dimanche 29 septembre 2013

Les 10 amours de Nishino, Kawakami Hiroki

Qui est donc Nishino dont les femmes tombent si facilement amoureuses  et qu’il est si facile de quitter par la suite mais qu’on n’oublie jamais tout à fait  malgré tout? 
C’est ce que je me suis demandée tout au long de ma lecture teintée de curiosité et d’étonnement!  Une agréable lecture  même si chaque chapitre ressemble à une histoire nouvelle avec à chaque fois une nouveau point de vue et une nouvelle narratrice, mais l’objet reste le même: Nishino Yukihito, l’ami, l’amant, l’amoureux idéal, l’homme insaisissable  difficile à cerner. 
Un tel portrait est difficile à dresser. On entend dix voix  différentes, celles des dix femmes qui ont vécu avec lui tour à tour, l’une remplaçant l’autre car la morale de Nishino veut qu’il n’en ait jamais deux en même temps,ce qui fait aussi son malheur puisque ces femmes finissent toutes par le quitter en apprenant l'existence des précédentes ou des prochaines.
C’est un portrait en creux qu’on finit par tracer mais est-on jamais sûr d’arriver à atteindre  et à  comprendre la personnalité de ce personnage si énigmatique et pourtant si charmant et si facile à vivre?
J'ai aimé cette approche en biais d'un homme séduisant mais fuyant. Le style tout en nuances et en simplicité de l'auteur s'y prête parfaitement


Les 10 amours de Nishino,  Kawakami Hiroki

Roman traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu

(Éditions  Philippe Picquier, 2003/2013, 207 pages)

Kawakami Hiromi est née à Tôkyô en 1958.
Son oeuvre. couronnée de nombreux prix littéraires, a su s'imposer par la tonalité très particulière de son style,très subtil.  Ses thèmes privilégiés sont le charme de la métamorphose, l'amour et la sexualité.

Ce qui suit n'est pas indispensable  à ceux qui ne veulent pas connaître les détails. 

1 - Le premier récit, «La crème glacée» est celui de Natsumi, la mère de Minami. Celle-ci n’a que sept ans à l’époque mais racontera sa propre aventure avec Nishino, bien des années plus tard.
Natsumi a trente ans  et vit avec  un mari indifférent mais elle est éprise  de Nishino, la quarantaine, qui occupe un poste élevé et  "toujours entouré de plusieurs ombres féminines." Elle le quitte  quand sa fille a dix ans mais  le voit revenir chez elle quinze ans plus tard et elle repense à ce qu’il lui disait sans cesse:
«Au moment de mourir, je voudrais que tu sois près de moi, à mes derniers instants.» 
Il  a tenu sa promesse, semble-t-il.
Je n’en donne peut-être pas l’impression, avec mon allure plutôt nonchalante, mais dans mon cœur, je ne transige pas. …Fais-moi une tombe au moins , comme celle d’un poisson rouge, ça serait très bien.
2 -  «Dans l’herbe»
Shiori, compagne de classe de Nishino.
«Lui qui est si peu loquace, comment expliquer qu’il n’ait pas du tout l’air rébarbatif?  Il flotte autour de lui un climat mystérieux. L’atmosphère qui se dégageait de lui était douce, tiède, infiniment agréable. Une atmosphère qui faisait qu’insensiblement, ce qui se dégageait de sa présence donnait l’illusion de ne faire plus qu’un avec lui. Oui, une aura de cette nature.»
C’est elle qui surprend l’émouvante scène où Nishino soulage sa sœur qui vient de perdre son bébé.

3 – «Bonne nuit» 
Nushino Yukihiko et Enomoro Manami, sa supérieure.  
(Portrait physique de Nushino)
«Yukihiko était sauvage. Le mot surprendra peut-être car il serait difficile de trouver quelqu’un à qui ce qualificatif s’applique le moins. 

De beaux cheveux. Un menton carré, sans que le bas du visage s’en trouve durci. De grands yeux noirs. Des lèvres aux commissures toujours relevées. Toujours le sourire. Une voix douce. 

Yukihiko n’était jamais vraiment net, il y avait toujours quelque chose en lui de discordant. Lui qui était si nonchalant dans ce qu’il faisait, dans ses paroles, dans ses gestes. Tout en nonchalance, vraiment rien à dire, plein de charme. Et pourtant, à l’intérieur de lui-même, un manque de souplesse. Un sorte de rigidité intérieure. 
Nous étions inquiets. Nous délirions. Nous étions désespérés. Nous étions légers. Nous étions sur le point de commencer à nous aimer. Mais, incapables de nous aimer, nous restions immobiles à jamais en bordure de l’amour qui était juste devant nous.

