samedi 31 octobre 2009

Jane Eyre de Charlotte Brontë, lecture commune









Cette lecture commune de Jane Eyre  me semble redoutable ! Tout n’a-t-il pas déjà été écrit au sujet de ce livre ?  Comment éviter une certaine forme de rabâchage sinon en essayant d’oublier toutes mes lectures de préfaces, de  blogs ou d autres résumés sur ce si célèbre roman ? Une étude des plus subjectives donc, ou plutôt une relecture à des années-lumière de la première : de l’adolescence à la maturité !
 La première fois, j’ai été éblouie, aujourd’hui, je suis admirative !
Je préférais la Catherine romantique des « Hauts de Hurlevent », j’apprécie davantage désormais la raisonnable Jane Eyre ! Elle ferait une meilleure amie ! La sagesse opiniâtre et efficace de l’une contre la folie révoltée et vaine de l’autre ! Les années ont passé pour moi et ça se ressent !
Que m’a apporté cette relecture d’un des grands classiques anglais ?
D’abord, l’intrigue ! Je me souvenais essentiellement de l’aventure amoureuse à  Thornfield, entre Jane, la gouvernante et  Edward Fairfax.Rochester, le maître. Je n’avais rien oublié du mariage désastreux de celui-ci, de son caractère bourru mais bon, des cris inhumains et de l’étrange atmosphère pleine de secrets qui terrifiaient par moments l’héroïne devenue narratrice quinze ans après les faits. La fin de l’histoire non plus, si dynamiquement dramatique et pleine d’espoir, je ne l’avais pas oubliée ! Bien au contraire !
En revanche, je ne me souvenais plus de la situation douloureuse vécue par Jane dans son enfance, orpheline et enfant moralement torturée et abandonnée par sa tante par alliance, la véritable mégère qu’était Mrs Reed dont les trois enfants faisaient de la petite fille de 10 ans leur souffre-douleur dans la fameuse chambre rouge- bibliothèque derrière les lourds rideaux de laquelle Jane se réfugiaient pour lire, scène magnifique d’ouverture du roman :
« Les plis épais de la draperie écarlate bornaient ma vue à droite ; à gauche les carreaux me protégeaient, sans me séparer de la triste journée de novembre. De temps à autre, en tournant les pages de mon livre, j’étudiais l’aspect de cette après-midi hivernale. Au loin, c’était un espace où le brouillard se confondait avec les nuages ; plus près, une pelouse trempée et des arbustes battus par la tempête, tandis qu’une pluie incessante s’échevelait devant l’impétuosité du vent. »
Oubliée aussi la longue errance de trois jours à travers une campagne inconnue, avant de devenir institutrice à Morton et de se découvrir enfin une vraie famille, celle de ses cousins Rivers, qui l’ont recueillie alors qu’elle se trouvait dans la pauvreté la plus absolue et avec lesquels elle partagera son héritage miraculeux !







Jane Eyre ensuite, le personnage qui donne le titre au roman ! D’elle, je me souvenais de tout !
 Cette femme minuscule, que son  maître soulève comme un fétu de paille tant elle est légère mais aussi maigrichonne et pas très belle, mais si courageuse, fière, perspicace, aimante et bonne aussi , comment aurais-je pu l’oublier ?
Quant au style, aux descriptions, aux portraits, à la construction même du récit, aux résonances sociales,  d’autres en parleront mieux que moi ! Voilà quinze jours environ que je suis avec Jane Eyre et maintenant je vais la laisser avec nostalgie et reconnaissance à la fois! C’est définitivement une de mes plus belles lectures!
Ce roman fait partie du challenge Matilda
Participent aussi à cette lecture commune: emilie, Marie, Cécile, Abeille,  Cynthia, 
Jane Eyre de Charlotte Brontë ( GF Flammation, traduit de l’anglais par Marion Gilbert et Madeleine Duvivier)

vendredi 30 octobre 2009

Résultats du jeu: le dernier mot

x
Merci à toutes les participantes !  L'une d’entre vous a trouvé les 12 bonnes réponses que voici :

        • 1 Voltaire  
        • 2 Léautaud
        • 3 Sand
        • 4 Hugo
        • 5 Brontë
        • 6 Balzac
        • 7 Montaigne
        • 8 James Joyce
        • 9 Marie-Antoinette
        • 10 Henry James
        • 11 Racine  
        • 12 Marx                          



Et la gagnante est : Stephie ! Bravo !
Le plus difficile semble avoir été de retrouver James Joyce et Henry James, Charlotte Brontë (qui s’adressait à son mari ) et Racine !

