Voici en images l’histoire d’un mauvais garçon du Moyen Âge, un bad boy, un voyou, un desperado, un hors la loi, un bandit, voleur, violeur, casseur, cogneur, tueur, bref un gibier de potence comme son père, pendu au gibet de Montfaucon, et comme sa mère, six ans plus tard, enterrée vive et livrée aux chiens mais sa mort à lui, c’est pour plus tard, pas pour ce premier tome qui n’évoque que les vingt premières années de sa courte vie: né à Paris en 1431 et disparu en 1463, mort vers trente ans, on ne sait ni où ni comment.
Seulement voilà c’est notre premier vrai poète maudit et la liste est belle après lui qui va de Villon à Verlaine, en passant surtout par Rimbaud.
Impossible d’éviter cette BD avec un thème pareil!
Les réactions sont bonnes. Je les connais déjà, avant même d’avoir ouvert l’album: ça change forcément mon approche. Je suis sous influence
Moi, j’ai confiance en leurs jugements mais je garde une certaine méfiance pour les raisons suivantes:
- Peu attirée par la couverture (je ne vois pas du tout Villon comme ça.)
- Peu favorable aux BD biographiques, trop souvent didactiques et scolaires, avec manque de fulgurance, trop souvent - des BD comme des pensums.
- Peu aimé le livre de Teulé, trop éloigné de ma propre vision du poète, un de ceux que j’ai pris plaisir à découvrir sous divers angles «au temps de ma jeunesse folle » (mais studieuse) tout en apprenant par cœur plusieurs de ses vers et me les réciter encore aujourd’hui sans trop de difficulté.
- Peu apprécié, en feuilletant l’album, le dessin trop lisse et trop léché ainsi que les couleurs, vives et glacées à la fois, le tout très régulièrement classé dans des cases rectangulaires des plus classiques avec de grosses bulles rondes, bien blanches rythmant les pages.
Et pourtant, une fois plongée dans l’histoire, j’ai apprécié. J’ai aimé ce travail et ce récit divisé en chapitres, rythmé par des vers du poète, ainsi du premier :
«Je suis François, dont il me poise
Né de Paris emprès Pontoise.
Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise.»Le côté clair, simple, dépouillé du graphisme, apporte une part de modernité qui me convient parce qu’elle apporte un peu de fraîcheur dans cette vie pleine de malchance, de violence et d’horreur.
Les sentiments s’enchaînent et s’entrechoquent rapidement. On passe vite de l’attendrissement et de la pitié du début pour l’enfant orphelin et recueilli par Guillaume Villon, le bon chanoine, à l’horreur et au dégoût des tortures infligées pour trois fois rien. C'est une époque de grande cruauté.
La danse macabre est bien là que dansent tous ces personnages si vivants, si excessifs et si fragiles. La mort les guette à tous les coins de rue, à tout moment et sous toutes ses formes, alors ils s’agitent comme des marionnettes. Ils crient, rient, pleurent, s’empiffrent, s’enivrent, se débauchent et s’étourdissent avant de disparaître sous les coups de la Grande Faucheuse ricanante qui les attend à la dernière page, au dos de la couverture.
Reste l’église, Dieu, la grande menace, le grand pouvoir, les grands châtiments, la grande crainte, tous ces prélats avec leurs lois, ces chanoines, ces préfets, ces évêques qui ont la mainmise sur toutes les vies.
Entre le bien et le mal, l’ange ou le diable, François Villon a choisi.
Pour l’instant, on le quitte, en pleine fuite à nouveau mais sauvé in extremis par une jeune fille de bonne famille, la belle Isabelle de Bruyère qui le cache et lui donne rendez-vous: «Demain, entre deux heures et quatre heures, à l’hôtel-Dieu, sous la Pierre-à –Eau.Attendons !
Je, François Villon, 1, Mais où sont les neiges d'antan,
Les participants:
Bienvenue à Jacques Viel qui nous rejoint cette semaine. Son blog : "Un amour de BD" est à voir et à suivre, par tous, bien sûr, mais certainement plus encore par les non spécialistes comme moi qui ont encore plein de choses à apprendre concernant le 9ème art.
J'en profite, en ce jour particulier d'une année bisextile, pour vous remercier tous , vous tous, mes chers amis fidèles du mercredi, pour cette confiance que vous voulez bien m'accorder, au fil des semaines, en partageant ainsi, avec enthousiasme, vos précieux billets sur vos BD du jour.
Je participe aussi au Top BD de Yaneck (17,5/20) ainsi qu'au Roaarrr Challenge de Mo'