samedi 18 avril 2009
Faire-part de naissance, fausse naissance, renaissance...
Ouf! Le plus dur est fait j'espère! L'ancienne adresse de mon blog ne fonctionnant plus très bien , je me suis résignée à transporter mes anciens messages ici . Le plus décevant est d'avoir perdu tous les commentaires qui resteront cependant sur l'ancien. Encore un peu de temps et je pourrai reprendre mon activité préférée: naviguer de blog en blog!
Vivre à propos : étrange entreprise!
MONTAIGNE traduit du japonais par Pascal HERVIEUPréface de Michel OnfrayVivre à propos (Ed. Flammarion,2009)
Dans une grande surface, rayon librairie:"-
Madame, auriez-vous le livre de Montaigne traduit du japonais, SVP?
La dame, suffoquée!:
- Comment? Qu'est-ce que vous cherchez?
- Montaigne traduit du japonais!
La dame criant à son employé:
- Tu entends, on me réclame le Montaigne "japonais"!
Et là, une dizaine de têtes hilares se tournent vers cette pauvre nigaude qui ose faire une telle demande... et moi, je ne sais plus où me mettre. Je comprends qu'une telle requête soit farfelue , je me fais toute petite!
On me présente alors une édition scolaire abrégée du grand homme...
J'insiste: "Non, non,il s'agit d'un livre préfacé par Michel Onfray, le philosophe: ça vient de paraître!"
A ce nom, la dame s'adoucit et se souvient brusquement: "c'est peut-être ça que vous cherchez?"
Eh oui, c'était "ça": un petit livre noir avec, en blanc, les noms de Montaigne et de Michel Onfray et, en rouge, des signes japonais et le nom du traducteur : Pascal Hervieu, diplômé de Langues orientales, vivant au Japon.
Et c'est ainsi que je me retrouve maintenant devant cette curiosité: l'association de langues,de cultures, de siècles et d'hommes totalement différents et étrangers.
L'édition est belle, l'entreprise audacieuse et osée. J'espère me régaler! Je le lirai demain .
Dans une grande surface, rayon librairie:"-
Madame, auriez-vous le livre de Montaigne traduit du japonais, SVP?
La dame, suffoquée!:
- Comment? Qu'est-ce que vous cherchez?
- Montaigne traduit du japonais!
La dame criant à son employé:
- Tu entends, on me réclame le Montaigne "japonais"!
Et là, une dizaine de têtes hilares se tournent vers cette pauvre nigaude qui ose faire une telle demande... et moi, je ne sais plus où me mettre. Je comprends qu'une telle requête soit farfelue , je me fais toute petite!
On me présente alors une édition scolaire abrégée du grand homme...
J'insiste: "Non, non,il s'agit d'un livre préfacé par Michel Onfray, le philosophe: ça vient de paraître!"
A ce nom, la dame s'adoucit et se souvient brusquement: "c'est peut-être ça que vous cherchez?"
Eh oui, c'était "ça": un petit livre noir avec, en blanc, les noms de Montaigne et de Michel Onfray et, en rouge, des signes japonais et le nom du traducteur : Pascal Hervieu, diplômé de Langues orientales, vivant au Japon.
Et c'est ainsi que je me retrouve maintenant devant cette curiosité: l'association de langues,de cultures, de siècles et d'hommes totalement différents et étrangers.
L'édition est belle, l'entreprise audacieuse et osée. J'espère me régaler! Je le lirai demain .
Le Bal du Comte d'Orgel de Raymond Radiguet
Chaque année, la saison d'hiver à Paris s'ouvre par le bal costumé que donnent le Comte d'Orgel et sa jeune femme Mahaut dans leur hôtel particulier de la rue de l'Université. C'est le rendez-vous du Tout-Paris qu'aucun mondain ne voudrait manquer. Cependant cette année 1920 est particulière pour le couple car un nouvel ami, François de Séryeuse, est venu se glisser entre les deux. Ils forment désormais le trio classique du mari âgé, de la femme sage et sérieuse et du jeune amoureux mais ce n'est qu'à la veille du bal que Mahaut ose enfin s'avouer à elle-même qu'elle aime François. Désespérée, elle veut alors l'éloigner d'elle et, comme il refuse, elle utilise les grands moyens et avoue son amour coupable aux deux seules personnes qui pourraient lui servir de remparts: la mère du jeune homme d'abord et son mari ensuite. Dès lors se pose la grande question: le bal peut-il avoir lieu? Comment le Comte réagira-t-il? Certains, pour faire court, ont résumé ce récit en disant que c'était une version moderne de l'aveu de "La Princesse de Clèves", actuelle référence présidentielle par excellence!
Pour ma part, je vais tâcher d'oublier que c'est un chef d'oeuvre classique du XXème siècle, que l'auteur est mort à 20 ans, en 1923, un an avant la publication de son livre, que c'est donc une oeuvre posthume, que cet auteur était un jeune bohème de bonne famille fréquentant aussi bien Picasso et Modigliani que Milhaud, Auric, Poulenc et Honegger, dans les cafés de Montmartre et de Montparnasse, que c'était l'ami de Cocteau qui le poussa à écrire et que ses récits furent encensés par Max Jacob et Paul Valéry, à défaut de l'être par la critique et le public qui criaient au scandale, lui reprochant en particulier d'avoir osé évoquer dans "Le Diable au Corps", en pleine guerre 14/18, un amour adultère entre un jeune lycéen et la femme d'un soldat. Je me dis, au contraire, qu'il s'agit du tout dernier livre venant de paraître et que je n'ai pas encore d'à priori à son sujet. Il a l'avantage d'être court, 125 pages en Librio.
L'écriture classique séduit d'emblée mais le titre n'est-il pas un peu démodé? Les bals et les comtes sont-ils encore d'actualité? Des bals costumés qui ouvrent la saison d'hiver et qui font courir le Tout-Paris? Je traduis par "Soirée branchée de stars people". La mode... en être ou pas?... Telle est la première préoccupation du jeune Radiguet dès les premières lignes, quand il se demande si on comprendra bien son héroïne, Mahaut d'Orgel, la femme du Comte. Voici les premières phrases:
"Les mouvements d'un coeur comme celui de la comtesse d'Orgel sont-ils surannés? Un tel mélange du devoir et de la mollesse semblera peut-être de nos jours incroyable, même chez une personne de race et une créole. Ne serait-ce pas plutôt que l'attention se détourne de la pureté, sous prétexte qu'elle offre moins de saveur que de désordre? Mais les manoeuvres inconscientes d'une âme pure sont encore plus singulières que les combinaisons du vice. C'est ce que nous répondrons aux femmes, qui, les unes, trouveront Mme d'Orgel trop honnête, et les autres trop facile."
A la pointe de la mode parisienne, le récit devait certes l'être lors de sa parution en 1924! Tout le contexte des années folles d'après-guerre s'y retrouve en toile de fond: le cirque Médrano et les Fratellini, le dancing de Robinson, le charleston, le défilé d'automobiles, le train de banlieue retour du théâtre la nuit, le déjeuner sous la tonnelle des bords de Marne...les fêtes, les dîners, les visites, les folies... Mais ce que j'ai préféré, et de loin, c'est l'aspect classique, très maîtrisé de l'écriture. C'est vraiment ce qui m'a le plus éblouie et que je retiendrai surtout.
Quelques phrases que j'ai admirées:
"On peut dire que les idées de François sur l'amour étaient toutes faites. Mais parce que c'est lui qui les avait faites, il les croyait sur mesure. Il ne savait pas qu'il ne se les était coupées que sur des sentiments sans vigueur. " "Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit. Or François admirait le comte. Son admiration allait avant tout à l'homme capable d'être aimé d'une Mahaut. En retour, Orgel éprouvait sans le savoir, pour François, un peu de cette reconnaissance que l'on éprouve envers qui nous porte envie. ""Le comte d'Orgel naissait à un sentiment nouveau. Il avait toujours évité l'amour comme une chose trop exclusive. Pour aimer, il faut du loisir, et les frivolités l'accaparaient. Mais la passion s'insinua en lui si habilement qu'il y put à peine prendre garde. Cette nouveauté datait du jour où Mahaut assise sur la banquette du garde-feu parlait avec François de Séryeuse. Ce jour-là, son mari l'avait convoitée comme si elle n'eût pas été sa femme. ""Nous l'avons dit, Mahaut était de ces femmes qui ne sauraient faire de l'agitation leur pain quotidien. Peut-être même la principale raison de la vertu de ses aïeules résidait-elle dans leur crainte de l'amour qui ôte le calme.""En proie à une véritable surprise, le comte d'Orgel se taisait. Car il n'était habile à exprimer que ce qu'il n'éprouvait pas.""Mme d'Orgel apprenait la jalousie. Est-ce bien un sentiment légitime le jour même où une femme décide de sacrifier son amour à l'honneur?""Ayant eu le temps de s'habituer à l'idée qu'elle aimait François, elle se rendait mal compte de ce qu'une révélation pareille pouvait produire. Ce fut ce qui lui permit de parler net. A cause de cette netteté, de cette sécheresse, le comte d'Orgel ne comprit pas. Elle s'en aperçut, s'affola. On est malhabile en face d'un incrédule. Devant l'incompréhension de son mari, la comtesse, qui s'était promis de s'accuser seule, éclata. Et parce qu'elle renforçait son aveu de griefs qu'Anne jugea chimériques, l'aveu, comme le reste, apparut faux à son mari. " "On sait qu'il était dans le caractère du comte d'Orgel de ne percevoir la réalité que de ce qui se passait en public."