Jeu-Concours, challenge Librio 2 euros, Le dernier mot par Anne-France Hubau et Roger Lenglet


 Sans Cynthia et son challenge de livres à 2 euros, c’est probable, je n’aurais pas choisi ce petit livre qui est essentiellement un recueil de citations.  Les auteurs y ont rassemblé les derniers mots, les dernières expressions, les dernières phrases prononcées sur leur lit de mort par des personnages célèbres
Je relève ici les derniers mots que j’ai trouvés les plus impressionnants et je vous propose de retrouver qui a prononcé quoi. Toutes les phrases sauf une proviennent d’écrivains célèbres !

Voici cette liste :
A)    Victor Hugo,  B) Charlotte Brontë,  C)  Karl Marx,  D) Balzac,  E) George Sand,  F) Racine,  G)  Marie-Antoinette,  H)  Voltaire,  I) James Joyce,  J)  Montaigne,  K) Paul Léautaud  L) Henry James

Et voici les phrases

  1. « Je m’arrêterais de mourir s’il me venait un bon mot ou une bonne idée… »
  2. « Maintenant, foutez-moi la paix ! »
  3. « Adieu ! Adieu, je vais mourir. Adieu, Lina. Adieu, Maurice.  Adieu, Lolo… »
  4. « Adieu, Jeanne… »
  5. « Oh, je ne vais pas mourir ? Il ne nous séparera pas, nous avons été si heureux. »
  6. Huit jours avec de la fièvre… J’aurais eu le temps d’écrire un livre…Blanchon, appelez Blanchon ! Lui seul me sauvera… »
  7. « Ce n’est pas la mort que je crains mais de mourir. »
  8. « Est-ce que quelqu’un comprend ? »
  9. « Pardon, Monsieur, je ne l’ai pas fait exprès ! »
  10. « La voilà enfin, la chose distinguée ! »
  11. «Silence…silence…silence… »
  12. " Allez, sortez !... Les dernières paroles sont pour les imbéciles qui n’en ont pas dit assez."
  Qui aura  trouvé les 12  bonnes  associations et s'approchera le plus du nombre de participants à ce jeu gagnera  des  livres récents et si personne ne trouve les 12, gagnera celui ou celle qui aura trouvé le plus grand nombre de réponses!  (Mon e-mail est dans mon profil, en haut , à droite. Ne seront prises en compte que les propositions données par mail. Réponses dans la soirée! Bonne chance!)


Le dernier mot par Anne-France Hubau et Roger Lenglet (Librio, 86 pages)
De Néron à Desproges, près de 500 façons de tirer sa révérence

