vendredi 30 septembre 2011

La vie commence à 20H10 de Thomas Raphaël

 A peine ouvert, à peine terminé?  
Non quand même pas mais sans les nécessités de la vie quotidienne,  j’aurais bien lu ce roman d’une seule traite tellement son histoire est entraînante, drôle, enlevée, dans le vent.

  C’est ce qui caractérise la chick-lit?
 Sans doute et je ne prétends pas que ce roman soit un chef d’œuvre mais un livre à lire entre deux occupations très sérieuses, deux pavés qu’on aime mais qu’on ne peut savourer qu’à petites doses. C’est parfois nécessaire et de toute façon bien agréable: un bon divertissement.

  De quoi s’agit-il donc? Pourquoi  la vie devrait-elle commencer à cet instant précis?  
Parce que le feuilleton  «La vie la Vraie» commence à cette heure-là et que c’est lui qui est au cœur de l’histoire.
 C’est pour Joyce Verneuil, la productrice que  travaille Sophie, l’héroïne,  devenue coordinatrice d’écriture en cachette des siens qui la croient toujours étudiante  travaillant à sa thèse  de future prof de français. C’est donc une double vie qu’elle mène,  partagée entre Paris et les studios de production et Bordeaux où vit son compagnon,  Marc,  avec ses neveux orphelins qu’ils élèvent ensemble. A lui aussi elle ment car, brillant intellectuel, il méprise ces milieux de la télé. Elle n’a d’ailleurs accepté ce travail si compromettant à ses yeux qu’en échange de la promesse de voir édité  son premier roman.
Pendant les trois quarts du récit on assiste à sa réussite  et à son ascension  tant financière que sociale  mais une série de péripéties, trop longues à raconter, remet tout en cause et de nouveaux choix vont s’imposer qui n’ont pas été à mon goût  si bien que la fin m’a un peu déçue. Je l’ai trouvée trop gentillette, ce qui n’enlève  d’ailleurs rien à mon impression finale que ce livre reste une lecture heureuse et divertissante. 

Bien sûr,  je n’ai pu m’empêcher de repenser  aux livres lus précédemment  sur le même thème,    «Le Diable s’habille en Prada» de Lauren Weisberger et «Saga» de Tonino Benacquista. Quant au feuilleton évoqué, on  pense tout de suite à PBLV, même si je n’ai jamais pu regarder un  seul épisode en entier.

Une fois de plus je me reconnais dans les réactions de Clara

La vie commence à 20H10 de Thomas Raphaël, (Flammarion,  2011, 517 pages)

jeudi 29 septembre 2011

La vie est brève et le désir sans fin de Patrick Lapeyre

Voilà le type même des livres que je n’aime pas : prétentieux, ambitieux et ennuyeux mais primé, encensé, catalogué comme étant de  grande qualité. 
Les personnages me sont antipathiques.  Ils aiment une femme qui n’est là que quand elle le veut bien et ils s’en contentent préférant l’attendre ou dénier la réalité. Ils sont sans colonne vertébrale, mollassons, masochistes,  elle est absente et fatale, chacun peut l’imaginer à sa façon. Elle veut surtout de l’argent et de la liberté.
J’ai lu la plupart des articles qui en parlent, dithyrambiques à la suite de l’attribution du prix Femina 2010.
Qui le compare à Sénèque, d’autres plus modestement à "Jules et Jim", mais du moins, ce dernier livre ne m'est pas tombé des mains, lui.
Désolée, vraiment mais j'ai totalement raté  "cet écrivain rare". et ce livre dont on dit dans la présentation de l'auteur: "Ce dernier roman évoque la dialectique de la grâce et de la souffrance dans une succession d'états sensoriels et poétiques, avec une structure répétitive d'essence quasi-musicale."(Wikipedia)
Seuls ont osé dire que cette lecture les a ennuyés, des blogueurs  peut-être  comme moi  plus sincères qu’inspirés évidemment.
Que dire d’un livre que l’on trouve insipide alors même qu’il vient de recevoir un Prix et qu’il est encensé par la presse unanime sinon qu'on  se sent  deux fois plus déçue justement?
Voilà bien longtemps que je me méfie de ce genre d’articles toujours si admiratifs. Je n’aime pas toutes ces fumées d’encens qui finissent par m’écœurer tant je ne reconnais pas le livre que je viens de lire. J'aurais été heureuse si j'avais pu  trouver de réels moments d'émotion dans ce roman. Je n’y ai trouvé qu'une déception de plus qui me rejette toujours davantage vers la littérature étrangère.
Je renonce même à en raconter l'intrigue tant je désire quitter le souvenir de ce livre au plus vite. Je laisse ce soin à mes co-lectrices puisque c'était une lecture commune faite avec Val   dont je ne connais pas encore l' avis et Tiphanie qui a été également déçue ainsi d'ailleurs que Nina et peut-être d'autres encore.
En revanche, si vous trouvez que je suis trop dure, lisez  les éloges  de presse, tous pleins d'admiration et de ferveur. On les trouve réunis chez P.O.L., l'éditeur.
La vie est brève et le désir sans fin de Patrick Lapeyre (P.O.L., 2010, 348 p.)

