma, Valérie,  Vero, Wens, Yaneck, Yoshi73,  Yvan, Mr Zombi,   32 octobre,

Je participe aussi au Top BD de Yaneck. (Note: 10 /20) ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo'. 

mardi 22 novembre 2011

Tag 3 le voyage imaginaire

Merci à Kenza qui me permet de participer au tag version 3 du  Si j'étais...un voyage imaginaire!

1 Une région du monde: Paris, Gare de Lyon, l'endroit de toutes mes mes plus belles  évasions. 

2- Un restaurant: Logiquement Le Train bleu pour attendre l'éternel Palatino

3- Un fruit:  un de la corbeille du Caravage

4- Un légume: Le chou ou les artichauts de La marchande de fruits et de légumes de Louise Moillon, (Louvre, 2e quart du 17 e siècle)

5- Une fête: La prochaine, la plus kitsch

6 Un objet indispensable:  mon stylo

7- Un bruit: Un grattement discret à ma porte: "ma pâtée est-elle prête? "

8 Un appareil high-tech: Pratique!

9- Une actrice: Revue récemment, piquante et drôle. 

10- Une montagne: Celle-ci en été.
Ce tag ayant désormais pas mal tourné, je ne désigne personne en particulier. Le reprenne qui en a envie. 

lundi 21 novembre 2011

Le dîner, Herman Koch

4ème de couverture: 
Le Dîner dresse le portrait de notre société en pleine crise morale. 
Deux frères se donnent rendez-vous avec leurs épouses dans un restaurant branché d'Amsterdam. 
Hors-d'oeuvre : le maître d'hôtel s'affaire. 
Plat principal : on parle de tout, des films à l'affiche, des vacances en Dordogne. 
Dessert : on évite soigneusement le véritable enjeu du dîner, les enfants. 
Car leurs fils respectifs ont commis un acte d'une violence inouïe. 
Un café, un digestif, l'addition. 
Reste la question : jusqu'ou irions-nous pour préserver nos enfants ?                                               
Pas étonnant que ce livre ait eu un énorme succès dès sa sortie. Il est tout simplement renversant! A prendre au pied de la lettre.
A la réflexion, il ferait une excellente pièce de théâtre, une comédie de mœurs, très sarcastique  avec montée de la tension dramatique tout du long jusqu’à l’explosion finale.
Un seul lieu : un  restaurant chic d’Amsterdam.
Un temps bien resserré : celui du repas avec ses six moments forts de l’apéritif courtois   au moment débridé de l’addition.
Quatre personnages  principaux: les quatre parents  et un objet essentiel : le portable qui les relie à l’extérieur et à Michel, l’un des enfants.
Jusqu’à mi-parcours, quand arrive le plat principal, j’ai cru  tout comprendre, je devinais presque la fin. Je faisais front avec Paul, le narrateur, le père de Michel. J’étais inquiète pour lui et le plaignais de la terrible décision qu’il allait devoir prendre au sujet de son fils unique.
Je partais à fond  dans une direction, celle du cas de conscience d’un père  et c’est dans une autre que l’auteur m’a conduite, à l’opposé, juste à l’opposé. Je suis tombée de Charybde en Scylla,  du meurtre gratuit au mal absolu. Avoir été manipulée à ce point-là, je ne m’y attendais pas. J’ai été choquée, inquiétée, totalement bluffée.
Attention spoiler. Ne pas lire la suite si on ne l'a pas lu! 
Le problème soulevé  dans le roman : jusqu’où peut-on protéger ses propres enfants, en ne les dénonçant pas quand la loi l'oblige  mais aussi comment se fait-il que  tant de jeunes adolescents puissent en arriver à de telles extrémités et enfin et surtout, comment certains éducateurs et parents peuvent-ils encore préconiser le laxisme dans l'éducation des enfants après de si nombreux exemples des plus dramatiques qui sont régulièrement d'actualité?
L’auteur a déclaré s’être inspiré d’une histoire vraie qui s’est passée à Barcelone où deux adolescents filmaient leurs crimes pour les montrer sur le net
Ce livre devrait être bientôt adapté au théâtre en Hollande, en Allemagne et en Espagne. Un film est également envisagé .
Ont aimé ce livre: Clara, Ys,   Dasola,  Amanda, cuné, Manu, Sandrine, Alex, Hélène Brize, Emeraude, Lucie, Liliba
Le dîner de Herman Koch, roman, (Belfond, 2009/2011,330 pages) Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Challenge de Kathel: Pays-Bas                                                         Challenge de Hérisson 08

dimanche 20 novembre 2011

Vassili Joukovski, poème d'un romantique russe.