Pourquoi ne suis-je pas capable d’aimer quelqu’un pour de bon? (Plainte de Nishino.)
4 – Le cœur battant.
 Kanoko, celle qui était jalouse de Manami. 
Douceur, netteté, méticulosité composent ce charme qui n’appartient qu’à lui.  Yukihito plaît aux femmes. J’ai un amant, je fais plutôt bien mon travail, je suis censée avoir beaucoup d’amis, mais quand vient le soir, j’appelle Yukihito. 
5 -Le royaume de la fin de l’été
 Nei. Une petite rencontre de rien du tout. A cette fille volage qu’il connaît peu, il avoue n’être qu’un coureur et c’est alors qu’elle se met à l’aimer vraiment tout en sachant que, lui, en est incapable. C’est dans cet épisode qu’on apprend, en passant,  que s’il n’aime pas la fin de l’été, c’est que sa sœur est morte à cette période, suicidée en son absence. 
Voilà un homme qui portait en lui un désespoir si profond. J’ai pensé que c’était sans espoir.
Alors même qu’elle avait supporté sans problème ses infidélités, Nei ne peut supporter cette révélation et met fin à ses relations avec Nishino. "J’aurais beau faire, ce malaise  glacial et effrayant ne s’effacerait plus jamais."
6 -  La tour d’Osaka, les deux lesbiennes. 

7 – Solitude
Eriko, la voisine et Maou, le chat. Il sont prêts à s’aimer et à se marier mais s’en empêchent: 
J’ai toujours fait attention de ne pas en arriver là. » dit Nishino
Il part appelé pour un autre travail. Le chat aussi disparaît. Infinie solitude. (J’aurais dû les retenir.)

8 – Marimo, 
Madame Sasaki  Sayuri qui aime épargner. Ils se sont connus dans un cours sur l’économie domestique où Nishino avait été envoyé en mission par sa société. 
Il était la coqueluche des femmes  du groupe qui cherchaient toutes à lui plaire. … Pour commencer, Nishino était plutôt un beau mec. Il était soigné. Bien élevé et doux. Pour couronner le tout, il travaillait dans une société qui avait pignon sur rue
Il avait trente sept ans. Un jour il  disparut sans crier gare.

9 – Le raisin. 
Ai, celle qui n’a jamais aimé personne et à laquelle il demande de mourir ensemble. Elle est très jeune et  ne l’aime pas. Il a un accident. Il va mourir et lui téléphone pour  lui dire qu’elle lui ressemble puis  il meurt.

10 – Le thermomètre
Nozomi Misono le rencontre  alors qu'ils ont 18 ans, tous les deux. 
Elle  couche avec un garçon différent chaque jour. Nishono lui raconte l’histoire de sa sœur qui le traumatise et le fait toujours pleurer comme un bébé.  
Nishino était froid. Mais cette froideur  se doublait de tendresse.  Plus que de l’indifférence complète, c’était cela le plus difficile à accepter. 
Un jour il revient lui offrir le thermomètre de sa sœur  puis ne la revoit plus. Elle pense parfois à lui  mais ignore ce qu’il est devenu. Elle  espère qu’il aura eu une petite fille comme il le désirait.
«A-t-il pu un jour aimer quelqu’un? 

Dans ce monde qui ne s’arrête jamais, saura-t-il un jour trouver sa place? »
Les 10 amours de Nishino,  Kawakami Hiroki
Roman traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
(Éditions  Philippe Picquier, 2003/2013, 207 pages)

samedi 28 septembre 2013

Nous étions faits pour être heureux, Véronique Olmi

«C'est étrange comme il suffit d'un rien pour qu'une vie se désaccorde, que notre existence, tellement unique, si précieuse, perde son harmonie et sa valeur.»

