lundi 3 janvier 2011

Gogol et Romilly. Plaisir inattendu d'un rapprochement littéraire charmant.

Plaisir inattendu  ou les surprises du petit écran: le rapprochement inattendu de Nicolas Gogol et de Jacqueline de Romilly, tous deux en nocturne ce 3 janvier 2011.


Je prépare ce billet sur "La perspective Nevsky"  de Gogol, nouvelle qui vient d'être lue à l'antenne lorsque passe sur Arte la belle émission  sur Jacqueline de Romilly qui parle de ses derniers travaux mais aussi et surtout de sa vie d’aveugle ces dernières années, ce qui ne lui ôte  ni sa joie  ni sa vitalité!  Que j’admire cette femme et comme elle est agréable à écouter.!  Pas besoin de la regarder d’ailleurs.  Si la peau de son visage est naturellement tavelée à 95 ans, sa voix, elle, n’a pas vieilli. On la voit travailler avec une autre personne qui lui relit ce qu’elle vient de lui dicter! Bel optimisme! Belle façon de vieillir! Belle vie tout simplement!


Mais je m’égare puisqu’aussi bien ce n’est pas vers la Grèce que je comptais m’orienter mais à l’opposé, c’est en Russie que je me suis réveillée et plus exactement à Saint Pétersbourg, sur la Perspective Nevski (ou Nevsky,j’ai trouvé les deux versions) , en compagnie de Gogol dont le texte est en lecture libre sur le net  avec la fameuse Louise du « Bout de la Nuit ». J’en ai déjà écrit un billet en 2009 mais ce qui m’a frappée cette fois,  c’est l’importance de la traduction. J’avais en main le Librio où le traducteur est Boris de Schloezer alors que le texte lu à l’antenne  était traduit par quelqu’un d’autre. Je ne sais pas de quelle édition il s’agit car la couverture de chaque livre est soigneusement cachée.


Pourquoi faut-il que dans un cas le peintre amoureux Piskariov, ayant absolument besoin d’un produit pour combattre son insomnie et rêver  à nouveau à la femme qu’il aime se voit remettre  des gouttes d’opium par un marchand persan dans un  vulgaire «pot»  et dans l’autre version, cette «liqueur brune» lui est versée  dans un «flacon». Ça n’a l’air de rien au premier abord et pourtant!   De la femme qu’il peindra ensuite, tout en elle sera «harmonieux» chez Librio et «généreux» ailleurs. Une action  simplement "utile"  deviendra  facilement «méritoire» et un «rêve»,  une "vision nocturne". Enfin un «vague rond de cuir»  se transformera en «scribe».


N’empêche ! C’était quand même très agréable de réentendre  les conseils donnés finalement par Gogol  à ceux qui se promènent dans cette célèbre avenue commerciale «où tout sent le mensonge»  «Ne regardez pas tant les vitrines des magasins! Les objets qu’on y voit exposés sont très jolis mais ils coûtent un trop grand nombre d’assignats. Mais surtout que Dieu vous garde bien de glisser vos regards sous le chapeau des dames ! Si bel effet que produise, le soir, en se déployant au loin, le manteau d’une jolie femme, je ne le suivrai point. Eloignez-vous autant que possible des réverbères et passez votre chemin aussi vite que vous le pouvez.

 Elle ment à chaque heure du jour et de la nuit, cette perspective Nevsky»
 Sites à visiter sur  La perspective Nevski: la traduction du  texte de Gogol: ICI Mon billet: ICI  Les photographies anciennes et les peintures sur cette avenue: ICI  Les monuments français de la perspective: ICI  Une BD de Redolfi: ICI

20 commentaires:

  1. J'ai ajouté récemment les nouvelles complètes de Gogol à ma bibli et depuis je me délecte par petits bouts

    Par contre j'aimerai bien comprendre où et quand écouter cette dame ? sur une radio ? tu nous allèches et tu nous caches tout !!

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  2. J'ai lu la perspective Nevski, dans la version Librio, il y a quelques années, et j'en garde un assez bon souvenir, même si je ne me souviens pas bien des détails... Au final, quelle version t'a semblé être la meilleure ? De toute façon, une traduction est toujours un peu une trahison ; reste à savoir jusqu'à quel point on a trahi la volonté de l'auteur d'origine. Pour ma part, je me console de ne pas connaitre les langues étrangères en me disant que, trahison ou pas, je lis une histoire, qui, pour n'être pas tout à fait agencée comme l'a voulu son premier auteur, n'en est pas moins passionnante...