jeudi 29 octobre 2009

Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti

J’ai de la chance en ce moment ! Je tombe sur de  très jolies lectures ! Des livres comme je les aime à défaut de classiques ! Des livres de femmes, jeunes, douées, sensibles, émouvantes et, ce qui n’est pas leur moindre attrait, drôles et enjouées ! Deux françaises et une suédoise ! Véronique Ovaldé («Ce que je sais de Vera Candida ») et Marie-Aude Murail  («Oh, boy») et maintenant ce dernier : "Le mec de la tombe d’à côté» de Katarina Mazetti.
De quoi s’agit-il?  D’une histoire d’amour en bonne et due forme,  très moderne, réaliste et drôle, entre deux êtres complètement opposés.
 Ce qu’ils ont en commun? Ce sont des trentenaires, travaillant et vivant dans le même endroit et souffrant d’un deuil récent, cause momentanée de leur solitude douloureuse.  L’un a perdu sa mère, l’autre son mari. Tous les deux  se retrouvent régulièrement au cimetière sur leurs tombes respectives qui sont voisines, d’où le titre du livre.
Ce qui les oppose? Pratiquement tout le reste: leurs situations d’abord. Désirée est une bibliothécaire, cultivée, coquette, qui aime son appartement de ville tout blanc et  très moderne. Benny est un agriculteur  trop occupé par ses vingt-quatre vaches laitières et la ferme familiale, en grand désordre depuis qu’il s’y retrouve seul. Ils n’ont rien en commun, ni leurs goûts, ni leurs caractères, ni leurs visions de l’avenir.
Ce qui leur arrive? Le coup de foudre, au cimetière, un beau jour bien ordinaire, sur un sourire inattendu.
La suite? C’est toute l’histoire du livre.  Histoire naturellement à deux voix en alternance. Chacun sa version, son style, son langage. Une réussite.

J’ai beaucoup aimé.

«Qui prend le parti des morts?
Qui veille sur leurs droits
Ecoute leurs problèmes
Et arrose leurs plantes vertes? » (Titre du premier chapitre)
Premières phrases: «Méfiez-vous de moi!
Seule et déçue, je suis une femme dont la vie sentimentale n’est pas très orthodoxe, de toute évidence. Qui sait ce qui pourrait me passer par la tête à la prochaine lune? Vous avez quand même lu Stephen King?»
Dernières phrases: «On s’est serré la main et on est entré dans sa chambre blanche.Décrire comment c’était, ce n’est pas possible, en tout cas pas de ce côté-ci du prix Nobel de littérature. Et quand j’ai retrouvé mes esprits, je savais qu’il me restait deux essais. Dans les contes, ils se plantent toujours les deux premières fois. Ensuite surgit un mystérieux petit bonhomme gris qui leur donne la formule magique secrète. Croyez-moi, je le guetterai, ce petit bougre-là.»

Un roman qu’ont beaucoup aimé aussi les très nombreux blogueurs cités ici !

Le mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti (Gaïa Editions, 2006, 254 pages) Traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus

mercredi 28 octobre 2009

L'autre Verlaine de Guy Goffette

Avant de consacrer plus de trois ans de sa vie à marcher en compagnie de Verlaine, l’auteur est passé sans s’en apercevoir à côté de lui pendant ses quarante premières années et il évoque ici ses premiers rendez-vous manqués avec le poète ardennais, mais comme lui aussi est un poète alors il le résume de la plus belle façon qui soit en mettant en exergue la phrase suivante :


Ce qu’il aura fallu de temps pour que je me convertisse à Verlaine, combien d’errances, d’errements, de ciels perdus, de pluies, de larmes avant que le vieil Ardennais d’exil me rende à ma terre d’enfance.  
                                                                                                              Le nom de Verlaine, il le rencontre à trois moments clés de sa vie. A onze ans, un nouvel élève nommé Verlaine, l’évince de son rôle de gardien de but. Il en perd toute sa popularité auprès de son public essentiellement composé de filles. Il en perd aussi sa petite fiancée et il mettra plus de trente ans à se remettre de cette blessure d’amour-propre se fermant ainsi du même coup l’accès à l’œuvre du poète homonyme.
 Je restais sourd à la chanson douce et triste du « Pauvre Lélian », emporté que j’étais comme une coque de noix dans le sillage tonitruant du « Bateau ivre »…C’est ainsi que je fis entrer Rimbaud tout vif et bouillant dans ma mémoire, reléguant pour longtemps le pauvre Verlaine à la portion congrue des manuels scolaires. 
La deuxième coïncidence fut son mariage avec une jeune fille  habitant à  Bertrix, une petite ville belge, dans la rue même où naquit et vécut Nicolas-Auguste Verlaine, le père du poète.
Enfin la troisième rencontre qui aurait pu être fatale fut son accident de voiture sur une autoroute des Ardennes alors qu’il rentrait définitivement chez lui. Sur le panneau de signalisation qui bloquait sa portière il lut : VERLAINE, 1500 m. Dès lors il a rassemblé toutes les informations concernant Verlaine et pendant plusieurs années il a parcouru tous les chemins de son enfance.

