dimanche 31 janvier 2010

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin, Paul Eluard

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Ciel dont j’ai dépassé la nuit
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
Dans leur double horizon inerte indifférent
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par-delà l’attente
Par-delà moi-même
Et je ne sais plus tant je t’aime
Lequel de nous deux est absent.

(L’Amour, la Poésie)
Paul Eluard (1895 – 1952)

Pierre Bonnard ( 1867 - 1947) : L'attente


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samedi 30 janvier 2010

L'attrape-coeurs de Salinger, relecture

Renvoyé de son école, Holden Caulfield, jeune garçon new-yorkais, vagabonde pendant quelques jours dans la grande ville, en proie au mal de vivre. C’est cette brève odyssée que nous raconte J.D. Salinger, jouant en virtuose du langage moderne.
Son héros, mélange de tendresse et d’humour, de pudeur et de vulnérabilité, est particulièrement attachant.  (Résumé de l’éditeur) :

J’ajoute que si Holden Caulfield a 17 ans pour l’état-civil, sa mentalité semble celle d’un adolescent bien plus jeune, d'environ 13 ans ! Il est perdu dans la grande ville, dans sa vie, dans ses affections, dans ses désirs. Il se cherche à travers les rencontres, les circonstances, les événements qui lui tombent dessus. Ce n’est pas lui qui dirige sa vie ! C’est sa vie qui le secoue et le ballote de tous les côtés. A quoi se raccrocher ?  Qui et que croire ? Qui aimer et admirer ? Qui détester et éviter ? Quelle est la bonne direction à prendre pour être tout simplement heureux ? Il affronte les  grandes questions existentielles  qui semblent si vite grandiloquentes une fois que l’on se sent un peu adulte !
En réalité j'ai commencé ma relecture en lisant une ligne sur deux, en feuilletant par ci- par-là et je me suis dit que je n'aimerais plus ce style répétitif, familier et peut-être dépassé. J'ai fait la fine bouche, comme blasée déjà!
 Et puis j'ai commencé à lire pour de bon. et peu à peu je me suis identifiée à ce pauvre gosse , dans une si mauvaise situation et qui voudrait tellement grandir et s'affirmer mais qui n'y arrive pas! Il est à la fois si courageux, généreux,  étourdi et  maladroit qu'il m'a fait pitié! J'aurais voulu le protéger, le conseiller, l'avertir  des mauvais coups qui l'attendaient, de l'hypocrisie des uns et des coups de bluff des autres mais en même temps, je me souvenais de moi à son âge et dans des circonstances bien souvent similaires ! Ce qu'il raconte est universel! Son histoire est celle de la difficulté à s'affirmer quand on ne possède pas encore tous les moyens et toutes les ficelles pour réussir!
Il est plein de bonne volonté mais il est sans cesse confronté à l'incompréhension des autres, à leur égoïsme, leur vanité, aux préjugés de son milieu. Ses aspirations à se montrer un dur se heurtent sans cesse à ses sentiments d'enfant encore trop tendre! Il vient de grandir de 16 centimètres, il fume trop, il manque de souffle, il doit se soigner. Voilà pour son état physique! Il prend tout à coeur, voit tout, observe tout, interprète tout à outrance et accorde infiniment d'importance aux moindres détails. Il cherche à comprendre toutes les personnes qu'il rencontre.  C'est un grand émotif et un très grand lecteur. La seule qualité scolaire que ses camarades  lui reconnaissent et exploitent: il écrit très bien et réussit toutes ses rédactions!

Je l'aime beaucoup!

Il est terriblement seul dans cette aventure de grande école buissonnière dans laquelle il s'est lancé!
 Je n'en suis qu'au début de son aventure new yorkaise. J'en connais les grandes lignes mais ce qui compte, ce que j'aime,  je m'en rends compte maintenant, dans cette relecture, ce sont les détails justement, les réactions si précises et déroutantes mais attendrissantes aussi souvent de ce jeune et fragile Holden, impossible à oublier désormais!
Quant au style si particulier du récit, rien de tel que de lire Salinger lui-même pour l'apprécier (ou pas).
 Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c’est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d’enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m’avoir, et toutes ces considérations à la David Copperfield, mais j’ai pas envie de raconter ça et tout.  (Première phrase du livre)

 Dernier chapitre : il est court,  essentiel mais n’explique rien de ce qui s’est passé avant
Je vous en dirai pas plus. Sans doute je pourrai vous raconter ce que j’ai fait une fois rentré à la maison et comment je suis tombé malade et tout, et à quel collège je suis censé aller l’automne prochain, quand je serai sorti d’ici mais j’ai pas envie. Sincèrement. Tout ça m’intéresse pas trop pour l’instant.
Ya un tas de gens, comme ce type, le psychanalyste qu’ils ont ici, ils arrêtent pas de me demander si je vais m’appliquer en classe quand j’y retournerai en septembre. A mon avis c’est une question idiote. Je veux dire, comment peut-on savoir ce qu’on va faire jusqu’à l’instant où on le fait?  La réponse est qu’on peut pas. Je vous jure, c’est une question idiote.
D.B. (le  grand frère), lui, est moins chiant que les autres mais il me pose aussi des questions. Samedi dernier, il est venu avec une Anglaise qui joue dans le film qu’il est en train d’écrire. Elle était plutôt maniérée mais elle avait une sacrée allure. Bon, à un moment elle est allée aux toilettes ; celle des dames c’est là-bas au diable et D.B. en a profité pour me demander ce que je pensais de tous ces trucs que je viens de vous raconter. Je savais vraiment pas quoi dire. La vérité c’est que je ne sais pas quoi en penser. Je regrette d’en avoir tellement parlé. Les gens dont j’ai parlé, ça fait comme s’ils me manquaient à présent, c’est tout ce que je sais. Même le gars Stradlater par exemple, et Ackley. Et même, je crois bien, ce foutu Maurice. C’est drôle. Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer.


