Renvoyé de son école, Holden Caulfield, jeune garçon new-yorkais, vagabonde pendant quelques jours dans la grande ville, en proie au mal de vivre. C’est cette brève odyssée que nous raconte J.D. Salinger, jouant en virtuose du langage moderne.
Son héros, mélange de tendresse et d’humour, de pudeur et de vulnérabilité, est particulièrement attachant. (Résumé de l’éditeur)
:
J’ajoute que si
Holden Caulfield a 17 ans pour l’état-civil, sa mentalité semble celle d’un adolescent bien plus jeune, d'environ 13 ans ! Il est perdu dans la grande ville, dans sa vie, dans ses affections, dans ses désirs. Il se cherche à travers les rencontres, les circonstances, les événements qui lui tombent dessus. Ce n’est pas lui qui dirige sa vie ! C’est sa vie qui le secoue et le ballote de tous les côtés. A quoi se raccrocher ? Qui et que croire ? Qui aimer et admirer ? Qui détester et éviter ? Quelle est la bonne direction à prendre pour être tout simplement heureux ? Il affronte les grandes questions existentielles qui semblent si vite grandiloquentes une fois que l’on se sent un peu adulte !
En réalité j'ai commencé ma relecture en lisant une ligne sur deux, en feuilletant par ci- par-là et je me suis dit que je n'aimerais plus ce style répétitif, familier et peut-être dépassé. J'ai fait la fine bouche, comme blasée déjà!
Et puis j'ai commencé à lire pour de bon. et peu à peu je me suis identifiée à ce pauvre gosse , dans une si mauvaise situation et qui voudrait tellement grandir et s'affirmer mais qui n'y arrive pas! Il est à la fois si courageux, généreux, étourdi et maladroit qu'il m'a fait pitié! J'aurais voulu le protéger, le conseiller, l'avertir des mauvais coups qui l'attendaient, de l'hypocrisie des uns et des coups de bluff des autres mais en même temps, je me souvenais de moi à son âge et dans des circonstances bien souvent similaires ! Ce qu'il raconte est universel! Son histoire est celle de la difficulté à s'affirmer quand on ne possède pas encore tous les moyens et toutes les ficelles pour réussir!
Il est plein de bonne volonté mais il est sans cesse confronté à l'incompréhension des autres, à leur égoïsme, leur vanité, aux préjugés de son milieu. Ses aspirations à se montrer un dur se heurtent sans cesse à ses sentiments d'enfant encore trop tendre! Il vient de grandir de 16 centimètres, il fume trop, il manque de souffle, il doit se soigner. Voilà pour son état physique! Il prend tout à coeur, voit tout, observe tout, interprète tout à outrance et accorde infiniment d'importance aux moindres détails. Il cherche à comprendre toutes les personnes qu'il rencontre. C'est un grand émotif et un très grand lecteur. La seule qualité scolaire que ses camarades lui reconnaissent et exploitent: il écrit très bien et réussit toutes ses rédactions!
Je l'aime beaucoup!
Il est terriblement seul dans cette aventure de grande école buissonnière dans laquelle il s'est lancé!
Je n'en suis qu'au début de son aventure new yorkaise. J'en connais les grandes lignes mais ce qui compte, ce que j'aime, je m'en rends compte maintenant, dans cette relecture, ce sont les détails justement, les réactions si précises et déroutantes mais attendrissantes aussi souvent de ce jeune et fragile Holden, impossible à oublier désormais!
Quant au style si particulier du récit, rien de tel que de lire
Salinger lui-même pour l'apprécier (ou pas).
Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c’est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d’enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m’avoir, et toutes ces considérations à la David Copperfield, mais j’ai pas envie de raconter ça et tout. (Première phrase du livre)
Dernier chapitre : il est court, essentiel mais n’explique rien de ce qui s’est passé avant
Je vous en dirai pas plus. Sans doute je pourrai vous raconter ce que j’ai fait une fois rentré à la maison et comment je suis tombé malade et tout, et à quel collège je suis censé aller l’automne prochain, quand je serai sorti d’ici mais j’ai pas envie. Sincèrement. Tout ça m’intéresse pas trop pour l’instant.
Ya un tas de gens, comme ce type, le psychanalyste qu’ils ont ici, ils arrêtent pas de me demander si je vais m’appliquer en classe quand j’y retournerai en septembre. A mon avis c’est une question idiote. Je veux dire, comment peut-on savoir ce qu’on va faire jusqu’à l’instant où on le fait? La réponse est qu’on peut pas. Je vous jure, c’est une question idiote.
D.B. (le grand frère), lui, est moins chiant que les autres mais il me pose aussi des questions. Samedi dernier, il est venu avec une Anglaise qui joue dans le film qu’il est en train d’écrire. Elle était plutôt maniérée mais elle avait une sacrée allure. Bon, à un moment elle est allée aux toilettes ; celle des dames c’est là-bas au diable et D.B. en a profité pour me demander ce que je pensais de tous ces trucs que je viens de vous raconter. Je savais vraiment pas quoi dire. La vérité c’est que je ne sais pas quoi en penser. Je regrette d’en avoir tellement parlé. Les gens dont j’ai parlé, ça fait comme s’ils me manquaient à présent, c’est tout ce que je sais. Même le gars Stradlater par exemple, et Ackley. Et même, je crois bien, ce foutu Maurice. C’est drôle. Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer.
Sur le problème si important de la traduction, voici deux billets intéressants.
Le premier est celui de la traductrice
Sophie Képès, sur la difficulté de son métier.
L’attrape-cœurs de
J.D.Salinger, relecture de circonstance
(Poche, Robert Laffont, 256 pages) Titre original : «
The Catcher in the Rye », traduit de l’américain par
Annie Saumont)
Dédicace du livre :
« A ma mère », 26 chapitres