Histoire de l’aigle d’André Gide, Le Prométhée mal enchaîné

«Un oiseau qui de loin paraît énorme,  mais qui n’est,  vu de près,  pas du tout si grand que cela,  obscurcit un instant le ciel du boulevard – fond comme un tourbillon vers le café, brise la devanture, et s’abat,  crevant l’œil de C. d’un coup d’aile,  et avec force pépiements,  tendres oui mais impérieux,  s’abat sur le flanc droit de Prométhée.
Celui-ci ouvrant aussitôt son gilet offre un morceau de son foie à l’oiseau.»

Manger ou être mangé?  Que choisir? 
Dévorer son aigle ou se laisser dévorer par lui?
A chacun son Mal !
Quel est celui qui fond sur nous n’importe où et à toute heure quand on s’y attend le moins ? 
Douleur physique fulgurante,
Insatisfaction morale permanente,
Crainte perpétuelle,
Amour insatiable et insatisfait,
Espoir de gloire,
Crainte de déchoir,
Peur de mourir,
Vision du paradis,
Folie….
Quel est notre aigle favori?

Solution:
 Retrouver l’instinct du chasseur.
Tuer l’aigle et tous les dieux.
Vivre le présent.
Oublier.
S’en aller nu vers un bonheur champêtre,
Inviter ses amis
Manger l’aigle avec eux.
N’en garder que les plumes
Rire et beauté !

Excipit:
«Le repas fut plus gai qu’il n’est permis ici de le redire, et l’aigle fut trouvé délicieux.
-         Il n’aura donc servi à rien ? demanda-t-on.
-         Ne dites pas cela ! – Sa chair nous a nourris.- Quand je l’interrogeais, il ne répondait rien… Mais je le mange sans rancune : s’il m’eût fait moins souffrir il eût été moins gras ; moins gras il eût été moins délectable.
-         De sa beauté d’hier que reste-t-il?
-         J’en ai gardé toutes les plumes.
 C’est avec l’une d’elles que j’écris ce petit livre ; puissiez-vous, rare ami,ne pas le trouver trop mauvais.»
  Histoire de l’aigle d’André Gide dans «Le Prométhée mal  enchaîné» (Gallimard, nrf, 1925/1978)

mercredi 28 septembre 2011

Je ne suis pas un homme de Usamaru Furuya, ma BD du mercredi


Furuya, l’auteur de ces deux albums, se plaint un soir de ne pas réussir à  trouver une idée pour son prochain manga lorsque surgit,  après avoir cliqué  sur «école», la séquence des mots suivants: «suicides de mineurs, drogue, violence scolaire, hallucinations, argent, sexe». C’est ainsi qu’il tombe sur «un site perso qui fait mal», le journal de Yôzô Ôba intitulé : «Je ne suis pas un homme», commençant par:  «Il y a eu trop de honte dans ma vie » et s’ouvrant sur son album photo en trois portraits: 
Yôzô à 6 ans, l’ adorable enfant  tout sourire d’une famille bourgeoise qualifié de «tête à claques»,
Yôzô à 17 ans, «un super beau gosse», pensif, en costume très chic,
Yôzô à 25 ans, voûté, vieilli,  négligé,  les cheveux trop longs, «un vrai zombi»

C’est l’histoire de la déchéance de ce Yôzô qui nous est racontée ici.
Il a tout pour réussir: richesse, beauté, intelligence, popularité. Il attire tout le monde et désarme  toutes les jalousies possibles  en faisant rire les autres. Sa beauté, son sourire, son charme, sa générosité lui valent la  réputation de «mec cool» et lui attirent toutes les sympathies.