Dernière phrase: "Et maintenant, Mahaut, dormez, je le veux!"
Le bal du Comte d'Orgel de Raymond Radiguet (Librio, 125p.)
De l'utilité des blogs
Noir de lune de Alice Sebold, NIL éditions,septembre 2008, 333p. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Odile Demange
Punie pour n'avoir pas lu à temps un certain blog.
Voilà bien longtemps qu'un livre n'avait pas provoqué en moi une telle colère due à une déception plus grande encore! Si j'avais lu l'excellent résumé, détaillé, honnête et sincère qu'a fait Katell (Chatperlipopette) du livre que je viens de terminer, c'est probable que je n'aurais pas choisi celui-ci à la bibliothèque, sur la table des nouveautés.
Mais voilà, je n'avais que la quatrième de couverture qui une fois de plus m'a embobinée. Il faut dire que je suis une proie des plus faciles, qui n'attend que ça: être séduite par ses lectures! Et la couverture offrait cette citation: "Tout compte fait je n'ai pas eu de mal à tuer ma mère" puis affirmait: "Le suspense est intolérable: on ne lâche pas "Noir de Lune" avant le tout dernier paragraphe".Que voulez-vous ? J'ai cédé à cette invitation pourtant si grossièrement racoleuse!
Je suis d'autant plus déçue que j'ai bien aimé les 3/4 de l'histoire jusqu'à ce fameux dernier chapitre justement que j'ai reçu comme une gifle, comme si l'auteure me laissait tomber et me disait: "Débrouille-toi avec tout ça maintenant et imagine la suite!" J'ai horreur de ça! Comme si l'on m'abandonnait en plein désert!
Bon, de quoi s'agit-il?
De l'histoire familiale tragique d'une matricide qui raconte les vingt-quatre heures qui ont suivi son crime : elle vient d'étouffer sa mère qu'elle adore et déteste à la fois. celle-ci est un ancien mannequin très belle mais agoraphobe et méchante qui a malmené toute sa vie son mari et sa fille. Son mari s'est suicidé et sa fille est devenue sa meurtrière.
Ainsi s'ouvre le récit, par cette violence, ensuite on apprend à mieux comprendre Helen,la fille meurtière et on s'y attache. on suit son errance dans son quartier , au milieu de ses voisins trop curieux et indifférents à la fois, dans ses souvenirs, dans ses incertitudes pour le présent. On se demande sans cesse comment finira cette sombre histoire, si la narratrice s'en sortira par une volte-face du récit qui ferait apparaître le vrai meurtrier par exemple (je l'espérais!) ou tout simplement si elle se laissera glisser dans la folie!
Pour être honnête et contrebalancer ce jugement négatif sur un auteur que je ne connaissais pas mais qui a déjà écrit deux autres livres, en particulier "La Nostalgie de l'ange" dont on tourne un film en ce moment, voici ce qu'en dit le "Philadelphia Enquirer":
"Sebold pourrait bien être une héritière authentique d'Edgar Poe, qui ose écrire sur la banalité de la violence, et décrire comment celle-ci voisine avec la normalité, en face de chez nous, noyée dans la brume."
Où on va papa? de Jean-Louis Fournier
Où on va papa? de Jean-Louis Fournier (Stock, sept 2008, 155 p.)
En choisissant ce livre, je savais qu'il s'agissait d'un sujet très sensible : deux enfants handicapés dans la même famille, et que j'allais être émue: je l'ai été.
Ce livre n'est cependant pas dénué d'humour et le style n'est pas du tout larmoyant. Je l'ai lu d'un trait en moins de deux heures et je ne suis pas prête de l'oublier! C'est un livre difficile à résumer.
Il faut laisser parler l'auteur, le père des enfants. Voici les dernières phrases.
"Je ne sais plus bien qui je suis , je ne sais plus très bien où j'en suis, je ne sais plus mon âge. je crois toujours avoir trente ans et je me moque de tout. J'ai l'impression d'être embarqué dans une grande farce, je ne suis pas sérieux, je ne prends rien au sérieux. Je continue à dire des bêtises et à en écrire. Ma route se termine en impasse, ma vie finit en cul-de-sac."
PS du 11 mai 2009
Je viens de découvrir le très intéressant site de la mère des enfants qui remet en place certaines idées reçues et qui présente des photos . Elle rappelle aussi très justement qu'il s'agit avant tout d'un roman. La vérité des faits et des situations est soumise volontairement au style adopté par l'auteur qui a relégué le ressenti du père au second plan.
Où on va papa? de Jean-Louis Fournier (Stock, sept 2008, 155 p.)
Tracy Chevalier: La jeune fille à la perle
"La jeune fille à la perle" de Tracy Chevalier (Quai Voltaire, /La table ronde, 1999,271 p., traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek)
Je n'aime pas beaucoup les récits historiques d'habitude mais celui-ci en est-il vraiment un?
Delft, 1664. Le peintre Johannes Vermeer et sa femme Catharina, constamment enceinte, ont choisi Griet comme servante, une jeune fille de 17 ans dont le père, peintre sur faïence devenu aveugle ,ne peut plus travailler. Dès leur rencontre, le peintre s'intéresse au talent de coloriste que semble avoir la jeune fille. Pour faire la soupe, elle a rassemblé les légumes sur la table selon leurs couleurs. Il l'interroge sur ses intentions, ce qui agace profondément sa femme déjà jalouse de l'attention qu'il lui porte. Par la suite ,Griet deviendra la typique servante bonne à tout faire d'autrefois, livrée à toutes les volontés de ses maîtres et que personne ne peut défendre. Elle passe son temps à faire toutes les basses besognes de la lessive et du ménage jusqu'au jour où le peintre,conscient de ses talents,lui confie la préparation de ses couleurs. Cette distinction, naturellement l'isole encore plus, accroissant l'envie et la jalousie des uns et des autres autour d'elle. Griet, elle, est heureuse ainsi: enfin , le peintre travaille davantage et finit plus vite les tableaux commencés, ce qui apporte l'argent si nécessaire à cette famille très endettée! Un jour, de manière inattendue, il va même faire poser en secret la jeune fille pour en faire le portrait. Quand celui-ci semble terminé, il n'est cependant pas satisfait. Il manque un détail pour le rendre parfait. Griet sait très bien ce dont il s'agit mais évite de le lui dire pour ne pas déclencher la colère jalouse de sa femme. Que choisira Vermeer lorsqu'il découvrira enfin la petite touche de couleur qui manque à son tableau? Entre Griet et son art hésitera-t-il seulement un instant? La présence de la perle dans le tableau prouve la lâcheté du peintre mais aussi son génie. Toute la suite du roman découle de ce bijou. L'art l'emporte sur l'amour platonique qui semble avoir existé entre le peintre et sa servante. Rien n'est exprimé, tout est imaginé, supposé, inventé peut-être. Vermeer et les autres personnages du récit sont peu sympathiques. Seule la jeune fille est attachante. C'est d'ailleurs essentiellement la renommée du peintre et la perfection de ses tableaux qui magnifient cette humble histoire et qui la rendent si intéressante.Maintenant il me reste à voir le film.
"Petits poisons" de Stanislas Merhar
"Petits poisons" de Stanislas Merhar, (Fayard, 2008, 136 p.)
C'est un tout petit livre comme j'aime en lire après un très gros volume, mais c'est un livre très émouvant. Une belle surprise! Sans prétention!
Ce n'est pas un roman, ni un journal intime, peut-être une autobiographie, mais alors très brève et légère, comme on peut en écrire à 37 ans,
L'auteur est acteur. C'est la couverture qui me l'apprend. Il a reçu le César du meilleur espoir masculin en 1998. Il a aussi été pianiste et doreur sur bois.Il peint, il écrit, c'est un artiste!C'est aussi un amoureux...malheureux! Il aime des bretonnes qui s'en vont ... et le quittent." Petit Poison" est d'ailleurs le surnom de la dernière, mais des petits poisons qui le minent, il en a plein d'autres.
Il est surtout et avant tout, fils de son père, suicidé, et toujours et encore remémoré, fils de sa mère avec qui il vit et dont il contrôle la respiration chaque nuit, désespéré à l'idée de pouvoir la perdre aussi.