Sur le problème si important de la traduction, voici deux billets intéressants.
 Le premier est celui de la traductrice Sophie Képès,  sur la difficulté de son métier.
 Le second que m'a signalé Tania , de Textes & prétextes , un blog récemment découvert que j'apprécie tout particulièrement,  un article du blog  Impressions et souvenirs littéraires:  Pour saluer J.D. Salinger, l'Américain.

L’attrape-cœurs de J.D.Salinger, relecture de circonstance
(Poche,  Robert Laffont,  256 pages) Titre original : « The Catcher in the Rye », traduit de l’américain par Annie Saumont)
Dédicace du livre : « A ma mère », 26 chapitres

vendredi 29 janvier 2010

Salinger, disparition d'un écrivain mystérieux

Venant d’apprendre ce matin même la mort de J. D. Salinger, (Jérôme David)  le 27 janvier, à 91 ans,   je me sens obligée d’en parler ! 
L’aimais-je donc tant que ça ?
 Je n’ai lu que son célèbre roman : L'Attrape-cœurs  (titre original : The Catcher in the Rye),  paru en 1951 et traduit en français par Sébastien Japrisot.  Je l’avais bien aimé!  Mes amies aussi ! Notre professeur de français pas du tout ! Ceci explique-t-il cela ? En partie sans doute ! Le style est particulier et nous n’en avions pas tellement l’habitude, plongées comme nous l’étions dans les classiques de l’examen ! Je m’étais promis de le relire !  

Le mystère qui entourait l’auteur n’était pas non plus indifférent à l’intérêt que je lui portais . Serait-ce donc les médias qui auraient de ce fait entretenu sa popularité ? En le harcelant tout d’abord, ce qui lui fit choisir la réclusion à vie dans sa propre maison, puis en essayant par tous les moyens de le rencontrer et de le photographier? 

On va beaucoup  parler de lui à l’occasion de sa disparition donc je renvoie à Wikipédia, et aux blogs qui en parlent au moment où j’écris ce billet : Cynthia dont le billet ne date que d’hier, Pierre Assouline, 
Cécile Quoide 9, George, Virginie,  d'autres suivront sûrement! 
Yoshi73 avait présenté le livre en décembre dernier.

En continuant mes recherches, je tombe sur une lettre ouverte à l'écrivain par Eric Neuhoff, Ici où il déclare aimer tellement "L'Attrape-coeurs", qu'il le relit une fois par an, mais dans la première traduction française, celle de Japrisot car dans la nouvelle traduction, le héros "a l'air de sortir d'un sketch de Coluche".

mercredi 27 janvier 2010

Les trente meilleures ventes du moment

Selon Edistat, voici les 30 meilleurs ventes de livres du moment ( panel de 1200 magasins en France)
1  Naruto T.46, Kishimoto, Masashi,  Kana - Bandes Dessinées
2  Underworld Usa - Ellroy, James, Rivages -
3  Les chevaliers d'émeraude T.10 ; Représailles - Robillard, Anne, Michel Lafon - Jeunesse
4  Les passagers du vent T.6-2 ; La Petite Fille Du Bois-caiman - Bourgeon, Francois, - BD
5  Le symbole perdu - Brown, Dan, Lattes -
6  Un monde sans fin - Follett, Ken, Lgf - Littérature,  Poche
7  L'échappée belle - Gavalda, Anna, Le Dilettante - 
8  Sexe, diamants et plus si affinités... - Weisberger, Lauren, Pocket -  Poche
9  Où es-tu maintenant ? - Higgins Clark, Mary, -   Poche
10 One Piece T.52 - Oda, Eiichiro, Glenat - Bandes Dessinées
11 Mes étoiles noires ; De Lucy A Barack Obama - Ouvrages de Références,
12 La première nuit - Levy, Marc, Robert Laffont -
13 Troisième chronique du règne de Nicolas Ier - Rambaud, Patrick ,Grasset Et Fasquelle - 
14 Lionel raconte Jospin - Jospin, Lionel ,Seuil - Universitaire, Essais,
15 Revue Xxi T.9; jeux de pouvoir, histoires d'influence - Collectif Xxi - Universitaire,
16 Les visages - Kellerman, Jesse , Sonatine -
17 L'étranger - Camus, Albert, Gallimard -   Poche
18 Métronome ; L'histoire de France au rythme du métro parisien - Deutsch, Lorant, M. Lafon
19 La route - Mccarthy, Cormac, Points -  Poche
20 Un léger passage à vide - Rey, Nicolas, Au Diable Vauvert -
21 Un très grand amour - Giesbert, Franz-olivier, Gallimard -
22 Je ne sais pas maigrir - Dukan, Pierre, J'ai Lu - Vie Pratique & Loisirs
23 Trois femmes puissantes - Ndiaye, Marie, Gallimard -
24 La liste Hariri - Villiers, Gerard,  De Malko -  Poche
25 L'ombre de ce que nous avons été - Sepulveda, Luis, Metailie -(TB, selon Ys)
26 Le sacrifice de l'épouvanteur T.6 - Delaney, Joseph,  Bayard Jeunesse -
27 Ce que le jour doit à la nuit - Khadra, Yasmina, Pocket -   Poche
28 L'ombre du vent - Ruiz Zafon, Carlos,  Poche
29 Le cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Shaffer, Mary Ann;barrows, Nil -
30 La mort heureuse - Camus Albert, Gallimard -  Poche