Seulement voilà:  une malédiction pèse sur lui: plus la chance lui sourit, plus il s’acharne à détruire son bonheur dans tous les domaines : sexe, amour, amitiés, études, famille, argent. Il sombre dans l’alcool, la drogue, la débauche, devient SDF, gigolo, tente de se suicider entraînant sa meilleure amie avec lui  mais là encore il est le seul à échouer. On le sauve et c’est une honte de plus qui s’abat sur lui …
Et ainsi de suite. Il connaît  tous les malheurs du monde.. 

Curieusement ce héros manipulé et manipulateur  qui se vit tour à tour comme un bouffon ou comme une marionnette,  un raté qui n’aime qu’une seule chose dans la vie: le dessin,  ce personnage aurait dû me faire fuir tant il est agaçant mais tout l'art de l'auteur fait qu'il a su le rendre très attachant et qu'on espère sans cesse qu'il s'en sortira et qu'un avenir meilleur l'attend. 

Les images sont crues, violentes quand il le faut. Ce récit secoue très fortement! Je n'aime pas la vie  de cet être qui gâche tout parce qu'on ne lui a pas laissé choisir sa voie au départ: la peinture. (Devenir artiste était une déchéance sociale pour sa famille très aisée qui l'abandonne si vite à son mauvais sort.) Et pourtant j'ai finalement aimé ce diptyque au bout de l'horreur et de la folie  et j'en suis la première  étonnée.
Je ne suis pas un homme, Usamaru Furuya (Casterman, 2009/2011, sens de lecture occidental, histoire inspirée d’un des chefs d’œuvre  de la littérature du XXe siècle,  La déchéance d'un homme de Osamu Dazai (1908-1948)



Participent aux BD du mercredi: 
Arsenul,  Benjamin,  Choco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, Hilde, Hérisson08, Irrégulière, Jérôme,   KikineLa ronde-des-post-it,  Lire pour le plaisir, Lou,  Lounima, Lystig, Mango Manu,  Margotte, Marguerite,  Mathilde,Moka,  Mo', Noukette, Pascale,   Sandrounette, Sara,  Soukee, TheomaValérie,  Vero, Wens, Yaneck, Yoshi73  Yvan, Mr Zombi,   32 octobre, 
  Je participe aussi au challenge BD Pal sèches  de Mo', au Top BD de Yaneck. (Note: 16 /20)

mardi 27 septembre 2011

Sur la lecture de Marcel Proust

 Proust m’accompagne  depuis quelques jours dans toutes mes sorties puisque je l’écoute en boucle dans ma voiture grâce à André Dussollier lisant «Sur la lecture»,  texte qui servit de préface à un livre de Ruskin.
Rien de plus délicieux à écouter que l’évocation d’une de ses journées d’enfance à Illiers/Combray, en compagnie de son livre préféré.
C’est très court mais exaltant.
D’ailleurs plutôt que d’en parler davantage, je vous invite à lire le texte Ici et à voir une video Ici


J’ai plaisir à écouter les phrases qui me plaisent jusqu’à les savoir presque par cœur sans même m’en apercevoir, en douceur.

