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dimanche 27 juillet 2014

Je rêvais d'autre chose, Nicolle Rosen

A quoi rêve une jeune femme quand son père, ignoré volontairement depuis de longues années, s’éteint lentement à l’hôpital?
Et à quoi songe celui-ci avant de disparaître, emporté dans ce vertige enivrant au bord de l’abîme?

Deux narrateurs, le père et la fille,  s’affrontent une dernière fois en croisant  leurs souvenirs, dans une alternance parfaite  des chapitres consacrés  à la vie de chacun.  Ils n’ont pas été tendres l’un pour l’autre. Indifférence et rancœur  pour un mauvais mariage d’un côté, colère froide sans indulgence  et éloignement de l’autre pour un sentiment oppressant d’injustice. Silence des deux côtés.  Souffrance indicible pour chacun.

C’est toute leur histoire qui est évoquée dans ces moments douloureux, avant l’ultime séparation, définitive, celle-là - non seulement l’histoire familiale mais aussi celle du siècle dernier et des deux  guerres qui firent exploser tant de destins individuels.  La famille juive a fui  les pogroms de Pologne pour s’installer en Allemagne où sont nés les enfants puis de là en France pour fuir à nouveau vers la Suisse avant leur retour  en Alsace.
Nina, est une jeune mère divorcée, toujours à la recherche de l'homme idéal, et Max, le père qui se voulait si exemplaire, sombre dans la dérive du jeu.

Chacun cherche autre chose, une autre vie, bien meilleure,  mais laquelle?
Le savent-ils vraiment ? 
"Autre chose", toujours !  

Je voulais seulement revivre les moments heureux. Mais ma mémoire est devenue trop lourde pour que je puisse en faire ce que je veux, elle pèse sur ma poitrine, elle m’empêche de respirer. 
                    
C'est un récit d'autant plus  émouvant que c'est le dernier de l'auteur, qu'elle le savait et qu'elle y a travaillé jusqu'au bout. 


Nicolle Rosen (1940-2010) était psychanalyste après avoir enseigné la littérature et la langue française à l’université. Elle a publié chez Lattès deux recueils de nouvelles dont le très remarqué Chez les Thomas on est très famille (2002) et trois romans dont Martha F. (2004), consacré à la femme de Freud, qui est traduit dans une dizaine de pays. Elle est également l'auteur d'essais avec Trois figures de la passion (Ed. Springer-Arcanes) et Du côté de l'hystérie (Ed. Arcanes). 
Je rêvais d'autre chose, Nicolle Rosen, 
Roman, mai 2014, 156 p.
éditions Thierry Marchaisse 

mercredi 14 août 2013

David les femmes et la mort, Judith Vanistendael, ma BD du mercredi


Des histoires de fin de vie par cancer ou autre maladie, j’en ai lu beaucoup ces derniers temps. Que ce soit des témoignages  de malades eux-mêmes ou des récits écrits par ceux qui restent: on dirait que  ça se multiplie, avec plus ou moins de bonheur dans l’écriture.

Cette fois, c’est une BD  de Judith Vanistendael qui raconte les derniers instants de la vie de David, un père de famille d’une soixantaine d’années, libraire à qui son ami médecin vient d’apprendre qu’il a un cancer du larynx. 
On suit toutes les étapes de sa maladie et de ses traitements en se mettant tour à tour à la place de ses proches: ses deux filles nées de mères différentes et sa dernière compagne, Paula,  plus jeune que lui d’une vingtaine d’années. Miriam,  sa fille aînée, elle, a environ trente ans et vient d’accoucher de Louise qu’elle élève seule. Quant à Tamar, sa dernière fille, elle n' a que neuf ans.
Ce que j’ai aimé c’est que  tout soit dit sans pathos ni trop de pudeur non plus. On colle à la réalité la plus clinique parfois mais toujours par nécessité. Rien n’est caché des difficultés dues aux différents traitements et aux derniers moments comme c’est souvent le cas.

On sent le vécu et le temps qui passe avec les différentes réactions de chacun, à commencer par le malade lui-même, de la révolte au déni, du sarcasme ironique pour se défendre des émotions trop envahissantes  à l’attendrissement des souvenirs qui reviennent en force, à la soumission et au dernier espoir quand on ne compte plus que sur le bon vouloir d’une main amie pour la délivrance, à défaut de pouvoir compter sur une loi plus juste et plus humaine. 

