Le fils de Sam Green est celui du financier Bernard Madoff qui a défrayé la chronique ces dernières années, étant en grande partie responsable de la crise financière de 2008. Dans la réalité, le vrai fils du vrai père s’est suicidé deux ans après le scandale. Ici, dans ce roman qui n’est pas vraiment biographique, mais qui en a l'air, Sibylle Grimbert imagine ce qui a pu se passer dans la tête de cet employé modèle qui profitait apparemment sans problème de la richesse et du confort de la situation bien que soupçonnant fortement l’arnaque parentale: tout était en effet basé sur du bluff, une pyramide qui ne pouvait que s’écrouler dès les premiers soupçons des investisseurs: une gigantesque escroquerie à l'échelle mondiale en somme.
Plus que du déroulement de l’affaire c’est de son retentissement sur la psychologie du fils dont il est surtout question. Un fils bouleversé qui essaie de comprendre ce qui s’est passé et qui finit par mépriser non seulement son père mais tout le monde autour de lui et spécialement lui-même qui n’avait jamais vraiment réussi à se libérer du pouvoir paternel et de la facilité financière que cela impliquait. Il vivait dans le luxe de Wall Street et profitait de tous les avantages qui en découlaient sans avoir le courage de s'expliquer une bonne fois pour toutes avec son père qu'il méprisait et craignait à la fois. Il s’accuse lui-même de lâcheté, se sentant à la fois coupable et victime de la supercherie financière et familiale.
"Tout le monde se fout de la vérité s'il n'est pas concerné par ses conséquences."
Dire que j'ai été vraiment sensible aux états d'âme ce cet héritier poltron, ce serait exagéré mais j'ai lu son histoire avec intérêt malgré le sentiment d'incompréhension et d'agacement éprouvé devant l'inertie du personnage mais le récit est bien mené et l'écriture agréable, toute en souplesse et en simplicité. Pas si mal.
Premières phrases du roman: Quelqu’un m’a craché dessus aujourd’hui. Je devrais dire : enfin quelqu’un m’a craché dessus, ça prouve que j’existe, que j’ai un corps, qu’on me voit.
Le fils de Sam Green, Sibylle Grimbert
(Éditions Anne Carrière, août 2013, 190 pages)
La réalité dépasse souvent la fiction: "Mark Madoff, 46 ans, a été retrouvé ce matin par un membre de la famille, après s'être pendu à un tuyau au plafond avec une laisse de chien, responsables de l'application de la loi dit à l'Associated Press.Son fils de deux ans dormait dans la chambre voisine, selon les responsables." (Forbes)
Un sujet qui ne m'attire pas du tout, je crois même que cette lecture m'agacerait au plus haut point.
RépondreSupprimerL'intérêt pour moi a été que ce ne soit pas le père qui soit au centre du roman mais le fils qui, lui, se remet sérieusement en question, mais qui a toujours beaucoup de mal à affronter son père et à se définir par rapport à la vérité.
SupprimerJe me suis permise d'ajouter ton billet à mon rendez-vous du jour "place aux femmes sur les blogs". Si tu souhaites ne pas y figurer, dis-le moi.
RépondreSupprimerOuh là, si le personnage fait preuve d'inretie, c'pas pour moi ! ;)
RépondreSupprimerDifficile de le juger, je pense. Mais je ne suis pas très intéressée par ce récit.
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