Au fil de ma lecture:
Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. (Première phrase)
 Qui ne se souvient comme moi de ces lectures faites au temps des vacances, qu’on allait cacher successivement dans toutes celles des heures du jour qui étaient assez paisibles et assez inviolables pour pouvoir leur donner asile?
Ici se place la magnifique évocation d'un déjeuner en famille à Combray puis la description de sa chambre où il se retire après le repas pour continuer sa lecture.
 Après le déjeuner, ma lecture reprenait tout de suite ; surtout si la journée était un peu chaude, on montait «se retirer dans sa chambre», ce qui me permettait, par le petit escalier aux marches rapprochées, de gagner tout de suite la mienne, à l’unique étage si bas que des fenêtres enjambées on n’aurait eu qu’un saut d’enfant à faire pour se trouver dans la rue. 
Enfin arrivent les souvenirs du goûter au fond d'un parc où coule une rivière et là encore il doit un moment cesser sa lecture, le livre ouvert posé à l'envers sur l'herbe avec interdiction de le reprendre et puis,  après le dîner, voici la nuit quand le livre est enfin terminé, que l'on a dû lire en cachette, après avoir été interrompu toute la journée .
Puis la dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond. Alors, quoi? ce livre, ce n’était que cela? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait, et même quand nos parents nous trouvaient en train de lire et avaient l’air de sourire de notre émotion, fermant le livre, avec une indifférence affectée ou un ennui feint; ces gens pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux. Déjà, depuis quelques pages, l’auteur, dans le cruel «Épilogue», avait eu soin de les «espacer» avec une indifférence incroyable pour qui savait l’intérêt avec lequel il les avait suivis jusque-là pas à pas. L’emploi de chaque heure de leur vie nous avait été narré. Puis subitement:«Vingt ans après ces événements on pouvait rencontrer dans les rues de Fougèresun vieillard." On aurait tant voulu que le livre continuât, et, si c’était impossible, avoir d’autres renseignements sur tous ces personnages, apprendre maintenant quelque chose de leur vie, employer la nôtre à des choses qui ne fussent pas tout à fait étrangères à l’amour qu’ils nous avaient inspiré. 
 La lecture est au seuil de la vie spirituelle; elle peut nous y introduire: elle ne la constitue pasLa lecture n’agit que comme une incitation qui ne peut en rien se substituer à notre activité personnelle.
(à suivre et à relire)
 Sur la lecture de Marcel Proust. Texte intégral  lu par André Dussollier (Éditions Thélème)

lundi 26 septembre 2011

Ma Rentrée littéraire 2011: les deux challenges.


- Parce que voici  déjà fin septembre 2011,
- Parce que je viens de signaler à Hérisson08 ma quatrième contribution sur les sept livres promis pour son Challenge du 1% .
- Parce que j'ai découvert un autre challenge de la Rentrée, celui des Agents littéraires qui se propose de ne collecter que les livres des "petits éditeurs", (ça, ce n'est pas le plus simple: il faut savoir les dénicher. En voici une liste précieuse donnée par Alice en commentaire  de ce challenge si elle me le permet):


- Les Allusifs (115 titres au catalogue)
- Ere (une quarantaine de titres)
- Inculte (70 titres)
- Cartouche (70 titres)
- Sabine Wespieser (une centaine de titres)
- Arbre vengeur (80 titres)
- La Branche (40 titres)
- L’Hèbe (175 titres)
- Cambourakis (75 titres)
- Mols (100 titres)
- Bleu autour (120 titres)
- Le Passage (155 titres)
- L’une et l’autre (45 titres)
- Galaade (95 titres)
- Tristram (90 titres)
- Absalon (15 titres)
- Balland (85 titres)
Anne ajoute:
-  Sonatine 
- Alma Editeurs
- Parce que je ne sais pas trop où j'en suis de ces lectures de la rentrée et que je lis aussi  d'autres livres plus anciens,
- Pour toutes ces raisons, je sens le besoin de faire le point sur mes lectures faites ou à faire pour ces challenges et avant même de m'inscrire au second.

J'ai donc lu jusqu'ici:

Tuer le père d’Amélie Nothomb 
Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan
Un lézard dans le jardin d’André Agard
Séquestrée de Chevy Stevens

Je dois lire dans les jours qui viennent:

Les successions de MiKaël Hirsch (L'Éditeur)
La question Finkler de Howard Jacobson (Calmann-Lévy)
Les jeunes filles et la mort de Michael Genelin (Marabout)
L'Évangile selon Francy de Amanda Lind (First Éditions)
Aleph de Paulo Coelho (Flammarion)
Sugar Baby de Philippe Bertherotte (aê, les éditions arkhê)
Non stop de Frédéric Mars (Hachette)

Ceux-là sont déjà dans ma PAL mais  j'ai aussi plein d'autres titres qui me font très envie et qui passeront peut-être finalement en priorité. Je ne suis que mon envie du moment quand je commence un roman. (Je pense à "Limonov" d'Emmanuel Carrère, par exemple, ou  au livre du très jeune Marien Delfavard: "Du temps qu'on existait"). 
Je verrai bien. La beauté ne surgit-elle pas  toujours du hasard? 

dimanche 25 septembre 2011

Tout un chacun. Gaston Miron. Poète canadien.