Le reste du livre est le récit très sommaire de son parcours sur les pas du poète désormais retrouvé.
 J’en aurai chanté, moi aussi, des vers sur la route pendant ces trois années de compagnonnage intérieur et presque physique avec Verlaine. 
C’est la partie qui m’a le moins intéressée car je n’ai véritablement rien appris concernant la vie du poète que je ne sache déjà si ce n’est les circonstances très curieuses de sa naissance.
Lorsque Paul survint dans cette famille après trois enfants mort-nés dont la mère avait pieusement conservé les fœtus dans des bocaux remplis d’esprit-de-vin, ce fut tout bonnement un miracle et on ne traîna pas à en remercier le ciel comme il faut. A peine Paul-Marie Verlaine baptisé, ses parents le consacraient à la sainte Vierge et à la couleur bleue.
C'est le premier livre de mon challenge folio 2 euros . Sans Cynthia qui en est à l'origine, je n'aurais très certainement jamais lu ce livre malgré mon grand amour pour les poèmes de Verlaine et je n'aurais pas perdu grand chose.  

Né en 1947, Guy Goffette a été enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L’Apprentypographe. Aujourd’hui, il travaille dans l’édition et vit à Paris. Poète et prosateur, il a publié une quinzaine de livres et a obtenu en 2001 le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
L’autre Verlaine de Guy Goffette (Folio, 2009, 100 pages)

mardi 27 octobre 2009

Tag "Si c'était possible, bah alors"

Taguée par Cynthia, je réponds donc à mon tour au questionnaire d' Emma intitulé "Si c'était possible, bah alors"...


1) Si on vous proposait d'écrire votre biographie, vous prendriez qui pour nègre ? (et oui, tout le monde n'a pas un don pour la littérature)
Ne doutons de rien et sans hésiter je choisirais Viviane Forrester qui a si bien raconté Virginia Woolf


2) Vous êtes en train de lire le tout dernier chapitre d'un livre, celui qui vous a fait passer une nuit blanche, la fin qui vous fait saliver (notez le jeu de mots siouplé) depuis une centaines de pages... Lorsque survient un homme, torse nu. On va dire qu'il s'appelle... Daniel Craig. Il a l'air chagrin. Il a une petite douleur à l'épaule, et est persuadé qu'un petit massage lui ferait le plus grand bien. Que faites-vous ? (PS pour les garçons : à la place de Daniel Craig, merci de comprendre... Allez, soyons fous, Scarlett Johansson, mais en bikini, pas torse nu !)
"Roulant des épaules, alors que le soleil fait briller les mille petites gouttelettes d'eau salée qui roulent sur son beau corps bronzé et musclé, il se penche vers moi qui suis plongée dans un livre sous un grand parasol et,  je lui crie: ... " (Harlequin...p120)

Ceci dit, je préfère quand même Hugues Grant! Son petit sourire moqueur, son charme et son humour me font craquer!


 3) C'est la fin du monde. Quel livre mettriez-vous dans la capsule qui sauvegardera une trace de l'humanité ? (voudriez-vous vraiment que ce soit Orgueil et Préjugés ?)
Sérieux: La liste des droits de l'homme!


4) Quelle est pour vous la pause lecture idéale ?
Dans mon sanctuaire, seule, en silence, avec mon chat, et les rires et cris du cercle familial dans les autres pièces, tout autour!  



5) Si vous aviez le pouvoir de trucider/effacer un personnage de roman, ce serait qui? 
 Folcoche, la mauvaise mère de Vipère au poing d'Hervé Bazin. Je la pousserais dans le puits où croupirait déjà la mère Lepic, l'autre mauvaise mère célèbre, celle de Poil de Carotte de Jules Renard! 


