Un coup de cœur attendri.
Un sentiment étrange d’étonnement admiratif et amusé.
Un vrai plaisir, cette BD presque muette dont le seul petit
point noir aura été pour moi la difficulté à lire certains minuscules sous-titres de radio et de chansons anglaises.
Et maintenant, la difficulté de raconter ces deux petites histoires de rien du tout !
Deux histoires d’arrière-saison.
Bienvenue à Dockwood. Roulez au pas.
Je tourne la page et je suis un peu perdue par les toutes petites vignettes, 20 exactement, bien alignées, bien carrées. On dirait des timbres-poste faits de détails en gros plans:
4 fois la même feuille sur une branche ... tac ... elle s’en détache.
4 fois le même sac de chips par terre ... fshhh … une souris y entre et en sort.
4 fois la feuille du début vole le long d’une publicité.
4 autres fois, la souris méfiante grignote son chips ... munch munch …
Enfin les quatre dernières vignettes de la première page montrent deux maisons voisines devant lesquelles s’avance un camion.
Sur la page 2 on voit le camion à l’arrêt devant la publicité que l’on découvre en grand: Soldes d’été . Un afficheur s’active pour la remplacer. La dernière image montre le camion partir et la nouvelle affiche invite aux Bonnes affaires de la rentrée.
Voilà, sans parole, on sait que l’automne est arrivé.
(Images trouvées ICI)
Le premier travaille dans une maison de retraite comme aide cuisinier.
Le second, un jeune collégien, distribue des journaux dans les boîtes à lettres, avec un autre copain.
Dans les deux cas, les gestes sont répétitifs, les mots échangés ont la banalité du quotidien mais, derrière, on devine l'épaisseur de la vie de chacun, même celle des écureuils et des oiseaux vivant au même endroit. C'est plein d'humanité, de fraîcheur, de générosité. C'est tout ce que j'aime: la vie qui va comme elle vient. Elle passe pour tous. Plus ou moins lentement.
J'ai particulièrement apprécié les dernières pages, cette envolée vers l'imaginaire des jeunes lycéens avec Hypérion qu'ils viennent de télécharger. Une fusée vers l'ailleurs galactique et la fenêtre orange dans le noir de la nuit près de l'arbre encore un peu feuillu et le ciel étoilé.
Un album qui méritait d'être remarqué à Angoulême avec le prix Révélation.
(Images trouvées ICI)
(présentation de l'éditeur)
C'est un mardi gris d'octobre semblable à tant d'autres dans la petite ville de Dockwood. Les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes: à la maison de retraite d'Elmview, un garçon de cuisine prépare le repas des pensionnaires; le long de la rue Nettlefield, un livreur de journaux finit sa ronde; et dans les arbres les hirondelles se rassemblent à grand bruit avant de s'envoler vers l'Afrique.
Oeuvre contemplative et douce-amère, Automne suit les trajectoires de ces habitants, que Jon McNaught se plaît à faire se croiser, avec, pour toile de fond, les vestiges de l'arrière-saison.
Automne, 2 histoires d'arrière-saison, Jon McNaught
(Nobrow, 2012, Titre original: Dockwood, traduit par Judith Taboy
Prix Révélation à Angoulême, 2013.




Les participants aux mercredis BD:
Anne, Blogaelle, Choco, Chrys, Cristie, Delphine, Didi, Dolly,
Estellecalim, Hilde, Hélène, Hérisson08, Iluze, Irrégulière,
Jérôme, Kikine, La-ronde-des-post-it, Lirepourleplaisir,
Lou, Lounima, Lystig, Mango, Manu, Margotte, Marguerite,
Marie, Marion, Maryline, Mathilde, Mélo, MissAlfie, Miss Bouquinaix,
Moka, Mo, Natiora, Noukette, OliV', Pascale,
Paulinelit, Sandrounette, Sara, Sofynet, Soukee, Syl,
Theoma, Un amour de bd, Valérie, Sophie/Vicim, Syl, Vero,
Wens, Yaneck, Yoshi73, Yvan, Mr Zombi, 32 octobre,