mercredi 1 juin 2011

Lucy, La femme verticale de Andrée Chedid

«L’enfant multiple» ou «Lucy» ?
A l’occasion de ce rendez-vous du Blogoclub de Sylire et Lisa du premier juin 2011, je cherchais à la bibliothèque le  premier titre, considéré comme le chef d’œuvre de la romancière lorsque j’ai aperçu le second à ses côtés sur l’étagère. J’en ai profité pour lire ces deux livres à la suite et curieusement c’est le second que j’ai préféré. Je l’ai trouvé plus original et plus poétique que le roman de cet adorable enfant qui sème le bonheur autour de lui, récit  qui ne m’a cependant pas déplu. 
  
Lucy, est un hymne  en trois parties concernant cette très lointaine cousine  pré humaine de 3 millions d’années, dont le fossile a été découvert en 1974 en Ethiopie. Apte à la marche, elle devait vivre enore en grande partie dans les arbres et se déplacer en s’appuyant sur ses membres antérieurs plus longs  que les autres. Avec ces connaissances nouvelles, Andrée Chedid  imagine une Lucy constamment tenaillée par le « désir d’horizon » et celui de s’élever pour devenir «la femme verticale» au prix d’énormes efforts et de bien des échecs.

 Andrée Chedid divise son texte en trois parties : l’appel, le crime et le désir. 
L’appel est celui de Lucy , cette pionnière qui veut se transformer .
«Enfouie dans l’épaisseur du temps, perdue au creux des millénaires, suspendue par moments aux branches d’un arbre, je vais, je viens, j’appelle. Je cherche à me faire entendre, à m’approcher.
Me faire entendre de qui ? M’approcher de quoi ?… Je cherche à rejoindre. A te rejoindre toi, là-bas, si loin, à des millions d’années. Toi, mon enfant d’un autre temps.»
Le crime est celui que projette d’accomplir la romancière elle-même pour effacer  deuils,  massacres, carnages, souffrances sans fin de l’avenir de Lucy.
«Je ne sais encore comment m’y prendre, et j’ignore de quelle façon je mènerai ce récit. Mais j’échafauderai, au fur et à mesure, la préparation du meurtre et le témoignage des mots.
J’exterminerai Lucy.
J’enrayerai la race humaine et son destin pervers.»
Le désir surgit au premier vrai regard entre Lucy et la femme qui sait non seulement se tenir  debout  mais aussi tenir une plume et écrire.
 «Je ressuscite ces minutes où le temps explose, où Lucy me hante, puis m’habite. Ces minutes où Lucy, menée par une brûlante envie de nous rejoindre –mieux que cela- de nous enfanter-, redresse son corps, et enfin debout accomplit son premier pas. Dorénavant je suis avec Lucy. L’une et l’autre, quoi qu’il advienne, nous sommes réunies . Je deviens elle. Elle devient moi.Par la grâce de Lucy, j’existerai, tu existeras, nous existerons. J’accéderai au monde et à son mystère. J’accepterai l’énigme. Je consentirai au combat. Vois combien la Vie nous désire et combien, par milliards, nous lui répondrons.» 
Voici un livre que j’ai goûté comme un long poème très aimé, l’épopée de l’évolution humaine.
  Lucy, La femme verticale de Andrée Chedid, (Flammarion, 1998, 95 pages)

17 commentaires:

  1. Merci Mango de nous présenter ce livre que je n´oublierai pas de chercher pour ma fille, passionnée de l´évolution de l´homme.

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  2. Alba, Ce petit livre m'a donné envie de mieux connaître ce que l'on sait concernant Lucy et j'ai été vivement intéressée. Ceci dit, c'est plus poétique que scientifique mais ta fille aimera probablement.

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  3. La fameuse Lucy. J'ai lu quelques articles sur elle. Ce n'est surement pas un livre scientifique mais il doit sans aucun doute très intéressant.

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  4. Le style a l'air d'être entièrement différent de celui que j'ai lu : La sixième femme. C'est curieux! On dirait un écrivain différent! Ceci dit le sujet m'intéresse et la manière de le traiter aussi.
    J'ai ouvert mon nouveau blog, même titre : Ma librairie même pseudo : claudialucia.
    http://claudialucia-malibrairie.blogspot.com/

    J'ai publié mon billet sur La sixième femme :
    http://claudialucia-malibrairie.blogspot.com/2011/05/le-sixieme-jour-andree-chedid.html

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  5. Cette romancière avait de nombreux talents ! Je ne suis pas sûre que ce texte m'aurait plu cependant.

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  6. dimitri, J'aime bien comme elle s'implique ici dans ce dialogue avec cette Lucy au nom de chanson.

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  7. claudialucia, en effet je viens de lire ton billet sur "Le sixième jour" et les deux livres n'ont rien à voir semble-t-il: ils ne sont pas sur le même registre. L'un semble plus réaliste, l'autre plus poétique.

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  8. Manu, c'est un texte tout à fait particulier. Ce n'est ni un récit ni une nouvelle.

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  9. Je suis toujours très sensible aux titres et je trouve celui-ci très beau (tout comme "l'enfant multiple d'ailleurs)
    pas grand chose à voir avec l'histoire de Omar-Jo assurément.

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  10. Fransoaz,oui,les titres sont bien choisis et ses talents sont multiples: rien à voir entre ces deux livres.

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  11. J'ignorais qu'elle avait écrit sur Lucy. J'avais lu et aimé "la sixième femme" d'elle, pourquoi pas celui-ci si j'ai l'occasion.

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  12. Aifelle, ce petit livre (c'est un volume assez mince) m'a beaucoup surprise: je ne m'attendais pas à autant de lyrisme.

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  13. Tu en parles très bien et les extraits que tu cites sont vraiment beaux. Je retiens ce titre dont je n'avais pas entendu parler jusqu'ici.

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  14. Chedid n'est pas une romancière qui m'est familière et je n'avais pas particulièrement accroché à ses nouvelles. En revanche, j'avais bien aimé le message et je note Lucy qui a l'air d'un roman original...

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  15. sylire, Je l'ai également découvert à l'occasion de ce rendez-vous de juin.

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  16. maggie,j'ai lu ce court volume plutôt comme un essai,une épopée,un hymne. On ne peut pas le considérer comme un roman.

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