Le récit est ainsi, écrit par petites touches pudiques, avec des phrases très courtes . C'est comme un chant triste et mélancolique. Une petite musique nostalgique des jours enfuis. Un joli livre!
"Les âmes vagabondes" de Stephenie Meyer
J'ai tellement aimé ce livre que j'ai préféré en différer le commentaire! J'ai laissé passer une semaine: : j'aurais été trop ridiculement dithyrambique!
La terre est conquise par les âmes vagabondes , une espèce de vers mille-pattes qui se glissent dans les corps pour en prendre le contrôle. Quelques humains authentiques résistent encore et se cachent dans des grottes C'est là que se déroule l'essentiel de l'histoire.
La jeune Mélanie a été envahie par une âme exceptionnelle nommée "Vagabonde" . Elle réussit à lui résister et à sauver son esprit , ses sentiments, ses souvenirs et surtout son amour pour Jared et pour son petit frère Jamie. Elles sont donc deux dans le même corps. Vagabonde est bouleversée par l'ampleur des sentiments humains et la vigueur de l'amour entre Mélanie et Jared. Elle éprouve vite elle aussi ces sentiments d'amour et prendra partie pour les hommes contre son propre camp.
C'est surtout la deuxième partie du roman que j'ai aimée. La fin surtout! J'étais impatiente de connaître cette fin . Je ne la devinais pas du tout et par moments je me sentais plus "Vagabonde" que moi-même.Peut-être parce que je ne suis plus adolescente, je me suis sentie plus proche de l'âme vagabonde que de Mélanie. J'ai préféré Ian à Jared à la fin. Il est plus mûr, plus sûr, plus dévoué, plus désintéressé, plus amoureux peut-être...mais moins romantique évidemment!
Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié, c'est l'ampleur de la fiction. Plus philosophique que scientifique. Pas d'objets futuristes, pas de pouvoirs magiques extravagants, juste cette possibilité d'entrer dans l'âme d'une personne et d'y vivre à deux! A part la traqueuse, sorte d'âme détective à la poursuite de la vagabonde, les envahisseurs se montrent infiniment positifs, pacifiques, paisibles et raisonnables, face aux rebelles humains, nerveux, colériques , jaloux, criminels, mesquins. De vrais anges face à de petits démons. Mais les démons aiment et souffrent violemment. Ils se débattent de toutes leurs forces pour leur survie et leur liberté et c'est ce qui les rend si attachants!
Les êtres angéliques, eux, ne font pas de bons romans!
J'ai aimé ces personnages. Je me suis attachée à leur sort. La fin m'a surprise et comblée.
J'ai lu de nouveaux livres depuis mais je n'ai rien oublié et je reste aussi enthousiaste que lorsque je l'ai refermé. C'est mon premier livre deStephenie Meyer. ce ne sera sûrement pas le dernier, je suis bien partie pour les lire tous!
J'ai apprécié tout autant les histoires d'amour que l'aspect science-fiction légère du récit.
J'aime Vagabonde!
Les âmes vagabondes " de Stephenie Meyer, (JC Lattès, 2008,617 p.,traduit de l'anglais par Dominique Defert
L'inaperçu de Sylvie Germain, En parler ou pas?
Premières phrases du récit.
"Une femme marche à pas rapides le long des berges du fleuve. Elle avance légèrement courbée pour se protéger du vent qui souffle dru en ce soir de décembre... Si on observe attentivement la femme, on peut remarquer qu'un tremblement, aussi saccadé que sa démarche, secoue ses épaules et son dos.Mais à cette heure et par ce froid, personne n'a l'idée de musarder sur les quais et de s'attarder à examiner une passante à la silhouette de cloche noire agitée de soubresauts."
Ce que j'en retiens:
Un jeune père noël de grand magasin qui travaille à côté l'aperçoit et croit qu'elle porte un bébé..; il va l'aider. Elle va l'embaucher dans son entreprise. Il restera longtemps dans la famille. Il en sortira aussi brusquement qu'il y est entré. On le recherchera et on l'attendra. Longtemps après, il reviendra mais on n'en voudra plus, on le chassera. Il n'est plus temps.
Ce que j'en pense:
Ce roman s'est déroulé por moi comme un malentendu. Je n'ai pas su être emportée par l'histoire. Les personnages me sont restés indifférents Je ne suis allée jusqu'au bout que par respect pour l'auteur dont j'ai lu le plus grand bien sur les autres blogs.
Je suis déçue et je m'en veux parce que je n'ai pas envie d'analyser pourquoi je n'ai pas adhéré à cette histoire. J'ai juste envie d'oublier ma déception et de passer trés vite à une autre lecture.
Je ne recherche plus désormais que le pur plaisir de lire. je ne fais pas un travail de critique . Je ne suis ni journaliste ni universitaire, juste une lectrice par plaisir et pour le plaisir. Mais pour être juste et ne pas rester sur une si mauvaise impression, je lirai un autre livre de Sylvie Germain dès que possible.
"L'inaperçu" de Sylvie Germain (Albin Michel)(sept. 2008, 294 p)
BROTHERS de Yu HUA
Voici un livre que j'ai A-do-ré!
C'est un roman d'apprentissage, émouvant et chaleureux, un roman initiatique, léger, triste et drôle, grivois même par moments, foisonnant et facile à lire à la fois! J'espère réussir à faire sentir mon enthousiasme dans mon résumé!
C'est un roman picaresque tellement surprenant, une excellente surprise : un des meilleurs livres lus ces dernières années qui n'ont pourtant pas été avares en bonnes découvertes.
C'est avant tout le roman de l'amour fraternel, en dehors de tout lien biologique chez deux êtres élevés ensemble par deux parents démunis de tout mais aimants et chaleureux, unis contre l'adversité, malgrè la misère la plus noire, ce qui n'est pas si courant dans la littérature en général. Peu de titres sur l'amour entre frères me viennent en tête à ce sujet. Pourquoi d'ailleurs le titre anglais "Brothers" n'a-t-il pas été traduit en Français? Le mot français "Frères" n'aurait-il pas autant de force que le mot anglais équivalent?
C'est l'histoire de deux jeunes garçons de tempéraments très opposés, élevés ensemble mais très vite orphelins, qui ressentiront toute leur vie un fort vif sentiment d'amour fraternel qui survivra à toutes les tensions, les malentendus et les séparations de leur vie d'adultes.
Tout est dans le premier paragraphe du roman sans qu'on puisse s'en douter de prime abord. En effet, le roman s'ouvre sur une vision du héros principal, Li, le frère milliardaire, assis sur la lunette de ses toilettes en plaqué or, imaginant déjà sa vie future de vagabond sidéral lancé sur orbite autour de la terre et pleurant la mort de son frère Song, réalisant pour la première fois qu'il n'avait plus aucun parent sur terre.Jeune adolescent, ce Li, du genre voyou, devient la risée de tout son petit bourg du sud de la Chine car il a été surpris dans les toilettes publiques, occupé à mater le derrière des filles . C'est aussi ce que faisait son père, la veille de sa naissance, précipité par surprise dans la fosse sceptique où il mourut étouffé. De honte, sa mère enferma le nouveau-né à la maison d'où il ne sortit que quelques années plus tard et toujours durant la nuit si bien que longtemps il ne connut du monde que le paysage nocturne d'une campagne déserte sous la lune.
Ce tout début déconcertant du roman, à la fois triste et grivois, résume bien la suite. En effet , contrairement à son père , le héros , loin d'être honteux de son voyeurisme , s'en vante et décrit ce qu'il a vu aux policiers et autres villageois, curieux et intéressés.
Ce pragmatisme et ce culot vont d'ailleurs lui permettre de s'enrichir et lui qui fut parmi les plus pauvres devient un des nababs du coin. Trés entreprenant, rien ne lui résiste si ce n'est la plus belle jeune fille de la région, celle qui sera cause de la rupture du lien fraternel et de la suite des événements, la trés aimée Lin Hong au surprenant destin.
Mais finalement, revenu de tout, après bien des péripéties, le héros n'aura plus qu'un seul désir, celui de monter à bord d'un vaisseau Soyouz pour transformer son frère chéri en extraterrestre. C'est d'ailleurs dans ce but qu'il apprend le russe, lui le quasi analphabète, mais c'est ainsi qu'il a réussi : il ne doute de rien, contrairement à son frère , timide et bien élevé, qui échoue dans un pays devenu trop dynamique!
Extraterrestre, tel est le dernier mot du roman : le rêve, le futur, l'avenir, l'optimisme après le sordide d'un passé désastreux au temps des Gardes Rouges et d'un présent décevant où domine un capitalisme débridé!
Ce roman est ainsi, réaliste et rabelaisien , plein d'humour et de scènes inattendues et désopilantes , mais aussi rempli de tendresse , de sentiments très forts, de petits détails souvent tragiques, voire horribles mais la vie l'emporte toujours.
C'est un roman de renaissance, d'aubes nouvelles, de matin clair après un soir d'orage, .Une bonne dose de vitamines dans un monde apocalyptique.