6) Sauveriez-vous Voldemort, juste pour avoir un huitième tome?
Peu m'importe! J'ai laissé tomber après le second volume!


7) Jusqu'où êtes-vous allés pour un livre ?
Jusqu'à pleurer toutes les larmes de mon corps pour que ma mère m'en achète encore et encore étant petite car les bibliothèques étaient trop loin et il n'y avait pas le net pour passer commande!


8) Si vous pouviez retourner dans le passé rencontrer un auteur. Ce serait qui ? Quelles seraient vos toutes premières paroles ? (A part "bonjour") 
Chateaubriand dans son château natal de Combourg
Il y avait vraiment un chat emmuré dans votre chambre qui miaulait les nuits d'orage et qui vous effrayait tant?" ( ce que les guides racontent en faisant visiter la petite pièce sous les toits où dormait l'auteur)


9) Décrivez la bibliothèque (personnelle ou pas) de vos rêves.
 La bibliothèque de  Strahov à Prague.


10) Vous retournez dans le passé (décidément, bande de veinards !), en pleine 2ème guerre mondiale. Quel livre donneriez-vous à Hitler pour qu'il arrête de cramer des bouquins?
"Comment devenir un grand peintre en 120 leçons" pour dévier son destin et celui du monde!


Il ne me reste plus qu'à taguer Leiloona, Lounima, NanneAifelle , Laetitia la liseuse, CecileQde9 que je n'ai pas vues citées encore, je crois!

lundi 26 octobre 2009

Oh, boy par Marie-Aude Murail




 Les trois enfants Morlevent devenus orphelins font tout pour s’opposer à l’administration des affaires   sociales et juridiques afin de demeurer ensemble coûte que coûte ! Leur père a disparu et leur mère, 
dépressive, vient de se suicider au « canard wc ».Le juge des tutelles veut les faire adopter par leur demi-frère Barthélémy  et leur presque demi-sœur ophtalmologue, Josiane, que  le même père a également abandonnés !  Mais ceux-ci se détestent et chacun cherche à contrecarrer les projets de l’autre. L’une ne pouvant pas avoir d’enfant voudrait adopter la benjamine Venise , une adorable petite fille blonde aux yeux bleus qui se fait aimer de tous et qui collectionne les Barbies pour les accoupler avec leurs Kens.  Elle refuse les deux aînés,  Siméon, un surdoué de 14 ans, qui doit bientôt passer son baccalauréat et  Morgane, 8 ans, surdouée aussi mais que personne ne remarque. Ceux-ci iront vivre chez Barthélémy, leur frère « pédésexuel », beau mais très enfantin encore, qui n’aime pas beaucoup le travail mais se révèle admirable durant la leucémie de son petit frère, soigné par le célèbre Dr MauvoisinQu’adviendra-t-il finalement de cette fratrie auquel le lecteur s’attache tout de suite ?  Les frères et sœurs resteront-ils séparés ou réussiront-ils à se réunir? 


J’ai beaucoup aimé la fin  tout comme j’ai adoré ce roman drôle et émouvant, inattendu aussi ! C’est un grand coup de cœur pour moi !

Oh, boy de Marie-Aude Murail qui a déjà écrit une cinquantaine de livres  pour la jeunesse. (Ecole des Loisirs, 2000, 207 pages)

dimanche 25 octobre 2009

Dimanche poétique, Les yeux de Sully Prudhomme



Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nom ont vu l’aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.



Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d’ombre.

Oh ! Qu’ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n’est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu’on nomme l’invisible ;


Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent .


Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l’autre côté des tombeaux
Les yeux qu’on ferme voient encore.