Chacun ses pieds
Dans ses pas

chacun ses larmes
Au large des yeux

Chacun sa main
Dans l’aumône

Dans les trois-mâts
Chacun ses rêves

Son mal de poudrerie
Dans ses désirs

Son mal de nébuleuse
Dans ses pensées

Au repas
Chacun sa dent

Chacun son cou
Dans l’amour

Chacun, chacun

Chacun ses os
 au cimetière



Tout un chacun,  Gaston Miron,  poète canadien (L’homme rapaillé, les poèmes, (Gallimard. Collection Poésie. 1970/1999)
Peintures de Marie Christine Gayffier, vues dans  l'émission "Thé ou café".

samedi 24 septembre 2011

Séquestrée de Chevy Stevens - Le thriller de la Rentrée?

J’ai préféré attendre quelques heures entre la fin de ma lecture et l’écriture de ce billet pour mieux maîtriser mon enthousiasme et retrouver un peu de  sang-froid.
Ce récit m’a coupé le souffle,  presque autant que pour "Sukkvan Island"  quand je ne savais pas encore que ce dernier deviendrait un livre culte.
Celui-ci vient de paraître en français et,  sans être d’une originalité folle quant au thème de la séquestration, de la recherche du violeur et de la reconstruction de la personnalité de la victime, les vingt six chapitres se dévorent dans la plus pure tradition des meilleurs thrillers. Je pense à mes derniers coups de cœur policiers: «Robe de marié» de Pierre Lemaître ou «Le confident»  de Hélène Grémillon ou encore de Kate Atkinson: «A quand les bonnes nouvelles?»
Séquestrée !  Espérance !
 Entre ces deux mots, toute l’histoire d’Annie O'Sullivan, une jeune femme de 32 ans,  agent immobilier sur l’île de Vancouver,  au Canada qui  mène une existence tranquille,  plutôt heureuse,  avec sa mère,  son beau père,  Luc,  son amoureux et Christina,  sa meilleure amie, tous dans la même petite ville où tout le monde se connaît.
Sa vie bascule  lorsqu’un homme l’enlève alors qu’elle lui fait visiter  une maison à vendre. Elle vivra avec lui une année entière enfermée dans un chalet de montagne isolé et hermétiquement clos. Très vite elle se rend compte que, si elle n’apprend pas à connaître ses points faibles qui le rendent fou, elle risque le pire. Pas de scènes gore ici,  l'horreur vient surtout des  contraintes psychologiques qui la déstabilisent et la conduisent à frôler la compréhension et la pitié envers son kidnappeur. 
 Une petite fille naît qui la rend heureuse  un moment  mais…non je ne peux pas en dire davantage si ce n’est que le pire viendra après sa libération.
La fin ne m’a pas déçue, loin de là, ce qui est rare  pour moi quand je lis un policier ou un thriller.
Tout est raconté par la victime elle-même au fur et à mesure des vingt six séances  chez une psychanalyste. Je me suis attachée à ce personnage qui est très forte  malgré la dépression dans laquelle elle tombe à sa sortie qui provoque en elle de terribles crises de panique, des cauchemars, des crises de paranoïa mais sa force de caractère,  son amour pour son chien si fidèle, sa lucidité,  son courage aussi  et par-dessus tout  son besoin de comprendre qui se cache derrière cette tragédie, toutes ces qualités font qu’on s’identifie facilement à elle et qu’on vibre à tous les progrès de l’enquête qui s’oriente très vite vers son entourage. Comme elle, on finit par soupçonner tout le monde!
C’est un premier roman  traduit dans vingt pays, best-seller aux Etats-Unis et en Allemagne qui est sorti,  dans un premier temps, à France-Loisirs sous le titre «La cabane de l’enfer». Le titre original est «Still Missing».

Séquestrée de Chevy Stevens, suspense, thriller, (L’Archipel, septembre 2011, 335 pages) Traduit de l’américain par Sebastian Danchin. Titre original : «Still Missing»
Coup de cœur pour Liliba aussi et pour Mystère Jazz,
Nouvelle participation au Challenge de Hérisson08

vendredi 23 septembre 2011

Virginie Despentes - Apocalypse bébé

Ce Prix Renaudot 2010 est mon premier contact avec l’écriture de Virginie Despentes et je ne suis pas déçue. D'ailleurs, malgré deux ou trois billets négatifs, ce roman a  reçu un bon accueil aussi bien par les blogueurs que par les journalistes.  