J'ai vraiment beaucoup aimé!
Yu HUA Brothers (Actes Sud), roman traduit du chinois par Angel Pino et Isabelle Rabut.(avril 2008), paru en Chine en 2006, 1 million de lecteurs
Chat, Chat, Chat, Blog et Chat...
C'est un sauvage des plus sauvages. Il fuit quand on veut le caresser. il nous glisse entre les doigts et file se cacher on ne sait où mais dès que j'ouvre mon blog, il accourt et le voici trônant devant l'écran. Difficile de l'en chasser! Et puis, résigné, sous mes poussées, il s'écarte et s'allonge, sphinx tranquille . C'est Mango, c'est mon trésor.Il vit avec moi au milieu des livres. Les autres tournent, s'agitent et rient autour de nous, nous restons immobiles, plongés dans nos rêves. Nous sommes heureux ensemble, frère et soeur (de quels ailleurs merveilleux?) et nous vivons la même aventure en bons compagnons silencieux.
A la pêche aux livres ou de l'utilité des bibliothèques
Passage à la bibliothèque J'ai 5 livres à choisir. Dilemme!
D'emblée, je me dirige vers le bac des nouveautés . Il y a là, à m'attendre une cinquantaine de livres variés, en vrac, tout neufs, fringants, attirants, romans, essais, biographies. Les BD et les livres d'art sont ailleurs.
Je choisis assez vite ceux qui me plaisent , soit pour l'auteur , soit pour le titre, soit même pour la couverture. Reste maintenant à retenir ceux que je vais emprunter pour trois semaines.
Je commence mes découvertes. Lecture en diagonale.
Sans hésiter, parce que beaucoup de blogs l'ont aimé: de Stephenie MEYER: "Les âmes vagabondes", à défaut d'un des tomes de sa fameuse trilogie. C'est un livre tout neuf, tout propre que je serai la première à ouvrir: j'apprécie. Choix sous influence de : Clarabel, Cuné, Ankya.
Le deuxième sera un autre livre neuf, conseillé par les blogueurs qui l'ont lu et aimé: de Dennis LEHANE: "Un pays à l'aube", "flamboyante épopée de la naissance de l'Amérique moderne" dit la 4 de couv. "Moisson Noire", "Actu du Noir" et "à sauts et à gambades" sont entre autres les blogs qui en parlent.
Le 3ème livre de ma sélection sera un petit opuscule bien utile que j'ai déjà emprunté pour créer mon blog mais dont j'ai encore besoin car je n'ai pas tout terminé: "Créer votre blog"(Guide Microapp).Hurrah! Je viens d'apprendre à intégrer des liens et j'en profite immédiatement! Il conseille de passer à Hautefort après avoir commencé par Blogger. Mais j'hésite. Hautefort n'est-il pas payant ou alors avec de la publicité? A voir!
Le 4ème sera "Brothers" de Yu HUA, (Actes Sud). J'aime bien cet éditeur. l'auteur, quant à lui, est très aimé en Chine où l'on aurait fait un triomphe à ce livre, "véritable odyssée de la Chine, de Mao aux JO. Un des jeunes bibliothécaires me dit que cet ouvrage est excellent.
Il ne me reste donc plus qu'un seul livre à emprunter. Il faut qu'il soit intéressant car ce n'est pas avant plusieurs jours que je pourrai retourner à la bibliothèque.
"Et les morts nous abandonnent" , de Raj Kamal Jha, traduit de l'anglais (Inde), par Alain Porte (Actes Sud),2008, 435 pages, (Lettres indiennes),titre original: "Fireproof"Autre livre de l'auteur: Le couvre-lit bleu (Gallimard, 2001), Prix des écrivains du Commonwealth."Le 2 février 2002, 59 Hindous périssent dans l'incendie d'un train dans l'état du Gujarat, en Inde, des musulmans ayant été soupçonnés d'avoir provoqué le drame , des violents affrontements intercommunautaires éclatent aussitôt et font près d'un millier de morts, en majorité de confession musulmane. c'est pour avoir assisté sur le terrain en tant que journaliste, aux conséquences d'une explosion de la violence de masse qui a durablement traumatisé le sous-continent tout entier que l'auteur a choisi d'en faire le sujet de son 3ème roman, récit d'une descente aux enfers'.Brr!! La lecture de la 4 de couv me refroidit: trop fort! trop terrible!...la panique!.., le tsunami!...le 11 septembre!...Mes pires cauchemars! En arrière plan, les prophéties de Nostradamus... l'apocalypse annoncée pour bientôt...Hiroshima du XXIème siècle! Je ne crois pas trop aux prophéties mais quand même! Rejet! Tendance à ne même pas vouloir le feuilleter.Je l'ouvre pourtant. je suis aussitôt séduite par les 3 premières pages,L'avant-récit ."Tout ce qui suit est fiction". Sur les lieux du drame que visite l'auteur en journaliste, deux mois après la tragédie, il découvre un livre d'enfant parmi les monceaux de papiers brûlés: "Apprendre à communiquer", un livre d'exercices en anglais de l'école primaire ouvert à la page 43 où il y avait un poème intitulé:"L'enfant de la ville" qui avait été souligné, vers après vers, paragraphe après paragraphe. Voici comment le poème commençait:"Je vis dans une rue de la cité, Elles est bondée de voitures et de pieds.Les maisons attendent alignées, Partout où je vais, de la fumée. Pour moi la seule et unique merveille,C'est au-dessus, là-haut, là-haut, le ciel.Il y a dans le bleu tant et tant d'espace, Et les nuages et moi, on s'y prélasse."Il y a trois parties à ce récit: 1) Cette nuit-là, 2) Le jour d'après 3) La nuit d'après/ Epilogue (Déclaration finale).Au total, 12000 maisons auront été incendiées, 14000 magasins où nous gagnions nos vies. Tout est repeint avec du bleu dans le blanc pour que le blanc paraisse plus blanc. "Comme il est facile pour les vivants de se mentir à eux-mêmes." "Les morts disent; Arrêtez de vous laisser aller , cessez de gémir. Ce sont les vivants qui ont besoin de continuer, car ils n'ont pas beaucoup de temps _ nous, les morts, on a l'éternité."C'est arrivé au Gujarat, en Inde, en 2002. le procès est encore en cours. C'est beau, c'est noble, c'est bien écrit, simple, pudique, sans fioritures ni pathos, mais je n'ai pas pu poursuivre. Pleine de remords, j'ai reposé ce livre, trop dur pour moi. J'ai ma propre mort à affronter. la lecture doit m"aider à ne pas y songer.Naina le recommande aux âmes fortes!
Loriano MACCHIAVELLI: "Derrière le paravent" (éd. Métaillié, Diffusion Seuil, 19 euros, traduit de l'italien par Laurent Lombard, oct.2007, 234 pages) Bon polar , cruel et tendre sur une ville disparue. L'auteur est né à Vergato (Bologne) en 1934, metteur en scène, acteur,. en 1974, maître du polar italien avec Giorgio Scerbanenco.Titre original: "Passato, presente e chissà" Passé, présent et puis qui sait.Une équipe de policiers tueurs a sévi de 1987 à 1994, au Pilastro, le quartier le plus mal famé de Bologne, ghetto des Italiens du sud.
J'ai bien envie de le lire mais en Italien. Une autre fois!
Linda Lê: "Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" (Christian Bourgois) , 01/2009: " Ces pages , roman d'une lectrice, hommage aux maquisards qui ont fait oeuvre délictueuse s'assignant le but de renverser les normes, de lancer des brûlots au flanc de l'académisme, d'exorciser les peurs et de proposer au lecteur un voyage où il se débarrassera de sa pusillanimité, de ses préjugés et se laissera emporter par une bourrasque vers des territoires inconnus.", (dixit la 4 de couv).Chaque chapitre est consacré à un poète rebelle et peu connu mais aimé de l'auteur qui a passé plusieurs mois, seule, enfermée dans sa chambre sans sortir, occupée uniquement à lire. Elle vient d' écrire un article sur Conrad, ce mois-ci, dans "Le magazine littéraire"
Je ne connais aucun des auteurs dont elle parle. Je reprendrai ce livre une autre fois. Il me semble intéressant mais pour le moment, j'ai surtout besoin de romans.
Finalement mon 5ème et dernier livre choisi sera celui d'un auteur découvert récemment avec son journal (Carnets de notes 1991-2000) et que j'ai beaucoup aimé: Pierre Bergounioux, l'héritage, rencontre avec son frère Gabriel Bergounioux. Un livre très illustré!
Question subsidiaire à la Marcel Proust: Où aimeriez-vous mourir? - Devant ma table encombrée de livres, à la bibliothèque. -
Ne pas déranger pour cause de lectures... A dans quelques jours!
