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mardi 5 mars 2013

Vacances indiennes, William Sutcliffe

Drôle, sarcastique, plein d’humour, ce récit d’un séjour en Inde avec, pour seul viatique, le Lonely Planet, la bible des routards britanniques, s’est révélé une lecture très divertissante.

Pour Dave, 19 ans, le départ de tous ses amis, en voyage initiatique autour du monde, s’avère désastreux car il se retrouve seul pour les vacances d’été, à la fin de ses études pré universitaires. C’est sans compter sur Liz, la fiancée de son meilleur ami, bien décidée, elle aussi,  à partir  trois mois en Inde. Comme elle ne lui est pas indifférente, il accepte de l’accompagner. C’est un mauvais plan.

Dès l’avion, les disputes commencent. Ils ne s’entendent pas du tout. C’est une petite peste prétentieuse et méprisante qui  tombe vite sous le charme d’un gourou local, version tantrique. Dave doit continuer seul le parcours prévu. Il souffre mille maux: solitude, chaleur, foule, saleté, gastro à répétition, et ce n’est que le début d’une liste sans fin. Impossible de rencontrer réellement les habitants, il ne tombe que sur des caricatures de routards ou de hippies  comme lui qui ne lui sont d’aucun secours. 
Il faut dire qu'il râle toujours, Dave. Esprit critique, curieusement naïf et méfiant à la fois, il a tous les défauts qu'on prête volontiers aux jeunes, insouciance, ignorance, imprudence, mais il en a aussi les qualités: confiance en soi, dynamisme, humour et finalement une bonne dose de chance.

Clichés sans doute mais curieusement c'est aussi la force de cette satire de la société de consommation occidentale qui lance ainsi sur les routes, à la dérive, des hordes de jeunes passant leur temps à se découvrir entre eux, à travers mille excès plutôt qu'à connaître vraiment le pays lui-même. 
Caricature? Peut-être mais c'est amusant et sans prétention. Un agréable moment de distraction. 

Exemple du style ( traduction, cependant)
Dave rencontre deux jeunes qui viennent d'arriver.
-Tout se passera bien, je leur ai dit tout en pensant qu'à un moment ou à un autre ils seraient horriblement malades, sans parler de la dépression, de la solitude, du désespoir, du mal du pays, et du fait qu'ils finiraient probablement par se haïr. Vous allez prendre votre pied, croyez-moi.

A voir ces deux bouilles de petits lapins timides prêts à s'enfoncer dans la folie indienne, ça m'a rappelé mon bonheur d'avoir mon voyage derrière moi et non devant. Je devais m'avouer que c'était plus marrant de l'avoir fait que de le faire.
William Sutcliffe est né en 1971 à Londres. Marié à Maggie O'Farrell ( L’étrange disparition d’Esme Lennox), il est l'auteur de six romans, traduits en dix-sept langues, dont  Une semaine avec ma mère.
Vacances indiennes, William Sutcliffe,  traduit de l'anglais par Philippe Rouard,
Titre original: Are you experienced?  1997
(10-18, Domaine étranger, 308 pages, 2005)