En rouge, les livres que j'ai envie de lire = 7
En bleu ceux que j'ai déjà lus = 7
En vert les BD = 3
En rose les livres Jeunesse = 2
Quant aux  20 meilleures ventes  de livres uniquement étrangers,  toujours selon la même source, les voici.
Je n'en ai lu qu'un seul et comme je n'ai pas encore entendu parler des autres, je n'ai rien surligné en rouge!
Je choisirai plus tard selon ce que les autres blogs en diront..
1Underworld Usa - James Ellroy, Rivages
L'ombre de ce que nous avons été - Luis Sepúlveda, Metailie (TB selon Ys)
Sukkwan Island - David Vann, Gallmeister
Laitier de nuit - Andreï Kourkov, Liana Levi
Scènes de vie villageoise - Amos Oz, Gallimard
Mort de Bunny Munro - Nick Cave, Flammarion
Le chagrin et la grâce - Wally Lamb,  Belfond
Le goût des pépins de pomme - Katharina Hagena, Anne Carriere
Le bateau - Nam Le, Albin Michel

10  Une bonne épouse indienne - Anne Cherian, Mercure De France
11  Conteurs, menteurs ; une anthologie - Leonard Michaels, Christian Bourgois
12  Le diable vit à Notting Hill - Rachel Johnson, Fallois
13  Jpod - Douglas Coupland, Au Diable Vauvert
14  Là où les chemins nous mènent - Belva Plain, Belfond
15  La ferme des Neshov T.2 - Anne B. Ragde, Balland
16  Kolyma - Tom Rob Smith, Belfond
17  In The Air - Walter Kirn, Michel Lafon
18  Le jour où ma fille est devenue folle - Michael Greenberg, Flammarion
19  Fantômes d'hiver - Kate Mosse, Lattes
20  La ville des voleurs - David Benioff, Flammarion  

C'est Leiloona qui m'a donné envie d'aller me renseigner sur ce site. Elle-même a dressé sa liste des livres qu'elle conseille en ce moment et c'est très intéressant!

L'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux par Franck Maubert



















Franck Maubert écrit des ouvrages consacrés à la peinture.  Il  a aussi été journaliste d’art, à l’Express, dans les années quatre-vingt et c’est dans ce cadre-là qu’il a eu l’occasion de rencontrer Francis Bacon  (1909 – 1992)  qui incarne pour lui  la  peinture par excellence et dont l’art consommé de la conversation le séduit.

Il  présente le peintre comme quelqu’un qui séduisait avec humour tout en aimant provoquer. Lors de leurs conversations, ils ont parlé des principaux thèmes chers à l’artiste : l’art, la vie, la mort, les passions, son travail, ses amitiés, ses voyages, ses lectures, l’alcool, Picasso, Giacometti, Vélasquez surtout qui sont ses inspirateurs préférés. Malgré l’immense succès de ses toiles  dont certaines atteignent des sommes astronomiques, il vivait dans de petits appartements  très peu meublés. Bien qu’un temps décorateur,  il détestait les intérieurs trop ornés.  Paradoxe de l’artiste !  Ses ateliers sont célèbres pour leur désordre et l’accumulation de détritus et de saletés qu’il y laissait !
Dans ces conversations, Bacon  se révèle un grand lecteur.
« Comment imaginer la vie sans lecture ?   Sans les livres?   C’est une source fabuleuse,  un puits pour l’imaginaire."  Il aimait parler de ses lectures mais pas de ses tableaux dont il disait : « Mes peintures n’ont pas  à être lues au-delà de ce qui est vu »   Dans le dernier chapitre de son petit livre, Franck Maubert rapproche les deux  homonymes célèbres:Francis Bacon, le  philosophe élisabéthain,  le père de l’empirisme,(1561 – 1626)  dont Francis Bacon , le peintre,   se prétend l’un des descendants collatéraux,  ce que sembleraient confirmer les recherches généalogiques.
Un autre curieux rapprochement  entre ces deux hommes tiendrait dans leur attirance profonde pour la décomposition des chairs du corps humain. Le philosophe,  à la fin de sa vie,  écrivit un texte  « Sur le prolongement de la vie et les moyens de mourir. »  où il explore les confins biologiques de la mort sur divers corps végétaux, animaux et humains.
.Quant au peintre, on connaît sa prédilection pour les corps déformés et  dégradés,  les carcasses de viande, les crucifixions.
« Le philosophe comme le peintre expérimentent, ils partent du connu  et se laissent guider vers l’inconnu en espérant trouver quelque chose, ils testent jusqu’à l’accident. Cet accident qui est à la fois le dérapage de la matière et son sujet principal, l’homme. Pour l’un comme pour l’autre, on passe du visible à l’invisible. »  
C'est avec intérêt que j'ai lu ce petit livre parce qu'il me parle d'un peintre que j'aime mais s'il y a bien quelques photos  prises par l'auteur,  aucun tableau n'y figure, ce que je regrette beaucoup!
L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux par Franck Maubert ( Mille et une nuits, septembre 2009, 109 pages)
Le titre est la traduction d’un vers d’Eschyle (’Orestie – Les Euménides)