Lauren GROFF: Les Monstres de Templeton
Comme j'ai aimé ce roman! Quelles belles heures j'ai passées grâce à lui! Je ne l'aurais jamais cru en le commençant car les monstres , d'avance, m'ennuyaient! Je n'aime pas les monstres! Les monstres me font surtout rire ou trop peur! Bref, je n'aime pas tellement les histoires de monstres.
Mais ici il ne s'agit que de tout petits monstres, petits tout du moins en malfaisance,car en réalité l'un est énorme et l'autre encore un bébé! Mais ce sont plutôt des monstres symboliques, mythiques, qui vivent dans les profondeurs d'un lac comme parmi nos ancêtres, dans nos arbres généalogiques se cachent aussi des êtres monstrueux.
C'est ce que découvre Willie, l'héroïne, qui rentre chez elle, sans doute enceinte mais abandonnée et très malheureuse. Sa mère, une ancienne hippie qui l'a élevée seule et qui n'a jamais voulu lui dévoiler le nom de son père, lui indique cependant que celui-ci habite à Templeton, et qu'elle le connaît bien. Willie commence alors une enquête sur le vif, parmi ses connaissances et en remontant sa généalogie grâce à ses recherches aux archives de la ville. Elle ira ainsi de surprise en surprise tant chez les vivants que chez les morts! Ses ancêtres étaient de fortes têtes eux aussi,comme leurs descendants,encore très nombreux dans la ville moderne.
Cette lecture m'a étonnée, surprise, amusée, attendrie. J'ai aimé les personnages, les anecdotes,l'écriture,les images ,les photos,les quelques arbres généalogiques qui rythment le récit. Je n'ai jamais été déçue. J'aimerais qu'il y ait une suite pour savoir ce que deviennent les personnages dans leur nouvelle vie - comme pour tous les bons romans!
Résumé de l'éditeur: Bienvenue à Templeton : jolie bourgade rurale américaine par excellence. Wilhemina Upton, surnommé Willie, regagne sa ville natale désemparée et malheureuse. La jeune femme est enceinte de son directeur de thèse et ne se fait guère d'illusions : Primer Dwyer ne quittera jamais son odieuse épouse pour elle. Les retrouvailles entre Willie et sa mère, déjà délicates, deviennent houleuses lorsque cette dernière révèle à sa fille qu'elle n'est pas le fruit de sesamours tumultueuses de sa période hippie mais l'enfant d'un habitant respectable de Templeton dont elle lui tait l'identité...
Les monstres de Templeton par Lauren Groff ( traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau, Éd. Plon, 2008, 424 p.
AILLEURS, Julia LEIGH
Un matin, une jeune femme et ses deux enfants,de 9 et 6 ans,se tiennent devant un grand portail fait de hautes grilles à pointes de fer. Ne trouvant pas la serrure, la femme longe le grand mur de pierre de l'immense domaine. Elle finit par trouver une petite porte recouverte de lierre dont elle a la clé mais la porte reste désespérément fermée. Alors le petit garçon , après bien des efforts, réussit à la défoncer et ils pénètrent dans la grande demeure en traînant leurs valises.
Tel est le début de ce récit très court (105 pages). Il pourrait à lui seul résumer symboliquement toute l'histoire. De quoi s'agit-il en effet sinon du retour au bercail d'une femme battue avec ses jeunes enfants, le corps blessé et marqué par les coups de son mari? Elle n'est pas attendue , pas très bien accueillie par sa mère et son frère que des épreuves douloureuses enferment aussi dans leur bulle de silence.
Ce retour de l'enfant prodigue coïncide avec le nouveau drame qui s'abat sur la famille: un enfant mort né que la mère traîne partout avec elle comme un paquet avant de se résigner à l'enterrer.
La mort est d'ailleurs en arrière plan de tout dans ce roman: mort récente et mystérieuse du père, mort prochaine et attendue de la mère déjà clouée dans son fauteuil roulant, mort du domaine familial qu'on voudrait protecteur comme dans l'enfance mais qui se révèle hostile et destructeur malgré les nombreux jardiniers et serviteurs qui s'y activent!
Mais tous ces drames sont vus par le jeune garçon de neuf ans qui essaiera à son tour de quitter cette réalité trop lourde à sa façon, avec sa petite soeur. C'est un garçon équilibré, réfléchi, débrouillard. Il tente de donner du sens à l'histoire, comme nous, lecteurs , qui ne connaissons que les faits, les gestes , les paroles des personnages.
La réalité est là , sous nos yeux, mais la vérité de chacun , leur histoire réelle reste à déchiffrerAilleurs semble toujours mieux mais c'est ici qu'on vit!
J'ai aimé ce petit livre qui a su me surprendre et m'attendrir! Rien n'est jamais si terrible que l'on croit puisque tout a une fin, même le malheur.
Ailleurs est aussi une ouverture, un recommencement, un espoir. Si le sujet peut sembler bien noir, le récit est lisse, troublant, à peine nostalgique, et même curieusement tonique, telles ces dernières phrases:"On pouvait tout refuser. Elle se tourna vers son fils.Mon enfant. Il avait un air antique et implacable; un garçon très beau. Mais aucun garçon n'est montagne ni lac, et sachant cela -sachant que la montagne est du rocher et le lac de l'eau, que même les rochers répandent des grains très fins et que l'eau change de forme , sachant qu'il est impossible d'être rocher ou eau, et sachant quelles déceptions elle avait connues-, elle fit un voeu pour lui. Tiens bon, tiens bon."
Curieusement, ce livre a été abondamment commenté et, c'est le moins qu'on puisse dire, les avis sont des plus variés! Il intrigue et je me demande si je l'ai vraiment compris!
Ailleurs (Disquiet), de Julia Leigh, Traduit de l’anglais (Australie) par Jean Guiloineau
Alain Rémond; Comme une chanson dans la nuit
Par hasard, je suis tombée sur ce petit volume bleu nuit tout simple et le nom de l'auteur m'a donné envie de le lire : Je ne regrette pas ce choix. Alain Rémond, pour moi, jusqu'ici , c'était celui qui écrivait dans Télérama , La Croix, celui qui apparaissait dans:Arrêt sur images et celui qui continue son métier de journaliste dans Marianne. Je l'aimais bien mais je ne le connaissais pas vraiment. Grâce à ce volume qui est comme le troisième tome de sa biographie,il se livre davantage encore, après avoir évoqué son enfance et sa jeunesse dans :Chaque jour est un adieu et Un jeune homme est passé, il révèle ici ses blessures, ses fêlures, ses désillusions d'adulte ayant perdu sa place dans le journal qu'il aimait, ses souvenirs de frère heureux et malheureux , de fils de parents qui se faisaient la guerre après la vraie, la grande, celle du débarquement en Normandie où ils vivaient et où ils ont risqué la mort avant de tout quitter pour se réfugier en Bretagne, la terre de ses ancêtres. Il a eu une enfance heureuse avant les drames du divorce et du suicide de sa soeur.Son éducation chrétienne l'a porté jusqu'au noviciat dans l'espoir de devenir prêtre avant que tout ne bascule et prenne une direction très différente. Il évoque son amitié pour Signoret et Montand, sa surprise en découvrant un rapprochement possible entre Salinger qu'il aime tant et l'histoire de sa propre famille, à Mortain, là où tout a chaviré.
J'ai beaucoup aimé ces aveux si sensibles et discrets pourtant.Alain Rémond ne cherche pas à émouvoir à tout prix. j'ai surtout apprécié sa sincérité sans révolte et sans complaisance. Il s'étonne des hasards de son existence, s'interroge sur son passé, avec ses succés et ses erreurs. On le sent fragilisé d'avoir dû quitter l'équipe de son journal, mais résigné et courageux à la fois.
C'est un livre qui me donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.
"Autre Monde", "L'Alliance des Trois", de Maxime CHATTAM
New York, de nos jours. Matt et Tobias sont amis depuis l’enfance, grands amateurs de jeux de rôles, de jeux vidéos. Mais ce qui leur arrive est bien réel. New York est balayée par une tempête sans précédent. Des éclairs bleus fouillent les immeubles ne laissant des humains que leurs vêtements ou les transformant en mutants répugnants. Matt et Tobias arrivent à fuir sur une île et rejoignent une communauté d’enfants épargnés. Ils sont 77, de 9 à 17 ans, se dénomment les " Pans " et s’organisent pour survivre. Leurs ennemis sont les monstres " Gloutons " et les " Cyniks "humains, " violents et perfides ", des adultes qui se sont transformés. Les enfants survivants ont développé des dons surnaturels, faire jaillir le feu,créer de l’électricité. Avec Ambre, Matt et Tobias vont former l’alliance des trois et essayer de comprendre et utiliser leur nouvelle nature .Comprendre aussi l’attitude étrange de certains membres de la communauté. Leur île risque d’être envahie par les Cyniks et un traître est parmi eux. Les " Pans "gagneront la bataille mais pour Matt et ses deux amis, l’aventure commence à peine. Ils quittent l’ïle,direction plein sud vers un royaume dont la reine cherche à capturer Matt. Derrière eux, l’ombre du Rampéradon, le monstre maléfique qui hante ses cauchemars plane à leur poursuite...
