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vendredi 8 avril 2011

Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov

A peine diplômé, un  jeune médecin de 24 ans est nommé en pleine campagne russe, loin de tout, dans les années 20 du siècle dernier. On lui confie un hôpital. Tout est contre lui : l’isolement, les tempêtes de neige, la pauvreté et les superstitions, le manque d’hygiène,  de médicaments,  d’infirmiers mais le pire c’est son inexpérience. C’est son premier poste. Il n’a jamais exercé. Sa hantise est de devoir affronter un accouchement difficile. C’est une diphtérie laryngée  diagnostiquée chez une enfant de trois ans qui sera sa  première intervention à chaud : une trachéotomie qui lui causera bien des tourments mais qui sauvera la petite fille!
Dès lors, la clientèle, d’abord très méfiante, ne cesse d’augmenter. Il reçoit jusqu’à cent dix personnes par jour et travaille de l’aube à la nuit. Les cas s’enchaînent,  toujours dramatiques. Parfois il doit se déplacer en pleine nuit, pour sauver un malade isolé. Qu’importe la fatigue !  Parfois les éléments se déchaînent contre lui et il s’égare  en pleine  tempête. Il croit mourir plusieurs fois mais son personnel de plus en plus admiratif le soutient et l’encourage.
Il apprend sur le tas et le plus souvent il doit courir dans sa chambre pour consulter en cachette ses livres de médecine et revenir accomplir les bons gestes en salle d’opération.
Ce récit alterne les passages de descriptions médicales très crues et réalistes et les notes d’humour et de dérision qui détendent l’atmosphère. C’est très agréable à lire et surtout c’est un bon complément au chef d’œuvre de l’auteur que j’aime tellement : «Le Maître et Marguerite».
Longtemps poursuivi par la censure soviétique, Boulgakov est très lu désormais non seulement en Russie mais dans le monde entier grâce aux traductions qui se multiplient.
C’est sa propre expérience qui inspire ici  l’auteur puisque lui-même exerça la médecine dans un petit hôpital géré par la Croix-Rouge durant l'année 1916-1917.
Une lecture dépaysante, tour à tour effrayante  et drôle, vu  l’horreur des faits racontés.  Une bonne approche de l’écrivain russe au talent sans cesse  contrarié par le pouvoir en place. Un bon moment de lecture.
Récits d'un jeune médecin de Mikhaïl Afanasievitch Boulgakov, Traduit par Hélène Gibert
Je participe au challenge de Pimpi sur la littérature russe.

jeudi 2 décembre 2010

Mediator, le médicament condamné ou la guerre des couvertures: un enjeu vital!

 Un cas de censure par couvertures de livres interposées?

Dans un précédent billet, du 17 septembre 2010, j'avais présenté le livre Mediator 150mg de Iréne Frachon  qui venait de sortir mais je n'avais pas été autorisée à montrer la vraie couverture, celle que l'auteur avait choisie  avec en sous-titre l'interrogation: "Combien de morts?" N'était autorisée que la couverture avec le sous-titre censuré.
En effet , les éditions Dialogues qui ont présenté ce livre avaient dû modifier leur titre après procès intenté par le laboratoire pharmaceutique producteur de ce médicament pour diabétiques.
"Le tribunal de Brest avait réclamé « la suppression immédiate, par tous moyens, de cette mention, sur tout exemplaire de l'ouvrage, sous astreinte de 50 euros par exemplaire distribué, offert à la vente ou vendu, à compter de l'exécution de la présente décision."
Le procès en appel vient de  donner raison  à la maison d'édition: ce médicament est bien probablement responsable de la mort de nombreux patients. 
C'est donc avec joie que je rectifie  l'image de la couverture  du livre. Le sous-titre peut désormais réapparaître!
"Mediator 150mg est un médicament antidiabétique souvent prescrit comme coupe-faim, dont l'autorisation de mise en marché a été suspendue par l'Afssaps (Agence du médicament), en novembre 2009, en raison de sa toxicité avec risque avéré d’atteinte des valves du cœur que sa consommation entraînait pour les patients. Les valvulopathies sont des maladies qui peuvent être mortelles. Deux millions de personnes ont consommé du Mediator. Et 300 000 encore tous les jours au moment où l'interdiction faite aux pharmaciens de le vendre a été prononcée. Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, a été l'un des médecins dont l'enquête a conduit l'Afssaps à faire retirer le Mediator du marché."

Cependant le mal est fait et Irène Frachon a déclaré à l'AFP:
«L'éditeur a dû retirer de la circulation la quasi-totalité de l'édition d'origine et la réédition est très difficile à trouver, car elle n'est plus indexée de la même façon chez les libraires... C'est un paradoxe : tout le monde parle de ce livre, mais il est mort. Mais l'important est que le message soit passé. Maintenant, j'espère que mon éditeur rentrera dans ses frais...Si ce sous-titre n'avait pas existé, cette question n'aurait vraisemblablement pas été abordée par les autorités sanitaires. » (source: Nicolas Gary)