 Les yeux de Sully Prudhomme (1838-1907), Les yeux clos d'Odilon Redon (1890), Orsay


Les amateurs de poèmes du dimanche sont chez CelsmoonPublient généralement: Edelwe, lepetitmouton,Abeille, Emmyne, Paradoxale, Chrestomanci, Mariel,Laurence, Ankya, Herisson 08, Anjelica, Schneeweiss, George, UhbnjiFleurEsmeraldae, Armande, Restling, Satya, Violette, Zik, Lystig, Amos, Emma666Dominique, Marie, JulienBookworm, Lectures givrées, 

vendredi 23 octobre 2009

L'Enchanteur de Vladimir Nabokov


 Assis sur un banc, entre deux femmes mûres, dans un jardin public, un homme d’une quarantaine d’années rumine sur les moments forts de sa vie passée, entièrement déterminés par ses penchants érotiques.
« Quelle explication puis-je me trouver ?... Une maladie ? Un crime ? Et puis, est-ce compatible avec la conscience et la honte, le dégoût et la peur, le contrôle de soi et la sensibilité ? Car je ne puis même pas envisager l’idée de faire du mal ou de provoquer une révulsion inoubliable. Quelle idée ! Je n’ai rien d’un ravisseur….Je suis un pickpocket, pas un cambrioleur. »

C’est à ce moment de ses réflexions qu’il aperçoit une fillette de douze ans, habillée en violet, marchant  «d’un pas rapide et décidé sur des patins à roulettes qui ne roulaient pas mais écrasaient le gravier quand elle les soulevait et les laissait retomber en faisant des petits pas japonais ; elle se rapprochait de son banc dans le hasard changeant des rayons du soleil. »
La description de cette apparition se poursuit sur une page entière, rapide mais  précise et détaillée, un portrait en gros plan, un flash éblouissant. Son destin dès lors ne va plus dépendre que de ces secondes-là ! Il fera tout pour la revoir  et rester auprès d’elle, quitte à épouser sa mère, veuve et malade, et même à tenter d’accélérer l’issue fatale. Devenu veuf à son tour et légalement responsable de sa belle fille, il sombre dans une sorte de bouffonnerie tragique  qui  rend éblouissante la fin du récit, bien différente de celle de Lolita , l’œuvre plus tardive et plus célèbre écrite en 1955.
Cette œuvre-ci, l’Enchanteur,  que l’auteur définissait comme la « première palpitation »  de Lolita, a été écrite en 1919, à Paris, mais égarée par Nabokov, elle ne sera retrouvée, dans ses archives, que  bien plus tard. C’est alors qu’il en suggèrera la publication à son éditeur américain.

C’est un texte que j’ai trouvé superbe et je ne peux qu’approuver  l’éditeur qui le qualifie de « drôle, caustique, allusif, baroque et classique, un sommet absolu d’art parodique. »


L’Enchanteur de Vladimir Nabokov (Rivages/Poches, 1986,136 pages) Traduit de l’anglais par Gilles Barbedette, préface de Dmitri Nabokov,fils de l’auteur. (Photo de la couverture: Félix Vallotton, 1913)

jeudi 22 octobre 2009

Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé


Quand on lui apprend qu’elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Vatapuna. 
Dès la première phrase du roman, nous connaissons la fin:  l’héroïne retourne sur l’île de son enfance, là où vit encore peut-être, dans sa petite cabane, celle qui l’a élevée, sa grand-mère maternelle, Rose Bustamente aux deux métiers, celle qui, avant de devenir la meilleure pêcheuse de poissons volants de ce bout de mer,  avait été la plus jolie pute de Vatapuna , celle aussi qui avait été  répudiée par sa mère à quatorze ans parce qu’elle n’était plus vierge.
Ces deux femmes,  Rose et Vera, la grand-mère et la petite fille toutes deux solitaires, farouches,  rebelles, secrètes et silencieuses, les deux personnages féminins à la forte personnalité du récit, sont aussi des figures maternelles mythiques, venues du fond des âges, qui sans avoir rien appris, découvrent l’amour maternel, au fur et à mesure, par petites touches plus que par instinct, contrairement à la mère de Rose qui l’a chassée sans ménagements et à Violette, la mère de Vera qui l’a abandonnée, très malade, à sa propre mère, Rose!  A son tour Vera aura une fille, Monica Rose, elle aussi née de père inconnu mais  dont on finira par deviner l’ignoble identité  avant qu’elle nous soit révélée à la fin.
Deux hommes ont une grande importance dans cette histoire de liens mères-filles : Jeronimo, le destructeur et Itxaga, le protecteur, l’homme bon. Deux endroits s’affrontent également, à l’opposé aussi l’un de l’autre, Vatapuna, l’île exotique à la nature si belle mais où la vie se révèle sordide, brutale et misérable pour les femmes seules et pauvres et Lahomeria, la ville sur le continent où se réfugie Vera adolescente et enceinte à son tour.
L'histoire est belle, pleine de malheurs et d’amour mais c’est surtout l’écriture, le style que j’ai beaucoup aimé.  Pas de lyrisme ni de pathos, mais un réalisme efficace et retenu teinté d’espérance, de rêves éternels,  un récit triste et doux à la fois, comme un hymne au courage des mères, célibataires ou pas, putes ou saintes, obligées de se sublimer pour nourrir, coûte que coûte ces enfants pas toujours désirés! Une belle histoire et un très beau récit! Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé (Editions de l’Olivier, août 2009, 293 pages)