Voici un livre que j'aurais adoré plus jeune et que j'ai plutôt bien aimé avec cependant beaucoup de réminiscences littéraires en tête si bien que le récit n'a pas été une grande surprise. Les livres de science fiction post apocalyptiques de William Golding et de Barjavel: "Sa Majesté des Mouches " et "Ravage" m'ont tellement éblouie que ce premier tome de "Autre Monde " de Maxime Chattam me déçoit un peu. Je le trouve moins puissant, moins abouti que les deux autres. Ici l'action l'emporte trop sur la réflexion et le comble pour un tel sujet, c'est que je n'y ai pas cru une seconde, je n'ai pas eu peur, je n'ai pas tremblé, j'ai juste souri par moments car les enfants sont très attachants et on a vraiment envie que leur entreprise réussisse mais les adultes , eux, sont si monstrueux que j'ai préféré en rire! C'est pour moi un livre pour les jeunes particulièrement fans de ce genre de SF.
Kazuo Ishiguro:"Auprès de moi toujours"
C'est le premier livre de cet auteur que je découvre.Souvent commenté dans de très nombreux blogs, c'est un livre de 441 pages, écrit en assez gros caractères . La photo choisie par l'éditeur pour la couverture est poétique mais ne laisse pas deviner le sujet du livre et semble évoquer,comme le titre français,une histoire sentimentalo-romantique- à l'eau de rose quoi: des fleurs blanches dans deux mains jointes ouvertes.Le titre italien:"Non lasciarmi"est plus proche du titre anglais: "Never Let Me Go" Les avis des lecteurs sont très contrastés. Certains avouent avoir été désorientés et perplexes , d'autres l'ont beaucoup aimé d'emblée.
Pour ma part, je me suis reprise à deux fois pour finalement être sûr de bien comprendre l'histoire elle-même.Ma première lecture était très ingénue et l'écriture lisse et le ton apaisé et neutre de l'auteur m'ont piégée. J'y ai vu, au début,une agréable histoire d'amitiés collégiennes , d'amours adolescentes dans l' univers clos mais confortable d'un pensionnat anglais avec suffisamment de mystères toutefois concernant l'avenir et le métier futur de ces jeunes pour éveiller ma curiosité.N'avoir pour pespective que devenir "Accompagnants" et "Donneurs" semble pour le moins inquiétant surtout si on vous encourage à développer votre côté artistique en choisissant soigneusement les meilleures productions pour les exposer dans la galerie de "Madame", la directrice du collège.
Le roman est divisé en trois parties, sans titres, qui correspondent aux trois fonctions et aux trois lieux programmés de leur vie : le collège Hailsham,jusqu'à 16 ans, encadrés par leurs gardiens ou leurs tuteurs, Une vieille ferme, "les Cottages ", pendant deux ans, pour écrire leur essai, encadrés par les vétérans et un vieux gardien hostile, Keffers,qui les regarde toujours de travers, et enfin le monde extérieur, celui où s'accomplissent leurs fonctions de donneurs et d'accompagnants, celui des amours contrariées, celui du retour sur le passé et de la recherche du sens de la vie, de leur vie si particulière.
Les premières indications sont très clairement données dès le début: en exergue; " L'Angleterre à la fin des années quatre-vingt- dix-" et les deux premières phrases:"Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans".La narratrice, tout comme Ruth, son amie de coeur et Tommy, son amour longtemps secret, n'a pas de nom de famille. A première vue , ces informations semblent banales. En relisant , on se dit que tout est déjà là, en résumé. C'est un récit concernant notre futur, dans un monde parfaitement structuré mais étrange, froid, sans famille, avec la maladie et la mort pour seul destin.
Comme les personnages nous avons connu les collèges, les amitiés chastes puis amoureuses, la banalité du quotidien trop répétitif, nous nous sentons proches d'eux mais nous nous en éloignons très vite, car leurs professeurs qui sont aussi leurs tuteurs et gardiens, ont d'étranges manies. On leur impose une visite médicale par semaine, pourquoi? On leur interdit de fumer, on enlève même les photos des fumeurs dans les magazines , pourtant leurs tuteurs fument eux, pourquoi? Et les réponses obtenues se font angoissantes: "Fumer pour vous est beaucoup plus grave que pour nous!" "Aucun de vous n'ira jamais en Amérique, aucun de vous ne deviendra star de cinéma. Vos vies sont planifiées."Plus tard, Ruth remarquera:"Nous le savons tous. Nous sommes modelés sur la racaille." Kathy, elle, feuillette sans cesse des revues pornos, convaincue que là est son modèle, avouera-t-elle à Tom."Nous le faisons tous. Nous nous interrogeons tous sur notre modèle."
Dans une interview, Ishiguro a déclaré vouloir que le lecteur commence à lire son livre en pensant se trouver dans une situation bien particulière et qu'il arrive graduellement à la conclusion que la réalité de ces personnages est la même que la nôtre. Pour lui, la vie n'est qu'une longue condamnation à mort.
Si personne ne se révolte, c'est que l'apprentissage au collège a été réussi.Après un essai pour découvrir la vérité sur leurs conditions et leur passé, ils se résignent. Ils sont juste résignés et accompliront leur mission jusqu'au bout,coûte que coûte, bien programmés comme ils sont. Est-ce si différent de ce que font les Autres, ces Autres qui sont Nous?
C'est pourquoi le livre est beau mais d'une beauté triste. C'est pourquoi je l'aime mais sans enthousiasme. J'admire l'auteur surtout.
Le roman est divisé en trois parties, sans titres, qui correspondent aux trois fonctions et aux trois lieux programmés de leur vie : le collège Hailsham,jusqu'à 16 ans, encadrés par leurs gardiens ou leurs tuteurs, Une vieille ferme, "les Cottages ", pendant deux ans, pour écrire leur essai, encadrés par les vétérans et un vieux gardien hostile, Keffers,qui les regarde toujours de travers, et enfin le monde extérieur, celui où s'accomplissent leurs fonctions de donneurs et d'accompagnants, celui des amours contrariées, celui du retour sur le passé et de la recherche du sens de la vie, de leur vie si particulière.
Les premières indications sont très clairement données dès le début: en exergue; " L'Angleterre à la fin des années quatre-vingt- dix-" et les deux premières phrases:"Je m'appelle Kathy H. J'ai trente et un ans, et je suis accompagnante depuis maintenant plus de onze ans".La narratrice, tout comme Ruth, son amie de coeur et Tommy, son amour longtemps secret, n'a pas de nom de famille. A première vue , ces informations semblent banales. En relisant , on se dit que tout est déjà là, en résumé. C'est un récit concernant notre futur, dans un monde parfaitement structuré mais étrange, froid, sans famille, avec la maladie et la mort pour seul destin.
Comme les personnages nous avons connu les collèges, les amitiés chastes puis amoureuses, la banalité du quotidien trop répétitif, nous nous sentons proches d'eux mais nous nous en éloignons très vite, car leurs professeurs qui sont aussi leurs tuteurs et gardiens, ont d'étranges manies. On leur impose une visite médicale par semaine, pourquoi? On leur interdit de fumer, on enlève même les photos des fumeurs dans les magazines , pourtant leurs tuteurs fument eux, pourquoi? Et les réponses obtenues se font angoissantes: "Fumer pour vous est beaucoup plus grave que pour nous!" "Aucun de vous n'ira jamais en Amérique, aucun de vous ne deviendra star de cinéma. Vos vies sont planifiées."Plus tard, Ruth remarquera:"Nous le savons tous. Nous sommes modelés sur la racaille." Kathy, elle, feuillette sans cesse des revues pornos, convaincue que là est son modèle, avouera-t-elle à Tom."Nous le faisons tous. Nous nous interrogeons tous sur notre modèle."
Dans une interview, Ishiguro a déclaré vouloir que le lecteur commence à lire son livre en pensant se trouver dans une situation bien particulière et qu'il arrive graduellement à la conclusion que la réalité de ces personnages est la même que la nôtre. Pour lui, la vie n'est qu'une longue condamnation à mort.
Si personne ne se révolte, c'est que l'apprentissage au collège a été réussi.Après un essai pour découvrir la vérité sur leurs conditions et leur passé, ils se résignent. Ils sont juste résignés et accompliront leur mission jusqu'au bout,coûte que coûte, bien programmés comme ils sont. Est-ce si différent de ce que font les Autres, ces Autres qui sont Nous?
C'est pourquoi le livre est beau mais d'une beauté triste. C'est pourquoi je l'aime mais sans enthousiasme. J'admire l'auteur surtout.
