dimanche 12 juin 2011

Le Fils, Michel Rostain, récit, Goncourt du Premier Roman 2011

«Papa fait des découvertes. Par exemple ne pas passer une journée sans pleurer pendant cinq minutes, ou trois fois dix minutes, ou une heure entière. C’est nouveau.» 
Ainsi commence ce récit relatant le lendemain, la semaine, l’année, enfin les cinq années qui ont suivi ce dimanche  25 octobre 2003, à 16 h 17 quand Lion, le fils de l’auteur, est mort en salle de réanimation, à l’hôpital de Quimper, d’une méningite foudroyante. 
Il se termine à la mi-avril 2010, lors de l’éruption du  volcan islandais  au nom imprononçable: Eyjafjallajökull qui projette des fumées à dix kilomètres d’altitude,  les cendres  du fils mêlées à celles du volcan qui font le tour du monde. C'est là que dans une sorte de pèlerinage, les parents du jeune homme ont déposé ce qui leur restait de leur enfant.
«Ce qu’on voit en fait dans le ciel de ce printemps? Ce ne sont que mes cendres qui disparaissent un peu plus. Le reste, c’est de l’ordre du roman. Ce n’est pas rien.» 
Entre ces deux moments, le fils décédé retrace la douleur du  père et ses efforts pour vivre  le deuil.  Il évoque les mille histoires que  ce dernier se raconte pour survivre et transformer l’absurdité de l’événement en contes mythiques et familiaux. La réalité sordide de la mort, il l'apaise ainsi au fil du temps par des fictions fantastiques et merveilleuses, seules dignes d’apaiser sa souffrance et c’est ainsi que s'écrit ce livre et qu'il se termine,  le 31 mai 2010.

Un beau livre, émouvant bien sûr  mais sans trop puisque c'est le fils disparu qui parle et un mort, c'est bien connu,  n'éprouve plus rien et se contente d'énumérer les faits bruts  qui, eux, peuvent s'avérer tour à tour dignes et drôles, juste ce qu'il faut. 
Une lecture dure et belle à la fois. 
Je  plains le père et admire l'écrivain. 
C'est lui qui a obtenu le Goncourt du premier Roman 2011 bien que  ne faisant pas partie de la sélection préalablement annoncée par l’académie à  voir ICI
Le fils,  Michel Rostain, récit, (Oh éditions, 2011,174p).
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16 commentaires:

  1. Un très beau livre que j'ai noté sur ma liste. Dans une interview récente, l'auteur disait que son livre était aussi une célébration à la vie.
    Comme en plus j'aime beaucoup les récits, ce livre est pour moi à ne pas manquer.

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  2. Comme je lis pour m'évader, je préfère la fiction aux récits témoignages, surtout sur ce genre de sujets !

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  3. dimitri, ce roman a reçu un très bon accueil de tous côtés.

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  4. Manu, Ce récit n'est évidemment pas un livre d'évasion. Mieux vaut passer dans ton cas.

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  5. J'avais vu l'auteur à la grande librairie, et malgré sa grande pudeur il m'avait fait pleurer... je ne suis pas sûre d'avoir le coeur assez solide pour lire le livre...

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  6. Irrégulière, c'est un récit qui ne s'arrête pas à la période du deuil mais qui montre aussi comment il s'en est sorti.

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  7. J'ai tout récemment lu le billet de Reka sur ce titre et elle y déplorait le manque de compassion du fils.
    D'après toi, cela semble lié à son statut de défunt.
    Du coup je ne sais plus trop, je verrai si je tombe dessus en librairie ;)

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  8. Cynthia, bien sûr! Cette remarque de Reka m'a étonnée d'ailleurs car c'est sur cette neutralité du fils désormais insensible et indifférent que repose le livre. C'est répété à plusieurs reprises. Le père,athée, montre comment il a évité la tentation de croire à un fils vivant après la mort dans un paradis ou un enfer religieux. Il ne veut pas entendre des voix, des signes etc. bien que ce soit une grande tentation mais il ne peut s'empêcher de suivre le dernier désir du fils de son vivant de voir disperser ses cendres en Islande. Un fils rendu sensible et larmoyant et le livre aurait été tout autre mais le père ne veut pas croire aux fantômes ou aux revenants non plus. Son athéisme le guide. Son fils n'éprouve plus rien: il est définitivement mort. C'est ce qu'il y a de plus dur à accepter.

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  9. J'aimerais beaucoup lire ce livre ! J'ai entendu Michel Rostaing dasn Passion classique chez Olivier Bellamy, c'était très touchant ! Vu la taille de ma PAL, je pourrai attendre une sortie enpohe (je suppose, j'espère qu'il le sera ?)Cette manière de faire parler le fils mort de la manière la plus neutre possible m'interpelle...

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  10. Anne, C'est dans cette émission qu'il expliquait avoir quitté la Bretagne pour s'installer dans le sud d'où il est originaire? Dans ce cas je l'ai vu: il était attendrissant.

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  11. Ah non, pas pour moi, je ne lis pas ton billet jusqu'au bout... Une méningite foudroyante... Un de mes meilleurs amis à perdu sa femme ainsi l'année dernière.

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  12. Géraldine, Je te comprends! C'est une maladie terrible qui me fait peur aussi.

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  13. Bizarre d efair eparler les morts, mais si c'est bien écrit, pourquoi pas.

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  14. Alex, c'est juste un parti-pris d'écrivain et ça ne m'a pas gênée du tout.

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  15. Ca y est, je l'ai lu (fini il y a quelques jours quand même) et j'ai écrit mon billet. Je trouve qu'il est quand même attentifs aux signes, Michel Rostain, mais bien dans le concret d ela vie, et ça me fait du bien, cette attention à la vie...

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  16. Anne, je suis contente que tu l'aies apprécié. les signes dans la période de deuil sont la grande tentation du père qui vit en Bretagne où tout fait signe et surtout la mort, mais il sait, en athée qu'il est farouchement, que c'est aussi un danger d'y céder trop longtemps et l'épisode du voyage en Islande et surtout l'explosion du volcan permettront sa libération justement.

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