mardi 26 janvier 2010

Les cœurs autonomes de David Fœnkinos


Le narrateur,  dont on ne connaît pas le nom mais qui semble s’identifier à l’auteur,  a rencontré une jeune étudiante,  durant ses études de lettres,  dans les amphithéâtres de la Sorbonne. C’est l’héroïne de son roman, anonyme également mais encore vivante. Elle a fait la une des journaux,  en octobre 1984,  avec l’autre personnage central indispensable au récit, le jeune homme dont elle est amoureuse et avec lequel elle vient de tuer trois policiers et un chauffeur de Taxi.
 Le titre, que j’aime beaucoup,  résume bien les deux aspects du récit : une histoire d’amour se terminant en folie meurtrière à la Bonnie and Clyde et une dérive politique des années 80. Le mouvement autonome, d’extrême gauche, venu d’Italie où il s’est montré d’une grande violence, influence alors une petite partie de la jeunesse étudiante, en lutte effrénée contre tout ce qui représente l’état capitaliste.

Dans le couple en question, lui est l’âme politique qui organise leur fuite en avant,  elle, son âme damnée qui le suit aveuglément mais qui n’hésitera pas à tirer sur les policiers même si ses balles se sont perdues ! On prétend d’ailleurs qu’elle ne doit son actuelle mise en liberté,  qui fait encore scandale,  qu’à cette maladresse dans l’usage de son arme.

Ces deux criminels,  Audry Maupin et Florence Rey, on les reconnaît très vite tant la presse en a parlé et tant leur histoire a inspiré d’autres créateurs comme  Patrick Besson , Gwénaëlle Aubry, Mano etc.
David FœnKinos,  lui,  a mis l’accent sur l’histoire d’amour en vase clos de deux êtres désespérés, vaguement autistes, enfermés dans leur silence et leur manque de communication entre eux et avec les autres.
 C’est cet aspect-là du livre que je n’ai pas aimé, cette interprétation systématique d’un amour que l’on veut voir grandi par la révolte du désespoir ! Le tout sous la plume détachée, presque clinique, d’un narrateur qui ne s’implique pas outre mesure. Son rôle semble celui du montreur de marionnettes à quoi se réduisent ses deux héros. Je n’ai pas adhéré à cette histoire  d’amour et de meurtres devenue trop simple brusquement, trop facilement excusable !
Heureusement, la seconde partie du livre sauve la première ! Il était temps ! J’allais abandonner ma lecture ! Ici,  le style sec et rapide se justifie par le récit,  minutieux bien qu’imaginaire, de la journée fatale. Sans argent, sans logement,  sans soutien, ils décident de voler des armes à des policiers. Ils en tuent deux, ils tueront aussi leur chauffeur de taxi,  prendront un otage, tireront sur lui, puis sur d’autres encore jusqu’à ce que lui soit abattu et elle condamnée à vingt ans de prison pour retrouver la liberté  en 2009, onze ans après son procès.
Je retiendrai ce passage des dernières pages:
 « Il n’y a pas de vérité unique. Chacun romance et fantasme et la vérité se trouve quelque part par là, épuisée. La seule vérité est celle des morts. » 
Lecture mi figue mi raisin par conséquent.
J'espère aimer davantage le dernier livre de l'auteur qui a frôlé plusieurs des prix de la rentrée 2009: "La délicatesse"
A présenté ce livre aussi :  Le blog des livres,


Les cœurs autonomes de David Fœnkinos (Grasset, 2006, 171 pages)

lundi 25 janvier 2010

Toxique de Françoise Sagan

Voici  un inédit de Sagan à déguster,  six ans après sa disparition, en 2004, à 69 ans,  comme un cadeau qui nous serait offert  par son fils unique,  Denis Westhoff,  avec,  en prime,  des dessins de Bernard Buffet à l’encre de Chine .

Il s’agit du journal écrit pendant un séjour de trois mois dans une clinique pour se désintoxiquer de son addiction à la morphine qui lui était nécessaire en raison des terribles douleurs qu’elle éprouvait à la suite de son accident de voiture,  en été 57. Elle avait 22 ans.
Que fait-elle  alors dans ces longues journées d’attente, seule, dans sa chambre monacale sinon lire et non pas écrire encore, ce qu’elle déplore,  mais griffonner ces quelques lignes qui comblent un peu le vide  autour d’elle ?
« Je m’épie : je suis une bête qui épie une autre bête. »
« Il y avait longtemps que je n’avais pas vécu avec moi-même. »
Entre l’attente de l’ampoule  qui la calmera et celle de ses proches,  elle lit, beaucoup, des poètes surtout. Elle vit au rythme de la poésie.
C’est ce qui m’a le plus frappée dans ce livre. Elle ne se plaint pas, ne parle pas ou très peu  de ses souffrances physiques mais elle observe par la fenêtre, analyse, médite,   rêve et se berce de littérature en répétant les vers et les belles phrases de ceux qu’elle aime  le mieux :
« Apollinaire que j’ai lu ce matin… de quel œil verrait-il ces douces dames schizophrènes plus que damascènes se balader dans les allées mortes de ce parc, chapeau violet de paille sur un crâne agité, obstiné parfois sur une petite idée, une merveilleuse petite idée qui les comble. »


« Jeudi. Une demi-ampoule. Je ne me sens pas trop mal. Je suis en train de lire un livre idiot sur Baudelaire, trois romans policiers, Chateaubriand, Apollinaire. »
« J’ai,  malgré moi, quoi qu’il arrive, la pensée ou l’écriture littéraire. …J’aimerais écrire des choses qui se passent en Espagne, avec du sang et de l’acier, ou à Florence sous les Borgia, mais non."

