En flânant, cet été, de blogs en blogs, à l'aveuglette, ce que j'aime beaucoup faire dès que j'ai un peu de temps, je suis tombée sur un challenge qui m'a tout de suite intéressée mais impossible de retrouver l'adresse du blog qui le proposait.
Il s'agissait de choisir à la bibliothèque un auteur dont on n'a encore jamais entendu parler et de lire un de ses ouvrages.
La lettre proposée était le G.
Comme très souvent déjà je me suis étonnée et attristée de voir tant de noms de romanciers dont j'ignorais l'existence dans toutes les bibliothèques où je suis passée, j'ai trouvé l'idée excellente et à ma dernière visite, j'ai choisi tout à fait par hasard ce petit livre de 240 pages dont même l'éditeur m'est inconnu: Nicolas Chaudun, proche d'Actes Sud dont il a conservé le fameux format.
Il s'agit du second roman de la romancière : Galpérine Élise dont je sais maintenant, grâce une fois de plus à Wikipedia:
- qu'elle est née à Paris en 1964, dans une famille bourgeoise.
- qu'elle est également professeur spécialisée en droit à l'université Paris V René Descartes, où elle est chargée de cours.
- que son premier roman a pour titre Le murmure des tissus.
- qu'elle est l'épouse d'Alexis Galpérine, violoniste et professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Naturellement j'ai lu aussi la quatrième de couverture avant de me lancer dans ma lecture de La folie Giovanna [deuxième lettre G: je suis en plein dans le challenge! :)]
La première phrase m'a donné envie de fuir:
L'ordre règne en maître débonnaire dans cette maison patricienne où l'on cultive une fantaisie millimétrée, grossie de fadaises dynastiques et de petites vacheries spirituelles.
Une autre m'a retenue par l'allusion à deux auteurs que j'ai aimés:
Les fragilités lissées qui confinent si volontiers à la folie rappellent l'univers de Chardonne ou de Mauriac.
La comparaison est ambitieuse et j'ajouterais: hasardeuse parce que, même si j'ai trouvé agréable à lire ce roman familial dont l'action se déroule dans la première moitié du XXe siècle, je n'en fais cependant pas un coup de cœur, comme Yv, par exemple, très enthousiaste!
De quoi est-il question dans ce roman? De la souffrance ressentie par toute une famille élargie, devant la maladie et le handicap d'un enfant chéri et adorable. Tous cependant ne réagissent pas de la même façon. Giovanna, la mère, résistera -telle face à cette réalité?
La narratrice, c'est la sœur de Louise, la tante de l'enfant, celle que sa mère écartait méchamment, créant ainsi une jalousie que rien ne peut apaiser:
Elle (Giovanna) ressemble à une porcelaine de Saxe. Elle est vraiment ravissante, elle se mariera. Toi, ma pauvre Louise, ajoutait-elle à mon endroit, tu es laide, mais tu as l'esprit de ton père ... Que veux-tu, le Bon Dieu a ainsi réparti ses bienfaits!
C'est elle pourtant qui s'occupe le plus efficacement du jeune garçon, son neveu et filleul , avec Mariette, la servante fidèle au grand cœur et le docteur qui passe à l'improviste pour donner des pommades et des médicaments "en cas de douleur" mais qui se sait incompétent et impuissant face à la maladie. La tragédie n'est pas loin.
Hélas, le bonheur qui s'échappait, nous eussions dû le goûter avec lenteur, en examiner les moindres replis, car les événements qui suivirent ont occupé ma mémoire, comme un mur qui ne permettrait de distinguer le passé qu'au travers d'étroites meurtrières.J'aurais pu tomber plus mal mais le hasard a bien fait les choses puisque ce roman, plein de nostalgie, de détails vrais, de pensées délicates et de sentiments violents sous le silence de la bienséance, m'a attendrie et séduite à la fois, mon intérêt s'accroissant vers la fin, avec une meilleure connaissance des personnages et un grand attachement à certains d'entre eux.
Une bonne expérience ce challenge!
Saurais-je finalement qui l'a lancé?
La folie Giovanna, Élise Galpérine,
(Nicolas Chaudun, 2012, 240 pages)