Quand Suzanne vient dans la maison de Serge à Montmartre, il ne la remarque pas. Elle accorde le piano de son fils. Elle est mariée, lui aussi, et à 60 ans il a ce dont rêvent les hommes : un métier rentable, une jeune femme parfaite, deux beaux enfants. Pourquoi soudain recherche-t-il Suzanne qui n'est ni jeune, ni belle, et apparemment ordinaire ? Pourquoi va-t-il lui confier un secret d'enfance dont il n'a jamais parlé et qui a changé le cours de sa vie ? 
Pour évoquer la passion naissante, les vérités enfouies et coupables, l'auteur de Bord de mer, Le Premier amour et Cet été-là, décline avec subtilité, en musique douce, juste et fatale, ces moments clefs où les vies basculent et cherchent désespérément la note juste. (Éditeur)
                                   ***
J’aurais aimé pouvoir dire que j’étais heureuse d’avoir lu ce livre. Mais ce serait faux. Même si je l’ai terminé sans déplaisir,  je n’ai pas éprouvé de véritable émotion en suivant l’aventure de cet adultère, ce  à quoi se résume au final ce roman. J’ai eu du mal à éprouver quelque peu de sympathie pour Serge,  ce sexagénaire  qui a tout pour être heureux mais qui  en réalité n’est pas fait pour le bonheur comme le suggère le titre
« Nous étions faits pour être libresNous étions faits pour être heureux. »
Serge n’est ni libre en raison de son passé  ni heureux malgré les apparences.
Sans doute  semble-t-il avoir réussi sa vie: une famille modèle, deux beaux enfants et une jeune femme de trente ans sa cadette, belle et amoureuse, un bon métier d’agent immobilier et une belle maison avec jardin à Montmartre. Tout lui sourit et pourtant il n’est pas heureux. Un secret d’enfance l’en empêche.  
Il le raconte à Suzanne, l’accordeur de piano,  une femme quelconque, vieillissante comme lui, mais qui sait écouter et pour laquelle il quitte son foyer.
Il lui dit tout ce qu’il a toujours  tenu secret, tout du petit  "Sergio" et de sa mère, pianiste renommée, morte trop tôt, après quoi il n’a plus connu que la pension et la solitude. Il  lui révèle tout de son père distant et inflexible. 
C’est triste. Infiniment et j’ai aimé cette partie-là ainsi que la révélation finale  mais le reste ne m’a pas convaincue: j’aurais aimé en savoir plus sur Suzanne, la maîtresse qui, elle, a tout quitté pour lui sans retour en arrière possible . C’est le seul personnage auquel je me sois attachée. Les autres, la femme et les enfants, manquent de consistance. Quant au héros, son égoïsme et son ego surdimensionné m’ont empêché de l’aimer vraiment.
  
Reste la composition du roman, cette seule journée du 18 octobre 2012 encadrant les autres, ce que j’ai trouvé très habile. Reste aussi  la brièveté des chapitres qui donne du rythme au récit, ce qui fait que bon gré mal gré, je ne me suis jamais ennuyée à la lecture. Le style, que je connaissais pour avoir déjà lu cette romancière, est précis, rapide et agréable. Il me manquait juste de croire aux personnages pour m’attacher à eux et apprécier ce roman. 
 Mais les enfants savent qu’après la chanson le manège s’arrête, alors leurs parents descendront, et ils leur feront ce petit signe qui ne trompe pas Hou hou ! Viens donc par là ! Et alors, même si les parents ont oublié ce qu’ils s’étaient promis de faire pour ces petits, et comment ils les avaient nommés, ce ne sera pas grave. Pour être à égalité, les enfants oublieront à leur tour, les listes de vœux, et tout ce qu’ils attendaient de leurs parents et qu’ils ont esquivé, raté, bousillé, massacré. Ils oublieront et ils leur prendront la main. On peut penser qu’alors, simplement, ils les conduiront chez eux, quelque part entre l’amnésie et le pardon.

En ont parlé: Val, (qui n'a pas aimé du tout), George, Céleste (mitigées),  Cajou et Stephie , Leiloona, Anne,  (qui l'ont aimé)

Nous étions faits pour être heureux, Véronique Olmi
(Albin Michel, 2012, 230 pages)

vendredi 27 septembre 2013

Rentrée littéraire - Mes envies - L'Académie française et sa première sélection 2013