Heureux ceux qui, dans ce cas, ont un ami médecin de bonne volonté comme ici! L’euthanasie reste un luxe et cette chance n’appartient pas à tous. 
C’est beau, silencieux. Tout passe par les dessins et les couleurs  de l’aquarelle. On va au plus simple comme si le travail se faisait dans l’urgence et c’est vrai que le temps est comme un ultime personnage tant sa fuite et son interruption prévisible sont au cœur du récit. C’est du beau travail, fait avec talent, réalisme et  une grande sensibilité.

                                     David les femmes et la mort,  Judith Vanistendael,
                                                        (Le Lombard, 2013, 280 pages, Cartonné)
                                                                      Top BD de Yaneck: 18,5/20

Logo BD noir
Logo BD rouge


Anne, Alex, Asphodèle,  Blogaelle, Brize,

  Choco,  Cristie, Crokbulle,  Cuné,  Delphine,  Didi,  ÉlodieEstellecalim Hilde, Hélène,  Sophie,  

Hérisson, Iluze,  Irrégulière,  


Lirepourleplaisir, Lou, Lounima,   Lystig,  Mango, Manu,  Margotte,  Marguerite, Marie, 

 Marion,  Marion Pluss,  Marilyne,
  
Mathilde, Mélo, Miss Alfie,

Miss Bouquinaix, Moka,  Mo',    Natiora Noukette  OliV,    Pascale, Paulinelit,

  Sandrine,  Sandrounette,  Sara,  Sophie,   Soukee,  Stephie,  Syl, Theoma, 

Un amour de BD,  Valérie,  Vero,  Yaneck,    Yoshi73,  Yvan

mercredi 2 mars 2011

Pachyderme, de Frédérik PEETERS, ma BD du mercredi

Cette semaine, j’ai réussi à lire 10 albums de BD,  avec plus ou moins de bonheur. Je retiendrai pour les chroniquer par la suite : Maus, Mattéo, Dans mon Open Space et Rosangella. Peut-être aussi le livre de Thomas Ott : «73301-23-4153-6-96-8»,  un drôle d'album sans paroles.
Celui que j’ai choisi pour ce mercredi est  un one shot, un album de 90 pages  au nom énigmatique : "Pachyderme" et au dessin de couverture tout aussi troublant mais qui résume bien l’histoire,  ce dont on ne se rend compte qu’à la fin !  Une jeune femme tombe à la renverse sur une route déserte  se perdant dans un horizon bleu infini. On ne peut qu’admirer ses belles bottines 1900, très sexy.
Un seul récit, classique en apparence,  avec un début et une fin mais qui présente de brusques bouffées de fantastique pur et dur, naturellement très  déconcertant.  Que cherche exactement cette jeune femme,  Carice,   qui fait de bien étranges découvertes, à commencer par le pachyderme du début qui provoque un monstrueux embouteillage dans la forêt menant à l’hôpital où l’attend son mari gravement blessé ? L’auteur avoue avoir déroulé son histoire à l’envers, la fin étant le vrai début en réalité. 
Un lieu précis: un grand hôpital de Genève et ses environs avec ce qu’il faut de médecins , d’infirmiers, de malades et de visiteurs pour donner l’illusion de la réalité mais tous ont des comportements étranges, hors normes,  comme cet inquiétant chirurgien qui se rêve chanteur d’opéra après chaque opération mais qui se révèle également le  voleur des dents  en or de ses patients.
Une époque:  celle des années cinquante avec ses  relents de guerre froide,  ses espions anti communistes,   ses nazis reconvertis et le début de l’émancipation des femmes occidentales. 
L’héroïne est Carice, la jeune femme qui cherche son mari dans un grand hôpital  sans pouvoir le retrouver. Elle fait de nombreuses rencontres qui entravent sa recherche. La plus étrange est sa confrontation avec elle-même devenue  une très vieille femme qui lui donne des conseils avant de disparaître. Par ailleurs  des fœtus ont une tendance fâcheuse à se multiplier autour d’elle. Il est vrai qu’elle voudrait devenir mère !
Et ainsi de suite ! On a cité  Kipling, Hergé, David Lynch, Bunuel comme références à cette BD. Pour ma part,je dois reconnaître qu’après avoir été bien déstabilisée au début, j’ai fini par beaucoup aimer cet album en grande partie grâce aux dessins qui sont étonnamment précis et suggestifs. Pour une fois ce sont les images qui m’ont entraînée et convaincue. Elles m’ont vraiment servi de guide pour deviner les dessous de cette histoire si  étrange en apparence mais qui se révèle d’une grande simplicité a posteriori. 
J’ai beaucoup aimé ! (18/20 pour Yaneck)
Pachyderme, de Frédérik PEETERS, Gallimard, 2009, 90 p