"Mon domaine c’est apparemment « il a mis le café dans la tasse, il a mis le lait dans le café, il a mis du sucre, etc.» Le quotidien triste, Prévert, Buffet, notre chère époque ? Sartre, personne n’est gentil ni méchant et,  d’ailleurs, comment l’être ? L’ennui, le bel amour qui se cache la tête sous son aile, qu’en peut-on savoir, et pourquoi essayer, etc. »

« Il pleut. "Ah que la vie est lente et que l’espérance est violente. » Ah, qu’Apollinaire est beau. 
Ah, que je m’ennuie. S’enfuir ? Peut-être.

"Des trombes, il tombe des trombes d’eau.. « Il pleut, c’est merveilleux, je t’aime, nous resterons à la maison, rien ne nous plaît plus que nous-mêmes par ce temps d’arrière saison. » Carco, si je ne me trompe, La Bohème est mon cœur. J’ignore qui j’aime, mais je suis sûre de rester à la maison. »




« Dans la grande maison de vitres encore ruisselantes, les enfants en deuil… » Après le déluge, Rimbaud. Je me rappelle un après-midi, très tôt, sur la plage d’Hendaye où j’avais connu, seule, avec ces poèmes, un très grand bonheur. »

« Je relis Proust, la passion de Swann avec bonheur ; un réel bonheur, comme de coïncidence entre la vérité et la prose, chose rare. Je n’aime pas l’invention en littérature, c’est pourquoi Faulkner ne m’a jamais vraimen touchée. Ses monstres ne sont pas les miens. »

« Je lis L’Histoire de la Révolution de Michelet. C’est partial et fascinant. Il y a des moments qui vous mettent les larmes aux yeux. »

Voilà que déjà se termine ce petit livre très émouvant  d’une femme que j’aime et dont j’apprécie la façon pudique, élégante, généreuse avec laquelle elle parle de sa propre vie et de celle des autres. 



In cold Blog a beaucoup aimé aussi.

Toxique de Françoise Sagan  (Stock, , octobre, 2009,  sans pagination, avec des dessins de Bernard Buffet)

dimanche 24 janvier 2010

Que lentement passent les heures, Apollinaire



Que lentement passent les heures

Comme passe un enterrement


Tu pleureras l’heure où tu pleures
Qui passera trop vitement
Comme passent toutes les heures .



Alcools (v)  de  Guillaume Apollinaire
L'horloge de Edvard Munch (1863 - 1944)

Les participants aux dimanches poétiques sont ici

Lien pour la lecture de La Peste de Camus


Enfin voici le lien , si longtemps cherché,   vers la lecture de « La Peste » de Camus par Christian Gonon de la Comédie Française  qu’un gentil anonyme vient de me communiquer. Qu’il en soit remercié !
C'est ICI


Aifelle me signale aussi le livre audio en 2 CD Audip MP3, chez Gallimard, ICI

Tableau de Picasso




samedi 23 janvier 2010

Ordalie de Cécile Ladjali



Je me demande une fois de plus,  à propos de la lecture de ce livre,  si je dois  toujours si facilement céder aux chants des sirènes que sont toutes les louanges lues ici et là dans la presse et sur les blogs ou me laisser guider par le hasard, comme avant, au gré des flâneries dans les librairies ou les bibliothèques, ouvrant un ouvrage par-ci,   le refermant par-là,   lisant à la volée une phrase,  une demi page, un court chapitre même,  ce qui est plutôt bon signe !
Cette fois, j’aurais dû me méfier du titre !  Ordalie ! Le jugement de Dieu ! Le mot est beau,  il sonne bien, mais il est mystérieux,  qu’on en connaisse le sens ou pas ! Son emploi laisse supposer qu’on ne craint ni l’érudition ni même un brin d’hermétisme ! A quel public s’adresse-t-on d’emblée avec un tel titre?
En tout cas,  visiblement pas à celui qui s’arrache les  piles de « Où es-tu ? »,  « Seras-tu là ? »,  « Et si c’était vrai ? » 
« Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part ».   
 « Parce que je t’aime. »,  « Que serais-je sans toi ? »,  
Non, Ordalie, simplement !
L’histoire est belle ainsi présentée par le Nouvel Obs : « Ce roman est une réécriture des amours d'Ingeborg Bachmann et Paul Celan. Lui, apatride, rescapé des camps, poète génial. Elle, autrichienne, fille d'un sympathisant nazi, poétesse géniale.  L'un se suicidera en se jetant du pont Mirabeau, l'autre mourra brûlée vive dans une chambre d'hôtel à Rome. Cette passion tumultueuse est évoquée par un cousin fictif de la belle Ingeborg, transi d'amour pour sa cousine. Un roman au style très soigné. Quelques passages magnifiques »
Et c’est très juste : le style est soigné et je suis tombée sur des moments et des passages qui m’ont séduite : l’avant chapitre,  tout d’abord,  ou chapitre 0,  qui résume à lui tout seul une bonne partie du récit mais on ne s’en rend compte qu’ensuite quand on referme le volume. La naissance de la jalousie du narrateur aussi m’a bien plu,  au chapitre intitulé : « La rose blanche » et bien d’autres passages encore qui  doivent  pouvoir donner lieu à de belles études de texte !