En ce moment, j'attends  avec impatience les listes des premières sélections, certaines plus que d'autres. Voici celle de L'Académie française  mais parce que acheter et lire les neufs romans choisis par l'illustre Académie me coûterait trop cher et que mes finances ne le supporteraient pas du tout ce mois-ci, je dois faire ma propre sélection. Je me suis déjà précipitée sur le livre de Pierre Lemaitre, ce que je ne regrette d'ailleurs pas car j'ai passé un excellent moment avec lui, mais quels critères adopter pour en choisir d'autres de cette liste?  Le plus simple est  de combiner au mieux désirs et réalités, soit  le thème et le prix de chacun. 
Si je devais tout acheter, sous une impulsion soudaine, comme il m'arrive d'en avoir parfois,  mon tour en librairie me reviendrait à 176€  (moins le Lemaitre  soit 153,50€). 
Je sais bien qu'on peut avoir des réductions ici et là mais inutile de chipoter: l'essentiel est de savoir ce qui est proposé.  

1. Moment d'un couple, de Nelly Alard (Gallimard),  376 pages, 19€
 Guerre psychologique, entre le mari, la femme et la maîtresse qui veut à tout prix détruire le couple. 

2. Le Pavillon des écrivains, de Claude Durand (Bernard de Fallois), 332 p. 20€
"Polar politique sans coupable". Enquête menée par un jeune historien, en résidence culturelle dans la ville où le maire vient d'être assassiné. Saga familiale et politique . Livre "charnu", sous la référence de Soltjenitsyne  (le Pavillon des Cancéreux) dont l'auteur a été l'agent. 

3. Petites Scènes capitales, de Sylvie Germain (Albin Michel) 248 p.  19€
"Histoire familiale tortueuse", mais sereine  cependant. Histoire de Lili, "née dans l’après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d’une enfance sans mère et les mystères de la disparition.".

4. Au revoir là-haut , de Pierre Lemaitre (Albin Michel), 567p.  22,50€
"Plongée historique dans la Première Guerre Mondiale: la revanche de deux rescapés. Fresque cruelle sur l'armistice et la génération perdue." Époustouflant! 

5. La Route du salut , d'Étienne de Montety (Gallimard) 320 p.  18€
Le conflit en ex-Yougoslavie et la montée récente des identités en Europe. deuxième roman d'un journaliste du Figaro littéraire. 

6. Apollinaria, une passion russe, de Capucine Motte (Lattès) 296 p. 18,50€
La passion folle qui exista entre Dostoïevski déjà marié et la belle et jeune Apollinaria Souslova dans la Russie des années 1860. 

7. Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot (Gallimard) 444 p. 21€
"Histoire d'amour à mort." Un homme enquête sur la femme qu'il a passionnément aimée et qui est partie pour il ne sait où, le laissant seul avec son jeune enfant. 

8. Les Évaporés, de Thomas B. Reverdy (Flammarion) 303 p. 19€
Portrait du Japon contemporain celui d'après les derniers désastres. A la recherche du père "évaporé", disparu comme beaucoup d'autres dans une société qui les respecte et n'enquête jamais sur leur disparition. 

9. Le Cas Eduard Einstein, de Laurent Seksik (Flammarion) 304 p. 19€
Drame intime, celui de Einstein, de son fils en fermé dans un asile psychiatrique  et de la mère de son fils.  L'Europe des années trente.

C'est terrible: au final, j'ai envie d'eux tous, sans exception!

(Edit) Lauréat:  Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot (Gallimard) 444 p. 21€

mercredi 25 septembre 2013

Castilla Drive, Anthony Pastor, ma BD du mercredi

 Elle s’appelait Sally Salinger
Elle avait deux enfants et un mari, parti Dieu sait où.
Comme tous les habitants de la ville, elle trouvait que quelque chose ne tournait pas rond.
Il faisait froid, bien trop froid. 
Histoire apparemment banale d’un polar dans une petite ville américaine, sans âge. Il s’agit de découvrir qui a tiré sur le poète Oswaldo Brown, celui qui est si amoureux de la femme détective qu’il l’a suivie longtemps dans les centres commerciaux et ailleurs, sans oser se déclarer, mais  elle a fini par repérer son manège et le reconnaît quand il vient lui demander son aide pour retrouver son agresseur.  Elle refuse tout d’abord car elle ne veut pas s’occuper d’affaires criminelles. Elle vient d’être abandonnée par son mari, le détective. Il a  tout quitté, cabinet,  femme  et enfant pour suivre une fille plus jeune. Elle reprend son affaire, ( bien obligée : elle doit nourrir ses enfants!)   et trouve un peu de réconfort chez son amie Pat, la manucure, sa voisine 
Nous sommes à Noël et jamais la ville n’a connu une température aussi basse. 
Le récit se déroule agréablement, sans anicroche, jusqu’à ce que,  de  polar pur et dur, il vire brusquement au conflit amoureux. Oswaldo n’est pas le seul à désirer la belle Sally. Là-dessus s'ajoute l'histoire familiale avec la réapparition du père prodigue, bien mal en point, à l'hôpital, et la réaction des enfants, sans oublier le réveillon avec un père Noël sans sa  barbe,  la présence des meilleurs amis et voilà un final digne d'une comédie musicale.  
J'ai plutôt bien aimé sans comprendre totalement l'engouement unanime  des amateurs de BD pour cet album. Pour ma part, ce qui m’a surtout gênée ce sont les visages que je n'ai pas aimés, surtout celui d’Oswaldo, l’amoureux poète qu'on voit sur la couverture.  Par ailleurs, c'était une lecture agréable. 
 Mo',  l'a beaucoup plus apprécié que moi. Sa chronique est à lire! 