Ont également aimé ce livre: Aurore, Antigone, Amanda, Cathulu, Cuné, Jules, Marie, Bab's , Esperluette , Papillon , Esmeraldae, et sans doute bien d'autres encore. Je n'ai pas lu d'avis négatifs!

mercredi 21 octobre 2009

Mes challenges en cours

Mes challenges en cours !

L’automne ! Serait-ce la saison des challenges ? Ils tournent autour de mon blog en ce moment comme un tourbillon de feuilles  virevoltantes !En bonne jardinière, je prends mon grand rateau pour les discipliner un peu !

1)      Le dernier en date, le challenge de Karine, le English Classics pour lequel il s’agit de lire 2 romans classiques british (parus avant 1900), avant le 31/12/2010) Challenge compatible avec le Matilda’s Contest, les Lectures communes  et celles du  Livraddict. Ces romans peuvent être lus en traduction !
2)      Le challenge de Cynthia,  Challenge 2euros où l’on s’engage à lire au moins un livre de la collection Folio/Librio 2 euros avant  fin 2010
3)      Le challenge de Cryssilda le Wilkie Collins Addicts. Il faut lire 1  1 livre de cet auteur sur un an
4)      Le challenge de Levraoueg, le 1%Rentrée Littéraire : Je l’ai  FINI.  J’ai lu  7 livres de cette rentrée : Beigbeder, Colum Mc Cann, Metin Arditi, Lyonel Trouillot, Lydie Salvayre, Patricia Wentworth, Guillermo Martinez.
5)      Les lectures communes de Jules: Jane Eyre à lire pour le 31 octobre, avec Celsmoon, Abeille, Edelwe, Emilie, Hermione,

6)      Le challenge de Raisons et sentiments, le Matilda’s Contest. Il s’agit de lire tous les livres lus par la petite Matilda, la lectrice très précoce, héroïne du livre de Roald Dahl (Pas de limitation de temps), 14 livres en tout y compris le Matilda d’origine !
7)     Le challenge d’Antigone, Objectif Pal que tout le monde connaît et que je n’ai pas encore réellement commencé car je n’ai pas encore compté ma Pal ! C’est en cours! Ne pas me décourager!
8)      Le challenge de Grominou  Blog-O-Trésors ! Il ne me reste à lire sur les quatre obligatoires que le livre de Pat Conroy : Le Prince des Marées. Ne pas oublier !
9)     Les dimanches poétiques : Publier un poème chaque dimanche Peut-être pas un vrai challenge mais un engagement tout au moins ! Celsmonn l’a lancé cet été !
10)    Enfin le challenge de Lou, le Mary Elizabeth Braddon Challenge. Lire un livre au moins de cette romancière anglaise (1835-1915) avant la fin de l'année! 
11) Et en voilà un autre, très intéressant aussi, auquel je viens de m'inscrire, c'est celui de Bladelor, le challenge Lire en VO, Autant de livres que l'on veut dans une langue étrangère d'ici fin 2010!
12) Pour le compte rond de la douzaine je me rajoute celui de Mariel , le challenge des Classiques: il faudra lire un classique par mois en 2010, soit 12 classiques. Ce doit être faisable!
13) et pour le fun du treize à la douzaine, celui très drôle de Loula, le challenge pour tous!  

