samedi 5 avril 2014

Quatre murs, roman, Kéthévane Davrichewy


 Ils se tiennent aux quatre coins de la pièce. Ce n’est pas intentionnel, ça s’est trouvé comme ça. Chacun fixant une ligne imaginaire, et pensant à quoi? Ils ne se regardent pas à ce moment précis, ils n’ont plus de lien. Somanges, la maison de leur enfance, se dématérialise sous leurs yeux. La pièce s’est vidée de leur chair, des blessures et des rires. Il reste le squelette de ce qui fut leur foyer. 
Ainsi s’ouvre ce beau récit sur une fratrie nouvelle  dont je viens de faire la connaissance. Une de plus! Il faut dire que c’est un sujet qui m’intéresse vivement, tout en me troublant toujours beaucoup. Les détails diffèrent à chaque fois, bien sûr, mais la réalité demeure la même: après une vie familiale fusionnelle et intense, arrive le moment de la séparation définitive,  insidieuse ou violente lors de la vente de la maison d’enfance. Le plus souvent comme ici, le père est mort, la mère ne peut plus rester dans la maison trop grande, les enfants se réunissent  une dernière fois pour le déménagement. Ils sont quatre qui s’agacent et se déchirent. Les aînés ont réussi,  les jumeaux  ont des difficultés. La mère veut  laisser à ces derniers une part d’héritage plus importante en raison de leur fragilité. L’étincelle est ainsi rallumée pour l’explosion des secrets, des rancunes, des regrets, des silences butés et des révélations. Saul, Hélène, Réna et Élias chacun racontera sa version. Ensuite, après deux ans de silence, la mère les réunit en Grèce dans la maison du fils aîné. Réussiront-ils à briser leur solitude ? Sauront-ils  reconstituer leur belle alliance d’autrefois? Pas si sûr et pourtant, il suffirait de si peu de choses…  se dit-on de l’extérieur! La fin reste ouverte.
 Belle sensibilité de l’auteur, style épuré, bien petit volume sans doute (180 pages) pour une telle saga mais récit choral modeste et pudique qui a réussi à m’attacher.
Trop nombreux pour que je les énumère, les billets lus jusqu’ici sont tous élogieux…

Quatre murs, roman, Kéthévane Davrichewy Davrichachvili
(Sabine Wiespieser éditeur, février 2014, 180 p.)

14 commentaires:

  1. encore un beau livre de cette auteure !

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  2. J'ai quand-même peur de trouver ce livre trop court. Je suis pourtant attirée.

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    1. Il est court et tu sais bien que, comme toi, je n'apprécie pas trop ce que je considère comme une facilité de l'édition moderne - parce que ça s'écrit et que ça se lit vite - dans les transports par exemple - et sans doute surtout parce que c'est moins cher et plus facilement vendable qu'un roman de 300 pages par exemple. Pourtant avec celui-ci ça passe mais on est quand même loin de la saveur d'une vraie saga.

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  3. Le précédent ne me tentait pas, celui-ci beaucoup.

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    1. L'auteur s'en sort bien sur un des thèmes les plus souvent traités ces temps-ci.

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  4. J'ai beaucoup aimé "Mer noire". J'aime aussi les secrets de famille.

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    1. C'est le premier livre que je lis de cette auteur et j'en suis plutôt contente.

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  5. Je sens que je vais retenter cette romancière (j'avais abandonné Les séparées) Et bonne nouvelle, je reçois de nouveau tes notifications d'articles par mail !

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    1. Je vais sans doute continuer à la lire aussi si je trouve facilement ses titres.
      Bonne nouvelle en effet mais tu sais j'ai encore beaucoup à faire de ce côté-là. Je ne fais que tâtonner et manque terriblement de disponibilité et de capacité pour l'amélioration technique pourtant nécessaire à la visibilité du blog.

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  6. J'aime beaucoup cet auteur. Je note!

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    1. C'est une découverte pour moi et un plaisir de la suivre désormais.

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