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lundi 21 janvier 2013

Madame Hemingway, Paula McLain

Chicago, octobre 1920. Hadley Richardson a 28 ans et débarque du Missouri lorsqu’elle fait la connaissance d’un jeune homme de 20 ans, revenu blessé de la Grande Guerre, Ernest Hemingway. Après un mariage éclair, ils embarquent pour la France et se retrouvent à Paris au cœur d’une «génération perdue» d’écrivains anglo-saxons expatriés – Gertrud Stein, Ezra Pound, James Joyce, Scott Fitzgerald… Rive gauche, entre l’alcool et la cocaïne, la guerre des ego, les couples qui se font et se défont et la beauté des femmes, Ernest travaille à son premier roman : Le soleil se lève aussi, qui lui apportera consécration et argent. Mais à quel prix? Hadley saura-t-elle répondre aux exigences et aux excès de son écrivain de mari? Pourra-t-elle rester sa muse, sa complice, son épouse? (Note de l'éditeur)
J’ai eu beau essayer de guérir de Paris, il m’a bien fallu admettre un jour qu’on ne s’en remet pas. En partie à cause de la guerre.
Hadley Richardson et Ernest Hemingway se rencontrent chez des amis à Chicago et après quelques échanges de lettres, ils se marient et s’installent à Paris, du côté de Montparnasse, au milieu des artistes de l’époque. Peintres, écrivains, poètes et jazzmen affluent d’un peu partout.
C’est  elle qui raconte leur vie au moment où Hemingway écrit son premier roman: Le soleil se lève aussi.  L'auteur, Paula McLain,  est reconnue pour  s'être appuyée sur de solides recherches concernant leur situation à cette période de l'entre deux guerres.
Bien que de tempéraments opposés, ils ont en commun le même genre de  mère possessive et étouffante et  leurs pères très  aimés mais dépressifs se sont tous deux suicidés.  Très bonne pianiste,  elle a cependant tendance à se dévaloriser. Quant à  lui, il montre de plus en plus nettement une tendance à la bipolarité, alternant les accès de désespoir et les moments de grand enthousiasme et d’activité effrénée.

Les principaux épisodes:
- L'amitié puis la dispute avec Gertrude Stein qui prône  la concision du style: ne garder que l'essentiel est son credo. 
- Les livres prêtés par Sylvia Beach dans la célèbre librairie Shakespeare et Company: Tourgueniev, Ovide, Homère, Catulle, Dante, Flaubert et Stendhal, T.S. Eliot, James Joyce.       
- Leur traversée à pied du col du Grand-Saint-Bernard pour passer en Italie revoir l'endroit où il a été blessé - les nausées et les cauchemars permanents de l'écrivain, conséquences de la guerre.
Rien n'était pareil. Les abris et les tranchées creusées avaient disparu. Ernest retrouva la pente où il avait été blessé, mais elle était verdoyante, intacte, jolie comme tout. Rien n'avait l'air vrai. Ernest détesta le printemps. 
- L'incident terriblement traumatisant de la perte par Hadley,  à la gare,  de la valise contenant tous les papiers  préparatifs des écrits d'Hemingway puis l'annonce de la venue d'un bébé qui trouble tout autant le jeune mari. Tous les ennuis s'accumulent brusquement: le manque d'argent, l'alcool, les disputes, les crises de jalousie jusqu'à l'arrivée de l'enfant, puis le déménagement, certains amis  comme Ezra Pound qui,  ne voulant pas supporter les cris d' un bébé, s'éloignent d'eux. Ernest qui pour avoir un peu de calme passe ses journées à écrire à La closerie des Lilas.
- Les premiers succès, les premiers séjours sur la Riviera, Antibes les belles villas, les amis   riches et célèbres,   les chalets suisses l'hiver, les corridas espagnoles, Cayetano Ordonez, le matador qui servit de modèle pour Le soleil se lève aussi, les premières trahisons également. 
- Le divorce enfin, si douloureux, pour épouser sa meilleure amie.
- Le succès  et, après trente ans de silence,  le dernier coup de téléphone, en 1961,  pour un dernier adieu avant le suicide d'un coup de fusil, ainsi qu'avaient fait  leurs pères.

J'ai lu ce livre comme on prend connaissance des secrets de la vie d'amis très chers dont on n'avait plus de nouvelles depuis longtemps. J'ai beaucoup lu Hemingway et sur Hemingway, sur Scott et Zelda Fitzgerald aussi. C'est pourquoi c'est  avec une certaine forme de mélancolie et de tristesse que je referme ce livre, intéressant,  bien documenté et bien écrit. Malgré  leurs succès littéraires, le constat est celui d'un échec,  de vies survoltées et finalement solitaires et malheureuses qui sombrent dans l'alcool, le suicide, la folie, les excès en tous genres. Aucun de leurs défauts n'est caché, au contraire. Les personnages ne me semblent pas particulièrement attachants mais leurs vies me passionnent pourtant. Il me reste à lire maintenant le livre d'Hemingway qui évoque le mieux ces années folles: Paris est une fête.   



 Hemingway et sa première épouse en 1922.
 Ils sont restés mariés six ans et ont eu un fils. Elle se remaria ensuite avec un journaliste américain rencontré à Paris. Sa meilleure amie, Kate, épousa quelques années plus tard John Dos Passos
Ernest Hemingway se maria quatre fois :
Madame Hemingway, Paula McLain, Livre de Poche, 500 pages,
Prix des lecteurs, sélection 2012, Traduit de l'américain par Sophie Bastide Foltz
Titre original:  The Paris Wife, 2011

Autre billet: Lili Galipette , il me semble que j'en ai lu récemment un autre mais je ne sais plus chez
qui.