Et voici le 14ème, ajouté ce mercredi 28/10/2009, celui de Theoma,
le challenge des coups de cœur  Je m'engage à à lire au minimum 2 livres avant juin 2010. Ce doit être faisable, il me semble!




Edit du 10/12/2009: nouveaux challenges auxquels j'ai adhérés! celui de Pimpi: lire  au moins deux livres russes

celui de Yoshi73 lire deux livres de Jacsues Chessex

et enfin je me suis inscrite au Prix des blogueurs de George : 10 livres à lire avant fin 2010 (liste donnée)

mardi 20 octobre 2009

Sept jours pour mourir de Ingrid Black

Les amoureux de la ville de Dublin seront comblés par ce thriller qui, non seulement se déroule d’un bout à l’autre dans cette ville, mais qui la décrit de façon très réaliste et comme en mouvement. Une série de crimes s’y déroule en effet, tous plus sordides les uns que les autres que s’efforce d’éviter puis d’éclaircir Saxon, une jeune américaine des plus colériques, ex-agent du FBI devenu écrivain, qui n’a pas froid aux yeux face à d’étranges officiers de police irlandais très particuliers.

C’est elle la narratrice qui a eu le tort, cinq ans auparavant, d’écrire un livre sur une vilaine histoire de meurtres à répétition, se faisant ainsi bien des ennemis. Et voici que ce sinistre scénario de crimes de prostituées mutilées semble recommencer ! La même mise en scène théâtrale réapparaît : envoi de lettres à la presse annonçant les cinq prochaines victimes, découverte des cadavres toujours accompagnés d’annotations bibliques. Tout laisse à penser que Fagan, l’ancien serial killer est de retour ! Tout le monde sauf Saxon! Elle seule sait que c’est impossible ! C’est son secret ! Elle affirme en vain qu’il s’agit de quelqu’un d’autre, d’un imposteur ! Pourquoi en est-elle si sûre au point de se lancer corps et âme dans cette aventure ? Dès le départ, l’explication nous est donnée : c'est qu' elle a elle-même tué Fagan, en état de légitime défense, ce qu’elle a réussi ensuite à cacher à tout le monde !

Reste maintenant à savoir qui est ce nouveau tueur qui se fait passer pour un autre! Le récit est divisé en sept grandes parties correspondant aux sept jours qu'il faut au tueur pour mettre à exécution ses meurtres préannoncés et à Saxon pour comprendre enfin la véritable situation.

Il m'a fallu un peu de temps pour adhérer à l'histoire, aux personnages et à leurs motivations . Le livre m'est tombé des mains plusieurs fois car je ne supporte pas les trop longs dialogues qui ne font que ralentir l'action sans apporter de réelles informations. Au bout de quelques chapitres , une fois bien repérées et retenues les particularités des différents personnages, j'ai enfin ressenti ce qu'on attend d'un bon polar, un minimum de sympathie pour l'héroïne, de la curiosité pour découvrir le meurtrier, de l'amusement aussi, si dans toute cette noirceur l'auteur réussit à glisser par ci par là quelques traits d'humour, ce qui est le cas ici!

De ce livre je retiendrai aussi le Principe d'Occam que l'héroïne veut toujours appliquer: "principe selon lequel il faut se limiter à un minimum d'hypothèses quand on cherche une explication." Ce principe date du XIVe siècle.

Sept jours pour mourir de Ingrid Black (Livre de Poche, 507 pages, février 2008) Traduit de l’anglais par Marina Boraso. Titre original : The Dead

(Ce livre m'a été envoyé par Blog-O-Book que je remercie)