Installée à Barcelone, la ville avec Paris au centre du récit, l’auteur a mis trois  ans à l'écrire. Elle aurait été influencée par les auteurs sud-américains découverts alors et en particulier par Roberto Bolano. Quant au personnage  à l’origine du récit, ce père écrivain en mal de reconnaissance, il lui aurait été curieusement inspiré par la lecture de Bernard Franck.  

 Ce pourrait être un polar puisque les héroïnes, Lucie et «La Hyène»  sont deux  femmes détectives, à la recherche de Valentine, une jeune fugueuse de quinze ans. L’enquête sera plus difficile qu’il n’y paraît au premier abord et conduira le lecteur de Paris à Barcelone avec retour à Paris après maintes péripéties et rebondissements tragiques ou cocasses où on apprend surtout à connaître  ces trois  femmes, si différentes  tout en assistant à leur évolution, celle de Lucie surtout qui entame en Espagne une "romance lesbienne" qui semble l'épanouir. 

Lucie, c'est avant tout la narratrice, trentenaire, banale, effacée,
«Je suis la gourde mal payée qui vient de se taper quinze jours de planque pour surveiller une adolescente nymphomane, défoncée à la coke et hyper active… Je ne m’en suis pas plus mal tirée qu’un autre,  jusqu’à ce que Valentine disparaisse.»
 «La Hyène» ensuite, la détective expérimentée si efficace:
«Elle me précède, solide et désinvolte, ses jambes sont longues et fines dans son petit jean blanc, elle a la maigreur chic, un corps qui tend à disparaître et porte bien les fringues… Elle s’assoit en face de moi, bras relevés sur le dossier de la chaise, jambes écartées, on dirait qu’elle s’évertue à occuper un maximum d’espace avec un minimum de masse corporelle… Ses yeux sont très grands, sombres, elle est ridée façon vieille indienne,  ça rend son visage expressif.»
 Valentine enfin, la fugueuse dont on ne connaît que peu de choses au début:
«- Remuante. Chaudasse. Inconsciente.  Le père est écrivain, rentier, fortune industrielle, pharmaceutique, dans le Rhône. Il a élevé la petite avec la grand-mère, très présente. La mère est partie quand Valentine avait deux ans, elle ne la voit pas, pour le moment, personne ne sait où elle est.»
 L’histoire en elle-même est relativement simple  mais le style, les personnages, la satire sociale, l’évocation des modes et des mœurs actuelles, en somme tout ce qui fait la marque de l’auteur m’ont vivement intéressée et finalement j’ai bien aimé ce livre poivré, salé, pimenté  à souhait. Un bon moment de lecture.
Virginie Despentes -  Apocalypse bébé, roman, (Grasset, 2010, 343 pages), Prix Renaudot 2010

jeudi 22 septembre 2011

L’humour juif. Dieu soit loué de Victor Malka

Je viens de recevoir un livre qui m’a bien amusée!
Il s’agit d’un dictionnaire: le Dico de l’humour juif  dont voici quelques extraits pris au hasard.

De Groucho Marx:
«Quand je suis entré dans ma chambre d’hôtel hier soir, j’ai trouvé une blonde dans mon lit. Je lui ai donné vingt quatre heures pour quitter la chambre.»

De Mel Brooks:
«Observez l’histoire juive : elle est pleine de malheurs, de larmes et de catastrophes. Il était impossible de la supporter. Alors Dieu a créé, pour chaque dizaine de juifs qui pleure ou qui se lamente en se frappant la coulpe, un fou qui les amuse. Pour que, grâce à ce rire, ils restent en vie. J’ai toujours su que j’étais un de ces fous.»

Victor Malka,  dans sa préface, rappelle très justement  qu’il faut d’une part  savoir déguster ces histoires et surtout savoir les raconter!
«Une blague à la fois, ça va;  en grand nombre, bonjour les dégâts.»

Littérature:
Deux écrivains israéliens qui ne se supportent pas:
-         J’ai beaucoup aimé votre livre, dit l’un. Qui vous l’a écrit?
-         Je suis content de savoir que vous l’avez aimé, répond l’autre. Qui vous l’a lu?

***
-     Papa, qu’est-ce qu’un monologue?
-     C’est une discussion entre ta mère et moi!

***
-         Que dit ta femme quand tu rentres si tard dans la nuit?
-         Elle devient historique.
-         Tu veux dire hystérique?
-         Non, elle commence à fouiller mon passé.