Kazuo ISHIGURO
Auprès de moi toujours
traduit de l'anglais par Anne Rabinovitch
Editions des Deux Terres,2006
Auprès de moi toujours
traduit de l'anglais par Anne Rabinovitch
Editions des Deux Terres,2006
"je meurs d'amour pour toi..." Isabelle de BOURBON-PARME
Isabelle de BOURBON-PARME : « Je meurs d’amour pour toi… » Lettres à l’Archiduchesse Marie-Christine (1760-1763) Edition établie par Elisabeth Badinter (Tallandier) (2008) (La bibliothèque d’Evelyne Lever)
Petite-fille de Louis XV et de Philippe V d’Espagne, Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763) est une femme exceptionnelle qui appartient au club très fermé des princesses philosophes. Mariée en 1760 au futur empereur Joseph II, elle séduit toute la famille impériale et tombe elle-même éperdument amoureuse de sa belle-sœur, l’archiduchesse Marie-Christine. Ses lettres lèvent le voile sur certains secrets de la cour de Vienne.Elle est jeune, elle est belle, elle est intelligente et cultivée, elle est la femme d’un futur empereur : c’est une charmante femme savante.Elle aime éperdument son amie et belle sœur l’archiduchesse Marie-Christine Elle lui écrit presque quotidiennement, juste après qu’elles se soient quittées. Des petits billets, graves ou rieurs, pleins de vie.Elisabeth Badinter qui a trouvé ces 164 lettres dans les Archives de Budapest affirme qu’il s’agissait d’homosexualité entre elles. C’est étonnant dans un lieu si fermé et si dévot où l’Impératrice, qui préférait sa belle-fille Isabelle à ses propres filles, était au courant de tout et probablement de cette même correspondance.
Les lettres sont belles et enjouées avec des passages scatologiques étonnants. Le corps et la maladie ont une grande importance ainsi que l’alternance des grossesses et des fausses couches, des maux de ventre et des fièvres de toutes sortes.On se demande quand elles pouvaient vraiment se voir seules : elles sont sans cesse entourées des autres princesses , des membres du clergé, des médecins, de leurs femmes de chambre, d’un tas de valets, de musiciens, de pédagogues qui vivaient tous à la Cour.Elles sont attendrissantes, surtout les dernières. Isabelle va mourir et elle adore toujours plus sa belle Marie-Christine. Dommage qu’on ne puisse lire aussi les lettres de celles-ci !
J’ai bien aimé cette correspondance, bien aimé cette femme qui écrivait et aimait si bien et qui mourut si tôt !
Petite-fille de Louis XV et de Philippe V d’Espagne, Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763) est une femme exceptionnelle qui appartient au club très fermé des princesses philosophes. Mariée en 1760 au futur empereur Joseph II, elle séduit toute la famille impériale et tombe elle-même éperdument amoureuse de sa belle-sœur, l’archiduchesse Marie-Christine. Ses lettres lèvent le voile sur certains secrets de la cour de Vienne.Elle est jeune, elle est belle, elle est intelligente et cultivée, elle est la femme d’un futur empereur : c’est une charmante femme savante.Elle aime éperdument son amie et belle sœur l’archiduchesse Marie-Christine Elle lui écrit presque quotidiennement, juste après qu’elles se soient quittées. Des petits billets, graves ou rieurs, pleins de vie.Elisabeth Badinter qui a trouvé ces 164 lettres dans les Archives de Budapest affirme qu’il s’agissait d’homosexualité entre elles. C’est étonnant dans un lieu si fermé et si dévot où l’Impératrice, qui préférait sa belle-fille Isabelle à ses propres filles, était au courant de tout et probablement de cette même correspondance.
Les lettres sont belles et enjouées avec des passages scatologiques étonnants. Le corps et la maladie ont une grande importance ainsi que l’alternance des grossesses et des fausses couches, des maux de ventre et des fièvres de toutes sortes.On se demande quand elles pouvaient vraiment se voir seules : elles sont sans cesse entourées des autres princesses , des membres du clergé, des médecins, de leurs femmes de chambre, d’un tas de valets, de musiciens, de pédagogues qui vivaient tous à la Cour.Elles sont attendrissantes, surtout les dernières. Isabelle va mourir et elle adore toujours plus sa belle Marie-Christine. Dommage qu’on ne puisse lire aussi les lettres de celles-ci !
J’ai bien aimé cette correspondance, bien aimé cette femme qui écrivait et aimait si bien et qui mourut si tôt !
TERROR de Dan SIMMONS
Terror : Sortie d’enfer!
Je sors de l’enfer! Une semaine dans l’enfer arctique de Dan SIMMONS avec son livre: TERROR (Robert Laffont, traduit par Jean Daniel Brèque. 2008)
C’était terrible!!! Cette lecture m’a épuisée!
C’est un livre qui secoue, une montagne qu’il faut gravir. C’est un exercice des plus redoutables. Il faut être bon lecteur. Il faut s’accrocher. La récompense est au bout.Je suis contente de l’avoir lu et je suis contente de l’avoir terminé.Terror est un titre à double sens. C’est avant tout le nom d’un des deux navires anglais de l’expédition polaire conduite par Sir John Franklin pour découvrir le passage Nord-Ouest du Grand Nord, «histoire autenthique qui passionna l’angleterre victorienne.»
Quand le récit commence, les navires sont prisonniers des glaces: «Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt neuf hommes de l’expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques.» Dès lors nous assistons à la souffrance de ces hommes et à leur lutte pour leur survie. Une nature des plus hostiles les tient prisonniers tandis qu’ autour d’eux rôde une menace animale plus mystérieuse et meurtrière encore dont la présence semble dépendre de celle de la jeune Inuit à la langue coupée, passagère plus ou moins clandestine du Terror.
Dan Simmons s’est tenu au plus près de ce que l’on connaît de la réalité de cette expédition. Tous les hommes sont morts. On n’a jamais vraiment su ce qui leur était arrivé. On peut le supposer. Ici, le récit n’est qu’une succession d’événements tous plus horribles les uns que les autres: meurtres inexpliqués, mutineries, nourriture avariée, scorbut, saturnisme, folie, cannibalisme. A cela s’ajoute la menace de la créature blanche qui rôde autour d’eux, l’ignorance des lieux, la croyance aux esprits.
Chaque chapitre porte le nom d’un des personnages et donne par là-même un point de vue différent. Je me suis attachée à Sir John Franklin malgré son incompétence, au capitaine Fitz james, au Commandant Crozier, bien sûr, qui fait figure de héros, mais aussi au frêle et courageux Dr Goodsir, l’aide-chirurgien qui tient son journal et au couple du vieux valet qui apprend à lire à son ami analphabète qui finira par tenir un drôle de journal intime lui aussi. Heureusement, la fin est très agréable, douce, apaisée, après le débordement de violence et de souffrances sans nom que ces hommes ont enduré. Le plaisir de lire est arrivé pour moi à mi-parcours, quand les marins ont quitté leurs navires pour s’installer sur la banquise. C’est alors que je suis vraiment entrée dans l’histoire. Les personnages ont pris chair. Les bons, les méchants, les monstrueux et tous les autres, enfin humains, terriblement humains. Jusque là c’était avant tout des marins anglais strictement déterminés par leurs rôles hiérarchiques, avant que tout ne se défasse et que les individualités nel’emportent sur la discipline.
Ce dont je me souviendrai surtout, c’est du froid que j’ai ressenti tout au long de ma lecture bien qu’étant au chaud sous ma couette! C’est une vraie torture ce froid qui peut descendre sous les -70°! Son omniprésence, la toute puissance de la banquise toujours hostile et qui écrase les navires en les enserrant inexorablement, l’obscurité constante aussi, toute cette nature de glace est très éprouvante! Il ne reste pour survivre que l’imagination, les souvenirs, les rêves. Mais même ceux-ci peuvent se révéler dangereux.
Je note deux passages qui m’ont marquée: Les grands lecteurs sont des êtres plus sensibles que la moyenne. Peut-être que la lecture est une malédiction. Peut-être vaut-il mieux pour l’homme ne pas s’évader de son esprit. Le navire continue de geindre pris dans l’inexorable étreinte de glace qui se referme sur lui. Crozier geint, lui aussi, pris dans l’inexorable étreinte de ses démons qui l’assaillent à coups de frissons, de fièvre, de douleur, de nausée et de regret.
Résumé: Quatrième de couverture. 1845; Vétéran de l’exploration polaire, Sir John Franklin se déclare certain de percer le mystère du passage du Nord-Ouest. Mais l’équipée, mal préparée, tourne court : le Grand Nord referme ses glaces sur Erebus et Terror., les deux navires de la Marine royale anglaise commandés par Sir John. Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt-neuf hommes de l’expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques. L’équipage est en outre , en butte aux assauts d’une sorte d’ours polaire à l’aspect prodigieux, qui transforme la vie à bord en cauchemar éveillé. Quel lien unit cette «chose des glaces» à Lady Silence, jeune Inuit à la langue coupée et passagère momentanée du Terror? Serait-il possible que l’étrange créature ait une influence sur les épouvantables conditions climatiques rencontrées par l’expédition? Le capitaine Crozier, promu commandant en chef dans des circonstances tragiques, parviendra-t-il à réprimer la mutinerie qui couve?Désigné comme l’un des dix meilleurs livres de l’année 2007 par Entertainment Weekly et USA Today, Terror s’inspire d’une histoire autenthique- celle de l’expédition Franklin , qui passionna l’Angleterre victorienne.