N’aimant pas son point de vue sur le monde, je n’ai pas pu m’identifier à lui. Dès lors,  le plaisir de lire ce roman m’a échappé !  Je lui suis cependant reconnaissante de m’avoir fait connaître deux grands poètes allemands de l’après guerre que je ne connaissais pas du tout: Ingeborg Bachmann et Paul Celan!
Ce sera mon 16ème livre de la rentrée littéraire 2009

L’ont beaucoup  aimé cependant : Lilly et  Lou.  Stephie un peu moins. Malice et  Lapinoursinette,  encore moins et Bellesahi l'a tout simplement abandonné.

Pour qui voudrait lire ce livre, Stephie le fait voyager en ce moment. (Se signaler sur son blog)

Ordalie de Cécile Ladjali  (Actes Sud, 2009, 197 pages)

vendredi 22 janvier 2010

La peste de Camus, livre lu par Christian Gonon sur Europe 1, cette nuit

Une nuit avec Camus


Le plaisir est fini ! La voix s’est tue !  Celle du comédien Christian Gonon,  profonde, chaude, sans effets particuliers,  qui a su ainsi se faire oublier pour  laisser la première place  au texte de Camus.
J’ai apprécié la sobriété de la présentation.. Tout était fait pour encourager et soutenir l’écoute dans les meilleures conditions possibles. Toutes les vingt minutes à peu près,  selon le découpage du texte lui-même, la voix s’arrêtait,   remplacée par un rapide rappel de l’heure,  du titre du livre,  du nom du  lecteur,  suivi d’un résumé très simple puis la lecture reprenait.
 Loin de déranger, ces petits intermèdes ont contribué, je dois dire,  à me maintenir éveillée.   Au bout d’un moment,  le livre que j’avais devant moi  ne m’a plus semblé utile et j’ai laissé la voix seule me raconter l’histoire de Rieux,  le narrateur,  représentant les idées de Camus lui-même, dans Oran la pestiférée,  ville mise en quarantaine donc coupée du monde en raison de l’épidémie de peste qui y sévit.
Publié en 1947, la peste est clairement  ici le symbole du nazisme dont l’Europe vient à peine de se libérer.



Pendant ces trois heures et demie d’écoute, le fléau va s’installer, s’accroître, flamber puis décroître et disparaître dans une explosion de joie collective que ne partage d’ailleurs pas le Dr Rieux puisqu’il apprend alors la mort de sa femme partie soigner ailleurs sa tuberculose. Discret rappel qu’une épidémie chasse l’autre, que le danger rôde toujours autour de toute cité et de chacun d'entre nous, qu’il faut rester vigilant !

Ce que j’ai également beaucoup apprécié  dans cette diffusion,  c’est que,  une fois par heure environ,    à  des moments opportuns,  une chanson  s’élevait,  toujours très bien choisie. Ainsi, après le premier prêche passionné du père Paneloux,  le jésuite pour qui la Peste est le fléau de Dieu, on entend  « Le déserteur » de et par Boris Vian . Je ressens alors une grande émotion ! Cette chanson est si belle !
Plus tard, à 3H 45,  ce sera « La mer » chantée par Trenet, chanson placée entre la grande  conversation de Rieux et de Tarrou, sur la  vie, la mort, le sens de la vie et la peine de mort et leur baignade nocturne et fraternelle dans le port de la ville silencieuse.
A trois reprises aussi, à chaque changement d’heure, les informations de la nuit sont données  et très rapidement résumées. Il n’y a pas eu de publicité, du tout, heureusement !

Voilà un rapide compte rendu de cette redécouverte de Camus, très particulière  pour moi  car c’est la première fois que j’écoutais ainsi un livre plutôt que de le lire. C’est une expérience qui m’a plu et que j’espère pouvoir renouveler ! 
Je ne sais pas encore quel sera le prochain livre choisi pour la lecture de février !
Un gentil anonyme me donne enfin le lien pour réécouter cette lecture! Qu'il en soit mille fois remercié!
C'est ICI