(Première page  sur fond de ville marron rouge avec des arbres secoués par le vent.
 Une direction. Un nom de ville: Trituro.) 
«Soudain la vie
debout
au cœur de l’écran noir.»
Oswaldo Brown

Castilla Drive, Anthony Pastor,
(Actes Sud, L'An 2,  juin 2012, 130 planches)

topbd_2013

Fauve d'Angoulême 2013
Fauve polar SNCF
d'où ma deuxième participation au nouveau challenge d'Asphodèle 

Logo BD noirLogo BD rouge


Anne, Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,

Caroline,


Choco,  Cristie,  Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  


Didi,  Élodie, Estellecalim,  Hilde, Hélène,  


Sophie Hérisson,  Iluze,  Irrégulière, 








LouLounima,   Lystig,  



 Manu,  Margotte,  Marguerite, Marie, 


 Marion, 
 Marion Pluss,  Marilyne,
  

Mathilde, Mélo, Miss Alfie,


Miss Bouquinaix, Moka,  Mo,    Natiora, 


Noukette,   OliV,    Pascale, Paulinelit,


  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,  Sophie,


 Soukee,  Stephie,  Syl, Theoma, 


Un amour de BD,  Valérie,  Vero,  

Yaneck,    Yoshi73, Yvan,

mardi 24 septembre 2013

Quatre adorables albums-enfants du mois

Avant que je ne m'en sépare, je sélectionne les livres que j'ai aimé lire et relire quotidiennement à une enfant de deux ans et demi. Voici les quatre préférés du mois. 

Agréable petit album sans texte où il est question d'une petite fille de la famille cochonne qui vient prendre son bain , chez elle, un matin ordinaire. 
Elle est contente: elle est seule dans la pièce et referme soigneusement la porte derrière elle. 
Sourire aux lèvres, elle prend une serviette dans l'armoire, la pose sur le rebord de la baignoire , enlève ses chaussures qu'elle dépose avec soin sous sa chaise puis enlève sa robe  et s'admire dans un grand miroir, tout  en prenant une pose de mannequin. On la sent heureuse mais tout à coup, quelqu'un ouvre la porte... vite, elle se cache derrière sa serviette . 
Qui cela peut-il être?
 C'est sa mère qui vient prendre son bain elle aussi et donner une douche au bébé. Le petite cochonne qui s'est enveloppée dans sa serviette, la regarde faire en manifestant son mécontentement. Elle boude; Elle voulait rester seule! 
Et voici que débarquent aussi ses deux frères jumeaux qui viennent faire tour à tour leurs besoins. Ils sont bruyants et tapageurs.
C'est au tour du papa maintenant qui vient se brosser les dents,  suivi du petit chat de la maison, très fier de lui. 
Voilà! Tout le monde se retrouve dans la salle de bain. La petite cochonne n'en peut plus. Elle s'est assise sur sa chaise et, furieuse,  attend  le départ de chacun.
Quand enfin le papa toujours suivi  du chat  quitte à son tour la pièce, la petite hurle: "La porte" et le papa revient la fermer. Ouf! Heureuse, la petite fille peut désormais prendre son bain tranquillement sans être dérangée. Elle tire même le rideau de la baignoire pour que nul ne la voie toute nue, même s'il n'y a plus personne. 
OUF, OUF, OUF! Enfin tranquille! 