Participent aux BD du mercredi de Mango:
Benjamin,Choco,Chrys,Dolly,Emmyne,  Estellecalim,Hathaway,Hilde,Hérisson08,
Irrégulière Jérôme,  Kikine, Lounima, Lystig, Manu,Marguerite,  MathildeMo'laFée, Noukette,  Sandrounette,  SaraTheoma,  Valérie,  Vero,  Wens YaneckYoshi73Mr Zombi 


Je participe aussi aux challenges de Mr Zombi et de Mo'la Fée


Pour Yaneck, Attention spoiler (Elle annonce son désir de divorcer à son mari et part en voiture. Elle a un accident.Le fameux chirurgien l'opère et dans son réveil après anesthésie, elle imagine toutes  ces fantaisies du début, d'où ces apparitions étranges!) 

samedi 26 février 2011

Maman, Isabelle Alonso

J’ai souvent pleuré au cinéma mais jamais encore en lisant un livre, du moins je ne m’en souviens pas.  Ce serait donc la première fois?  Apparemment et j’en suis la première surprise ! Au chapitre des «Nuages», page 208, quand s’envole, haut dans le ciel bleu l’avion vers Madrid, qui emporte le précieux fardeau maternel pour être enterré auprès de sa famille d’origine, l’émotion m’a fait verser des larmes.
Rien de plus émouvant que cette  histoire d’une mère dont la santé décline, qu’on soigne longtemps en famille  puis qu’on confie à une institution, séjour vécu comme une descente aux enfers, qu’on ramène à la maison et qui disparaît alors même qu’on l’a quittée pour quelques jours. La douleur et la culpabilité de n’avoir pas été là au dernier moment sont accablantes. Tel sera mon résumé du livre parce que tel est pour moi l’essentiel. Le reste n’est que  l’histoire particulière d’une famille, celle de l’auteur. C’est touchant, intéressant et bien écrit. 
Inutile d'en dire plus: ce livre, en son genre,  est une réussite!  
MamanIsabelle Alonso , roman, Hasta siempre (Éditions H&loïse d’Ormesson, 2010, 247 p)

samedi 16 janvier 2010

Jours sans faim de Delphine de Vigan


J’ai beaucoup aimé : «No et moi» et un peu moins : «Les heures souterraines»,  je suis très touchée par celui-ci qui est son premier livre, sorti en 2001,  sous le pseudo de Lou Delvig. 
Ce n’est pas sa descente aux enfers vers cet état de squelette qu’est devenu son corps que raconte la romancière mais sa lente récupération,  son douloureux retour vers la vie grâce à un long séjour à l’hôpital et au  docteur qui la sauve : «Ces mots paraissent boursouflés, mais c’est ainsi. Encore aujourd’hui, malgré ces années passées et ce goût de vivre qu’elle a retrouvé, elle dit ça quand elle en parle : il m’a sauvé la vie.»
J’ai  connu l’existence de cette maladie en lisant le livre de Valérie Valère : «Le pavillon des enfants fous"  qui  eut tant de succès à sa sortie et savoir que l’auteur est morte pour cette même raison,  quelques années après, alors qu’on la croyait sortie de cette souffrance,  m’a bouleversée!
Le récit de Delphine de Vigan  n’est pas de même nature,  moins violent,  moins brutal, moins accusateur,  plus maîtrisé mais tout aussi dramatique  et fulgurant avec des notations qui n’ont tout d’abord l’air de rien mais qui en disent long!
Ainsi de la visite de son père,  éloigné de sa famille pour ne plus assister au spectacle de  la maigreur de sa fille  «il avait l’impression de voir les Ethiopiens à la télé, il ne manque plus que les mouches.» Il s’est convaincu en lisant des magazines féminins  que  «l’anorexie mentale révèle un problème relationnel avec la mère, une inversion des rôles», alors,  maintenant,  il lui apporte des cacahuètes à l’hôpital. «Il est venu voir le fauve en cage : ça valait quand même le détour.»
Elle raconte l’hôpital, les autres patients, ceux qui luttent pour la vie et ceux qui luttent pour ne pas mourir et ce n’est pas du tout pareil! L’injustice est partout! Elle évoque  son attachement pour son docteur, la confiance mutuelle qui la sauve, son envie et sa peur de sortir de cet endroit qui la protège d’elle-même!  «De cette année elle porte la trace indélébile, une cicatrice indolore. Le prix qu’elle a payé.» Dernière phrase!
Un très beau livre qu’ont aimé également : Antoine, Cynthia, Ankya et d’autres que je ne connais pas ou dont je n'ai pas retrouvé les billets.
Jours sans faim de Delphine de Vigan  ( Grasset & Fasquelle, 2001,  J’ai lu, 2009, 125 pages)