jeudi 21 janvier 2010

Agis d'un seul cœur par Claude Njiké-Bergeret


L’auteur est déjà passé plusieurs fois à la télévision pour présenter ses livres :  Ma passion africaine  et  La sagesse de mon village . J’avais beaucoup aimé son intervention lors d’un  Envoyé spécial  qui lui était consacré et qui m’avait beaucoup frappée   ce qui m’a fait choisir  son dernier livre :   Agis d’un seul cœur .
Elle y  explique sa façon de vivre dans son coin de brousse,  au Cameroun,  loin de la ville,  au grand étonnement de ses amis africains qui ne comprennent pas toujours pourquoi cette femme blanche,  surdiplômée,   après 18 années d’études en France,  est restée vivre chichement sur un petit lopin de terre reçu,  selon la coutume,  de son mari,  le chef du village,  dont elle était la reine blanche,  une des vingt-quatre épouses  et  qui demeure l’amour de sa vie malgré son décès.. Trois de ses enfants sont venus la rejoindre et l’aident à travailler la terre et à en vivre selon les valeurs du peuple Bangangté.
Elle raconte comment les vingt-quatre coépouses se sont emparé  de cette riche terre noire,  le long de la rivière Noun, contre la volonté du chef,  comment, pour la protéger des singes qui détruisaient leurs récoltes,  elle a dû y construire une maison et pourquoi   « pendant quatre ans, cette maison sera la seule dans notre vallée et sans elle, je serais sans doute partie ailleurs à la mort du Chef, et peut-être même rentrée en France. »
C’est un livre plein de générosité et de confiance dans l’avenir malgré les énormes difficultés rencontrées quotidiennement. Elle cherche à  vivre en femme libre sur une terre aimée et choisie qu’elle respecte avant tout après avoir appris à bien la connaître et sans chercher le profit à tout prix. Elle n’a qu’une seule vérité, qui est que nous appartenons à la terre, que nous le voulions ou non, que nous ne l'héritons pas  de nos ancêtres, mais que  nous l’empruntons à nos enfants auxquels nous n’avons qu’une seule chose à léguer, c’est le mode d’emploi d’une nature dont nous faisons partie.
J’ai aimé ce livre témoignage et  sa sagesse ancestrale : « Que chacun puisse vivre selon son cœur, librement,  en se sentant cependant responsable des actes qu’il pose et qui ont toujours des conséquences sur un ensemble dont les parties dépendent les unes des autres, dans un monde dont il fait partie,  mais qu’il ne pourra jamais maîtriser et encore moins posséder. ». (Phrase finale)
Agis d’un seul cœur par Claude Njiké-Bergeret (JC Lattès, février 2009, 252 pages)

mercredi 20 janvier 2010

La Peste de Camus lu en nocturne sur Europe 1



Dans la nuit de jeudi à vendredi prochain (du 21 au 22 janvier), de 1 H à 4 H 30,   Christian Gonon, sociétaire de la Comédie Française, lira  La Peste  de Camus


Roman philosophique, La Peste plonge le lecteur dans la ville d’Oran, dans les années 1940. Un concierge découvre le cadavre d’un rat sur son palier. C’est le début d’une immense épidémie de peste, qui laisse les habitants de la ville en vase clos pendant plusieurs mois.

Pour en savoir plus, c’est ICI et pour l'écouter, c'est

Le dernier crâne de M. de Sade par Jacques Chessex


Cette histoire commence en été 1814 et raconte les derniers mois  de Donatien Alphonse François, marquis de Sade, enfermé depuis onze ans dans un hospice d’aliénés de Charenton,  près de Paris.. Il mourra en décembre  de cette année-là  mais le récit continue avec la légende sulfureuse de son crâne exhumé quelques années plus tard  de la tombe sur laquelle  une grande croix avait été plantée, contrairement au vœu le plus cher du Marquis.
 La malédiction qui pèse sur cette relique est terrible pour ceux qui s’en servent. Elle ne laisse derrière elle que violences, souffrances et morts. Le narrateur  qui  croise  le crâne sur le bord du Léman, dans le sac d’une jeune doctoresse,  rencontre  aussi, sans doute,  sa mort. Qui est ce mystérieux visiteur -  narrateur ?
Ce roman est posthume : l’auteur étant décédé  le 9 octobre 2009,  quelques semaines seulement  après l’avoir terminé et alors même qu’il participait à une conférence sur un de ses livres. Il avait 75 ans,  Sade, son dernier héros en avait 74 à sa mort !

Le sujet a été jugé suffisamment scabreux  pour qu’en Suisse le livre ne puisse sortir qu’enveloppé  avec l’avertissement : « Réservé aux adultes » C’est que Jacques Chessex n’est pas pudibond et les chapitres où il évoque les exploits érotiques du vieillard obèse, malade mais toujours vaillant avec une jeune repasseuse de 15 ans,  n’évitent ni les propos orduriers et blasphématoires ni les évocations scatologiques  des plus dégradantes.
Son corps est repoussant et volumineux ! Il  n’est plus qu’ulcères, taches et plaques rouges,  « sexe modeste sous le ventre plissé et boutonneux » mais ce corps est encore «comme tendu de l’intérieur par  l’incandescente volonté ». 
Tel nous apparaît dès le début ce Marquis de Sade, condamné à la peine capitale, « renégat, impie, violent, sodomite, blasphémateur et soupçonné d’inceste, écrivain, philosophe, ennemi de Dieu, coupable de crimes abominables sur des jeunes filles et des femmes, abuseur de garçons, salisseur d’hosties et d’objets de culte."
Bien sûr, Jacques Chessex n'est pas un écrivain disposé à adoucir  la violence des rapports sexuels ni à diminuer le dégoût provoqué par certaines demandes couramment jugées écœurantes mais avec un tel sujet, le contraire aurait semblé étonnant!
Ce qui domine cependant dans ce récit limpide et sans temps mort, d’une écriture toute classique,  c’est le côté blasphémateur et explosif de Sade dont la  frénésie sexuelle ne masque pas l'ardeur des  convictions matérialistes et anticléricales.  Outre le débauché  condamnable et condamné que l'on connaît essentiellement, c'était aussi un esprit éclairé de ce temps et Chessex ne l'oublie pas!

C'est un livre que j'ai bien aimé et je remercie Ys de me l'avoir envoyé après m'avoir donné très envie de le lire .
Ainsi finit pour moi le challenge Jacques Chessex créé par Yoshi73.,pour lequel j'ai lu précédemment: "Un juif pour l'exemple"


Le dernier crâne de M. de Sade par  Jacques Chessex, (Grasset,  2009, 172 pages)

mardi 19 janvier 2010

Bonne idée glanée sur un blog


 Noté ce matin une idée intéressante sur le blog  Le journal de Chrys.
Il s'agit d'écrire un acrostiche à partir du mot Bloguer 
Date limite :  le 22 janvier

J'ai essayé mais  sans succès!