La porte, Michel Van Zeveren (Pastel, L'école des Loisirs, 2008, 

Un autre  petit livre qui a été également très bien reçu.

C'est un livre qui se transforme,
 les pages s'ouvrent et s'allongent . 
Les images  ne sont pas toujours ce qu'elles semblent.
Ainsi la banane n'est en fait que la queue de l'oie,
le pinceau est  la queue d'un poisson, 
le bouton, lui,  est le talon d'une chaussure. 
Quant au téléphone bleu, c'est un avion en réalité.
Pas de  texte là encore. 
C'est très ludique. 
On s'amuse bien en tournant les pages! 
Josse Goffin: Ho, 
(Circonflexe, 2005)


Le troisième est japonais.


Adorable histoire! - Peut-être la préférée? 
Un petit garçon essaie en vain d'approcher les animaux de son jardin
 sans jamais y parvenir: 
ils sont sans cesse en mouvement,  toujours ailleurs! 
Ainsi du papillon, du lézard, du pigeon, du chat!


Heureusement il y a finalement le papa 
qui empêche son fils de filer ailleurs lui aussi 
Il le prend sur ses épaules. 
"Mais où tu vas, toi?
Tu viens avec ton papa?"
le petit garçon est très heureux  ainsi haut perché! 

Ne bouge pas
Komako Sakaï, Nakawaki Hatsue
(L'écoles des Loisirs, 2006)

Quant au quatrième, il est tout simplement délicieux. 
Ici le texte est plus important et je l'ai goûté tout particulièrement. 
Il évoque la mélancolie du temps qui passe à travers les cinq sens. 
Toutes les étapes de la vie défilent: 
l'enfance,  la jeunesse, le mariage, la naissance de l'enfant...
J'avais tant de plaisir à le lire que tant pis si c'était au-dessus de l'âge pour lequel il était destiné. 
Il a plu. 
Il a été régulièrement demandé. 
Gare à ne pas l'oublier! 
Signe que c'était gagné! 


Quand je ferme les yeux  j'entends
Les cris de mes copains 
qui jouent au foot dans la rue
Mon vieux robot-réveil qui m'appelle pour aller à l'école.
les hirondelles dans l'air au coucher du soleil.
Une chanson que j'essaie de jouer à la guitare. 


Quand je ferme les yeux, 
Davide Cali, Robin
(Sarbacane, 2011)

lundi 23 septembre 2013

L'étrange disparition d'Esme Lennox, Maggie O'Farrell

Une fois n’est pas coutume mais je tiens à remercier ma bibliothécaire qui a ressorti ce roman  de 2008  et l’a déposé près de la table des "Nouveautés".
En ce moment je ne désire lire que les livres de la Rentrée pour le fameux challenge de Hérisson, comme les autres années,  mais  il y avait si longtemps que je désirais lire le chef d’œuvre de cette  romancière que je n’ai pas hésité à le choisir et à me jeter dessus à peine arrivée chez moi. Je l’ai lu sans m’arrêter. Impossible de le lâcher!  J’y ai passé une partie de la nuit  sans regret! C’est un roman magnifique, vraiment très réussi. L’histoire est dramatique  mais sans pathos, la construction est désormais classique: trois personnages principaux, trois femmes de générations différentes, trois voix et trois points de vue  mais une seule vérité qui n’éclate qu’à la fin ou plutôt qui se devine car même dans la révélation, tout se fait  encore en silence.

Kitty, une jeune femme moderne doit un jour prendre en charge Esme Lennox, une totale inconnue, parce que l’hôpital psychiatrique, où celle-ci a vécu soixante ans depuis ses seize ans, doit fermer définitivement. Intriguée, elle découvre peu à peu qu’il s’agit de la sœur de sa grand-mère dont personne dans sa famille ne lui a jamais parlé et que surtout elle n’est pas folle. Là commence l’histoire avec de nombreux retours dans le passé. La troisième personne dont on entend également les souvenirs, c’est Iris,  la sœur aînée et la grand-mère, désormais atteinte d’Alzheimer. 

Bien sûr, cette histoire de jeune fille des années trente,  retirée du monde par sa famille pour s'être montrée trop libre  d'esprit et sans doute trop douée donc différente et pour cette raison enfermée à vie dans un asile terrifiant de solitude, cette situation m'a fait penser au sort de Camille Claudel et de tant d'autres mises au couvent pour simples convenances familiales. Les secrets sont lourds dans cette famille aisée, entre l'Inde et l'Écosse, les conventions sociales à respecter à tous prix, les trahisons amoureuses et les jalousies.