Terror (The Terror, 2007) (Robert Laffont, traduit par Jean Daniel Brèque, 720 p.), Prix Bob Morane, 2009.
Ma PAL
C’est le moment pour moi de rassembler mes livres abandonnés, délaissés, oubliés, à peine achetés ou empruntés : ma PAL quoi ! J’en ai deux, les anciens et les nouveaux.
Il y en aurait beaucoup plus si j’avais le courage de toucher à la bibliothèque du salon mais alors j’en ai pour la journée. Je préfère renoncer !
Il y en aurait beaucoup plus si j’avais le courage de toucher à la bibliothèque du salon mais alors j’en ai pour la journée. Je préfère renoncer !
Lire ou bloguer, faut-il choisir?
Bilan d’un mois de blog.
Je suis à la traîne, je suis à la traîne !
Comme Alice, je cours pour rattraper mon retard depuis que la fantaisie de devenir une blogueuse littéraire de plus m’a saisie un certain jour de janvier de cette année.
Ainsi mon premier blog est-il né la semaine même de mon anniversaire: Lire à tout va, tout frais, tout propre, tout nouveau, attendrissant comme un nouveau-né mais tellement bourré de défauts et si maladroit encore! C’est bien simple : je n’arrive pas à suivre le rythme et maintenant je me demande si cette nouvelle naissance était une si bonne idée !
Syngué sabour de Atiq RAHIMI, 155 pages. J’ai surtout aimé le début , puis je me suis un peu perdue et ennuyée dans les lentes déambulations de la femme. et sans doute aussi en raison du style trop théâtral et distancié .
J’ai réussi à écrire sur 4 auteurs, tous lus en décembre dernier :Le Boulevard périphérique de Henry BAUCHAU.
Le liseur de Bernard SCHLINK
Enfin , j’ai pris plaisir à commenter les livres de Françoise Hardy et de Ken Follett
Bien maigre bilan !
Je dois d’abord LIRE pour bloguer ensuite seulement. Ne pas me tromper de priorité ! Après tout, mon but, c’est uniquement mon plaisir. Il ne faut pas que cette activité devienne un devoir. Surtout ne pas me mettre de pression ! Je dois trouver l’équilibre.
Je suis à la traîne, je suis à la traîne !
Comme Alice, je cours pour rattraper mon retard depuis que la fantaisie de devenir une blogueuse littéraire de plus m’a saisie un certain jour de janvier de cette année.
Ainsi mon premier blog est-il né la semaine même de mon anniversaire: Lire à tout va, tout frais, tout propre, tout nouveau, attendrissant comme un nouveau-né mais tellement bourré de défauts et si maladroit encore! C’est bien simple : je n’arrive pas à suivre le rythme et maintenant je me demande si cette nouvelle naissance était une si bonne idée !
A peine né, déjà enterré ? Non, non, je veux persévérer : ça a un petit côté «prouesse» qui me plaît bien . C’est un challenge, un vrai que je me lance. Mais, pour l’instant, je change d’apparence sans arrêt et je butine de blog en blog, comme on change de chaînes. C’est facile, c’est ludique, c’est grisant !
Mais depuis que cette ambition blogueuse me dévore, JE NE LIS PLUS, ou presque plus ! Beaucoup MOINS en tout cas !En revanche, je LISTE, tout et n’importe quoi ! J’ai attrapé le virus de la liste ! Surtout en ce début d’année, c’est une explosion de sélections littéraires!
Comme vous tous et toutes, j’ai plongé moi aussi ! Je me suis adonnée sans retenue à ce vice nouveau. Liste des livres lus en 2008, Liste des livres de ma LAL. Liste des livres de ma PAL. Liste pour le sacro-saint Blog-O-Trésors. Et ce n’est pas fini, je le sens, car tous les challenges me plaisent, le ABC, celui des Tours du Monde, le prix Elle, les futurs prix de la prochaine rentrée etc.
Une fois l’habitude prise, peut-on s’arrêter ? Sans parler des quizz, des swap, des questionnaires, des jeux sur les auteurs et toutes ces nouveautés qu’il me faut apprivoiser !
Bref, mes livres, mes chers livres, vous qui fûtes et qui êtes ma vie, vous pour qui j’ai parfois séché les cours, trahi père et mère, amoureux et enfant…, vous pour qui je suis entrée en religion…Vous tous mes pauvres livres tant aimés, voilà qu’en votre nom et sous prétexte de ne parler que de vous, je vous oublie, je vous délaisse, je vous abandonne.
En un mois, combien de vraies lectures ai-je menées à bien ? Et voici une liste de plus !
J’ai lu un peu et j’ai laissé tomber (fait rarissime) :La chambre aux Echos de Richard POWERS. J’ai aimé le début : l’accident du frère, son coma, les visites de la sœur attentionnée à l’hôpital, le retour à la conscience et ses anomalies de comportement mais je me suis vite perdue dans les méandres des anomalies chimiques du cerveau.
Tokyo année zéro de David PEACE . « Premier roman d’un cycle consacré à la ville deTokyo après la Seconde Guerre Mondiale, ce roman s’inspire d’un fait-divers criminel . Thriller palpitant et superbe fresque sur la naissance du Japon moderne. »
Le temps de m’attacher à l’inspecteur Minami et je dois restituer le livre à la bibliothèque car le temps d’emprunt est dépassé. Je le reprendrai.
J’ai beaucoup aimé 3 brefs récits sans prendre le temps de les commenter : Le voyage dans le passé de Stefan ZWEIG. J’adore cet auteur ! C’est un récit très court de seulement 102 petites pages au style si limpide : un délice !
A relire aussi. : Petit déjeuner chez Tiffany de Truman CAPOTE , 112 pages. Holly Golightly est une de mes héroïnes littéraires favorites , si drôle et attendrissante avec son chat sans nom qui se perche sur son épaule, « balançant sa queue comme un bâton conduisant une rhapsodie. » (Traduction : Germaine Beaumont)Syngué sabour de Atiq RAHIMI, 155 pages. J’ai surtout aimé le début , puis je me suis un peu perdue et ennuyée dans les lentes déambulations de la femme. et sans doute aussi en raison du style trop théâtral et distancié .
J’ai réussi à écrire sur 4 auteurs, tous lus en décembre dernier :Le Boulevard périphérique de Henry BAUCHAU.
Le liseur de Bernard SCHLINK
Enfin , j’ai pris plaisir à commenter les livres de Françoise Hardy et de Ken Follett
Bien maigre bilan !
Je dois d’abord LIRE pour bloguer ensuite seulement. Ne pas me tromper de priorité ! Après tout, mon but, c’est uniquement mon plaisir. Il ne faut pas que cette activité devienne un devoir. Surtout ne pas me mettre de pression ! Je dois trouver l’équilibre.
LIRE ET BLOGUER , mais seulement si j’en ai envie ! A mon rythme !
Ken FOLLETT: "Un Monde sans Fin"
L’essentiel dans le plaisir que j’ai eu à la lecture de ce livre vient surtout de l’évocation de la vie au Moyen-Age, en Angleterre, juste au début de la guerre de Cent Ans. Les amours contrariées des jeunes couples attachants que sont Merthin et Caris, l’architecte et la prieure, et Wulfric et Gwenda, les jeunes serfs, se déroulent sur fond de rivalités entre les différents pouvoirs de la ville de Kingsbridge : le prieuré , les moines, le couvent des religieuses, l’évêché, les guildes des marchands, les seigneurs, le roi Edouard III. Nous sommes à la bataille de Crécy avec Caris qui poursuit son évêque pour dénoncer Ralph, le mauvais prieur, qui a volé le couventA Florence, la Peste Noire contraint Merthin, devenu veuf et père, à retourner en AngleterreJe n’ai pas encore lu « Les Piliers de la Terre »mais j’ai adoré « Peur Blanche » du même auteur.
Je dois avouer que cette fois-ci je suis plus mitigée.En effet,si j’ai bien aimé les 641 premières pages d’ « Un Monde sans Fin » jusqu’au départ du héros pour l’Italie et de l’héroïne pour la Normandie, ensuite j’ai un peu décroché! Tout devenait un peu trop prévisible car il fallait plonger à tout prix les personnages dans les grands épisodes de l’ Histoire de cette époque Et puis Caris, devenu le personnage le plus important, me semblait trop moderne, trop éprise de liberté et d’indépendance . Il était temps que le happy end prévisible arrive. J’avais hâte de passer à une autre histoire.
Un monde sans fin, Ken Follett, Robert Laffont, 1.296 pages, traduit de l'anglais par Viviane Mikhalkov, Leslie Boitelle et Hannah Pascal.
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