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  3. Dominique, non, non je ne cache rien! J'ai déjà écrit sur mon habitude d'écouter les lectures nocturnes de Direct8. Je les écoute tout en étant sur l'ordinateur donc un peu d'une oreille distraite mais si la voix est belle, la lecture intelligente ou si je connais bien l'œuvre lue, alors je m'arrête et écoute attentivement en suivant l'écrit! J'aime ça!
    http://liratouva2.blogspot.com/2010/12/ma-nuit-avec-ann-et-andersen-sur-direct.html

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  4. Sammy, loin de moi la prétention de critiquer quelque traduction que ce soit quand je ne connais pas la langue d'origine! Je bénis, admire, vénère et ne remercierai jamais assez les traducteurs qui font ce métier ingrat si peu reconnu! Sans eux je ne connaîtrai pas la moitié des livres que j'aime: les russes, les espagnols, les asiatiques etc. Simplement il se trouve que par hasard je lisais une traduction pendant qu'on m'en lisait une autre. C'était si différent parfois que ça m'a passionnée et j'ai été encore plus attentive! Je suis incapable de dire quelle est la meilleure version, ce que je m'avancerais peut-être à faire si c'était de l'italien puisque je suis bilingue. Je me dis simplement qu'en russe le passage pouvait peut-être prêter à confusion ou à tout le moins à certaines ambiguïtés!

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  5. On ne peut que remercier les traducteurs en effets - de cultures et de sensibilités différentes - car, à moins de parler un nombre considérable de langues... on se priverait de bien des oeuvres.

    Et je ne peux que te remercier pour ton riche billet... qui va m'en faire encore et encore rajouter à la "pile"...

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  6. Gogol, un auteur que j'adore, et consomme avec passion.
    Et lire saint Pétersbourg dans ton post me ravi. Je suis allé plusieurs fois dans cette ville extraordinaire. Je rêve d'y aller à nouveau.

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  7. Et quand çà l'émission sur Jacqueline de Romilly ? J'ai rien vu dans le programme.

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  8. Je n'ai jamais lu Gogol... shame on me! Mais c'est drôlement tentant tout ça. Et ce billet est ma foi bien intéressant.

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  9. Ötli,en effet, sans traducteurs et nous revoilà au temps de Babel!

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  10. dimitri, je l'idéalise peut-être mais c'est une des villes qui m'attire le plus

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  11. Aifelle, ce n'est pas sur mon programme télé non plus! Je l'ai trouvée par hasard sur la 5,ce matin, aprés la fin de "Voyage au Bout de la Nuit", donc peu aprés 6 H . C'était déjà commencé quand je suis tombée dessus Peut-être que cette émission est destinée à repasser encore:
    http://documentaires.france5.fr/documentaires/jacqueline-de-romilly-la-vigie-grecque

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  12. Karine:) Lis Gogol,c'est extrêmement intéressant! Plus surprenant que je ne l'imaginais!

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  13. Un rapprochement très intéressant, en effet, et auquel on ne pense pas forcément du premier coup, rires.

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  14. Alex, c'est ce qui m'a plu, ce télescopage! :)

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  15. Après l'amérique, je m'attaque à la russie !
    Ps : sur quelle chaine parle-t-on de romilly, je ne l'ai pas trouvé dans les programmex TV ? Je compte de toute manière lire un de ses livres, car je ne crois pas en avoir lu ! hélas !

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  16. maggie, je n'ai rien vu dans les programmes non plus mais si tu tapes France 5 tu vois qu'ils ont passé ce documentaire vers six heures: "Jacqueline de Romilly, la vigie grecque"
    http://documentaires.france5.fr/documentaires/jacqueline-de-romilly-la-vigie-grecque

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  17. Je n´ai jamais lu Gogol, que me conseilles-tu Mango ?

    Moi aussi, j´ai une grande admiration pour Jacqueline de Romilly.
    Comme toi, j´aimais écouter sur Canal Académie( radio sur le Web) les entrevues qui lui ont été faites.
    Vous pouvez d´ailleurs les réécouter.
    Belle lecture Mango

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  18. Alba, J'ai beaucoup aimé "Les âmes mortes" et je le relirais volontiers d'ailleurs pour savoir si je l'aimerais encore!

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  19. Ah ben justement je participe à la semaine russe de Cryssilda et j'ai justement lu les deux premières nouvelles du Librio. J'ai terminé "Le portrait" hier etil me reste donc la fameuse perspective à découvrir! En tout cas j'aime la critique de Gogol de cette avenue factice!

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  20. Tu poses bien les problèmes de la traduction entre la traduction servile et celle qui s'éloigne trop du texte et ne respecte pas le style.
    Kundera, lui, horrifié par son traducteur français, a résolu le problème en traduisant ses textes lui-même puis en écrivant en français!

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