La fin est énigmatique, ce que je déteste généralement.  Cette fois cependant, je me suis fait une idée très claire du drame  au centre de cette terrible décision mais je ne peux pas en parler ici évidemment. J'aimerais pourtant savoir  si j'ai raison et si d'autres partagent mon avis. Tous les blogueurs,  dans les billets que j'ai pu lire,  ont eu à cœur de ne pas donner leur opinion à ce sujet et c'est une sage décision  qui sera la mienne aussi. 
En ont parlé: 

 Restling,  Liliba, Dasola,   Dominique,  Aifelle,  Cathulu,  et bien plus encore...
L'étrange disparition d'Esme Lennox, Maggie O'Farrell
(Belfond, 2008, 234 p.) Traduit de l'anglais(Irlande) par Michèle Valencia

dimanche 22 septembre 2013

Un peu de poésie, L'étendue grise, Michel Houellebecq, Configuration du dernier rivage

Mon ancienne obsession et ma fureur nouvelle, 
Vous frémissez  en moi pour un nouveau désir
Paradoxal, léger comme un lointain sourire
Et cependant profond comme l’ombre essentielle.

(L’espace entre les peaux
Quand il peut se réduire
Ouvre un monde aussi beau
Qu’un grand éclat de rire.)

Michel Houellebecq, 
L'étendue grise
Configuration de dernier rivage 

samedi 21 septembre 2013

Comment voulez-vous que j'oublie ... Annie Butor - Madeleine et Léo Ferré, 1950-1973

J'aime beaucoup Léo Ferré. Je crois bien connaître bon nombre de ses chansons. L'étrangère reste peut-être ma préférée - mais non - c'est seulement celle qui me vient en premier. Impossible de choisir: je les aime toutes - ou presque. 
J'aime aussi beaucoup les biographies et celle-ci était sur la liste des lectures conseillées par l'Académie Goncourt pour l'été 2013. 
Voilà donc deux bonnes raisons de le choisir.
Sa lecture en a été facile. 
L'auteur est la fille de Madeleine Ferré , la seconde femme du chanteur qui a voulu restituer la réalité, la sienne tout au moins,  celle concernant cette longue partie de la vie de son beau père (23 ans) alors qu'à la suite de son divorce, cette relation a été mise à mal par Ferré lui-même et ce qu'elle appelle "La succession". Ferré a terminé  sa vie à Sienne, en Italie, avec sa troisième femme et ses  trois enfants (il n'en est rien dit dans le livre)
J'ai appris un tas de choses sur Ferré pendant cette période. En suis-je plus satisfaite pour autant? J'éprouve un étrange sentiment de malaise en le terminant. Je comprends très bien la souffrance d'Annie Butor quand elle a vu sombrer le mariage des deux êtres avec lesquels elle avait été si heureuse et elle a toutes les raisons pour en vouloir à Ferré et à sa lâcheté  de ce gâchis total. Elle rend sa mère en partie responsable aussi dès le moment où elle a voulu à tout prix vivre avec Pépée, leur singe adoré, considéré comme une sœur pour leur fille, ce que celle-ci n'a jamais pu accepter.
Avais-je vraiment  besoin de savoir tout ça sur la vie intime de ce couple?  Un artiste et son œuvre, on le sait, rien de moins simple! Juger l'homme  à travers son art ou le contraire? Les différencier,  toujours? Le cas de Céline et de bien d'autres... Bref!
Je reste très partagée. et pas vraiment satisfaite de ma lecture. J'en sors en ayant l'impression que l'homme ferré n'était pas totalement à la hauteur de son art et ça,  je n'aime pas! 
Il pouvait être fastueux ou sordide, sa bonté était intermittente, son cœur sélectif, sa mauvaise foi colossale. Il a voulu mettre à la poubelle son passé. Il a soigné sa légende de poète maudit, crié d'autant plus fort qu'il a cherché à cacher la vérité. Il a fait de sa haine son fonds de commerce.J'ai vécu dans une démesure affective qui a failli me détruire. Maintenant me poursuit une immense nostalgie. "Rompre avec les choses réelles, ce n'est pas rien; mais avec les souvenirs!"  écrivit Chateaubriand. Je m'y refuse, j'en ai de trop beaux. Avec le temps j'aime encore Léo malgré tout, sentiment paradoxal fait de tendresse et de rancune ... Alors ce temps  remettra tout  en place, c'est mon espérance.. Il me fallait la distance nécessaire pour écrire ces confidences.J'essaie de m'arranger avec mes fantômes, et enfin de laisser un peu passer mon passé. 
Comment voulez-vous que j'oublie ...  Annie Butor
Madeleine et Léo Ferré 1950-1973
Préface de Benoîte Groult
(Phébus, 2013, 204 p.)