***
-         Allô, maman, tu vas bien?
-         Très bien, mon fils, je vais très bien!
-         Excusez-moi, Madame, j’ai dû faire un faux numéro!

***
-         Pourquoi les mères juives ne boivent-elles jamais?
-         Parce que l’alcool les empêche de se faire des soucis.

Dieu soit loué de Victor Malka
De Abraham à Yddish.  Le Dico de l’humour juif  (Éditions l’Archipel, septembre 2011, 336 pages)
«Classé alphabétiquement par mots-clés, ce recueil rassemble le meilleur de l’humour juif : quelques trois mille histoires drôles, anecdotes et mots d’esprit.»

mercredi 21 septembre 2011

Elmer de Gerry Alanguilan, BD du mercredi

Curieuse histoire! Curieux héros! Curieux roman graphique!
Sans Mo’ qui en a  parlé si bien  et si chaleureusement recommandé cette BD , un mercredi de mai dernier, je n’aurais jamais eu l'idée de  choisir cet album. La seule vue de la couverture m’aurait fait fuir: un encadré de  coq arborant  une belle et fière crête rouge, ce n’est pas spécialement une image faite pour me plaire. A vrai dire, un tel  coq bien vivant au milieu de sa basse-cour, voilà bien longtemps que je n’en ai pas vu!

 Bien sûr, il s’agit d’une fable  et je viens de beaucoup apprécier Blacksad. Je commence donc à m’habituer aux histoires où les animaux remplacent les hommes.
 Qu’en est-il  de celui-ci qui s’est vu décerner le prix Asie ACBD 2011 et que l’on nous présente comme la première BD philippine traduite?

Jack Gallo est un jeune coq  qu’un cauchemar  réveille un beau matin  d’octobre 2003 : il doit se présenter à un entretien d’embauche.
 A la une de tous les journaux,  la grippe aviaire fait paniquer les humains.
 Dans sa recherche d’emploi, il se sent discriminé parce qu’il n’est qu’un poulet. Ce n’est en effet que très récemment  que les coqs et les poules ont été reconnus comme les égaux des hommes,  après la nuit de leur métamorphose et une terrible lutte de reconnaissance de leurs droits. L’équilibre et l’égalité entre ces deux espèces restent cependant très  fragiles  et l’épidémie qui commence entraîne un vrai génocide de poulets.
Ce même mois, son père meurt. Il hérite de son journal intime et c’est ainsi, en lisant l’histoire héroïque de ses parents qu’il découvre la vérité concernant ses voisins et les rôles joués par chacun d’eux. Ben, par exemple,  leur fermier, a été un  protecteur des plus admirables.
Et l’histoire de Jack, le jeune coq,  continue ainsi avec ses hauts et ses bas. Il doit arriver à s’insérer dans cette nouvelle société et trouver le rôle qu’il devra à son tour y jouer.
 L’essentiel tient dans le message de paix et de compréhension mutuelle des différences de chacun que met en valeur cette fable. Le racisme, la tentation de se protéger par l’exclusion des autres, voilà le mal et le danger toujours prêts à renaître et qu’il faut sans cesse combattre.
C’est très bien fait, agréable à lire et à regarder, ni didactique ni outrancièrement moralisateur. J’ai bien aimé.

Elmer de Gerry Alanguilan (éditions Ça et Là, 2009/2010, 141 pages)  One shot traduit de l’anglais des Philippines par Sidonie van den Dries.





Participent aux BD du mercredi: 
Arsenul,  BenjaminChoco, Chrys, Delphine,  Didi, Dolly,  Emmyne,  Estellecalim, HildeHérisson08, IrrégulièreJérôme,      KikineLa Ronde-des-pos-itLire pour le plaisir, Lou,  Lounima, Lystig Mango, Manu,  MargotteMarguerite,  Mathilde,Moka,  Mo', Noukette, Pascale,   Sandrounette, Sara,  Soukee, Theoma, Valérie,  Vero,Wens, Yaneck, Yoshi73  Yvan, Mr Zombi,   32 octobre, 
  Je participe aussi au challenge BD Pal sèches  de Mo', au Top BD de Yaneck. (Note: 17,5 /20)
Un bon conseil, valable pour moi aussi: Suivre le très intéressant nouveau challenge Roaarrr de Mo'