 En revanche, j'ai beaucoup apprécié celui de  CécileQuoide9 


L'amitié se partage aussi en 2010


Désignée  en 2009,  pour ce Prix de l’amitié par Sybilline,  je le suis à nouveau  cette année par Restling et Alex-Mots-à-Mots que je remercie beaucoup !

Maintenant le plus dur reste à faire : choisir à mon tour les sept autres blogs auxquels décerner  ce prix. !
Comme plusieurs l’avaient refusé la dernière fois pour ne pas avoir à faire un tel choix parmi tous leurs blogs amis,  ce que je comprends très bien, j’ai donc ressenti le besoin de faire un rapide arrêt sur tous les tags faits à ce jour depuis l’ouverture de mon blog,  en avril dernier !  Le résultat me surprend.

C’est à  13 Tags ou Prix que j’ai participé en  9 mois et j’ai moi-même tagué dans ce cadre-là  42 blogueuses et aucun blogueur !

J’ai déjà tagué :
5 fois Laurence (sol drainé),
4 fois Cynthia,
3 fois : Brize,  Géraldine,  Manu
2 fois : Leiloona,  Celsmoon,  Aifelle,  Keisha,  CécileQde9,  Zarline,  Lounima,  Hathaway
1 fois :  Sylire,  Moka,  Maribel,  Ys,  Soie,  Mirontaine,  Alex,  Yoshi73,  Paradoxale,   Armande, Bookworm,  Emma,  Restling,  Theoma,  Dasola,  Lilly,  Papillon,  Edelwe,  Levraoueg,  Nanne, Dominique , Laetitia, Hathaway,  hérisson 8,  Rosa,  Sybilline,  Naina,  Emilie, Juliann,  Kathel.
J’en ai peut-être oublié !

Je vais donc maintenant choisir quelques autres blogs pas encore cités et pourtant que j’aime aussi beaucoup :
Neph, Choco, Gio, Valérie,  Lilibook,  Malice,  Pimprenelle, Stephie et Tinusia A vous mon prix de l’amitié 2010 ! A vous de prendre le relais !
 Je ne peux pas ne pas désigner également Cuné et Cathulu que je lis avec tant de plaisir aussi !

lundi 18 janvier 2010

Pauvres zhéros, Baru et Pierre Pelot

Le mensonge n’est-il pas un art majeur pour l’artiste lorsqu’il s’agit  de transformer la réalité, que ce soit en la  déformant ou en l’améliorant ?
Ce n’est pas que je me considère artiste mais toujours est-il que je vais me  faire mentir moi-même  quand j’affirmais que je ne tiendrais pas ma résolution de lire des BD cette année !
En réalité, j’ai reçu tellement d’encouragements et de bons conseils pour me lancer enfin dans ce genre de lecture si difficile pour moi jusqu’ici que voilà,  c’est fait  et voici mon premier billet sur ma première BD !  Pas brillant !

 Cet album, Je l’ai pris à la volée,  juste avant la fermeture de la bibliothèque et parce qu’il était exposé sur un présentoir spécial que je ne pouvais pas rater ! C’est donc sans précaution et sans préjugés que je l’ai ouvert, à peine arrivée chez moi !

Première page : quatre images, une onomatopée : Hiiiii ! Que comprendre ? Quatre écoliers lancent des pierres contre une petite maison  à tuiles rouges.
Deuxième page:  La propiétaire  sort, furieuse et injurie les jeunes garçons qui s’enfuient en riant ! En réalité la maisonnette était un cabinet d’où sort une vieille femme échevelée, au nez rouge, qui rabaisse sa robe noire sur ses bas gris qui frisent.  Elle les poursuit en éructant des mots vulgaires.


Troisième page : elle rentre chez elle,  ramasse des cailloux qu’elle lance dans une fenêtre en hurlant une fois de plus  contre quelqu’un qui dort encore à midi!


Bon, je crois avoir compris ! Il s’agit d’une pauvre femme très vulgaire et peu sympathique, devenue la risée des adolescents de son quartier !
Mon sentiment à ce point du récit : étonnement et  consternation : il a fallu trois pages et treize images pour dire ça !
Quelques vingt minutes plus tard, j’ai fini et  connais la fin de l’histoire
Résumé rapide : Un enfant mongolien, élevé dans un orphelinat, disparaît pendant une sortie scolaire. On le recherche  et on dérange ainsi les deux loosers du village qu’on soupçonne très spontanément mais il y a plus méchants qu’eux !
 Conclusion : Je n’ai malheureusement aimé ni les images, ni les personnages, ni l’histoire en elle-même !  Je n’ai éprouvé aucun plaisir à cette lecture. J’ai mal ciblé ma BD, voilà tout ! Je ne me décourage pas et  choisirai mieux la prochaine fois ! 
Pauvres zhéros par Baru  Pierre Pelot  (Rivages/Casterman/Noir), 2008

dimanche 17 janvier 2010

A une passante de Baudelaire



La rue étourdissante autour de moi hurlait,


Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;



Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.



Un éclair… puis la nuit !- Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?


Ailleurs, bien loin d’ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, Ô toi qui le savais !


A une passante, Les fleurs du mal ,  Charles Baudelaire
Pour suivre ceux ou celles qui ont également choisi un poème ce dimanche, c’est ici !
Tableau de Nicolas de Staël