mercredi 18 septembre 2013

Le Loup des Mers par Riff Reb's, librement adapté du roman de Jack London, ma BD du mercredi



Je n’ai pas hésité longtemps avant de choisir cette BD qui d’emblée avait tout pour me plaire: Jack London faisant partie de mes auteurs préférés et l’adaptation proposée ici par Riff Reb’s  m’impressionnant déjà rien qu’en feuilletant l’album.

Le récit commence lorsque le narrateur, le  jeune Humphrey Van Weyden,  distingué gentleman, spécialiste d’Edgar Poe, s’embarque  comme à son habitude,  chaque  fin de semaine,  sur le ferry-boat qui traverse la baie de San Francisco, pour disserter,  avec un ami, de Nietzsche et de Schopenhauer. Le brouillard et un naufrage en décideront autrement et il se retrouvera sur un vaisseau fantôme aux ordres du terrifiant Loup Larsen, un pirate  impressionnant tant par sa force physique que par sa culture de grand lecteur des  philosophes. Athée farouche, il  prend un malin plaisir à s’opposer aux convictions religieuses du narrateur, réduit au rang de mousse, à la merci de la sauvagerie de tout l’équipage mais qui apprendra peu à peu, à son tour à devenir un marin à toute épreuve.  
Bien des péripéties plus tard,  près de la côte du Japon,  après un ultime naufrage, apparaît une  jeune romancière, bien connue du critique littéraire  qu’était le narrateur auparavant et c’est alors par amour qu’il osera enfin affronter son pire ennemi, ce loup larsen à qui nul n’a pu  résister jusqu’à  ce que retentisse «l’ultime note d’un requiem».
Gigantesque!

Non seulement je n’ai pas été déçue mais c’est  un vrai coup de cœur  que j’ai ressenti à la lecture de cette version graphique du chef d’œuvre de London,  même si le choix de la  monochromie - une couleur par chapitre - m’a un peu déstabilisée au début. Les dessins eux-mêmes sont superbes, très marquants, très forts et je me suis surprise à interrompre souvent le fil du récit  pour les admirer dans  leurs moindres  détails. Ils sont à la fois réalistes et inspirés, poétiques et originaux, au-delà de ce que la simple photographie de navires en pleine tempête et  de mers déchaînées aurait  pu produire.  Quant à l’affrontement des  deux caractères opposés, le loup et l’agneau, Loup Larsen et  Humphrey Van Weyden,   dans une aventure  de fin du monde, c’est tout simplement superbe, digne des meilleurs récits fantastiques et maritimes  de  tous les temps. 

Ont déjà présenté cet album, entre autres : 

Le Loup des Mers par Riff Reb's, 
librement adapté du roman de  Jack London  
(Noctambule, novembre 2012, 135 p.)

topbd_2013
    Top BD de Yaneck: 19/20

Prix de la BD Fnac 2013,
d'où ma première participation au nouveau challenge d'Asphodèle (repris de laure)


Logo BD noir
Logo BD rouge


Bienvenue à Caroline découvre le monde 



Anne, Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,

Caroline,

  
Choco,  Cristie,  Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  


Didi,  Élodie, Estellecalim,  Hilde, Hélène,  


Sophie,  Hérisson, Iluze,  Irrégulière, 








Lou, Lounima,   Lystig,  



Mango, Manu,  Margotte,  Marguerite, Marie, 


 Marion,  Marion Pluss,  Marilyne,
  

Mathilde, Mélo, Miss Alfie,


Miss Bouquinaix, Moka,  Mo',    Natiora, 


Noukette,   OliV,    Pascale, Paulinelit,


  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,  Sophie,  


 Soukee,  Stephie,  Syl, Theoma, 


Un amour de BD,  Valérie,  Vero,  

Yaneck,    Yoshi73, Yvan,