19 mars 1823

Tu étais douce
Et silencieuse ;
Ton regard triste
Disait ton âme.
Ressouvenance
Des jours qui furent !
Ce fut l’ultime
Sur notre terre.
Tu t’es soustraite
Comme un archange.
Ta tombe est douce.
Là s’illumine
Toute mémoire
De notre monde.
Là s’illumine
Toute espérance

                                                         Astres des cieux...
                                                          Ô, douce nuit!
                                                        
                                                      Vassili Joukovski, 
                                                      1783/1852, 
                                                 poète romantique russe, 
Macha Protassova mourut en couches le 18 mars 1823. Le 10 mars, Joukovski l’avait vue pour la dernière fois.
Poème repris du livre de André Markowicz : Le soleil d’Alexandre, Le cercle de Pouchkine (1802-1841), Actes Sud,  septembre 2011, 565 pages.  

vendredi 18 novembre 2011

Désamour. Abandons


Est-ce  à cause de moi ou d'eux?
Ces livres me sont tombés des mains.
Rom@ de Stéphane Audeguy
La belle amour humaine de Lyonel Trouillot
Aucun n’a trouvé grâce à mes yeux.
A chacun cependant j’ai accordé sa chance: deux heures de
lecture minimum,  avec reprises, essais divers, retours en
arrière!
Rien à faire! Je n’ai pas accroché!
Je les repose définitivement sur leur étagère.
Ces quelques mots seront pour moi leur dernier adieu
Ces deux romans avaient pourtant  en commun: 
- D’avoir des titres  que j’aime beaucoup
- D’être le deuxième livre que je lis de chacun d’eux et d'avoir bien aimé les précédents : 
- d’avoir été encensés par la critique journalistique. Pas un seul article, je ne dis pas négatif mais  qui ne soit pas dithyrambique. 
- d’avoir eu leur chance pour les prix littéraires de la Rentrée.
o Première sélection pour le Goncourt 2011 pour le premier. 
o Finaliste du Goncourt et finalement Prix du roman métis pour le second.
- De présenter des résumés et des quatrièmes de couvertures qui ont réussi à m’intéresser.
Malgré cela : «Je ne saurais déterminer s’il y a eu un moment précis où l’histoire a commencé de m’apparaître comme un long cauchemar. Je suppose que c’est venu, comme le reste, avec le temps.» 
 Ainsi parle la ville de Rome qui est  tantôt le narrateur, tantôt la narratrice de sa propre histoire,  c’est selon. Cette capitale, l’auteur la connaît d’autant mieux qu’il a écrit ce livre alors qu’il était pensionnaire de la Villa Medicis, un des plus beaux endroits de la ville réputée éternelle mais condamnée par l’auteur comme le seront plus tard d’autres Rome: «Londres, New York, Pékin, bien d’autres encore, qui parfois la vaudront, avec leurs beautés compliquées comme des bijoux parthes; parfois non.» 


Quant au livre de Lyonel Trouillot, j’ai relevé de très beaux passages dès les premières pages et, comme d’habitude quand j’aime les phrases et le style de l’auteur, mon exemplaire est très vite devenu un hérisson plein de post-it mais avant même le milieu du roman,  j’ai fini par me sentir à la fois perdue et lassée et malgré plusieurs essais, je n’ai pas réussi à m’intéresser suffisamment à l’histoire de cette quête des origines, du passé et d’un pays que voulait mener la jeune Anaïse en suivant les traces de son père dans son village d’Haïti. 
Je m’aperçois de plus en plus que je n’aime le lyrisme  que dans la poésie, fût-elle en prose, mais pas dans le roman. 
Dommage pour moi! 
Pas trouvé  de billets sur les  blogs parlant de Rom@  pour le moment.
Pour La belle amour humaine,  en revanche Lo,  Stephie,  Emeraude, Chiffonnette, Mélusine, Asphodèle,  ont aimé.
Sont aussi restées à l'extérieur, comme moi: Saxaoul,  Valérie, et peut-être qui d'autres?                                                                                   Challenge de Hérisson08
Edit de 9H30: Bel article sur le Goncourt :ICI, par Jonas Ekhr.